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MessagePosté: Lun 24 Sep, 2007 17:56
de Muskull
Alexandre a écrit:
Muskull a écrit:J'ai toujours été intrigué, voire perplexe devant le mythe de LA Simorgh (féminin en persan) : Un petit enfant aux cheveux blancs abandonné par les siens et recueilli par la Simorgh qui la nourrit en son nid. Nourri de connaissances aussi il devint le père de Rostam grand pourfendeur de démons.
Où peut-on trouver le récit de ce mythe ?

Oups, pardon, j'ai oublié de le mentionner :
Le Shanameh de Ferdousi...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdowsi

MessagePosté: Lun 24 Sep, 2007 22:06
de Patrice
Salut,

Simorgh est déjà mentionné dans l'Avesta, dans les Gâtha: c'est un oiseau fabuleux, une sorte de griffon, qui niche au sommet de l'arbre aux multiples fruits. Il fait tomber ces fruits en secouant l'arbre: ils sont emportés par un autre oiseau vers l'eau libérée par Tishtrya (Sirius), et le tout féconde la terre.
Mais Simorgh a l'air d'être plus masculin que féminin.

A+

Patrice

MessagePosté: Lun 24 Sep, 2007 23:59
de Sedullos
Dans les contes des Mille et Une Nuits, l'oiseau Rokh est proche du Simurgh iranien et du milan Garuda de la tradition indienne.

MessagePosté: Mar 25 Sep, 2007 17:20
de Muskull
étymologiquement, le mot Simorgh viendrait de marayô saênô (oiseau Saêna) mentionné dans l’Avesta comme le signale Patrice.
En vieux perse je ne sais pas mais en persan classique il est féminin, c'est sûr.
L'interprétation si-morgh (trente oiseaux) vient du poète et philosophe persan F. Attar dont l'un des ouvrages "le langage (ou le parlement) des oiseaux" a été traduit dans presque toutes les langues.

MessagePosté: Mer 17 Oct, 2007 15:44
de zemask
Muskull a écrit:étymologiquement, le mot Simorgh viendrait de marayô saênô (oiseau Saêna) mentionné dans l’Avesta comme le signale Patrice.
En vieux perse je ne sais pas mais en persan classique il est féminin, c'est sûr.

excusez-moi de vous contredire, mais il n'y a pas de genre grammatical en persan classique (ni moderne).

La désignation sexuelle est faite lexicalement, puisuqe le genre grammatical n'existe pas


Charles-Henri de Fouchécourt dans Eléments de persan chapitre Initiation au persan classique.

Par ailleurs, le catalogue L'étrange et le merveilleux en terre d'Islam (Louvre, 2001) indique que si l'étymologie se rapproche au Saêna de l'Avesta, la figure du Simurgh s'apparente plutôt à Verethragna, "dieu vainqueur du Mal, capable entre autres formes celle d'un oiseau dont les plumes ont aussi un effet curatif si l'on s'en frotte le corps".

MessagePosté: Mer 17 Oct, 2007 16:31
de Muskull
Bonsoir :)
Je ne suis pas linguiste mais Henri Corbin l'était et s'appuyant sur le texte de Ferdusi, il a adopté "la Simorgh" dans ses commentaires sur les traditions philosophiques zoroastriennes.
Pourquoi et comment, je n'en sais rien et je ne vais pas me retaper 3 bouquins pour trouver une note à ce propos qui n'existe peut-être pas. :D

Il y a un développement de la problématique ici :
http://www.transactiv-exe.org/spip.php? ... forum=1120
Certaines citations traditionnelles devraient intéresser Patrice.

