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MessagePosté: Ven 23 Nov, 2007 11:10
de Muskull
A propos de Corent :
La campagne 2003 conforte la principale spécificité de la faune de Corent, qui tient à la sélection des
espèces consommées : des moutons, pour l’essentiel, viande de moindre qualité qui traduit sans
doute moins une préférence alimentaire qu’une norme cultuelle (fig. 32). Elle révèle, néanmoins, une
présence non négligeable d’autres espèces comme le chien (fig. 33), le boeuf, le poisson et peut -être
même, le cheval – si l’on se fie aux traces de découpe relevées sur un fragment de tibia. Le tri
minutieux des parties constitutives de l’animal (crânes, mandibules, tronc et membres) et leur dépôt
dissocié soulignent la dimension sacrée d’une consommation inscrite dans un cadre cultuel, délimité
par le téménos.
... A l’instar du sacrifice gréco-romain, la mise à mort de l’animal et sa consommation y sont perçues une
forme de partage entre les Divinités et les Hommes : aux premiers les bas-morceaux, crânes,
membres et autres parties pauvres en viande, abandonnés sur place, accumulés ou enfouis au pied
des parois, exposés en hauteur pour y être symboliquement « dévorés » par la terre et les éléments
climatiques ; aux seconds les parties les plus charnues, gigots, jambons, côtes et épaules,
consommées par les participants conviés au festin.


Voir pages 55 et suivantes :
http://luern.free.fr/Articles%20et%20ra ... 202003.PDF

MessagePosté: Ven 23 Nov, 2007 17:18
de Muskull
Sedullos a écrit:Eliade considérait que le soma considéré en tant que plante psychotrope était une dégénérescence du véritable Soma, la plante mythique.
.../...
Je pense que le point de vue d'Eliade était partagé par Guénon et Coomaraswamy.

Tout à fait Sed et c'est conforme aux données traditionnelles. Lorsque l'enseignement existe l'état de vision est provoqué par diverses techniques de respiration, de chants, de rythmes, de mouvements particuliers, de répétitions (mantras), etc...
Il est très probable, comme cela a été noté lors de cérémonies dirigées par de "vrais chamans" que l'assistance était invitée à boire une substance enivrante pour s'harmoniser et se sensibiliser au rite.
Lorsque l'enseignement est perdu, les outils deviennent plus importants que le sens.

Je ne crois pas qu'il y ait au monde une seule civilisation qui n'ait sa "drogue de dotation", son produit dont elle a développé spécifiquement la codification de la consommation.

Ecrit Alexandre...
Je suis tout à fait d'accord si tu inclus dans "drogue" des fermentations faiblement alcoolisées comme l'hydromel, la bière et quelques plantes d'ivresse légère comme le betel, le cannabis, etc... pour d'autres cultures.
L'usage des psychotropes est bien plus puissant et dangereux à court terme et est surtout avérée en Amérique centrale et du sud.

Concernant l'importance du porc dans les festins cultuels irlandais, il y a aussi celui de Briciu et de ses "cochons magiques" qui font bien sûr penser à Circée. Le parallèle avec la Grèce homérique est d'ailleurs intéressant (encore une fois) quand on note l'importance sociale du porcher.
C'est le porcher (Eumée je crois) qui accueille Ulysse à son retour à Ithaque et il a tout du sage. Il y a aussi ce druide porcher qui est évoqué par Lug quand il doit "montrer patte blanche" à l'entrée de la ville.
"Contagion" de la mythologie grecque sur les copistes médiévaux ou réelle importance du porc en Irlande protohistorique ?
Pas sûr mais dans le cas les thèmes de navigations seraient aussi à réévaluer. :?

MessagePosté: Ven 23 Nov, 2007 18:10
de Sedullos
Muskull a écrit: Il y a aussi ce druide porcher qui est évoqué par Lug quand il doit "montrer patte blanche" à l'entrée de la ville.


Non, c'est un druide portier à qui il énonce toutes ses capacités.

Je pense que tu confonds avec l'épisode dans un autre récit du combat des deux porchers qui se livrent à des métamorphoses.

A vérifier.

MessagePosté: Ven 23 Nov, 2007 18:12
de Alexandre
Muskull a écrit:Je suis tout à fait d'accord si tu inclus dans "drogue" des fermentations faiblement alcoolisées comme l'hydromel, la bière et quelques plantes d'ivresse légère comme le betel, le cannabis, etc... pour d'autres cultures.

C'est tout à fait comme cela que je l'entends.

MessagePosté: Ven 23 Nov, 2007 18:24
de Alexandre
Muskull a écrit:"Contagion" de la mythologie grecque sur les copistes médiévaux ou réelle importance du porc en Irlande protohistorique ?

