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Témoignages sur l'utilisation de la langue gauloise

MessagePosté: Jeu 25 Oct, 2007 10:55
de Jacques
Quelques textes des premiers siècles de notre ère nous renseignent sur la pratique de la langue gauloise ou nous la laissent deviner.
Elle est ridiculisée chez Aulu-Gelle (mort en 180) :
Aspexerunt omnes, qui aderant, alius alium, primo tristiores turbato et requirente voltu, quidnam illud utriusque verbi foret; post deinde, quasi nescio quid Tusce aut Gallice dixisset, universi riserunt.
« Tous les assistants se regardaient d'abord d'un air sérieux et troublé, se demandant la signification de deux mots, mais bientôt, comme si l'avocat eût tenu je ne sais quel langage toscan ou gaulois, tous à la fois éclatèrent de rire. »
(Aulu-Gelle, Nuits attiques L. XI, 7)
Festus (fin du 2ème siècle) cite quelques mots qu'il connaît :
Benna, lingua gallica genus vehiculi appellatur : unde vocantur Combennones in eadem benna sedentes.
« BENNA. Ce mot désigne, en langue gauloise, une sorte de voiture, d'où l'on appelle combennones les personnes assises dans la même benne. »
De même pour ambactus, bardus, bulgae, cimbri, petoritum.
(De Signifatione Verborum)
Lucien de Samosate (mort après 180) témoigne aussi de l'usage du celtique, à la même époque, parmi les Galates :
http://mercure.fltr.ucl.ac.be/Hodoi/con ... ure/51.htm
« Il rendit aussi souvent des réponses à des barbares. Si quelqu'un d'entre eux l'interrogeait dans son idiôme national, soit en langue syrienne, soit en langue celtique, Alexandre ne rencontrait pas aisément dans le pays des compatriotes de ceux qui lui avaient remis ces demandes : il s'écoulait alors un assez long temps entre la remise des tablettes et la réponse de l'oracle. Il lui fallait tout cet intervalle pour résoudre tout à loisir l'énigme et à trouver des gens qui pussent lui traduire chaque demande. »
Ulpien (mort en 228) recommande de rédiger les fidéicommis dans plusieurs langues, parmi lesquelles il inclut le gaulois :
Fideicommissa quocumque sermone relinqui possunt, non solum latina vel graeca, sed etiam punica vel gallicana vel alterius cuiuscumque gentis.
(Ulpien dig XXXII, 11, prologue.)
Enfin Irénée (mort en 202) , grec de naissance, nous évoque son environnement gaulois à Lyon, ville romaine : « Tu n'exigeras de nous, qui vivons chez les Celtes et qui, la plupart du temps, traitons nos affaires en dialecte barbare, ni l'art des discours, que nous n'avons pas appris, ni l'habileté de l'écrivain, dans laquelle nous ne nous sommes pas exercé, ni l'élégance des termes ni l'art de persuader, que nous ignorons. »
(Irénée de Lyon, Contre les hérésies, L. I, prologue).
Ce dernier témoignage est le plus explicite. Pour les siècles suivants, les textes sont sujets à interprétation.

MessagePosté: Jeu 25 Oct, 2007 21:16
de Jacques
Pour des époques plus tardives, on peut citer l'épigramme de Claudien (vers 400) sur les mules de Gaule : « Voyez, sur les bords du Rhône impétueux qui les a nourries, ces mules dociles au frein... comme elles savent, aux cris discordants de leur guide, varier aussitôt leur course... elles prêtent à des accents barbares une oreille attentive... Étonnez-vous donc à présent qu’Orphée, par ses chants, ait apprivoisé les monstres des forêts, quand les cris d’un Gaulois guident ces animaux indociles. »
Ici, il peut s'agir simplement de latin prononcé à la gauloise. On peut quand même penser que les muletiers, comme beaucoup de gens du peuple, utilisaient encore le celtique à cette époque, ce qui heurtait les oreilles sensible du poète latin qu'était Claudien.
On cite souvent le témoignage de saint Jérôme (mort en 420), selon lequel les Galates auxquels il s'adresse (son témoignage est écrit au présent) parlent une langue proche de celle qui est parlée à Trêves, ville où il a séjourné :
Unum est quod inferimus, et promissum in exordio reddimus, Galatas, excepto sermone Græco, quo omnis Oriens loquitur, propriam linguam eamdem pene habere quam Treviros
« En résumé, nous nous contenterons de dire, comme nous l'avons fait au commencement , que les Galates, à l'exclusion de la langue grecque parlée dans tout l'Orient, se servent d'un idiome qui a avec celui des habitants de Trèves une analogie frappante et presque complète. »
(Ex Prologo in lib. II Commenter. in epist. ad Galatas, cap. 3.)
Que penser de saint Germain d'Auxerre (mort en 448) et de saint Loup de Troyes (mort en 478) qui parcourent les campagnes d'Angleterre pour ramener les populations dans le droit chemin face à l'hérésie pélagienne ?
Populus innumerabilis, immensa multitudo... Divinus sermo non solum in ecclesiis, verum etiam per trivia, per rura, per devia diffundebatur ut passim et fide catholici firmarentur
(vie de St Germain par Constance) Plusieurs auteurs, depuis le XIXème siècle, se sont posé la question de la langue utilisée pour convaincre le peuple innombrable et la multitude immense des campagnes bretonnes en plein Vème siècle : le latin, ou le celtique ?

