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MessagePosté: Mer 25 Juin, 2008 17:47
de Muskull
Cher ejds, merci pour tes recherches dans les abîmes de la fulcanelilogie 8)
Tu dois être prof vu que tu sembles porter une obsession toute passagère sur les juries et autres passages en bac. N'étant pas pour l'instant porteur de balance sur l'arbre, tu serais "gentil" d'éviter ces gamineries.* :wink:
Mais:
L'Humilité est une femme dont l'écu est timbré d'une colombe [Fulcanelli y voit un corbeau] et l'Orgueil, un homme qui tombe de cheval. Ces dernières interprétations se justifient en feuilletant le carnet de notes d'un maître d'oeuvre du XIIIe siècle, Villard de Honnecourt [ici, Girardin se réfère à une note qui n'apparaît pas sur la page ; aussi allons-nous donner quelques renseignements sur ce maître-imagier].[/i] Parmi les nombreux croquis jetés pêle-mêle, on retrouve le cavalier mis à bas de sa monture avec la légende : Orgueil, cy comme im trébuche, et la femme à la colombe désignée par le mot : Humilité [...][/i] [op. cit.]

La colombe qui est aussi un symbole de l'amour a le bec bien reconnaissable, court et un poil recourbé. Nous pouvons d'ailleurs voir sur une cartouche supérieure une figuration de l'alliance des contraires qui se résoud aimablement dans le social par le "mariage".
J'insiste sur le fait que nous avons ici un corbeau où tous les celtisants de ce forum reconnaitront une figure de la déesse sombre qui régénaire par dispersion.
Ces fichus corbeaux existaient déjà sur des vases du néolithique !
Et nous pouvons dire cela sans entrer dans le "Grand Oeuvre" :D

*Quoique égo chatouillé n'est jamais non sens et appelle le paraphe mais nous savons cela, n'est ce pas ?

MessagePosté: Jeu 26 Juin, 2008 14:19
de Viduernos
Muskull a écrit:Lorsque le "fendeur" tranche ou que le marteau le signale, le bon voyant ou entendeur (2 termes mnémotiques) ont connaissance à ce moment du "vrai" de l'instant. :wink:


Marrant ca, au japon, les maitres en iaijutsu disent que rien n'est réel, seul le moment où l'ont frappent avec le sabre est vrai. :roll:

MessagePosté: Ven 27 Juin, 2008 18:04
de Muskull
Pour ne pas se laisse perdre ce fil qui m'intéresse... :wink:
ejds cite un peu plus haut:
"L'Humilité est une femme dont l'écu est timbré d'une colombe [Fulcanelli y voit un corbeau] et l'Orgueil, un homme qui tombe de cheval. Ces dernières interprétations se justifient en feuilletant le carnet de notes d'un maître d'oeuvre du XIIIe siècle, Villard de Honnecourt. Ici, Girardin se réfère à une note qui n'apparaît pas sur la page ; aussi allons-nous donner quelques renseignements sur ce maître-imagier. Parmi les nombreux croquis jetés pêle-mêle, on retrouve le cavalier mis à bas de sa monture avec la légende : Orgueil, cy comme im trébuche, et la femme à la colombe désignée par le mot : Humilité ..."

Cela m'inquiète pour mon "homme sauvage" :lol:
Et si lui aussi était une allégorie, comme celle de la luxure par exemple ; il montre ses cuisses et ce fameux gourdin ne serait-il pas alors un euphémisme, tout comme le gland unique du jeune chêne ?
Comment faire passer vis à vis du clergé maître d'oeuvre très fier de cette érection (de la cathédrale) que des symboles païens figurent aux entrées de la maison de Dieu ?
Les imagiers médiévaux étaient taquins, parfois coquins et surtout rusés en leurs représentations dès l'art roman et comme d'une façon générale il est plus ou moins admis que ces "tailleurs de pierres" transmettaient une connaissance symbolique active plus ancienne...
Voila l'origine de mon post dans le forum "histoire", parce que c'est de l'historiographie. :wink:
Il serait ici intéressant d'avoir l'avis d'un hagiographe pointu mais André-Yves semble occupé ailleurs et Patrice court après les flamants roses vers la Mer Noire. :lol:

MessagePosté: Ven 27 Juin, 2008 23:20
de André-Yves Bourgès
Muskull a écrit:Cela m'inquiète pour mon "homme sauvage"
Et si lui aussi était une allégorie, comme celle de la luxure par exemple ; il montre ses cuisses et ce fameux gourdin ne serait-il pas alors un euphémisme, tout comme le gland unique du jeune chêne ?
Comment faire passer vis à vis du clergé maître d'oeuvre très fier de cette érection (de la cathédrale) que des symboles païens figurent aux entrées de la maison de Dieu ?
Les imagiers médiévaux étaient taquins, parfois coquins et surtout rusés en leurs représentations dès l'art roman et comme d'une façon générale il est plus ou moins admis que ces "tailleurs de pierres" transmettaient une connaissance symbolique active plus ancienne...


L'ensemble de ces 24 figures allégoriques représente les douze Vertus dont trois (Foi, Espérance et Charité) sont les vertus théologales, s'opposant aux douze Vices dont une première liste est donnée par Marc, VII, 21-22, approche "dodécanaire" rappelée par exemple par saint Jean Climaque à propos de l'Orgueil ("Nous comptons douze vices qui couvrent notre âme de honte et d'ignominie. Or un grand personnage m'a dit que l'orgueil, qui est le douzième, pouvait, lui seul, occuper dans une âme la place des onze autres") : ton "homme sauvage" est sans doute la Déraison, qui s'arme d'une massue pour abattre des glands.

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès

Chartres

MessagePosté: Sam 28 Juin, 2008 1:28
de anne dudant
La Déraison pour "l'homme sauvage" André-Yves ?
Déraisonnons encore :)

L'homme barbu à cheveu long, drapé mais le sein dénudé et la cuisse à l'air, brandissant son gourdin tel un phallus et marchant à côté d'un chêne portant 4 glands (j'en compte 3 + 1, Muskull) est sans doute un dieu de la végétation. Sa fonction est de réveiller et de stimuler les forces de la vie en général et la croissance des plantes en particulier. Il est bien antérieur au moyen-âge, il est même pré-indo-européen. Je ne sais ce qu'il portait dans la main gauche mais son regard se dirige vers l'oiseau qui peut être un symbole de mort. Il serait donc un dieu de la végétation qui meurt...
Comme on a un chassé-croisé, c'est le "serpent" du blason qui est au-dessus de lui qui provoque la chute du cavalier et de sa monture.
Est-ce là du vice ou de la vertu ? :roll:

anne

MessagePosté: Sam 28 Juin, 2008 9:12
de Muskull
Bonjour et merci de vos participations :)

Je viens (enfin) de trouver l'explication "officielle" de ces bas-reliefs:
dans ce livre au bas de la page 114...
Pour l'auteur notre "homme sauvage" représenterait donc la folie, ce qui est en forte correspondance avec "l'icône" bien plus antique que Patrice décrit dans son livre à partir de la page 53. :idea:
Je cite un court extrait:
"Merlin (...) dirigea ses pas de ce côté un beau matin, frappant de grands coups d'un chêne à l'autre. Il était tout noir, hirsute, barbu, les pieds nus, il portait une tunique en lambeaux." (Histoire de Merlin et de Grisandole)
Frappant n'est ce pas ? :wink:
Toujours dans son ouvrage, Patrice remonte d'une maîtresse plume de la folie Merlin, Lailoken et Suibhne à Sucellos et même au Dagda à propos de la continuité historiographique du mythe.

Et ainsi votre serviteur retombe sur ses pattes après un vol guilleret parmi quelques oiseaux moqueurs... :lol: :wink:

Re: Chartres

MessagePosté: Sam 28 Juin, 2008 10:16
de André-Yves Bourgès
anne dudant a écrit:Comme on a un chassé-croisé, c'est le "serpent" du blason qui est au-dessus de lui qui provoque la chute du cavalier et de sa monture.