Il est paru un excellent livre à ce sujet tout récemment, qui tranche clairement dans le sens de l'importance mythologique du porc chez les Celtes :
"Le porcher et la truie", P. Walter, ed. Imago

Je me demande si on n'en a pas déjà parlé ici...

MessagePosté: Ven 23 Nov, 2007 18:25
de Muskull
Tu as raison, je me suis embrouillé avec Lleu. :wink:
Il y avait alors un guerrier qui approchait de Tara : son nom était Samildanach.
Il y avait aussi deux portiers à Tara en ce temps-là.
Quand l'un d'eux était là, il vit une troupe extraordinaire venir vers lui.
Devant elle marchait un jeune guerrier aimable et beau, avec un équipement de roi.
" Ils dirent au portier d'annoncer leur arrivée à Tara. Le portier dit : Qui est-ce ?
" C'est Lug Lonnandsclech, fils de Cian, fils de Diancecht, et d'Eithne, fille de Balor.
Il est fils adoptif de Tallan, fille de Magmor, et d'Eochaid le Rude, fils de Duach.
" Le portier demanda à Samildanach : Quel art pratiques-tu ? Car personne ne vient sans art à Tara.
" Pose des questions, dit-il, je suis charpentier. Le portier répond : Nous n'en avons pas besoin, nous avons déjà un charpentier, Luchtai, fils de Luachaid.
" Il dit, questionne-moi, ô portier, je suis forgeron. Le portier répondit : Nous avons déjà un forgeron, Colum Cualeinech aux trois nouveaux procédés.
" Il dit, questionne-moi, je suis champion. Le portier répondit : Nous n'avons pas besoin de toi. Nous avons déjà un champion, Ogme, fils d'Ethliu.
" Il dit à nouveau, questionne-moi, je suis harpiste. Nous n'avons pas besoin de toi. Nous avons déjà un harpiste, Abhcan, fils de Bicelmos, que les hommes des trois dieux choisirent dans le Sid.
" Il dit, questionne-moi, je suis héros. Le portier répondit : Nous n'avons pas besoin de toi. Nous avons déjà un héros, Bresal Echarlam, fils d'Eochaid Baethlam.
" Il dit alors, questionne-moi, ô portier, je suis poète et je suis historien. Nous n'avons pas besoin de toi. Nous avons déjà un poète et un historien, En, fils d'Ethaman.
" Il dit, questionne-moi, je suis sorcier. Nous n'avons pas besoin de toi. Nous avons déjà des sorciers, nombreux sont nos sages et nos gens ayant des pouvoirs.
" Il dit, questionne-moi, je suis médecin. Nous n'avons pas besoin de toi. Nous avons Diancecht pour médecin.
" Il dit, questionne-moi, je suis échanson. Nous n'avons pas besoin de toi. Nous avons déjà des échansons, Delt, Drucht et Daithe, Tae, Talom et Trog, Glei, Glan et Glesi.
" Il dit, questionne-moi, je suis bon artisan. Nous n'avons pas besoin de toi. Nous avons déjà un artisan, Credne Cerd.
" Il dit à nouveau, demande au roi s'il a un seul homme qui possède tous ces arts et s'il en a un je n'entrerai pas dans Tara.
" Le portier alla dans le palais du roi et il lui raconta tout : Un jeune guerrier est venu à la porte de l'enceinte.
Il s'appelle Samildanach, et tous les arts que ta maison pratique, il les possède à lui tout seul, si bien qu'il est l'homme de chaque art et de tous.
" Il dit alors qu'on allât lui chercher le jeu d'échecs de Tara, et il gagna la partie. Il fit l'enclos de Lug.
" On raconta cela à Nuada. Qu'il entre dans l'enceinte, dit-il, car jamais homme semblable à lui n'a pénétré dans cette forteresse.
" Le portier le fit passer alors devant lui. Il entre dans la forteresse et il s'assit sur le siège des sages car il était sage en chaque art.

Pas de porcher ici, c'était dans le mabinogion. :?
Mais tu avoueras que sans être aussi tortueux que celui des mythes grecs, le labyrinthe des mythes celtiques est bien copieux aussi. :wink:

MessagePosté: Ven 23 Nov, 2007 19:02
de Sedullos
De toutes manières, Guyonvarc'h dit quelque part que le porcher était un haut fonctionnaire dans l'Irlande préchrétienne ! Soupçonnant une boutade, je pense qu'il faut l'entendre comme le chef des porchers.

Tristan est un porcher dans une version de la légende.

Voilà. Cochon qui s'en dédie !

