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Les Gaulois, amateurs de boomerang

MessagePosté: Jeu 18 Sep, 2014 23:12
de Orgenomeskos
Les Gaulois, amateurs de boomerang [Le Monde, 17/09/14]

"Des archéologues français ont découvert le premier boomerang gaulois. Il se trouvait dans l'un des principaux ports d'embarquements pour l'Angleterre à l'époque, jusqu'ici inconnu."


Lire la suite : http://archeo.blog.lemonde.fr/2014/09/17/les-gaulois-amateurs-de-boomerang/

Re: Les Gaulois, amateurs de boomerang

MessagePosté: Dim 21 Sep, 2014 10:21
de Matrix
Bonjour
si l'information est bonne et que l'objet n'ait pas été "importé"
je propose de jeter un coup d'oeil à la "Cateia"

Sorte de projectile se comportant comme un boomerang 
Mot rapporté par le grammairien Latin Servius (ad Aen 7. 741) est traduit par « Tela gallica reciprocas faciebant ». Et par Isidore (H 1 839) « Rursum redit ad eum ». Et Virgile : Teutonico ritu soliti torquere cateias. Virgile, En. 7, 741: lancer les catéias à la façon des Teutons. ...

Terme Celtique ?
Étymologie
Gaélique : Vieil Irlandais Caithid (Il lance) → Irlandais Caithfidh. Irlandais Casadh/Cas (Tourner/Virage). Manx Cassey (Tourner).

Silius Italicus rapporte que la cateia est utilisée également par d'autres peuples chez les Lybiens qui auraient accompagnés Hannibal en Italie (les Maces d'Afrique du Nord)

Re: Les Gaulois, amateurs de boomerang

MessagePosté: Dim 21 Sep, 2014 16:52
de DT

Re: Les Gaulois, amateurs de boomerang

MessagePosté: Dim 21 Sep, 2014 18:50
de Muskull
Bonjour,
Il semble que ce type de bâton de jet (sans retour) est connu depuis le néolithique en Europe et qu'il servait à la chasse aux oiseaux. On retrouve sa trace dans les gravures rupestres du Sahara et aussi sans doute en Egypte bien plus tard.
Le "retour de bâton" du à un profilage particulier et savant ne semble qu'être australien.
Comme l'on en retrouve pas dans les sépultures gauloises et comme la trouvaille se situe dans un port, l'unportation est probable. :wink:

Re: Les Gaulois, amateurs de boomerang

MessagePosté: Dim 21 Sep, 2014 19:08
de Kambonemos
Bonjour à tous,

Sorte de projectile se comportant comme un boomerang
En ce sens qu'il revient dans la main du lanceur ? Oui, sauf que la cateja est attestée avant tout comme un grand javelot relié à la ceinture du combattant par un lien plus ou moins long, qui peut ainsi le ramener à lui à la manière d'un harpon... On parle parfois d'armes de siège, ce serait plutôt "une arme d'assiégé" soucieux d'économiser les "munitions"... Pour le reste, tout-à-fait d'accord avec M le Très-Actif.

@+

Re: Les Gaulois, amateurs de boomerang

MessagePosté: Dim 21 Sep, 2014 22:36
de Matrix
Kambonemos
je suis d'accord avec toi
je me suis mal exprimé, la catéia n'est pas un boomerang Australien :s45:
comme tu le dis (ainsi que les auteurs anciens), il doit s'agir d'un projectile qui , après le jet, revient au lanceur :?:
je ne trouve pas grand chose en etymologie à part le vieil Irlandais Caithid (Proto Celtic *Kati = Jeter ?), il y a aussi l'anglais Cast = jeter/lancer mais dont l'origine est mal cernée mais j'ignore s'il y a un lien avec notre catéia
je me demande également si étymologiquement, puisque le lanceur est (re)lié au projectile..... le Latin Catena = chaîne prévaut également
cela nous éloigne de notre boomerang trouvé dans le port !!!!!!!!

je viens de tomber sur un passage de Camille Julian dispo ici
qui parle de la Catéia dans le chapitre VI dédié aux armes des Gaulois :
étrange cateia, au bois flexible planté de clous de métal, arme d’approche lourde et meurtrière, qui, lancée d’un geste habile, revenait, disait-on, rejoindre le guerrier après avoir frappé l’ennemi

http://www.mediterranee-antique.fr/Fich ... aule_2.pdf
voici ses sources :