Bonjour Anne, Bonjour Muskul

Cheval et cavalier jetés à terre : l'Orgueil abattu ? (et cf. Exode 12-15 : " Je chante pour Yahvé car Il s'est couvert de gloire, Il a jeté à la mer cheval et cavalier")

Pré-indo-européen, l'homme sauvage ? je vous crois sur parole n'étant pas expert en la matière ; mais ce "modèle" aura été largement recyclé, notamment au Moyen Âge : les cathédrales sont comme on l'a dit de véritables "Bibles de pierre" et, tout comme les manuscrits enluminés, ont largement recours aux représentations allégoriques . Que celles-ci puissent emprunter des traits iconographiques à des "modèles" plus anciens, je n'en doute pas ; mais en revanche je ne vois pas que cela change la nature du projet de celui qui avait commandité ces sculptures.

Le rapprochement avec Merlin est assez suggestif, mais une nouvelle fois de la poule et de l'oeuf corse...

Les douze Vertus répondent aux douze Vices sont également représentées dans les cathédrales de Paris et d'Amiens :
http://architecture.relig.free.fr/male13e.htm

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès

Re: Chartres

MessagePosté: Sam 28 Juin, 2008 10:30
de André-Yves Bourgès
anne dudant a écrit:Comme on a un chassé-croisé, c'est le "serpent" du blason qui est au-dessus de lui qui provoque la chute du cavalier et de sa monture.


Re bonjour Anne,

Non, je crois pas qu'il y ait "chassé croisé" : les représentations des Vertus et des Vices sont bien opposées deux à deux :
- la Prudence (avec le serpent) surmontant la Déraison/la Folie (l'assommeur de glands);
- l'Humilité (avec la colombe) surmontant l'Orgueil (le cavalier chutant).

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès

MessagePosté: Sam 28 Juin, 2008 10:46
de Muskull
Bonjour André-Yves,
Ton lien très intéressant montre la continuité dans les représentations des imagiers et comme tu le signales, il est suggestif de voir des archétypes perdurer dans ces "bibles de pierre".
A ce propos, le "serpent enroulé autour d'une verge" pour figurer la sagesse/prudence est un rappel du caducée. La sagesse étant la médecine de l'âme et la médiatrice entre les mondes. :wink:
Sur ce même portail sud, une représentation du "Dévorant" que l'on peut oser rattacher à la Bête de Noves:

MessagePosté: Sam 28 Juin, 2008 11:30
de ejds
Muskull a écrit:Tu dois être prof vu que tu sembles porter une obsession toute passagère sur les juries et autres passages en bac.

Mais non, mais non, tout bonnement... porter une obsession toute passagère sur les furies et autres passages à tabac. :)

Le gros œuvre, puis les très nombreuses statues et bas-reliefs décoratifs de l'actuelle cathédrale de Chartes, ont été édifiés entre à 1194 à 1225. Plusieurs interprétations se dégagent de cette figure médiévale, androgyne et schizophrénique, qui s'échine à vouloir ou bien, ou à la fois, défendre ou secouer rudement les glands de l'arbre (de vie ou cosmique ?).

Plus probablement, comme sur le bas-relief de la cathédrale de Paris, le personnage tient peut-être aussi de sa main gauche qui paraît cassée, le miroir de l'âme ou des vanités féminines, et de l'autre main, le gourdin ou masse informe de la brutalité et pulsions masculines. :?

Image

J. Chevalier et A. Gheerbrant a écrit:ANDROGYNE

1. Formule archaïque de la coexistence de tous les attributs, y compris les attributs sexuels, dans l'unité divine, ainsi que dans l'homme parfait, soit qu'il ait existé aux origines, soit qu'il doive le devenir dans le futur, Mircea Eliade voit dans cette croyance et ce symbole l'expression de la coexistence des contraires, des principes cosmologique (mâle et femelle), au sein de la divinité, il cite de nombreux exemples tirés des religions nordiques, grecques, égyptiennes, iraniennes, chinoises, indiennes, [...] (ELIT, 353-354).

Enfin la perfection humaine ne peut être qu'à l'image de celle de Dieu, qu'on la place dans le passé ou dans l'avenir, elle est représentée par l'état d'androgyne : Eve ne serait que le résultat d'une rupture interne, d'une scission ; le futur Adam réintégrera en un tout les deux parties séparées.

