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Dana

MessagePosté: Mer 14 Mai, 2008 17:54
de airmid
Salut à tous.
Je cherche actuellement des infos sur la déesse celte, Dana. J'ai fait des recherches sur internet mais sans grand succès. Si l'un de vous connait des livres par exemple, ou divers documents que je pourrais facilement consulter, n'hésitez surtout pas!
Merci d'avance!
@+ airmid :wink:

MessagePosté: Mer 14 Mai, 2008 18:23
de Curmisagios
Salut Airmid, et bienvenue.

Commences donc par aller voir sur l'encyclo : http://www.arbre-celtique.com/encyclope ... u-3180.htm

MessagePosté: Ven 23 Mai, 2008 10:25
de ejds
Curmisagios, pour l'Arbre Celtique, a écrit:Commences donc par aller voir sur l'encyclo : http://www.arbre-celtique.com/encyclope ... u-3180.htm

Dana / Danu

Dana (ou Danu) est la fille du Dagda. On la dit mère de plusieurs dieux, mais, comme c'est le cas pour de nombreuses divinités celtiques, son identité n'est pas clairement définie. Une chose est sûre, c'est une représentation de la déesse-mère. Elle est quelquefois assimilée à la bienveillante Brigid, qui est plus vénérée qu'elle. D'autres fois, on l'assimile plutôt à Ana, déesse peu bienveillante dont le nom a été donné aux collines en forme de seins du comté de Kerry, en Irlande ("Paps of Anu", "Les Mamelons d'Ana"). Ici aussi, on retrouve une triple identité qui rappelle la déesse-mère ou la triple-déesse. Dana a aussi donné son nom à un célèbre peuple, les Tuatha Dé Danann ou "Gens de la déesse Dana".

En voilà un ramassis d’infos, des plus vagues, anodins et quelques peu naïfs, qui se fondent et se confondent dans la nuit des temps. Mais comment donc ces déclamations on-t-elles pu migrer et prendre racines en France et particulièrement en Bretagne ? :?

Deux des plus grands pèlerinages de Bretagne, ont lieu lors de la troménie de Locronan et à environ 8 kilomètres de là durant le pardon de Sainte-Anne-la-Palud. Ils se tiennent dans le pays de Porzay.

jose.chapalain a écrit:Image
Départ pardon de Ste Anne

http://jose.chapalain.free.fr/pageprin174.htm


Gwenc'hlan Le Scouëzec, dans son précieux ouvrage « Le guide le Bretagne », va plus loin et cite J. de Vries. Il apporte un condensé d'indices des plus intéressants, mais pour certains bien minces et d'autres peu vérifiables. Ainsi la vénération de sainte Anne qui paraît la plus plausible, mais aussi des plus farfelues car une autre légende collectée par oui-dires ou concoctée par Anatole Le Braz, dans son Magies de la Bretagne, qui tant qu’à faire, précise que Sainte Anne, mère de la Vierge Marie, serait originaire de Plonévez-Porzay.

Finalement, faute d’arguments consistants et cohérents, Le Scouëzec se rabat très vite sur la très ancienne et séduisante croyance irlandaise de la Mamm gozh ar Vretoned ou « grand-mère des Bretons ». Mais la encore, il aurait été malséant et déplacé lors du grand débarquement du clergé britannique vers le Vè siècle ap. J.-C. ou de la part d’un seul évangélisateur, fut-il irlandais, de trimbaler dans les bagages une légende ancienne et persister dans l’évocation nostalgique d’une déesse bretonne dans une nouvelle région à traditions gallo-armoricaines. Car là où, de nos jours porte le regard, et à défaut de marais ou prairies humides, n'existe pas la moindre paire de collines suffisamment suggestives.

Alala ! Ana, Anna, Dana... déesse grand-mère des Irlandais et, ou, des Bretons, il faut choisir ! Mais où sont donc passées la « grand-mère des Gaulois », la « grand-mère des Belges », la « grand-mère des Celtes »… ?

Extraits : :shock:

G. Le Scouëzec a écrit: PLONÉVEZ-PORZAY

Mystérieuse sainte Anne

----Aujourd’hui, de même qu’à tous les siècles de l’histoire de l’Armorique, la Palud apparaît comme un centre de traditions où se manifeste la tradition majeure des Bretons. Le culte de sainte Anne est, en effet, le plus important et le plus profondément enraciné de tous ceux qui se pratiquent dans la péninsule. En dehors de celle-ci, et en particulier sur le reste du territoire français, il a toujours été très limité, à quelques exceptions près. Il est donc légitime de se demander pourquoi les Bretons n’ont cessé d’entourer d’une telle vénération cette sainte qu’ils n’hésitent pas à désigner comme leur propre aïeule et comme la mère de la patrie.

