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Re: Celtes et mégalithisme

MessagePosté: Lun 18 Aoû, 2014 17:42
de Orgenomeskos
Salut,

Il n'y a aucune preuve incontestable, mais quelques noms issus de la Géographie de Ptolémée (III, 2) laissent songeurs. Les deux noms qui, à mon goût, sont les plus intéressants sont l'hydronyme Rotanos et l'ethnonyme Balatines.

Le Rotanos (Ῥοτάνου ποταμοῦ ἐκβολαί « l'embouchure du fleuve Rotanos », III, 2, 5), l'actuel Tavignano, a un nom qui ressemble à s'y méprendre à celui de Rodanos (Cf. étymologie : http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/update/encyclo_update.php?dictra=SEE&diccpl=3270), qui outre le Rhône, désigne d'autres cours d'eau (le Rodano en Emilie ; le Ren, affluent de la Moselle ; le Rône, affluent de la Sarthe...).

Les Balatines (Βαλατινοί, III, 2, 6) étaient un peuple de la partie occidentale de Corse. Peut-être est-il possible de reconnaître dans leur nom le terme celtique belatu / balatu signifiant « mort (initiatique ?) » (Cf. Delamarre, 2007), attesté par des anthroponymes (Balatonus ; Balatulla ; Belatulla ; Belatullius ; Belatumara ; Belatusa ; Bellatorix ; Macribalata ;...), un théonyme (Belatucadrus) et des toponymes (Balatucellum ; Velatudurum) (Cf. fiches consacrées à ces différents termes dans l'Encyclo).

Si l'on considère ces deux éléments comme probants, il devient tentant de s'intéresser à d'autres éléments moins discriminants, comme par exemple :

Le Circidios (Κιρκιδίου ποταμοῦ ἐκβολαί, III, 2, 3), l'actuel Liamone, dont le nom pourrait dériver du gaulois circos / circios « impétueux ». Ce terme est par ailleurs attesté en Gaule sous les formes Circius (théonyme), Circos (anthroponyme) et Circius (Vent, le « Mistral ») (sources et attestations : http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/update/encyclo_update.php?dictra=SEE&diccpl=3467)

Granianon (Γρανιανὸν ἄκρον « le promontoire Granianon », III, 2, 4), l'actuel Bocca di Parati a-t'il un lien avec le mot granno « barbe ? » / « soleil ? » (sources et attestations : http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/update/encyclo_update.php?dictra=SEE&diccpl=3469)

Le Guola (Γουόλα ποταμοῦ ἐκβολαί « l'embouchure du fleuve Guola », III, 2, 5), l'actuel Golo, peut-il être rapproché des hydronymes Volas sinus (fleuve de Grande-Bretagne), Olana / Volana (bouche méridionale du Pô) (http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/update/encyclo_update.php?dictra=SEE&diccpl=8210)

Les Vanacines (Οὐανακινοὶ, III, 2, 6), peuple de la partie septentrionale de la Corse (III, 2, 6), peuvent-ils trouver leur origine dans le terme *vanos « tueur ?» (Cf. Delamarre, 2007) ? terme attesté par de nombreux anthroponymes celtiques (Adiatuanus ; Atuanus ; Divanno ; Sanuanus ; Tasciovanos ; Vanus, Cf. fiche sur l'Encyclo).

J'en passe...

Enfin, on trouve chez Strabon (Géographie, V, 2, 7) la mention d'une ville dénommée Ἐνικονίαι (Eniconiæ). Si le préfixe est délicat à expliquer, le suffixe pourrait rappeler le mot cuno- / cunos « chien / loup » (Cf. sources et attestations : http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/update/encyclo_update.php?dictra=SEE&diccpl=2617). Ce composé n'est pas sans rappeler l'anthroponyme Anniconius (http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/update/encyclo_update.php?dictra=SEE&diccpl=8355)

Rappelons aussi l'existence de mythes relatifs au peuplement de cette île faisant intervenir deux groupes de populations inégalement celtisées, les Ligures et les Cantabres...

