Ouest-France a écrit:Des greniers à blé gaulois trouvés à Entrammes lundi 23 juin 2008Après les thermes, des temples, un théâtre, un bâtiment gallo-romain, un
oppidum, c'est maintenant la trace de greniers de stockage de blé que
Gérard Guillet a mis au jour. Ils datent de 125 à 150 ans avant Jésus-Christ et ont été construits par les Gaulois. Mis au jour sur le site d'un futur lotissement, ils sont uniques dans l'Ouest.http://www.laval.maville.com/Des-grenie ... _actu.html« Quand on gratte la terre à Entrammes, on fait toujours des découvertes surprenantes » se réjouit le maire d'Entrammes, Jean Bodin. Un nouveau lotissement devant voir le jour dans la commune, il a fallu faire des fouilles, prises en charge par l'État puisqu'il s'agissait de logements sociaux, proches de l'ancienne voie gauloise qui traverse Entrammes. L'archéologue Gérard Guillet, de l'Institut national de recherches archéologiques préventives, est donc appelé.
« C'est la première fois que, dans un aussi petit secteur, on trouve des choses aussi intéressantes » note l'archéologue qui vient fouiller le site entrammais pour la 4e fois et a toujours tapé dans le mille.
De prime abord, le terrain de 12 000 m2 ne paye pas de mine. Rien de spectaculaire pour le néophyte.
« C'est normal, chez les Gaulois, c'était la civilisation du bois et de la terre et, 2 200 ans après, il n'en reste presque rien. » Mais, pour le spécialiste, ce terrain s'est révélé être une zone de stockage de blé
« élément moteur de l'économie gauloise ». Sur un axe nord-sud,
« on observe une série de greniers alignés, tous d'époque gauloise. » Et pas des petits édifices.
« Chaque grenier en forme de tour faisait 9 m2 par 2,50 m de haut. » Des trous ont été mis au jour prouvant que des troncs d'arbre supportaient ces greniers construits sur pilotis. Dans les trous en question, on a trouvé des petits tessons de poterie et des graines diverses carbonisées. Abandonnés par les Diablintes, qui, inquiétés par l'armée romaine, sont allés se réfugier dans l'oppidum voisin.
Une amphore contre deux esclaves
Il n'en faut pas plus aux archéologues pour en déduire que des échanges avaient lieu entre Entrammes,
« lieu de pouvoir important » et Rome. D'autant que, dans un autre coin d'Entrammes, des restes d'amphores ont été retrouvés provenant d'Italie, d'Espagne, du sud de la France.
« En échange de blé, voire même d'esclaves, les Diablintes faisaient venir du vin italien. » Quant aux graines (épeautre, blé, un peu d'orge et d'avoine ainsi que quelques graines de pavot), elles vont être tamisées puis étudiées de près.
« On pourra ainsi en savoir plus sur le paysage agricole de l'époque. » Une aubaine aussi pour les habitants, avides de connaître l'histoire de leur commune.
« Connaître l'histoire d'Entrammes que l'on voit surgir depuis trois ou quatre ans, c'est génial pour nous », remarque Suzanne Berson, chargée de la culture au sein de la commune et responsable du site.
Le travail des archéologues va durer jusqu'à la fin juillet. Tout est soigneusement relevé, noté, inscrit à l'aide de croquis, dessins et photos ou vidéos.
« On engrange des données. Le lotissement, lui, sera construit à la rentrée. » Quant aux découvertes, elles seront exposées au musée départemental de Jublains.
Jacqueline AZZI.Ouest-France