MessagePosté: Ven 26 Oct, 2007 9:38
de Jacques
Pour cette période, il faut citer la phrase de Sulpice Sévère, déjà commentée dans le forum de linguistique, qui montre que le gaulois était toujours pratiqué à la fin du quatrième siècle :
Vel celtice, aut, si mavis, gallice loquere, dummodo jam Martinum loquaris.
« Parlez celtique ou gaulois si vous l’aimez mieux, dit Postumianus, mais du moins entretenez-nous de Martin. »
Sulpice Sévère, premier dialogue (§ XXVI)

MessagePosté: Ven 26 Oct, 2007 10:00
de André-Yves Bourgès
Bonjour Jacques,

bravo et merci pour votre patient relevé auquel je manquerai pas de contribuer si je puis.

En ce qui concerne d'éventuels témoignages de textes hagiographiques d'origine bretonne continentale, il ne peut s'agir que de témoignages indirects et surtout extrêmement tardifs par rapport à l'époque où les saints concernés sont supposés avoir vécu. Les vitae d'origine galloise sont plus tardives encore.

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès

MessagePosté: Ven 26 Oct, 2007 10:47
de Jacques
Bonjour André-Yves, et merci pour vos encouragements.
Il me reste à citer trois auteurs plus tardifs :

Tout d'abord Grégoire de Tours (mort en 594). Il nous fournit quelques mots gaulois encore employés de son temps (il formule ses phrases au présent)
campus tellure foecundus, tales enim incolae olcas vocant.
« un champ de bonne terre fertile, que les habitants (les Rémois) appellent olca. »
(De gloria confessorum)
Veniens vero Arvernus, delubrum illud, quod Gallica lingua Vasso Galate vocant, incendit, diruit atque subvertit.
« Étant arrivé en Auvergne, il incendia, renversa et détruisit un temple que les habitants appellent Vasso galate, en langue gauloise. »
(Historiae I,32)
aves coredallus, quam alaudam vocamus,
« un coredallus, oiseau que nous appelons une alouette »
(Historiae IV, 31)
duabus pateris ligneis, quas vulgo bacchinon vocant,
« deux plats de bois, vulgairement appelés bacchinon. »
(historiae IX, 28)
Venance Fortunat (mort en 609) nous explique, au présent, qu'un vernemeton est un vaste temple en langue gauloise :
Nomine Vernemetis voluit vocitare vetustas, quod quasi fanum ingens gallica lingua refert.
Bien sûr, pour Grégoire, on peut objecter que ces mots étaient peut-être utilisés dans des phrases latines, de la même façon qu'aujourd'hui, en Bretagne, les gens de la campagne ont recours à des mots bretons familiers même lorsqu'ils parlent français.
L'auteur le plus tardif qui parle de la langue gauloise est l'étymologiste Isidore de Séville (mort en 636) :
Il nous apprend qu'on appelle toles en langue gauloise le gonflement des amygdales
Toles Gallica lingua dicuntur, quas vulgo per diminutionem tusillas vocant, quae in faucibus turgescere solent.
(orig. XI, 1, 57)
et que volemum signifie bon et volumineux
Quidam autem volemum Gallica lingua bonum et magnum intellegunt.
(id. XVII, 7, 67)
Isidore vivait à Séville, et a sans doute puisé ses renseignements dans la riche bibliothèque de cette ville.
Pour ces deux derniers auteurs, on peut penser que l'utilisation du présent n'est qu'une figure de style, tout à fait comme on écrirait aujourd'hui : le coq se dit gallus en latin.
Malgré tout, la question de la survie tardive de la langue gauloise reste posée, et j'ai tenté, par ces exemples, qui ne sont peut-être pas les seuls, de poser des bases pour un débat dans ce forum d'histoire, les points de détail sur tel ou tel mot seront abordés sur le forum de linguistique.