MessagePosté: Ven 23 Nov, 2007 19:18
de Muskull
Et voila l'objet du délit: :wink:
.../... Bien, dit Math, Dieu te soit en aide. » Il partit et se mit à parcourir le pays; il erra à travers Gwynnedd et Flowys d'un bout à l'autre. Ensuite il se rendit en Arvon, et arriva à la maison d'un serf qui habitait le maenawr de Pennardd. Il descendit chez lui et y passa la nuit. Le maître de la maison et les gens de sa famille rentrèrent. Le porcher arriva le dernier. Le maître lui dit : « Valet, ta truie est-elle rentrée ce soir ?
Oui, répondit-il, en ce moment elle est venue rejoindre les porcs.
Quel trajet fait donc cette truie ? », demanda Gwydyon.
Tous les jours, aussitôt qu'on ouvre l'écurie, elle sort et on ne la voit plus ; on ne sait quel chemin elle a pris, pas plus que si elle allait sous terre !
Voudrais-tu, reprit Gwydyon, me faire le plaisir de ne pas ouvrir la porte de l'écurie avant que je ne sois avec toi à côté ? Volontiers. » Ils allèrent se coucher.
Au point du jour, le porcher se leva et réveilla Gwydyon. Il se leva, s'habilla, alla avec le porcher, et se tint auprès de l'écurie. Le porcher ouvrit la porte; au même moment, la truie s'élança dehors et se mit à marcher d'une allure vigoureuse. Gwydyon la suivit. Elle prit sa course en remontant le cours de la rivière, se dirigea vers le vallon qu'on appelle maintenant Nant y Llew (le ravin de Llew ou du Lion); là, elle s'arrêta et se mit à paître. Gwydyon vint sous l'arbre et regarda ce que mangeait la truie. Il vit que c'étaient de la chair pourrie et des vers. Il leva les yeux vers le haut de l'arbre et aperçut un aigle au sommet. A chaque fois que l'aigle se secouait, il laissait tomber des vers et de la chair en décomposition que mangeait la truie. Gwydyon pensa que l'aigle n'était pas autre que Llew, et chanta cet englyn :

Chêne qui pousse entre deux glens, l'air et le vallon sont sombres et agités : si je ne me trompe, ces débris décomposés sont ceux de Llew.

L'aigle se laissa aller jusqu'au milieu de l'arbre. Gwydyon chanta un second enqlyn :

Chêne qui pousse sur cette terre élevée, que la pluie ne peut plus mouiller, n'a pas amolli, qui a supporté cent quatre vingts tempêtes : à son sommet est Lleu Llaw Gyffes.

L'aigle se laissa aller jusque sur la branche la plus basse de l'arbre. Gwydyon chanta un troisième enqlyn :

Chêne qui pousse sur la pente... si je ne me trompe, Lleu viendra dans mon giron.

L'aigle se laissa tomber sur les genoux de Gwydyon. D'un coup de sa baguette enchantée, Gwydyon lui rendit sa forme naturelle. On n'avait jamais vu quelqu'un présentant plus triste aspect : il n'avait que la peau et les os.../...

Traduction de Joseph Loth

MessagePosté: Sam 24 Nov, 2007 1:06
de Sedullos
Salut, bien !

Lleu ou Llew est le Lug gallois !

MessagePosté: Sam 24 Nov, 2007 21:27
de Pan
Alexandre a écrit:
Muskull a écrit:"Contagion" de la mythologie grecque sur les copistes médiévaux ou réelle importance du porc en Irlande protohistorique ?

Il est paru un excellent livre à ce sujet tout récemment, qui tranche clairement dans le sens de l'importance mythologique du porc chez les Celtes :
"Le porcher et la truie", P. Walter, ed. Imago

Je me demande si on n'en a pas déjà parlé ici...


Juste un détail important à rajouter dans le titre si je puis me permettre :wink: :

Walter Philippe, Tristan et Yseut. Le porcher et la truie, Imago, 2006, 290 p.

Voilà t'y pas que je fais de la pub à mon dirlo :? .

MessagePosté: Dim 25 Nov, 2007 17:08
de Muskull
Hey ! Grand bonjour Pan ! :)
M'aurais étonné aussi qu'il n'y ait collusion, voire complicité, entre la Grande Truie Cosmique et ce pôvre âne culotte si décrié. :wink:
Après tout hein ? Circée et Isis même combat ! :lol:
allaitons-nous à l'Artémis d'Ephèse et les constellations n'auront plus de secrets pour nous. :oops:

MessagePosté: Dim 25 Nov, 2007 18:20
de Pan
Muskull a écrit:allaitons-nous à l'Artémis d'Ephèse et les constellations n'auront plus de secrets pour nous. :oops:


Je boirai bien un peu de lait de truie :shock: , histoire de devenir lépreux et de connaître une messe des morts de mon vivant. Âne, chien et porc, même combat !
Je crois avoir compris la présence de nos deux asellus au-dessus de nos têtes :wink: chez le Crabe à la démarche torse, un autre Loxias midrashique !

Bientôt dans toutes vos librairies :lol: , on peut rêver !