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MessagePosté: Mer 25 Juil, 2007 14:43
de Sedullos

MessagePosté: Jeu 26 Juil, 2007 19:08
de Sedullos
Salut,
je viens de recevoir le Cycle de Harold :
belle maquette, belle présentation et c'est agréable à lire :)

MessagePosté: Jeu 26 Juil, 2007 23:28
de Pierre
Salut Sed,

Eune ch'tiote question...

Comment as-tu fait pour recevoir un livre. Alors que de mon coté, il est inconnu au bataillon, d"ou impossibilité de le commander ?

@+Pierre

MessagePosté: Jeu 26 Juil, 2007 23:32
de anne dudant
c'est qu'Sed est doué, il suffit de demander.
anne

MessagePosté: Ven 27 Juil, 2007 2:19
de anne dudant
Salut Patrice,

Je maintiens ce que tu as mis en exergue (et je le ferai plus concrètement si je trouvais la touche pour le faire). La tapisserie est mentionnée pour la première fois à Bayeux en 1476 soit plus de 400 ans après sa création. Avant cette date, on ne sait rien d’elle sauf qu’elle a échappé à l’incendie de la cathédrale en 1105 ou 1119. Normal, si elle ne s’y trouvait pas !
Les tapisseries ne sont pas des œuvres fixes, elles voyagent. Elles accompagnent toujours les rois et les princes lorsqu’ils partent en guerre (question de prestige). Il suffit d’aller à Berne admirer le butin pris par les Confédérés lorsqu’ils défirent Charles le Téméraire à Granson le 3 mars 1476. Même la tapisserie de l’Apocalypse d’Angers était, dès l’origine, destinée à être exposée à l’extérieur. Il est vrai qu’avec ses 103 m de long et 4,5m de haut, il n'existait pas de bâtiment pour l’abriter. Et ce n’est que 100 ans plus tard, en 1480, que le roi René d’Anjou la donna à la cathédrale d’Angers.
Eh oui, à cette époque « faire tapisserie » avait une autre signification.

L’influence des normands de Sicile sur la conquête de L'Angleterre est faible pour plusieurs raisons. D’abord, ils étaient loin, très loin même car leurs conquêtes italiennes se sont faites par la terre et non par la mer. Ensuite, tout l’or qu’ils ont donné à des évêques tel Geoffroy de Montbray ou Ives de Sées étaient destinés à la reconstruction d’églises et non à la construction de bateaux même si on évoque la participation d’un Calabrais ou d’un Apulien venus expliquer les méthodes d’embarquement et de débarquement de la cavalerie lourde.

Et puis, la tapisserie n’est pas le fait de normands, elle a été réalisé dans le Ponthieu dans une abbaye qui avait conservé les vieilles traditions carolingiennes. Et, si on doit, en quelque sorte, la tapisserie aux normands, c’est parce qu’il n’avait pas très bien compris que l’enseignement distribué au sein de la confrérie devait rester à tout jamais secret, sacré, caché, réservé à une élite. En le faisant représenter sur toile, il le mettait en danger surtout vis-à-vis de l’Eglise. Nous sommes à la veille de la fameuse "querelle des investitures", la lutte entre l’empereur et le pape, entre pouvoir temporel et spirituel s'accentue. Or, les représentations de Willelm et de l’évêque Odo dans la tapisserie rappellent à tous moments l’association fondamentale du druide et du roi qui est nécessaire à l’exercice de la souveraineté celtique. Si le roi se manifeste par la force guerrière, le druide (odo) est indispensable pour garantir juridiquement et faciliter le pouvoir du roi. Leur collaboration représente l’appui réciproque de la force et du droit. Vu la situtation politique international, ces images devaient déjà para^tre obsolète en 1066.

MessagePosté: Ven 27 Juil, 2007 16:44
de Sedullos
Salut,

Anne Dudant a écrit :
Si le roi se manifeste par la force guerrière, le druide (odo) est indispensable pour garantir juridiquement et faciliter le pouvoir du roi. Leur collaboration représente l’appui réciproque de la force et du droit. Vu la situtation politique international, ces images devaient déjà para^tre obsolète en 1066.


Beaucoup moins en tous cas que la figure du druide, parce que là tu procèdes à une interpolation. Que la figure de l'abbé-évêque ait remplacé celle du druide dans l'Irlande du Haut Moyen Age, c'est indiscutable et a permis de continuer sous une forme chrétienne le "couple" druide-roi de l'Irlande païenne. Concernant les druides eux-mêmes, il est plus que probable que après 600 de notre ère, c'était terminé pour eux en Irlande, la décadence de la classe sacerdotale ayant commencé déjà avant la christianisation. Cf certains récits comme La lourde compagnie de Guaire ou le Dialogue des deux sages. La limite que j'indique vient de Pierre-Yves Lambert.