4
Virgile,Én., VII, 741 ; Serviusad Æn., VII, 741 (qui parle de lanières pour la ramener)
; Isidore de Séville, XVIII, 7, 7 ; Silius,II, 277 ; Valerius Flaccus, VI, 83 ; peut-être Quadrigarius ap
. Aulu-Gelle, IX, 11, 5 (telum reciprocans). Attribuée surtout aux Teutons; sans doute peu usitée en Gaule, notamment
en Celtique. Il semblerait, d’après les textes, que ce fût une sorte de hasta ou de lancea
(textes cités par Holder, I, c. 840). Cependant beaucoup y voient une massue ou une hache de jet :Annalen der Physik und
Chemik, de Poggendorff, XLV, 1838, p. 474 et s. (comparaison avec le boumerang australien) ; Wex,
Zeitschrift für die Allerthumswissenschaft, 18.39, c. 1153 et s. ;Bormans,Essai de solution philologique d’une question d’archéologie, Bruxelles, 1873 ;Bertrand,Rev. arch., 1884, I, p. 105-8 ; Reinach,Les Celles...du Pô p. 194 et s. (qui
songe à la francisque).


autre source : sur la catéia
Rhin et Orient Tome 2, le fer à l'époque mérovingienne etude technique et archéologique de Edouard Salin et autres ou la Catéia est comparée à une sorte de francisque : le métal de la Catéia est d'une rare qualité, sur un noyau d'acier doux a été rapportée une surcharge d'acier mi-dur pour le tranchant. Le noyau a été soigneusement épuré par martelage et on ne peut admirer le soin qu'avec lequel, progressivement, ont été rajoutées les surcharges de métal plus carburé

Re: Les Gaulois, amateurs de boomerang

MessagePosté: Lun 22 Sep, 2014 19:15
de Sedullos
Kambonemos a écrit:Bonjour à tous,

Sorte de projectile se comportant comme un boomerang
En ce sens qu'il revient dans la main du lanceur ? Oui, sauf que la cateja est attestée avant tout comme un grand javelot relié à la ceinture du combattant par un lien plus ou moins long, qui peut ainsi le ramener à lui à la manière d'un harpon... On parle parfois d'armes de siège, ce serait plutôt "une arme d'assiégé" soucieux d'économiser les "munitions"... Pour le reste, tout-à-fait d'accord avec M le Très-Actif.

@+


Salut,
Je pense que tu confonds avec la tragula. Quant à relier un projectile à sa ceinture et que celui-ci puisse revenir sur le tireur, ça craint un max !

La tragula ou le verutum lancés avec une lanière ne revenaient pas !

Le mot latin tela, traduit souvent par trait ou javelot, désigne en fait toutes sortes d'armes.

Re: Les Gaulois, amateurs de boomerang

MessagePosté: Lun 22 Sep, 2014 21:25
de Kambonemos
Bonjour,

Pas de confusion, Sedullos, car en gros j'ai les mêmes références sur cette arme que celles exposées plus haut par Matrix. Le petit doute venait qu'en allemand, catéja (avec e accent aigu) est synonyme de boomerang (donc une acception plus récente). Le lien qui relie le javelot à la ceinture du tireur, je l'ai "piqué" sur un site germanophone mais sinon, voir : http://www.mediterranees.net/civilisati ... ateja.html .

@+

Re: Les Gaulois, amateurs de boomerang

MessagePosté: Lun 22 Sep, 2014 21:33
de Matrix
je pensais que l'article était un hoax
mais apparemment non : d'autres photos ici apparaissent :
http://www.ibtimes.co.uk/iron-age-precu ... ce-1466294

Il semble qu'à Velsen (Pays Bas) on est trouvé un boomerang datant entre -300 et -550 av JC :!:

Re: Les Gaulois, amateurs de boomerang

MessagePosté: Lun 22 Sep, 2014 21:40
de Kambonemos
Merci Matrix pour le lien.

Quant à relier un projectile à sa ceinture et que celui-ci puisse revenir sur le tireur, ça craint un max !
Je comprends tes réserves Sedullos, c'est pourquoi j'ai extrapolé sur l'image du harpon, en pensant que ce type de javelot pouvait s'utiliser d'une position dominante protégée, c'est-à-dire du haut vers le bas, mais bon... faisons confiance à ceux qui maîtrisaient la technique aussi bien à la chasse qu'à la guerre, pour en tirer profit. Les Cimbres n'enchaînaient-ils pas leurs boucliers ? Pas commode non plus...

Cordialement.

Re: Les Gaulois, amateurs de boomerang

MessagePosté: Mar 23 Sep, 2014 9:55
de Sedullos
akontisteac.jpg


Salut, merci pour les liens.

Kambonemos, pas les boucliers des Cimbres, les ceintures. Ce qui pourrait s'expliquer par la présence d'anciens systèmes de suspension d'épée à chaîne de fer, en principe disparus vers 200 av. J.-C. L'accumulation de cadavres, portant ces ceinturons constitués de chaînes, aurait pu être interprétée comme reliant les guerriers entre eux.

Simple hypothèse. D'autant que Richard Francis Burton évoque dans son Voyage à la Mecque, une bataille entre une armée turco-égyptienne et ses adversaires wahhabites, lesquels combattaient liés par la ceinture.

Je remets le dessin d'un akontiste grec, lanceur de javelots utilisant une courroie de projection (amentum en latin).

Source : Alexandre : Histoire et dictionnaire / dir. O. Battistini et P. Charvet. Laffont, 2004. (Bouquins), p.474.

