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MessagePosté: Jeu 05 Juin, 2008 16:58
de Sedullos
Tout à fait, mais parfois que ce soit dans les cosmologies chamaniques ou de Mésopotamie, on a 7 étages voire plus.

Eliade avait étudié en son temps les liens pouvant exister entre l'architecture des ziggourats, les cosmologies de Mésopotamie et des versions "sibériennes" ou asiatiques. Je laisse de côté la réserve sur l'écart chronologique et la différence de nature entre ces différents éléments.

Les peuples de langues indo-européennes n'ont rien inventé de ce point de vue là.

MessagePosté: Sam 07 Juin, 2008 8:06
de Muskull
Bonjour Sed,
Le nombre 7 et sa symbolique vient de l'observation des "astres errants" et des spéculations à leur sujet. Les symboles numériques "premiers" découlent de signes naturels, ainsi le nombre 4 des directions de l'espace basé sur la course du soleil qui défini l'horizontalité et le nombre trois (vertical) découlant des segments corporels et aussi de la génération.
Le 4 appliqué aux 3 mondes donne le 12 qui a sans doute été un symbole très ancien représentant une totalité parfaite représentée sur bon nombre d'omphalos.

MessagePosté: Dim 08 Juin, 2008 10:02
de ejds
Sur les Triades : :shock:

arbredor.com a écrit:

TRIADES THÉOLOGIQUES DES DRUIDES DE BRETAGNE


Traduites par Philippe et Patricia Camby

COLLECTION CELTISME

Texte intégral imprimable — Edition nouvelle 2008

http://www.arbredor.com/titres/triades.html

Les Triades théologiques des Bardes (ou des Druides, les deux termes sont équivalents à l’époque) de l’île de Bretagne est un opuscule composé de quarante-six sentences, qui ont pour objet « la nature de Dieu, les lois générales de l’existence et la destinée de l’âme humaine ». Ce texte, recueilli par Llewelyn Sion vers 1560, fut publié d’abord en 1794, en appendice d’un recueil de Poems, Lyric and Pastoral, réalisé par Edward Williams (Iolo Morganwg), puis en 1862 dans le Barddas du Révérend J. William ab Ithel. Entre temps, l’éminent philologue Adolphe Pictet en donnait la première traduction française dans la revue La Bibliothèque de Genève (1853), puis dans un tiré à part (Genève, Cherbuliez, 1856), sous le titre : Le mystère des Bardes de l’île de Bretagne.

Parution immédiatement saluée par plusieurs historiens dont l’éminent Henri Martin qui souligna que « la partie incomparablement la plus importante des triades [venait] de sortir d’un long oubli et d’être révélée à la philosophie et à l’histoire (Hist de Fr., t. I, p. 47) ». N’importe ! une certaine critique voulut ne voir dans les Triades qu’« un traité de prosodie » ou « un travestissement littéraire » de l’enseignement chrétien. Pour faire prévaloir ce point de vue, Jules Leflocq prit la parole dans la Revue Archéologique (1868). Henri Martin lui répondit (1868-1869). Et son jugement a fait date. S’il est vrai, expose Henri Martin, que les Triades se trouvent entremêlés de maximes dont le fond se retrouve dans l’enseignement chrétien, « à partir de la triade XII jusqu’à la XLVI, l’ouvrage expose un système de la destinée humaine qui n’a rien de chrétien, et qui est fondé sur une série ascendante d’existences (transmigration), qui aboutissent à l’immortalité […]. » On ne peut guère douter aujourd’hui que le bardisme gallois du moyen âge n’ait ses racines dans une tradition druidique très ancienne.

A la suite de la traduction française des Triades, nous publions ici :

· le texte original, la traduction et le commentaire que Pictet publia sous le titre « Le mystère des Bardes de l’île de Bretagne ou la doctrine des bardes gallois du moyen âge sur Dieu, la vie future et la transmigration des âmes » (fac-similé de l’édition de 1857) ;
· les articles de la controverse qui opposa Jules Leflocq et Henri Martin ;
· le texte gallois des Triades avec la traduction anglaise de J. William Ab Ithel ;
· on donne, enfin, la traduction bretonne des Triades que réalisèrent Jean Le Fustec et Yves Berthou (grands druides de Bretagne) : Triadon eur gir d’ar varzed.

Taliesin nous a fait un petit exposé particulièrement intéressant sur les Triades sur le fil La Nouveau Spiritualité?? :?

Pour réagir sur les propos tenus par l’historien Henri Martin dans son Hist. de Fr., t. I, p. 47, et qui a laissé des notes non dénuées d’intérêt, et un souvenir amusé auprès de quelques uns de ses contemporains. Il a aussi légué pour la postérité, l’impérissable souvenir de son nom sur quelques grands boulevards des beaux quartiers de villes françaises.