L'androgyne est le symbole de l'indifférenciation originelle, de l'ambivalence.

Symbole des plus anciens, d'après lequel l'homme des origines possédait les deux sexes.


Dictionnaire des symboles, Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Éditions Seghers, 1973, tome I, 398 pages, p. 61.


Androgyne : latin androgynus (hermaphrodite ou homme efféminé) ; androgynes, femme qui a le courage d'une homme, d'origine grecque ανδρόγυνος (andrógynos) composé de ανδρό (andró), homme et de γυνος (gynos), femme.
Le dieu grec Hermaphrodite hermaphroditos, latin hermaphroditus, est le fils d'Hermès (Mercure), messager et interprète des dieux, et d'Aphrodite (Vénus), déesse de l'amour et de la beauté. Les dieux confondirent sont corps dans celui d'une nymphe.

On le retrouve surtout cette ambiguité et ambivalence (latin ambo, tous les deux) sur la dualité d'Adam, le premier homme, l'homme dieu, puis homme et femme, dans le premier livre de la Torah, et bible chrétienne (1.27) : :shock:

info-bible.org a écrit:La Bible - Genèse

1.1 Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.

1.24 Dieu dit: Que la terre produise des animaux vivants selon leur espèce, du bétail, des reptiles et des animaux terrestres, selon leur espèce. Et cela fut ainsi.

1.25 Dieu fit les animaux de la terre selon leur espèce, le bétail selon son espèce, et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.

1.26 Puis Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.

1.27 Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme.

e.

MessagePosté: Sam 28 Juin, 2008 13:49
de Muskull
Salut ejds, navigateur des archétypes :D
Juste pour comparer, un fragment de la traduction d'André Chouraqui:
26. Elohîms dit: « Nous ferons Adâm ­ le Glébeux ­
à notre réplique, selon notre ressemblance.
Ils assujettiront le poisson de la mer, le volatile des ciels,
la bête, toute la terre, tout reptile qui rampe sur la terre. »
27. Elohîms crée le glébeux à sa réplique,
à la réplique d’Elohîms, il le crée,
mâle et femelle, il les crée.

http://nachouraqui.tripod.com/id83.htm
Il y est comme sous entendu qu'il y a deux créations. D'abord Adam-le principe à la fois mâle et femelle puis la "mitose". :wink:

MessagePosté: Sam 28 Juin, 2008 20:38
de André-Yves Bourgès
Plus probablement, comme sur le bas-relief de la cathédrale de Paris, le personnage tient peut-être aussi de sa main gauche qui paraît cassée, le miroir de l'âme ou des vanités féminines, et de l'autre main, le gourdin ou masse informe de la brutalité et pulsions masculines.


Allégorie de la Folie, à mettre en relation avec le psaume Dixit insipiens, dont les copistes des manuscrits médievaux ornent la première lettre de l'incipit d'une représentation similaire :
http://www.ch-charcot56.fr/images/histo ... lumin1.jpg
http://libwww.freelibrary.org/digitalim ... 10611b.jpg

Voir l'article de F. Garnier sur " Les conceptions de la folie d’après le psaume Dixit insipiens", dans Études sur la sensibilité au Moyen Âge, Actes du 102e congrès national des sociétés savantes, Limoges 1977 - philologie et histoire, t. 2, p. 215-222.

Il n'est pas question de miroir, mais d'un globe ou d'une boule, à rapprocher du motif plus tardif de la "boule aux rats", illustré notamment par une sculpture célèbre de la cathédrale de Carpentras :
http://www.benjamins.com/cgi-bin/t_arti ... =875058090
http://catholique-avignon.cef.fr/divers ... if-car.htm

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès

Chartres

MessagePosté: Dim 29 Juin, 2008 1:54
de anne dudant
Bonjour Muskull, A-YB, ejds...

