LE TRÉSOR DE TRÉBRY (1er siècle avant notre ère) Ixième découverte, le trésor de Laniscat en territoire armoricain a suscité l’émoi pendant quelques jours dans le Landerneau celtique. Mais surtout de faire remonter un article paru dans Archéologia n° 171, octobre 1982, pp. 11—20, et concernant le trésor de Trébry en Côtes d'Armor. Pour résumer : en 1974, des travaux d’adduction d’eau ont mis à jour un pot de terre contenant 1 756 monnaies d’argent allié. L’examen du plus important trésor de monnaies coriosolites trouvé en France fut confié à M. J.-B. Colbert de Beaulieu, directeur de recherche au C.N.R.S., numismate spécialiste de l'étude des monnaies gauloises.
L’étude, menée au sein du Groupe d'archéologie nucléaire d'Orsay-Saclay, fit intervenir par des méthodes innovante et informatisées pour l'époque, des mesures physico-chimiques, la composition microscopique et provenance des métaux, le classement des coins (variantes des motifs, chronologie, dimensions, poids, ateliers de fabrication…), et la reconstitution des alliages et techniques de frappe par l’archéologie expérimentale.
Ce qui en ressort est que l'un des premiers monnayages armoricains fut celui des Vénètes à la fin du deuxième siècle avant notre ère. D’abord en or, puis en argent pur dans certaines tribus, puis pour des raisons que l'on peut comprendre en alliage de moindre aloi, or coupé d'argent et ou de cuivre ...
Aléas du commerce ou bien souvenir glorieux du mercenariat gaulois à la solde des belliqueux rois hellénistiques, le statère de Philippe II de Macédoine (v. 382-336 av. J.-C.) a servi de modèle a une grande partie des monnayeurs celtiques. Autant sur l'avers que sur le revers, ce type de monnayage va peu à peu être réapproprié de façon distincte selon les régions, le talent des graveurs vers une stylisation plus ou moins surréaliste si ce n’est abstraite et fantasque des symboles et motifs :
Archéologia, n° 171, octobre 1982, pp. 12-13, a écrit:Tableau des six classes déterminées dans le monnayage coriosolite.
Dessins d’après N.V.L. Rybot, Armorican Art. Planche extraite du
Traité de numismatique celtique de J.B. Colbert de Beaulieu.Carte des peuples pré-romains de l'Armorique avec l'indication des
enfouissements de trésors monétaires coriosolites.Les trésors monétaires coriosolites découverts sur le territoire
qu'occupaient les Coriosolites autour de l'actuel Corseul et dans
l'île de Jersey.
L’année 56 avant J.-C. vit, selon César, dans son
Bellum gallicum, III, la défaite maritime des Vénètes et de la coalition armoricaine (
Osismos, Lexouios, Namnetes, Ambiliatos, Morinos, Diablintes, Menapios adsciscunt; auxilia ex Britannia). Les peuples du Nord-Ouest (
Venellos, Coriosolites, Lexouiosque) commandés par le chef unelle Viridorix furent écrasés par les légions de Titurius Sabinus aux environs d’Avranches. Quatre ans plus tard, les contingents armoricains évalués à environ 10 000 à 30 000 selon les sources (chiffres difficilement vérifiables) se retrouvèrent à Alésia. Une avance du paiement des volontaires paraissait être effectuée avant leur départ. Nombre de monnaies de diverses tribus gauloises furent retrouvées sur les champs de bataille. Une comparaison des pièces pourrait confirmer celles apartenant aux tribus armoricaines.
L’on peut toutefois constater que le palpable, sonnant et trébuchant, était nécessaire à l’effort de guerre contre l’ennemi commun : le romain. Si ce n’est l’argent nécessaire à l’achat, l’élevage et la revente de cheptel (chevaux, vaches…), la construction et entretien du matériel (armement, chariots…) et de la nourriture pour les hommes et les bêtes (blé, fourrage …), et surtout la solde du volontariat ou au mercenariat. A la veille et durant les attaques romaines, en 57-56, et, ou simple coïncidence, ce sorte de
medioalanum, quasi géo-épicentrisme de Laniscat dans la pointe armoricaine aurait pu jouer comme un des points potentiels de rencontres des chefferies « aristo-paysannes » dominantes ou assemblées armoricaines à la partie orientale osisme. Ou pourquoi pas de centre de recrutement et de paiement des volontaires en partance ou à leur retour 52 av. J.-C. ? Une étude comparée des pièces pourra le définir. J. Moreau, dans son
Dictionnaire de géographie historique de la Gaule et de la France, Éditions A. et J. Picard, paru en 1972, avait proposé une carte aux probables contours territoriaux pré-romains :
--La remarquable étude sur le trésor de Trébry et sur le peuple des Coriosolites révèle les échanges commerciaux et monétaires qui ont pu se produire à l’extérieur des limites territoriales : osismes, unelles, baiocasses, abricantes... L'essentiel des informations se trouve dans le livre de Katherine Gruel,
Le trésor de Trébry (Côtes-du-Nord), Éditions les Belles Lettres, 1981) avec le recensement des nombreux lieux de découvertes dans les Côtes d’Armor (ex Côtes-du-Nord), Morbihan, Finistère, Ille-et-Vilaine, Manche, Jersey :
Et que l’on peut retrouver aussi en format intégral en pdf (185 pages) :
http://ista.univ-fcomte.fr/publications ... tegral.pdf