Les tomes de son Histoire de France, et particulièrement le tome I qui concerne la Gaule, sont disponibles en mode PDF sur Google : :shock:

http://books.google.fr/books?id=FREJAAA ... s+runes,++

Henri Martin a écrit:Image


----------- MŒURS ET CROYANCES GAULOISES.

---Que nous reste-t-il de la religion de nos pères ? Point de livres sacrés, pas du moins qui appartiennent à la Gaule primitive ; des témoignages dispersés dans les écrivains grecs et latins ; des poésies gaéliques et kimriques, dont les plus anciennes se rattachent aux derniers jours de la religion gauloise ; des traditions gaëliques d’Irlande, altérées, remaniées depuis l’établissement du christianisme, des traditions kimriques de Galles, assemblées sous forme de tercets, désignées sous le nom de Triades historiques, poétiques, juridiques, théologiques, et dont la partie incomparablement la plus importante vient de sortir d’un long oubli et d’être révélée à la philosophie et à l’histoire au moment même où nous écrivons 3, enfin des monuments épars sur le sol, monuments muets, ou du moins dont nous ne savons plus entendre le langage.

---3. Nous ne les avons pas sous leur forme primitive, car elles ont été certainement en vers. La plupart des Triades sont réunies aux poésies des bardes kimris de la Grande-Bretagne dans le recueil intitulé Myvyrian Archaiology of Wales, publié de 1801 à 1807 par Owen Jones, paysan gallois, qui y consacra toute une petite fortune amassée dans ce but par quarante ans de travail. M. Fauriel, en 1818, a le premier révélé à la France l’existence et l’importance de ces précieux documents, v. Annales littér. philosophiq. et politiques, t. III, p. 88. L’autre portion des Triades à laquelle nous avons fait allusion, le Mystère des Bardes de l’île de Bretagne (Cyfrinac’h beirdd ynis Prydain), devait être insérée dans le 4e volume du Myvyrian, qui n’a point paru. Le texte, publié incomplètement par le Gallois Edward Williams, vient d’être traduit en français par le savant M. Pictet, à qui les études celtiques devaient déjà tant de reconnaissance. V. la bibliothèque universelle de Genève, numéro de novembre et décembre 1853.


Histoire de France, Furne Libraire-Éditeur, Tome I, quatrième édition, 1865, 486 pages, p. 47.

Trois p'tits bonds en avant quelques pages plus loin : :?

Henri Martin a écrit:-----------LE MYSTERE DES BARDES.

---Nous avons suivi jusque-là les croyances des Gaulois à travers les symboles et les mythes, ces voiles sous lesquels l’imagination des peuples naissants enveloppe les vérités métaphysiques et morales. Pour les idées qui regardent les destinées de l’homme, l’essence et le progrès de la vie dans l’univers, les rapports de l’Être Suprême avec les créatures, plus de mythes, plus d’obscurités. La pensée druidique, entrevue par les anciens, illuminée de bien des éclairs dans les poésies des bardes et les légendes gallo-kimriques, nous est aujourd’hui dévoilée. Nous possédons un livre où la tradition orale, conservée de génération en génération depuis bien des siècles, a été enfin secrètement fixée par l’écriture et mise en réserve pour la postérité ; le Mystère des bardes de l’île de Bretagne ².

---2. Littéralement, l’ensemble des runes, des mystères (Cyf-rinac’h). Il nous importe de faire nous-même ici les réserves nécessaires sur ce livre, pour prévenir les objections. Après l’établissement du christianisme et l’abolition officielle du culte druidique chez les Kimris de la Grande-Bretagne, l’ordre des bardes, qui avait survécu aux druides, garda leur esprit et le fond de leurs croyances en les combinant avec ceux des éléments chrétiens qui n’y étaient pas inassociables. De là ce qu’on peut nommer le néo-druidisme enseigné dans les collèges bardiques, et, plus tard, dans les sociétés secrètes qui se maintinrent sous la conquête anglaise.