MessagePosté: Ven 26 Oct, 2007 11:06
de Alexandre
Jacques a écrit:Malgré tout, la question de la survie tardive de la langue gauloise reste posée, et j'ai tenté, par ces exemples, qui ne sont peut-être pas les seuls, de poser des bases pour un débat dans ce forum d'histoire, les points de détail sur tel ou tel mot seront abordés sur le forum de linguistique.

On a déjà lancé quelques idées à ce sujet par le passé ici même. Un exemple :
http://www.forum.arbre-celtique.com/viewtopic.php?t=3669

MessagePosté: Ven 26 Oct, 2007 12:51
de Jacques
Alexandre a écrit:
Jacques a écrit:Malgré tout, la question de la survie tardive de la langue gauloise reste posée, et j'ai tenté, par ces exemples, qui ne sont peut-être pas les seuls, de poser des bases pour un débat dans ce forum d'histoire, les points de détail sur tel ou tel mot seront abordés sur le forum de linguistique.

On a déjà lancé quelques idées à ce sujet par le passé ici même. Un exemple :
http://www.forum.arbre-celtique.com/viewtopic.php?t=3669
Effectivement. Je ne me rappelais plus avoir écrit ces remarques. Un exemple concret d'un dérivé de ico dans le sujet Anicium du forum de linguistique.

MessagePosté: Ven 26 Oct, 2007 18:53
de Jacques
J'ai oublié l'extrait bien connu de la lettre de Sidoine Apollinaire à son beau-frère Ecdicius, aristocrate arverne, lettre écrite après 474, quand Ecdicius s'est illustré contre les Wisigoths, comme le dit Sidoine Apollinaire dans le texte.
Mitto istic ob gratiam pueritiae tuae undique gentium confluxisse studia litterarum, tuaeque personae quondam debitum, quod sermonis Celtici squamam depositura nobilitas, nunc oratorio stylo, nunc etiam camoenalibus modis imbuebatur.
« je ne dis pas que c'est à cause de ton enfance que l'on vit accourir ici de toutes parts ceux qui voulaient se livrer à l'étude des lettres; que l'on te fut redevable alors de ce que les nobles, pour déposer la rudesse du langage celtique, s'exerçaient tantôt dans le style oratoire, tantôt dans les modes poétiques. »
(Epistolæ, lib. III, 3, 2)
On le voit, la langue gauloise était encore toute proche chez les nobles, ce qui laisse supposer qu'elle a perduré après le cinquième siècle parmi le peuple, en particulier dans les campagnes.

MessagePosté: Dim 28 Oct, 2007 12:56
de André-Yves Bourgès
bonjour Jacques,

pour contribuer au débat que vous appelez de vos voeux, j'indiquerai que, pour ce qui me concerne, je ne vois pas bien comment nous pourrions faire l’économie de l’explication proposée jadis par F. Falc’hun, qui interprète l’évolution de la "frontière linguistique" entre le breton et les dialectes romans comme les étapes du recul du gaulois vers l’ouest et non comme celles de l’avancée (puis du retrait) du breton vers l’est, alors que depuis les débuts du Haut Moyen Âge, au témoignage de Grégoire de Tours, jusqu’au premier tiers du XIIe siècle au moins, comme l’atteste Gurheden, le compilateur du cartulaire de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé, la Vilaine a manifestement constitué à la fois la frontière "naturelle" et la frontière "culturelle" des Bretons vers l’est.

