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MessagePosté: Dim 25 Nov, 2007 23:07
de Sedullos
Salut,

Les tablettes d'exécration ou defixio même rédigées en gaulois, parfois mêlé d'un peu de latin, ressortissent de la magie noire méditerranéenne ; sur ce point Jean-Louis Brunaux et Guyonvarc'h portent le même regard.

Même si des noms de divinités gauloises et de personnes apparaissent cela n'a plus grand chose à voir avec les druides.

J'ai suivi votre discussion sur d'éventuels textes ou documents gaulois qui auraient disparu. En dehors de calendriers et des "cartons" pour les phalères, j'avoue ne pas trop y croire.

L'argument de Jean-Louis Brunaux selon lequel les druides auraient interdit l'usage de l'écriture pour les autres et pour se le réserver ne me convainc pas.

Cela étant, les tablettes de recensement trouvées par César dans le camp des Helvètes entrent-elles dans cette catégorie puisque l'écriture est autorisée pour les comptes.

Il y a compte et compte, quel est le statut d'un recensement ?

MessagePosté: Lun 26 Nov, 2007 14:37
de Thierry
La problématique de l'utilisation de l'écrit est elle fondamentalement différente de ce qu'elle a été à Rome ?

La connaissance et l'interprétation des coutumes étaient le fait des Pontifes, pris parmi les Patriciens. Les Plébéiens leur reprochaient de les interpréter dans leur intérêt. Aussi voulurent ils que les coutumes soient mises par écrit et divulguées. En 462, un tribun de la Plèbe, Terentilius Arsa aurait demandé la nomination d'une commission pour procéder à cette rédaction. Pendant huit années, les Patriciens refusèrent. Enfin en 451, l'assemblée centuriate désigna une commission de dix membres dotés des pleins pouvoirs et chargés de rédiger les lois.....

C'est l'origine de la loi des XII tables.

A Rome, ce rôle celui des spécialistes du droit fut assumé de bonne heure par un collège de prêtres, les Pontifes. Recrutés parmi les Patriciens, ils formaient un collège de sages.....C'est parce que le droit était religieux et que les Pontifes avaient quelque instruction, qu'ils furent conduits à l'appliquer et à l'interpréter. Ils étaient les seuls à connaître le calendrier qui détermine les jours où il est permis de se présenter devant le magistrat pour réclamer justice. C'est eux également qui connaissaient les formules rituelles qui devaient être employées dans les procès ou pour les actes juridiques.....

....La publication des XII tables n'étaient qu'un leurre si les pontifes gardaient les secrets de leur application.

Les formules d'action furent divulguées en 304 par le scribe d'Appius Claudius, Gnaeus Flavius....

Ce n'est qu'en 250, que le premier grand Pontife plébeien Tiberius Corun canius commença à donner des consultations juridiques en public.

Ces quelques lignes extraites de Jean Gaudemet "Les Institutions de l'Antiquité" me paraissent très révélatrice de ce que peut être une "confiscation" du savoir par la prohibition de la diffusion de l'écrit.

MessagePosté: Lun 26 Nov, 2007 17:11
de Muskull
Sedullos a écrit:J'ai suivi votre discussion sur d'éventuels textes ou documents gaulois qui auraient disparu. En dehors de calendriers et des "cartons" pour les phalères, j'avoue ne pas trop y croire.

Hello Sed :)
Et si pour ton anniversaire des archéologues découvraient une amphore bien scellée avec des parchemins du II° siècle avant ? :shock:
Tout est possible, avant de trouver les carnix de Tintignac on ne l'imaginait même pas...
Bon anniversaire. :wink:

D'accord avec Thierry, cherchons un comparatisme entre voisins avant de filer aux antipodes. Il y a bien des choses dans la Rome archaïque qui ... :wink:

MessagePosté: Lun 26 Nov, 2007 18:36
de Sedullos
Salut, Muskull, et merci !

MessagePosté: Lun 26 Nov, 2007 19:54
de Sedullos
Muskull a écrit:Et si pour ton anniversaire des archéologues découvraient une amphore bien scellée avec des parchemins du II° siècle avant ? :shock:
Tout est possible, avant de trouver les carnix de Tintignac on ne l'imaginait même pas...


Muskull,
Si on trouve des "parchemins" :roll:, c'est qu'ils n'ont donc pas disparu. :lol:

Je sais bien que l'on peut d'un jour sur l'autre découvrir des textes ou des objets extraordinaires. Guyonvarc'h écrivait à la fin de Magie, médecine et divination chez les Celtes que l'on risquait difficilement trouver un texte gaulois assez long et curieusement, la tuile de Chateaubleau a été découverte peu de temps plus tard.

MessagePosté: Lun 26 Nov, 2007 22:58
de Guillaume
Joyeux anniversaire Sed :)

(Pierre, on irait bien fêter ça un de ces midis non ?)

MessagePosté: Lun 26 Nov, 2007 23:28
de Pierre
Désolé,

Mais Sed mérite bien un tonneau complet. J'ai bien peur qu'un midi, ça soit un peu juste :P

:biere:

MessagePosté: Mar 27 Nov, 2007 1:25
de Sedullos
Merci à vous tous :)

MessagePosté: Mar 27 Nov, 2007 21:58
de Kambonemos
Bonjour,

A quelques heures de gagner un an de plus, Sedullos s'interrogeait :

Il y a compte et compte, quel est le statut d'un recensement ?


Nul doute qu'il a son avis sur la question...

Cependant sans préjuger d'une éventuelle "confiscation'" du savoir par un interdit de l'écriture et pour en revenir à cette histoire de recensement administrativo-religieux : il apparaît que l'enseignement ne devait pas être aussi confidentiel qu'on pourrait le supposer car combien faut-il de personnes sachant écrire, à l'aide d'un alphabet étranger, pour dresser la liste nominative de 92.0000 guerriers (d'après César qui s'en étonne) et recenser une population de 368.000 personnes ?

A moins que les Helvètes qui plus tard allaient devenir de fameux horlogers, aient inventé une machine à graver les tablettes d'argile brevetée S.G.D.G. (sans garantie des Gaulois) : il fallait tout de même un grand nombre de personnes alphabétisées, non ?

A+

MessagePosté: Mer 28 Nov, 2007 0:20
de Sedullos
Salut,
Kambonemos a écrit: Nul doute qu'il a son avis sur la question...


Je crois bien que tu viens de donner la réponse.

Effectivement, recenser autant de monde, suppose un effectif de "scribes" assez conséquent. Et quant au statut, ton expression, "de recensement administrativo-religieux" me convient bien. Il semblerait qu'au moins chez les Helvètes, il n'y ait pas d'interdit portant sur le recensement. Or à la même époque ou à cinquante près, on trouve cet interdit chez les Juifs qui goûtent peu le recensement ordonné par Auguste.