----Les textes canoniques ne nous ont pas conservé le nom des parents de la vierge Marie. Il n’en est fait aucune mention dans les Évangiles. […]

----C’est au XIIe siècle que se serait répandue en Occident la dévotion à sainte Anne : peut-être est-ce de cette époque que date la deuxième chapelle de la Palud.

----Ce culte se développa dans nos pays, à partir de la cathédrale d’Apt, dans le comtat Venaissin, où une légende veut qu’on ait retrouvé le corps de la bienheureuse aïeule, au VIIIe siècle (3). […]

(3) Cf. Guide la Provence Mystérieuse, éd.Tchou, 1965. Art. APT


Grand-mère des Bretons

----Tout cela n’explique pas la vénération des Bretons pour l’aïeule de Jésus, et c’est sur une autre voie qu’il faut engager les recherches si l’on veut obtenir quelque clarté. Un texte irlandais bien troublant, il faut l’avouer, peut nous aider. Il s’agit d’une toute petite phrase du Sanas Cormaic : Ana i. mater deorum Hibernensium (1), ce qui signifie : « Ana, c’est-à-dire la mère des dieux d’Irlande. » J. de Vries, dans son savant ouvrage consacré à la religion des Celtes, commente ainsi cette révélation : « Cela indique une déesse de la fertilité, ce qui ressort encore plus clairement de la légende concernant les deux collines des environs de Killarney, dans le Munster. Elles sont appelées Da chich Anann, les « deux seins d’Ana ». Cela exprime avec toute la clarté désirable qu’elle est la Terre Mère, qui donne au Munster la fertilité et non pas au Munster seulement, mais à toute l’Irlande ; l’île, en effet, s’appelle îath Anann (2).

----Les Irlandais sont proches parents des Bretons, de langue celtique comme eux, et les échanges entre les deux pays au long de plusieurs millénaires ont été assez nombreux pour entretenir une communauté d’idées religieuses et de conceptions artistiques qui se révèle de maintes manières. Précisons en outre qu’en breton, Anne se dit Anna avec prononciation d’un n seulement : le nom est donc absolument identique à celui de la mère des dieux d’Irlande.

----Un autre texte, tout aussi court et tout aussi précieux que le premier, ne manque pas de surprendre. Il est extrait d’un manuscrit du IXe siècle, qui fut découvert à la bibliothèque de la cour impériale de Vienne par un érudit et philologue nommé Endlicher. Ce Glossaire d’Endlicher, comme on l’a appelé depuis lors, donne la traduction latine d’un certain nombre de mots gaulois. On sait que cette langue était fort voisine du breton, et surtout du breton ancien. Or nous trouvons dans ce lexique le mot celtique anam avec pour correspondance paludem, les deux termes étant à l’accusatif. En bon français, cela signifie donc qu’ana voulait dire marais.

----C’est à la lumière de cette traduction qu’il faut revoir l’explication du vocable de Sainte-Anne la Palud, et celle du culte de l’aïeule en Bretagne. Une légende d’Armorique ne conte-t-elle pas que sainte Anne était bretonne, qu’elle s’en alla en Judée pour y épouser Joachim et que, chargée d’années, elle revint mourir dans son pays bien-aimé ? La tradition ajoute même que Jésus y vint avec Pierre pour dire adieu à sa grand-mère. Ne faut-il pas voir, dans l’origine attribuée à celle-ci, le souvenir indéracinable de l’antique Ana, mère des dieux, mais aussi des hommes, d’Irlande et de Bretagne ? De là viendrait l’appellation de sainte Anne, fréquente de nos jours : Mamm goz ar Vretoned, ce qui se traduit par « Grand-mère des Bretons », ou mieux peut-être, mot à mot : « Mère vieille des Bretons ». Cette aïeule de la race était une déesse des marais, de la mort et du monde souterrain de l’Au-delà : les Gaulois de la péninsule, et sans soute avant eux le peuple des dolmens, faisaient des étendues marécageuses, où se mêlent deux éléments opposés, le lieu de passage entre ce monde-ci et l’autre. Ana, semble-t-il, personnifiait ces lieux : comme mainte grande déesse, elle était la gardienne des morts. Par une étonnante coïncidence, le nom d’un lieu-dit d’Armorique se fait, à ce sujet, l’écho du manuscrit viennois : si la chapelle de Sainte-Anne du Porzay fût bâtie près du marécage et si elle porte depuis cette désignation de « la Palud », c’est qu’anam voulait bien dire paludem.

1. Anecdota from Irish manuscripts, IV, 3.
2. J. de Vries, Religion des Celtes, Payot, Paris, 1963, pp. 127-128.



Guide de la Bretagne mystérieuse, auteur anonyme, Presses Pocket, 1966, 252 pages, pp. 171-179, puis Gwenc'hlan Le Scouëzec, Coop Breizh, réédition 2002.


e.