Le livre des Mystères, recueil de Triades, écrit à diverses époques dans le cours du moyen âge, renferme, dans sa partie la plus importante et la seule publiée, l’essence des doctrines qui soutinrent, durant de longues périodes de souffrance et de persécution, cette secte de poëtes métaphysiciens dont on retrouve la trace à l’état d’association mystique, au moins jusqu’au quinzième siècle. Maintenant, pour interpréter le druidisme primitif par le néo-druidisme, il faut une méthode prudente et circonspecte, la même que celle qu’on applique à l’interprétation des coutumes de la Gaule par les lois galloises, bretonnes, irlandaises ou écossaises. Seulement l’application, quoique portant sur des matières plus délicates encore, est peut-être plus facile ici parce que les éléments sont moins complexes. Ici, en effet, il n'y a aucun compte à tenir des Romains, des Germains, des Scandinaves, qui n'ont pas laissé la moindre trace dans le néo-druidisme : la tradition druidique n'a donc à compter qu'avec un seul élément étranger, le christianisme, et nous avons un moyen assuré de n'attribuer aux druides que ce qui leur appartient : c'est de restituer au christianisme tout ce qui, dans les Triades, peut se rapporter à la théologie chrétienne. On verra, par notre analyse, que, les principes chrétiens écartés, il reste, suivant l'expression du savant traducteur genevois, “ un système parfaitement original, ” système qui explique très clairement les indications des Grecs et des Latins, les allusions des plus anciennes poésies bardiques, et même certaines dispositions symboliques des pierres druidiques, et qui résume de longs âges de méditations poursuivies par tout un ordre de prêtres philosophes dans le silence des forêts saintes.



---La première Triade qui ouvre ce livre n'est rien moins que le Ternaire divin des druides, d'où découle ce vaste système de la triplicité sur lequel sont moulées toutes les institutions des peuples gaulois 1.

---Triade 1. Il y a trois unités primitives, et, de chacune, il ne saurait y avoir qu'une seule : un Dieu, une Vérité et un point de Liberté; c'est-à-dire le point où se trouve l'équilibre de toute opposition.

---Triade 2. Trois choses procèdent des trois unités primitives : toute vie, tout bien et toute puissance.
---Ainsi, Dieu ou l'Être existant par soi-même, Dieu-Vérité, Dieu-Liberté, voici la trinité druidique. Ainsi, le Dieu des druides est l'antithèse absolue du Dieu Destin ou Fatalité : Dieu est « ce que rien ne fait pencher de côté ou d'autre», et la « pierre de l'équilibre» 2 est le symbole du Dieu-Liberté. Les pierres muettes recommencent à parler pour nous.

---1. Le nombre trois domine tout chez les Gaulois : les trois cercles de l'existence, les trois ordres de la hiérarchie druidique, les trois classes de la nation, les Triades, où tous les enseignements sont distribués trois par trois, les tercets des chants bardiques, les trois rangs de la chevalerie. On retrouve ce nombre sacré dans les traditions particulières des diverses branches gaéliques et kimriques, comme dans les traditions générales de la race.

---On voit que la création est, aux yeux des druides, un acte libre et non une production fatale. On voit aussi de quelle haute origine procède l'indomptable esprit de la liberté gauloise.

---Dieu-Vérité-Liberté, définition sublime, mais incomplète : d'une part, l'Être existant par soi-même et la Liberté suprême, distingués ici comme deux hypostases différentes, sont une seule et même « personne divine »; de l'autre part, le principe de l'Amour est absent.


---Triade 12. Il y a Trois Cercles de l'existence : le cercle de la Région Vide (ou de l'infini) (kylkh y keugant), où, excepté Dieu, il n'y a rien de vivant ni de mort, et nul être que Dieu ne peut le traverser; le cercle de Migration (kylkh y'abred), où tout être animé procède de la mort, et l'homme le traverse; et le cercle de Félicité (kylkh y Gwynfyd), où tout être animé procède de la vie, et l'homme le traversera dans le ciel 1.

---Tout être, excepté Dieu, a eu un commencement, mais aucun être n'aura de fin (Triade 39). Tout être a reçu de Dieu une individualité absolument distincte de tout autre être, un influx ou génie propre 2, un principe propre de mémoire et de perception, une vocation personnelle (Triades 33, 34, 37).

---Mais l'être, au moment de sa création, n'a pas conscience de ces dons qu'il porte en lui à l'état latent. Il est créé au moindre degré de toute vie, dans Annwfn (annoufen), l'abîme ténébreux, le fond d'Abred. Là, enveloppé dans la Nature, soumis à la Nécessité, il monte obscurément les degrés successifs de la matière inorganique, puis organisée (Tr. 13, 14, 15). Sa conscience s'éveille enfin. Il est homme! « Trois choses sont primitivement contemporaines : l'homme, la liberté et la lumière » (Tr. 22) 3.

---1. Le monument d'Abury, en Angleterre, paraît avoir figuré les Trois Cercles.
---2. Awen. C'est le même mot qui désigne l'inspiration des bardes et des voyants. — “ Trois conditions nécessaires de l’awen, dit une des Triades qui enseignent les règles de la poésie : un œil qui sache voir la nature, un cœur qui sache sentir la nature, un esprit qui ose suivre la nature. ”
---3. “ Existant de toute ancienneté dans les océans, depuis le jour où le premier cri s'est fait entendre, nous avons été poussés dehors, décomposés et simplifiés par […].


Histoire de France, Furne Libraire-Éditeur, Tome I, quatrième édition, 1865, 486 pages, p. 47.