Ma réflexion n'est évidemment pas celle d'un spécialiste des langues celtiques, mais celle d'un hagiologue. Il faut (sans cesse) rappeler que nous ne disposons d'aucun témoignage direct sur la façon dont se sont déroulées les arrivées successives d'immigrants insulaires en Armorique, sur quelle était la situation linguistique de cette dernière, ni sur son évolution suite à ces immigrations ; que les différentes théories aussi bien bretonistes que romanistes ont toutes eu recours de manière quasi-exclusive au matériau hagiographique, dont l'ancienneté ne remonte pourtant pas au delà du IXe siècle en ce qui concerne quelques rares vitae (ex.: saint Guénolé, saint Malo, saint Paul Aurélien, saint Magloire, saint Lunaire...), voire peut-être au milieu du VIIIe siècle en ce qui concerne la première vita de saint Samson, tandis que l'immense majorité des autres textes hagiographiques bretons est postérieure, voire très largement postérieure au Xe siècle ; que le contenu de ces textes nous renseignent presqu'exclusivement sur "l'histoire de l'histoire du saint" et non sur le saint lui-même, dont la réalité historique n'est même pas toujours assurée et qui ainsi demeure ce que G. Philippart a appelé avec finesse et justesse un "saint de papier" ; qu'en conséquence le résidu historique pour la période où le saint est supposé avoir vécu est souvent minime et qu'il doit être extrait du matériau brut par le croisement des différents critères utilisés dans la critique interne des textes.

Voilà, c'est dit : malgré ses excès et certaines systématisations outrancières, l'approche de Falc'hun me paraît à bien des égards extrêmement novatrice et féconde ; et je déplore que la mort précoce de L. Fleuriot n'ait pas permis à ce dernier, venu des horizons bretonistes, mais qui déjà dans son ouvrage sur Les origines de la Bretagne rendait des gages à Falc'hun, de débattre avec ce dernier sur ce sujet.

En tout état de cause, les différents témoignages que vous avez rappelés constituent une forte présomption en faveur de l'utilisation tardive du gaulois par les différentes populations de la Gaule : il serait à tout le moins surprenant que l'Armorique n'ait pas connu une telle survivance.

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès
http://www.hagio-historiographie-medievale.fr

MessagePosté: Dim 28 Oct, 2007 14:19
de Jacques
André-Yves Bourgès a écrit:pour contribuer au débat que vous appelez de vos voeux, j'indiquerai que, pour ce qui me concerne, je ne vois pas bien comment nous pourrions faire l’économie de l’explication proposée jadis par F. Falc’hun, qui interprète l’évolution de la "frontière linguistique" entre le breton et les dialectes romans comme les étapes du recul du gaulois vers l’ouest et non comme celles de l’avancée (puis du retrait) du breton vers l’est, alors que depuis les débuts du Haut Moyen Âge, au témoignage de Grégoire de Tours, jusqu’au premier tiers du XIIe siècle au moins, comme l’atteste Gurheden, le compilateur du cartulaire de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé, la Vilaine a manifestement constitué à la fois la frontière "naturelle" et la frontière "culturelle" des Bretons vers l’est.
Bonjour, André-Yves.
Ce sujet a déjà été effleuré, et le bien-fondé de cette thèse contesté, sur cette page : http://www.forum.arbre-celtique.com/vie ... aine#36041

MessagePosté: Dim 28 Oct, 2007 19:11
de André-Yves Bourgès
Bonsoir Jacques,

Vous aurez noté que mes constatations s'en tiennent au strict terrain de l'hagio-historiographie médiévale ; mais en ce qui concerne les aspects toponymiques, je suis toujours un peu surpris de voir certaines conclusions relatives au fait linguistique breton armoricain éliminer a priori l'hypothèse d'une survivance du gaulois, étant entendu que ce dernier est lui aussi une langue britonnique et qu'il conviendrait donc de démontrer sa disparition pour pouvoir conclure valablement à une supposée extension continentale du breton insulaire.

Le matériau hagiographique est souvent sollicité, non pas directement pour expliquer les faits linguistiques, mais pour démontrer que l'arrivée des saints venus de Bretagne insulaire s'est faite au sein de territoires largement désertés, fréquentés par de rares autochtones en général païens et bientôt convertis ou alors repoussés, ainsi naturellement que par des bêtes sauvages et accessoirement des dragons... Il s'agit là bien sûr de lieux communs hagiographiques repris à leur compte par des hagiographes qui travaillaient plusieurs siècles après les premières installations d'immigrants insulaires.