MessagePosté: Mer 17 Oct, 2007 16:57
de zemask
Je ne rebondissais que sur le fait que le mot en lui-même ne portait pas de genre, ensuite, je ne sais pas si le texte nous décrit un animal avec des attributs féminins. :lol:

En écrivant ce message, je viens de me replonger dans Histoire légendaire des rois de Perse, une traduction partielle par Frouzandeh Brélian-Djahanshahi du Shahnameh. La mention est "Simorgh" utilisé comme un nom propre sans article. Par contre, dans l'épisode de l'enfance de Zâl, l'animal parle de lui ainsi :
Je t'ai élevé et nourri de mon sang comme une mère et une nourrice


plus loin :
Garde toujours dans ton coeur l'amour et le souvenir de la mère adoptive qui t'a nourri


Effectivement, il semble que ce soit une femelle :lol: (ou alors une forte image littéraire :roll: ). C'est bien le contexte qui permet de préciser le sexe de l'oiseau. Au temps pour moi :D

MessagePosté: Mer 17 Oct, 2007 18:19
de Muskull
Je ne pense pas que Ferdûsi qui transcrivait pour la première fois le corpus oral auquel il avait accès ait pensé à "une forte image littéraire".
Nous sommes donc, ne te déplaise, devant une figuration de la déesse oiseau néolithique dans le domaine iranien ancien.
Mais nous avons d'autre formes ancienne de "l'oiseau divin" ; l'Anqa dont le siège est le mont Qaf dans la tradition islamique dont les clés sont dans l'abjad et l'oiseau Homâh qui peut sembler similaire mais en tant que redempteur/régénérateur induit une dualité de la religion comme l'est le christianisme.

MessagePosté: Mer 17 Oct, 2007 21:45
de zemask
C'est effectivement une compilation de textes plus anciens, mais ils ont été unifiés et traités de manière à en faire un texte entier avec une certaine unité. Les passages où Simurgh se définie comme "une mère" peut aussi bien s'expliquer par une comparaison avec son rôle nourricier (et donc être apparu secondairement dans l'élaboration de l'histoire). Il y a tout un travail de réécriture et de mise en forme du texte selon les canons de la poésie épique persane classique qui diffère de ceux de la période pré-islamique (notamment au niveau de la métrique), le texte a été profondément modifié sur le plan littéraire). Le terme de "mère" peut être uen indication du sexe de l'animal, mais ce n'est pas automatique, on peut très bien avoir là une comparaison basée sur l'aspect nourricier (usage fréquent dans de nombreuses langues).

Ensuite, même si cette partie n'est pas une figure de style aménagée par Firdawsi lors de la rédaction du Shahnamé, ce n'est pas pour autant automatiquement une survivance du néolithique. Le texte daterait des années 980/1020, il y a une grande quantité d'influences et de traditions qui ont débarqué en Iran entre le néolithique et la fin du Xème siècle. D'autant plus que le Simurgh est influencé (dans sa représentation iconographique) par le phénix chinois (toujours selon le catalogue L'étrange et merveilleux). L'aspect féminin (si c'est le cas) peut provenir d'un autre texte ou d'une autre tradition qui a été fusionné plus tard au thème de Simurgh et Zâl. Ce ne serait pas la première histoire à être élaborée à partir d'éléments composites.

A titre personnel, ça ne me "déplairait" (sic) pas que le motif de Simurgh soit une persistance d'un vieux motif néolithique. Au contraire même, j'aime assez ce genre de thème (des traditions anciennes qui se retrouvent transformées dans des histoires postérieures). Mais ce n'est qu'une interprétation et ce n'est pas la seule possible.

A la base, j'intervenais juste pour signaler que Simurgh n'était pas féminin de manière évidente, pas pour remettre en cause de fond en comble la théorie que vous présentez ici. Je n'ai pas les connaissances suffisantes pour avoir un avis sur le fond de cette théorie.

MessagePosté: Jeu 18 Oct, 2007 18:19
de Muskull
Bonsoir,
Oui, oui, bien sûr, ce n'est qu'une interprétation issue de quelques éléments concordants. Les études de Gimbutas ne dépassent pas la Mer Noire mais j'avais été frappé par les similitudes de représentations symboliques abstraites de la culture de Jiroft avec celles de la "vieille Europe".
Mais il semble effectivement y avoir deux oiseaux, l'un qu'il faut nourrir de sa propre chair comme le Rock pour qu'il vous transporte (le symbole funéraire est très clair) et l'autre nourricier et protecteur (plume ou ombre). Il devrait y avoir un troisième aspect à sérier chez ces oiseaux mythiques -renaissant et oraculaire-.