Patrick Hervé a écrit:--- Les types de chevaux---A la fin du Moyen-Age, on distinguait deux principaux types de chevaux :
---- Le « Roussin » (« Ar Rons ») : du sud de la Basse-Bretagne ; animal de bat ; léger, il donnera le « bidet », le « cheval de la Montagne », en se développant vers le XVIIIe siècle.
---- Le « sommier » : issu de souches originaires du Léon et du Trégor Finistérien, est un animal plus lourd qui donnera par croisement le « trait breton ».
---Ces chevaux correspondaient aux besoins agricoles, mais le cheptel était également une source d’approvisionnement pour l’armée qui achetait ou réquisitionnait les animaux en fonctions de ses besoins qui étaient énormes. C’est ainsi qu’on a estimé à 50 000 le nombre de chevaux qui ont péri lors de la retraite de Russie.
---Le cheval est l’objet d’une opposition entre les paysans qu ont leurs propres critères, et les représentants de l’administration qui tentent d’imposer des standards. Dans son ouvrage, Bernadette L
IZET montre l’acharnement des autorités à détruire le bidet en imposant des croisements avec des pur-sangs. Cette préoccupation, que Bernadette L
IZET qualifie « d’obsessionnelle », remonte au XVIIIe siècle et a conduit à une surveillance particulière de la monte, organisée par les haras. Cette surveillance fut instaurée par le marquis de S
EIGNELAY, successeur de C
OLBERT. Les méthodes employées apparaissent clairement dans une lettre de l’intendant D
ESCLOUZEAUX à L
OUVOIS à la fin du XVIIe siècle :
---«
Pour détruire l’usage des petits chevaux, je faisais souvent des revues, j’ordonnais de les faire couper et quand il s’en trouvait qui vaquaient avec des cavales dans la saison de monte, j’ordonnais la confiscation du cheval et condamnais le propriétaire à quelques légères amendes (…) ».
---Au XIXe siècle, les autorités ne jurent plus que par les critères des pur-sangs définis par les aristocrates anglais du siècle précédent. Seule la monte d’étalons correspondant aux normes des haras est autorisée. Néanmoins, les paysans continuent à frauder ; ils produisent des animaux de petite taille – les bidets – qui ne peuvent être réquisitionnés.
---Au cours du XIXe siècle, le cheval breton s’améliore à la suite des croisements avec des Boulonnais, des Percherons, des Ardennais, mais surtout avec des chevaux anglais du Norfolk. Ce cheval breton se caractérise par une robe généralement alezane ou aubère, une taille moyenne : 1, 52 m à 1, 63 m au garrot, une tête carrée, au front large, aux naseaux ouverts avec une encolure forte et courte, une forte musculature, des avant-bras et des canons courts et secs, un dos et une croupe large.
---Afin d’améliorer la sélection, les éleveurs se sont organisés en un Syndicat du Cheval Breton qui enregistre la filiation des animaux. C’est ce que l’on appelle « l’inscription au Stud-Book », à l’imitation de ce que faisaient les Britanniques au XVIIIe siècle et les Arabes bien avant eux.
---Le commerce a également contribué à modifier les critères de sélection pour répondre à la demande. C’est ainsi que des naisseurs et des marchands sont eux-mêmes allés chercher des étalons dans toute l’Europe, pour les croiser avec leurs propres juments.
Montagnard du pays de Cornouailles, le bidet et son maître sont frustres, sans élégance, mais combien solides !
Collection G.I.D. de Nantes---Le bidet breton, dont le type le plus connu est celui de Briec, est issu du Roussin.
Ce fut d’abord une bête de selle et de bat avant de s’alourdir et de devenir un animal de trait. -------------
Coll. Marthe Le Clec’h« Le bidet Breton avait une taille restreinte, une encolure courte, un garrot peu détaché, une poitrine plus ample en largeur qu’en profondeur, une croupe abattue, de bonnes articulations, un ensemble trapu… la robe, généralement alezane, souvent à crins lavés. Ce bidet avait comme allure le pas et l’amble. Ses moyens étaient surprenants en dépit de sa petite taille… Ce bidet d’une rusticité à toute épreuve comme il convient à un cheval élevé en pays accidenté avait une endurance exceptionnelle et une aptitude remarquable à porter le poids et à la traction… »----H. de RobienChevaux de Bretagne, Patrick Hervé, Skol Vreizh n° 6, 1986, 84 pages, pp. 63-64 et 66, photo de couverture, Yvon Le Berre.