Re: Les Gaulois, amateurs de boomerang

MessagePosté: Jeu 25 Sep, 2014 22:51
de Kambonemos
Bonjour,

Kambonemos, pas les boucliers des Cimbres, les ceintures. Ce qui pourrait s'expliquer par la présence d'anciens systèmes de suspension d'épée à chaîne de fer, en principe disparus vers 200 av. J.-C. L'accumulation de cadavres, portant ces ceinturons constitués de chaînes, aurait pu être interprétée comme reliant les guerriers entre eux.
Simple hypothèse.
C'est bien de me rafraîchir la mémoire sur ce point ; citons par principe l'extrait du texte de Plutarque décrivant cette pratique : " La plupart des ennemis [les Cimbres] et surtout les plus braves d'entre eux, furent taillés en pièces car, pour empêcher que ceux des premiers rangs ne rompissent leur ordonnance, ils étaient liés ensemble par de longues chaînes attachées à leurs baudriers (.../...)[Vie de Marius]"

Cordialement

Re: Les Gaulois, amateurs de boomerang

MessagePosté: Ven 26 Sep, 2014 11:14
de Sedullos
Salut à tous,

Kambonemos, j'observe dans le texte de Plutarque une contradiction.

Si les plus braves sont taillés en pièce parce que placés à l'avant, il n'y avait nul besoin de les attacher ! Il faut envisager une phalange serrée. Les meilleurs tiennent les premiers rangs et combattent à l'épée -- d'où les ceinturons à chaîne-- après avoir épuisé lances et javelots. Derrière, on peut supposer des guerriers moins aguerris et encore derrière, des vétérans chargés d'empêcher ceux du milieu de reculer, à la façon des triarii romains.

Re: Les Gaulois, amateurs de boomerang

MessagePosté: Ven 26 Sep, 2014 13:09
de Kambonemos
Bonjour,

Sedullos a écrit:Salut à tous,

Kambonemos, j'observe dans le texte de Plutarque une contradiction.

Si les plus braves sont taillés en pièce parce que placés à l'avant, il n'y avait nul besoin de les attacher ! Il faut envisager une phalange serrée. Les meilleurs tiennent les premiers rangs et combattent à l'épée -- d'où les ceinturons à chaîne-- après avoir épuisé lances et javelots. Derrière, on peut supposer des guerriers moins aguerris et encore derrière, des vétérans chargés d'empêcher ceux du milieu de reculer, à la façon des triarii romains.


J'avoue avoir une autre compréhension de ce passage ; le texte de Plutarque relatant cette bataille, ne laisse planer aucun doute sur la méthode de combat des Cimbres, qui se battent en phalange compacte, à la manière des Helvètes dont les premiers rangs, d'après César, virent nombre de leurs boucliers transpercés par un même et seul projectile à la fois tant la masse des guerriers était serrée... En réalité, je lis que les guerriers les plus braves (les plus fermes, les plus résolus) encadrent en quelque sorte la phalange afin d'en maintenir la cohésion pendant la phase d'approche, et ce, au moyen de chaînes qu'ils ont attachées à leurs baudriers. Ce qui n'est pas clairement développé : c'est la position exacte de ces hommes ; étaient-ils sur les flancs et en queue ? Placés stratégiquement à certains endroits seulement de la phalange : derrière les premiers rangs ? Délimitaient-ils ainsi les différentes composantes de la phalange en suivant ce que Sedullos énonce fort à propos dans son message (guerriers de choc, novices, vétérans) ? Il va s'en dire que si la phalange "explosait", ces hommes se retrouvaient en bien mauvaise posture : piétinés par leurs camarades en fuite, emberlificotés dans leurs chaînes et tués par les ennemis...

Je n'ai pas le texte original car reste à savoir si la traduction est satisfaisante ; ce n'est pas ma petite initiation au grec et au latin du collège qui me permettrait de l'affirmer de toute façon... :|

@+

Re: Les Gaulois, amateurs de boomerang

MessagePosté: Ven 26 Sep, 2014 14:58
de Sedullos
Pareil pour moi, je ne lis pas le grec.

Ta description me semble bonne sauf pour les chaînes. Quant aux baudriers, il faut comprendre baudrier-ceinturon, entourant la taille. Attacher une chaîne à un baudrier passé sur l'épaule ne donnerait aucune cohésion supplémentaire mais rendrait surtout l'ensemble totalement bordélique. :s45:

Je ne nie pas que des guerriers aient pu combattre attachés ou enchaînés, cf l'exemple des Wahhabites cité par Burton, qui évoquait quelque chose de similaire chez les Afghans. Il me semble aussi avoir lu quelque chose de semblable dans les armées des Perses achéménides. Le point commun est qu'il s'agissait d'armées orientales dont certaines marchaient au fouet !

Les Cimbres, tous barbares qu'ils aient été, étaient plus proches par l'esprit guerrier des Grecs, des Romains et des Celtes, cf les travaux de D. Hanson.