MessagePosté: Ven 27 Juil, 2007 17:07
de Sedullos
Je partage l'avis de Patrice sur la piste des Normands de Sicile et d'Italie qui est loin d'être négligeable au vu des traces laissées par la légende arthurienne dans ces régions.

La localisation de la légende près de l'Etna que l'on trouve chez Gervais de Tilbury, Le Livre des merveilles : divertissement pour un Empereur (troisième partie) .- Les Belles Lettres, 1992.-(La Roue à livres), n'a pas surgi du néant. De même la présence sur l'architrave de la cathédrale de Modène d'une représentation d'Arthur, de Guenièvre et de Méléagant plaide pour l'ancienneté de la diffusion de la légende.

MessagePosté: Sam 18 Aoû, 2007 13:06
de Sedullos
Salut à tous,

Juste un complément sur le thème des haches mythiques, qui ne sont pas légion, dans le monde indo-européen. On a l'exemple indien dans le Mahâbhârata, de Parasú Râma = "Râma à la hache", un brâhmane guerrier qui utilise sa hache pour exterminer les ksatriya, les guerriers.

MessagePosté: Sam 18 Aoû, 2007 13:11
de Fergus
Rama à la Hache est l'un des "avatâras" (= "descentes") du dieu Vishnu qui vient régulièrement "restaurer" le Dharma, c'est-à-dire l'ordre des choses.

MessagePosté: Sam 18 Aoû, 2007 15:59
de Sedullos
Tout à fait.

MessagePosté: Mer 03 Oct, 2007 13:46
de Sedullos
Salut à tous,

Je viens de recevoir le bulletin de la librairie Epona, Archéologie, Quoi de neuf ? septembre 2007.

LE CYCLE D’HAROLD, Chevalier de la Table Ronde et Guerrier Impie / Anne Dudant.- Nox, 2007.- 128 p. est au catalogue au prix de 32 € et peut être commandé chez :

Epona, 7 rue Jean-du-Bellay, 75004 Paris, tel. 01 43 26 85 82.

Réf. : 318500

MessagePosté: Jeu 04 Oct, 2007 12:20
de Taliesin
Bonjour à tous ! :D

petit passage rapide


anne dudant a écrit:


Et puis, la tapisserie n’est pas le fait de normands, elle a été réalisé dans le Ponthieu dans une abbaye qui avait conservé les vieilles traditions carolingiennes.


Pourrais-tu nous préciser le nom de cette abbaye ?
On trouve un certain nombre de saints et de moines bretons dans le Ponthieu au cours du Moyen Âge...

MessagePosté: Mer 09 Jan, 2008 2:05
de anne dudant
Bonne année à tous et désolée de répondre si tard à ta question, Taliesin.

Que le Tapisserie de Bayeux ait été réalisée dans la Ponthieu découle de l'interprétation donnée à cette oeuvre en tant qu'instrument destiné à une élite guerrière. Qu'une partie de cet enseignement initiatique se déroule à la fois dans le Ponthieu, en Normandie et en Bretagne n'exclut pas qu'il dût exister un lieu précis, propice à l'étude de la cosmogonie, de la théogonie ou de l'astronomie.

Dans le Ponthieu existait l'abbaye de Saint-Riquier, près d'Abbeville. Fondée au VIIe siècle par Riquier sur le site de Centula, probablement l'ancienne capitale des Oromensacii, cette abbaye fut reconstruite vers 790 par l'abbé Angilbert, grand dignitaire de la cour et "gendre" de Charlemagne. Comme Corbie, près d'Amiens, elle a beaucoup souffert des invasions vikings mais au XIe siècle on y enseignait toujours le grec. A côté de ce monastère placé sous le signe de la "Trinité sainte et indivisible" et dont l'architecture était entièrement basée sur la mystique des nombres, se trouvait un vicus militum qui était la résidence de 110 chevaliers.
Ces chevaliers étaient détenteurs de bénéfices et tous devaient le service militaire à l'abbaye. Qu'au sein de ceux-ci existait une confrérie militaire tombe sous le sens. Que cette confrérie ait engagé des artisans pour réaliser une oeuvre retraçant, en terme symbolique, l'initiation de ses guerriers n'a rien de surprenant (des peintures murales reprenant ce thème devaient déjà figurer sur les murs de leur chapelle). Il n'est pas besoin de rechercher un atelier textile. La broderie de Bayeux est une oeuvre modeste (si ce n'est son ampleur) et individuelle et non une production d'atelier. L'imbrication d'anciens thèmes mythiques et d'un fait d'arme aussi contemporain que la conquête montre l'incroyable vitalité de ce milieu intellectuel à la fois religieux et guerrier et son souci permanent (et opportuniste) de transmettre une certaine tradition.

Naturellement ce n'est qu'une hypothèse, il reste si peu de vestiges à Saint-Riquier !