Comme le miroir, je laisserai tomber la boule aux rats même si le motif semble dériver de la "souricière du diable", une métaphore théologique de saint Augustin*.
A mon avis, ce brave homme ne devait rien tenir dans la main gauche, il devait juste pointer du doigt "l'oiseau dans les flammes" représenté sur le premier écu, celui porté par Chasteté (merci Muskull pour la référence à l'abbé Bulteau).
Le chassé-croisé s'agrandit puisque -outre la psychomachie qui se donne à voir- sa lecture implique 3 images: celle d'un ancien dieu de l'Année montrant dans un premier temps la nature renaissant après l'hiver (comme l'oiseau phenix renaissant de ses cendres) et dans un second temps la nature qui meurt (la colombe portée par Humilité fut aussi un symbole de mort).
Un motif iconographique souvent présent sur les façades d'église.
Logiquement, les scènes 2 et 6 (Luxure et Orgueil) doivent pouvoir se lire de façon analogue au départ du "serpent enlacé autour d'une verge",l'écu porté en 3 par Sagesse. Mais là, pour l'instant, je cale !

Je vais attendre que vienne la :idea:

anne

* "Muscipula diaboli, crux Domini: esca qua caperetur, mors Domini" Sermo CCLXIII, "De ascensione Domini..."

MessagePosté: Dim 29 Juin, 2008 10:53
de Muskull
Bonjour Anne,
Oui pour la "transversalité" mais avant séparer les 6 icônes en trois niveaux, les deux du bas correspondant à l'oeuvre au noir. et ensuite on grimpe si l'on a le temps. :wink:
Les trois niveaux étant superposables comme différents niveaux de lecture, les transversalités deviendront évidentes.
Je commence en bas: L'orgueil est ce qui a causé la chute de Satan. Ne voulant par reconnaître l'importance de la nature terrestre d'Adam il s'est trouvé exilé dans l'horizontalité...
Le corbeau représente le travail de régénération par la contemplation des erreurs successives dues à l'orgueil. Cette idée est proche de la gravure de Dürer, "Mélancolia". L'oeuvre au noir correspond à la lutte contre le "moi dominant" pour "se connaître soi-même", on regarde vers le bas pour reconnaître la part la plus "terrestre" en nous mais l'idée de l'oiseau, de l'aérien est déjà là.

Je reviendrais demain pour développer, là faut que je file :?

Re: Chartres

MessagePosté: Dim 29 Juin, 2008 11:19
de André-Yves Bourgès
anne dudant a écrit:Le chassé-croisé s'agrandit puisque -outre la psychomachie qui se donne à voir- sa lecture implique 3 images: celle d'un ancien dieu de l'Année montrant dans un premier temps la nature renaissant après l'hiver (comme l'oiseau phenix renaissant de ses cendres) et dans un second temps la nature qui meurt (la colombe portée par Humilité fut aussi un symbole de mort).
Un motif iconographique souvent présent sur les façades d'église.
Logiquement, les scènes 2 et 6 (Luxure et Orgueil) doivent pouvoir se lire de façon analogue au départ du "serpent enlacé autour d'une verge",l'écu porté en 3 par Sagesse. Mais là, pour l'instant, je cale !


Chère Anne,

moi aussi je cale, d'autant que le chassé-croisé ne s'impose pas à mes yeux de béotien (tandis que je vois bien l'opposition deux à deux des vertus dominant les vices).

Indécrottable tenant des techniques de l'érudition "classique", toujours accordant la prééminence au texte et à sa critique, peu à l'aise sur le terrain de l'histoire de l'art, quand il s'agit de déterminer ce que la représentation donnée par l'artiste emprunte à des modèles antérieurs, je ne suis probablement pas le mieux à même d'apporter la contradiction ; mais il me semble bien que la représentation dont nous parlons (que j'ai appelé "la Déraison s'armant d'une massue pour abattre des glands") présente une incontestable ressemblance avec la figurine de nombreuses initiales des manuscrits du psaume Dixit insipiens, notamment avec celle ci ; et que c'est moins vers "l'oiseau dans les flammes" que vers la divinité dans les nues que cette allégorie devait, non pas "pointer le doigt", mais élever le globe ou la boule qu'elle porte sur la plupart de ses représentations.

Une autre tentative d'interprétation est proposée par A. Belkin dans un très intéressant article.

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès