L'installation des Ubiens en Gaule (39-38 av. J.-C.)
Les Ubiens furent mentionnés pour la première fois au cours de la guerre des Gaules (58-51 av. J.-C.). A cette occasion, César a dit d'eux qu'ils furent un peuple jadis puissant, mais qu'ils furent considérablement affaiblis par les assauts répétés des Suèves. Cette menace les incita à entrer dans l'alliance de Rome en 55 av. J.-C. (Guerre des Gaules, IV, 16). A l'époque où Marcus Vipsanius Agrippa intervint le long du Rhin (39-38 av. J.-C.), les Ubiens étaient toujours aux prises avec les Suèves, lesquels étaient en train de les expulser de leur territoire, les contraignant à chercher asile en Gaule (Strabon, Géographie, IV, 3, 4). D'après Dion Cassius, Marcus Vipsanius Agrippa s'est aventuré sur la rive droite du Rhin (Histoire romaine, XLVIII, 49). A-t-il tenté d'intervenir en faveur des Ubiens ? Nous n'en savons rien. Toujours est-il que Marcus Vipsanius Agrippa accepta de les faire passer en Gaule. D'après Strabon, les Ubiens vivaient jadis sur la rive droite du Rhin, face au territoire des Trévires (Géographie, IV, 3, 4). Les Ubiens ne furent pas fixés chez ces derniers, mais plus au nord, sur de vastes et prospères territoires appartenant aux Germains cisrhénans. Marcus Vipsanius Agrippa les y fixa et fonda pour eux leur nouvelle métropole, l'Oppidum Ubiorum (Cologne) sur les bords du Rhin. Tacite indique que la transplantation des Ubiens visait d'une part à les récompenser pour leur fidélité, mais aussi afin qu'ils défendent les rives du Rhin (Germanie, XXVIII). L'idée était probablement qu'ils contribuent à empêcher d'éventuels raids des Suèves, mais probablement aussi d'opposer à des peuples gaulois sujets aux soulèvements (et ouverts à des alliances avec les Suèves), des alliés indéfectibles de Rome.
Tacite, Annales, XII, 27 :"Agrippine voulut aussi étaler son pouvoir aux yeux des peuples alliés. Elle obtint qu'on envoyât dans la ville des Ubiens, où elle était née, des vétérans et une colonie, à laquelle on donna son nom, Par une rencontre du hasard, c'était son aïeul Agrippa qui, à l'époque où cette nation passa le Rhin, l'avait reçue dans notre alliance."
Tacite, Germanie, XXVIII :"Quant à la rive même du Rhin ; elle est habitée par des peuples évidemment germains, les Vangions, les Triboques, les Némètes. Les Ubiens le sont aussi ; et, quoique ayant mérité d'être colonie romaine, quoique aimant à s'appeler Agrippiniens, du nom de leur fondatrice, ils ne rougissent pas de cette origine. Ils passèrent anciennement le Rhin, et, sur la preuve acquise de leur fidélité, ils furent placés au bord même du fleuve, comme défenseurs et non comme prisonniers."
Strabon, Géographie, IV, 3, 4 :"Au-dessous des Médiomatrices et des Triboques sur le Rhin, à la hauteur du pont, que les généraux romains, qui opèrent actuellement contre les Germains, viennent de jeter sur ce fleuve, habitent les Trévires. Juste vis-à-vis, sur la rive opposée, étaient établis les Ubiens, avant qu'Agrippa les eût transportés de leur plein gré de ce côté-ci du fleuve. [...] Enfin, au-dessus de la vallée même du fleuve, et tout le long de sa rive droite, habitent les Suèves, Germains aussi l'origine, mais qui surpassent de beaucoup les autres peuples de la même race par leur nombre et leur puissance militaire : ce sont les armes des Suèves, en effet, qui ont expulsé le peuple que nous avons vu tout récemment chercher asile sur la rive citérieure, et, règle générale, à mesure que les peuples placés devant eux déposent les armes et traitent avec les Romains, les Suèves ne manquent jamais de prendre violemment leur place ; comme pour faire renaître la guerre de ses cendres."