Vous savez comme moi qu'à l'instar des discussions sur l'origine du mythe arthurien, le terrain est ici encore largement encombré de présupposés idéologiques : c'est pourquoi j'ai rappelé pour le déplorer que la trop courte carrière d'un homme libre comme l'était L. Fleuriot ne lui ait pas permis de reprendre cette question sans préjugés ; ses héritiers spirituels (j'en excepte bien sûr mon regretté ami Gwenaël Le Duc qui nous a lui aussi trop tôt quitté) ne témoignent pas toujours de la même ouverture d'esprit.

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès
http://www.hagio-historiographie-medievale.fr

MessagePosté: Mar 30 Oct, 2007 18:09
de Sedullos
Bonjour,

André-Yves Bourgès a écrit:En tout état de cause, les différents témoignages que vous avez rappelés constituent une forte présomption en faveur de l'utilisation tardive du gaulois par les différentes populations de la Gaule : il serait à tout le moins surprenant que l'Armorique n'ait pas connu une telle survivance.


Fleuriot affirme dans Les origines de la Bretagne , au chapitre traitant d'Ambrosius Aurelianus et de Riothame que au Ve siècle le gaulois est encore parlé dans les campagnes de Gaule.

André-Yves Bourgès a écrit:Vous aurez noté que mes constatations s'en tiennent au strict terrain de l'hagio-historiographie médiévale ; mais en ce qui concerne les aspects toponymiques, je suis toujours un peu surpris de voir certaines conclusions relatives au fait linguistique breton armoricain éliminer a priori l'hypothèse d'une survivance du gaulois, étant entendu que ce dernier est lui aussi une langue britonnique et qu'il conviendrait donc de démontrer sa disparition pour pouvoir conclure valablement à une supposée extension continentale du breton insulaire.


Ne peut-on pas considérer qu'une survivance du gaulois plus que certaine n'empêche pas une extension du breton insulaire ? Et que les deux langues aient pu coexister en Armorique avec le latin parlé dans les villes ?

Car il y a bien eu une expansion territoriale des Bretons bien au-delà de l'Armorique ; mon patronyme Brethenoux issu probablement de toponymes du sud-ouest du massif central en témoigne. Fleuriot cite de nombreux toponymes en région parisienne et plus au nord encore.

MessagePosté: Mer 31 Oct, 2007 17:11
de André-Yves Bourgès
Sedullos a écrit:
Fleuriot affirme dans Les origines de la Bretagne , au chapitre traitant d'Ambrosius Aurelianus et de Riothame que au Ve siècle le gaulois est encore parlé dans les campagnes de Gaule.



Oui, et c'est la raison pour laquelle j'ai déploré que l'interruption brutale et prématurée de la carrière de ce chercheur ne lui ait pas permis de creuser plus avant encore cette question.

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès

MessagePosté: Mer 31 Oct, 2007 17:30
de André-Yves Bourgès
Sedullos a écrit:Ne peut-on pas considérer qu'une survivance du gaulois plus que certaine n'empêche pas une extension du breton insulaire ? Et que les deux langues aient pu coexister en Armorique avec le latin parlé dans les villes ?



Sans doute ; mais justement cette survivance du gaulois, dont l'état au Ve siècle était différent de celui de l'époque de la conquête romaine, a pu constituer à l'ouest de la péninsule armoricaine le terreau même où s'est enraciné le breton insulaire, à la faveur de leur proximité : d'où les difficultés à établir en Bretagne continentale l'inventaire précis, exhaustif, de l'héritage linguistique gaulois, sauf à le nier comme ce fut le cas depuis les dernières décades (mais il s'agit là d'une position idéologique).

Bien sûr les Bretons insulaires ont circulé en Gaule au delà de l'Armorique : les vestiges de leurs passages ou de leurs installations, plus ou moins durables, se retrouvent en effet dans la toponymie ; mais y a t-il d'autres témoignages linguistiques de l'usage du breton insulaire ici ou là ?

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès

MessagePosté: Mer 31 Oct, 2007 18:18
de Muskull
Pierre-Roland Giot signale que lorsque les colons bretons sont venus en Armorique, ils se sont retrouvés en terres quasi désertiques suite aux piratages et bagaudes du III° et IV° siècles.
Cela a pu réduire fortement l'influence du gaulois sur la langue des arrivants, surtout en Basse-Bretagne ; le Morbihan étant mieux défendu car plus riche économiquement et aussi plus loin des pirates pictes, irlandais et saxons.