Bonsoir les amis,
Décidément notre forum "Historiographie" pourrait tout aussi bien s'appeler la "Foire à tout", où la Banshee, à l'instar de Princesse Bride et de ses RTI, croise des sangliers géants...
Je profite de l'occasion pour rappeler ici un livre fort stimulant, connu de tous les spécialistes du mythe de la Femme de l'Autre monde, celui que F. Le Roux et C.-J. Guyonvarc'h ont consacré à
La légende de la ville d'Is, livre à la fois intelligent et érudit, qui fait justice de la pseudo-légende issue du courant folklorisant des XIXe et XXe siècle pour remonter aux origines du mythe supposé.
Quand je dis "mythe supposé", c'est que la démonstration de ces deux excellents chercheurs me paraît achopper sur le problème des sources dès la première étape de la construction légendaire, dont, avec une franchise qui les honore, ils déclarent : "en l'état actuel des choses, cela commence par un récit d'hagiographe", récit au demeurant tardif, puisqu'il s'agit de celui consacré à saint Gwenolé, dominicain de Morlaix, Albert Le Grand paru pour la première fois en 1636/1637.
Ici comme ailleurs, il reste à identifier les sources d'Albert Le Grand et en proposer la critique : supposer comme le font Le Roux et Guyonvarc'h que le nom et le personnage de Dahud nous ont conservé, dans le récit de l'hagiographe, le souvenir déformé de la Banshee, qui d'ailleurs ne figure pas dans les textes antérieurs (depuis Le Baud vers la fin du XVe siècle jusqu'à l'auteur anonyme du
Mystère de saint Gwenolé, qui travaille vers 1580), c'est, me semble-t-il, considérer comme acquis ce qui reste à démontrer.
Au passage, je signale que dans leur recensement des textes sur Ys, Le Roux et Guyonvarc'h ont omis un passage d'un contemporain du P. Le Grand et qui fut en contact avec lui, Du Buisson-Aubenay, dans son
Itinéraire de Bretagne (dernière édition, p. 358-359).
Cordialement,
André-Yves Bourgès