De nos jours on dit : parler d’une voix grave, profonde, rauque, éraillée, sourde..., qu’elle est "gutturale", du latin
guttur, « gorge, gosier, gésier ».
Des variantes d’interprétations au mot
gutuater ont été proposées
ici, par exemple, dans le forum ou
là sur le net.
Quelques annotations supplémentaires :
P. Jousset a écrit:MASSIF DE L’OUEST
LES DRUIDES
Nous n’avions au sujet des Druides que de confuses traditions : les récents travaux de M. H. d’Arbois de Jubainville (1) viennent de jeter une vive lumière sur cette question. Les Romains, à leur arrivée, trouvèrent les Druides en Gaule ; c’était une puissance, et la conquête dut compter avec eux. Mais quels étaient-ils et d’où venaient-ils ?
Les prêtres de l’ancienne Gaule peuvent se rattacher à trois catégories : les Druides proprement dits, dépositaires de la science traditionnelle, arbitres et éducateurs ; les Gutuatri, interprètes populaires, affectés au culte d’une divinité ; les Uātīs ou devins de profession. Le nom des Gutuatri, veut dire « parleurs » ; c’étaient eux qui adressaient la parole à la divinité : gott en allemand, god en anglais ont la même racine originelle. Le Gutuatros (latin, gutuater) était le desservant d’un temple ou d’un bois sacré.
Une inscription romaine de Mâcon parle d’un Gaulois, gutuater martis, c’est-à-dire attaché au culte de l’une des nombreuses divinités celtiques assimilées à celles des Romains. Il est aussi question d’un gutuater dans une inscription du Puy-en-Velay ; enfin deux dédicaces trouvées à Autun avaient pour auteur, chacune un gutuater. Les Gutuatri subsistèrent en Gaule pendant la conquête romaine. C’étaient les plus anciens prêtres des Gaulois : ils en furent les derniers, jusqu’au triomphe du Christianisme.
[…] Le mot « druide », en effet, veut dire, en celtique, « très savant », dru-uids, littéralement « fortement voyant ». A la différence des Gutuatri, qui restaient attachaient séparément à un office personnel, les Druides formaient une corporation culturelle enseignante et un corps arbitral : ce fut ce qui les perdit aux yeux de Rome. D’abord César se servit d’eux : il vante le zèle du Druide Deuiciacos, qui sut lui concilier le concours des Éduens : ce Druide vint même à Rome solliciter le Sénat pour ses compatriotes. Cicéron en parle. Mais, lorsque la Gaule fut conquise et qu’Auguste l’eut organisée, Rome prétendit la transformer à son image, afin de mieux la maintenir dans la dépendance ; et, pour atteindre ce but, le Druidisme devait disparaître.
D’abord les dieux romains furent associés aux divinités gauloises : Mars, déjà frère du dieu grec Arès, le devint du dieu gaulois Toutatis ; Minerve, l’Athêna des Grecs, déesse protectrice d’Athènes, fit alliance avec la déesse gauloise Belisama ; il y eut un dieu des sources, Appolo-Boruo (Bourbon-l’Archambault), un Appolo-Belenos, dieu de la lumière, etc.
L’assimilation parut d’autant plus facile que les différents organes du culte gaulois avaient à Rome leurs équivalents : les Augures correspondent aux Uātīs, ou devins celtiques ; les Gutuatri aux Flamines chargés du culte d’un dieu (flamen dialis, prêtre de Jupiter) ; enfin les Druides rappellent à s’y méprendre le collège des Pontifes. Comme eux, ils forment une corporation d’État, si les Druides sont arbitres des procès et conservateurs des traditions nationales, les Pontifes, eux inscrivent le texte des lois et sont chargés de leur interprétation. Les Pontifes romains écrivent les fastes et les Annales de Rome ; les Druides enseignent l’histoire et l’astronomie, que les Pontifes, d’ailleurs, ne peuvent ignorer, puisqu’ils doivent dresser chaque année, le calendrier. Il semblait qu’une telle analogie d’institutions cultuelles dût être une cause d’entente, non de dissension. Mais pour le malheur des Druides, ils représentaient l’élément traditionnel du parti vaincu.
(1) Les Druides, Paris, H. Champion.
La France, géographie illustrée, P. Jousset, Librairie Larousse, non daté (1912 ?), pp. 166—167.
e.