Re: Celtes et mégalithisme

MessagePosté: Mer 20 Aoû, 2014 13:26
de sule
Bonghjornu,

Bravo !... Je suis épatée... Du coup, tu me donnes envie de me pencher un peu plus sur la toponymie de mon île... Je suis presque sure que l'on peut aller encore plus loin... Pas vraiment le temps pour le moment mais je verrai plus tard...

(NB : Je sais bien que les Celtes sont passés par chez moi -même rapidement- car il nous reste quelques traces dans la vieille étymologie c'horsaï et dans certaines pratiques rituelles mais j'ai lu cela il y a quelques années... ;-) )

Bella ghjurnata a tè e a tutti,

Sulè

Re: Celtes et mégalithisme

MessagePosté: Jeu 21 Aoû, 2014 0:28
de le rutène ronfleur
Bonsoir/jour,
Un site apparemment très prometteur en Aveyron et d'une grande importance. Mais peut-être le connaissez-vous déjà...
http://www.ladepeche.fr/article/2011/08/10/1143963-saint-jean-saint-paul-touries-un-gisement-historique-majeur.html
Bien cordialement

Re: Celtes et mégalithisme

MessagePosté: Jeu 21 Aoû, 2014 1:18
de Matrix
Bonjour
je suis un peu sceptique de l'apport linguistique ou présence Celtique en Corse
Les auteurs anciens parlent d'une langue complexe : pré-latine apparentée au Ligure ?
Je ne sais quoi penser des dires de Sénèque faisant un rapprochement entre la langue des autocthones et les Cantabres (Celtibères/Proto-Basques ?)
La noms des 12 peuples de la Corse cités par Ptolémée sont difficilement traduisibles

Diodore de Sicile XI
Les barbares qui l'habitent sont au nombre de trente mille, et la langue dont ils se servent entre eux est très particulière et très difficile à apprendre.

Sénèque, originaire de Cordoue et exilé en Corse de 41 à 49 ap. JC :
VIII.
Bien que le sujet n'exige pas un plus grand nombre d'exemples, il en est un que j'ajouterai, parce qu'il est tout sous mes yeux.
La Corse a nombre de fois changé d'habitants.
Sans trop remonter dans la nuit des âges, nous voyons que, désertant Phocée, les Grecs aujourd'hui fixés à Marseille s'arrêtèrent d'abord dans cette île.
On ne sait pas bien quel motif les en a chassés, l'insalubrité de l'air, le voisinage de la trop puissante Italie, ou des côtes peu propres au mouillage ? Car il ne paraît pas que ce soit la férocité des insulaires, puisque les nouveaux venus prirent place parmi les peuples de la Gaule encore barbare et non civilisée.
Puis vinrent les Liguriens, puis vinrent les Espagnols, ce que dénote la conformité des usages; car on retrouve ici la coiffure, la chaussure du Cantabre et quelques mots de sa langue, l'idiome national ayant, dans le commerce des Grecs et des Liguriens, perdu toute sa physionomie.

Pausanias - 115/180 ap JC :
8] Près de la Sardaigne est une autre île que ces mêmes Libyens nomment l'île de Corse, et que les Grecs appellent Cyrnos. Une partie considérable des habitants de cette île, chassée par l'autre dans une sédition qui les divisait, passa en Sardaigne, alla occuper les montagne et s'y bâtit quelques villes. De là un peuple que dans la Sardaigne même on nomme les Corses, du nom qu'il portait en son propre pays.
[9] Dans la suite les Carthaginois s'étant rendus fort puissants par mer, vinrent s'emparer de la Sardaigne et en soumirent tous les peuples, à l'exception des Iliens et des Corses, que leurs montagnes défendaient contre cette invasion. Ils bâtirent ensuite deux villes, Caralis et Soulches. Mais lorsqu'il fut question de partager les dépouilles de l'ennemi, les Ibériens et les Libyens, qui avaient en bonne part à cette conquête, mécontents du partage, abandonnèrent les Carthaginois, gagnèrent aussi les hauteurs et s'y cantonnèrent. Les Corses leur donnèrent le nom de Balares, qui, dans la langue du pays, veut dire des fugitifs.