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Que penser de ces Gaulois qui s'émasculent...

MessagePosté: Lun 15 Sep, 2008 15:10
de Orgenomeskos
Salut,

Une traduction récente (1843 !) d'Octavius de Minucius Felix évoque l'adoration éprouvée par les Gaulois pour l'amant de Cybèle (Attis ?), qui les pousse à s'émasculer. J'ai lu quelque part (où ?) que les prètres de Cybèles étaient désignés à l'époque romaine sous le nom de gallus. Le texte de Minucius Felixest-il mal traduit (donc confusion entre gallus et gaulois) ou s'agît-il d'un jeu de mot de l'antiquité comparable à ceux de Martial (Epigrammes, VIII, 75) ?

p.s. chez Martial, Mortue Galle peut-être lu comme "gaulois mort" et / ou comme "prêtre de Cybèle mutilé". http://remacle.org/bloodwolf/satire/Martial/livre8.htm#LXXVa

Minucius Felix, Octavius, XXI : "Cybèle mutila son galant, parce qu'il ne se pouvait résoudre à l'aimer quoiqu'elle fût mère des dieux, parce qu'elle était trop vieille et trop laide. On dirait qu'elle avait envie de faire un dieu d'un eunuque ; car les Gaulois adorent ce misérable amant en se condamnant certainement eux-mêmes à subir la même infortune. Ce ne sont pas là des mystères, ce sont des supplices."

Martial, Epigrames, VIII, 75 : "Un Langrois nouvellement débarqué, en regagnant fort tard dans la nuit, par les rues Tecta et Flaminia, les pénates qu'il avait loués, se démit le talon en se heurtant le pied, et tomba tout de son long par terre. Que faire ? comment se relever ? c'était un colosse, et le petit esclave qui le suivait, le seul qu'il possédât, était tellement chétif, qu'il pouvait à peine porter le léger manteau de son maître. Le hasard vint le secourir et l'aider dans son malheur. Quatre porteurs funéraires vinrent à passer, chargés d'un de ces misérables cadavres comme le bûcher des pauvres en reçoit par milliers ; le faible compagnon du Gaulois les supplie d'un ton piteux de se débarrasser comme ils pourront de leur mort ; aussitôt l'échange se fait : ils placent avec effort l'énorme et lourde masse sur leur étroite civière. Celui-là, Lucanus, me paraît être le seul auquel on puisse appliquer avec raison le titre de Gaulois mort (Mortue Galle)"

MessagePosté: Lun 15 Sep, 2008 15:25
de Patrice
Salut,

C'est une mauvaise traduction de Minucius Felix. Il s'agit des Galles, les prêtres de Cybèles. Même si certains Galles étaient Galates...

A+

Patrice

MessagePosté: Lun 15 Sep, 2008 15:30
de Orgenomeskos
Merci pour cette réponse rapide !

:wink:

Re: Que penser de ces Gaulois qui s'émasculent...

MessagePosté: Jeu 18 Sep, 2008 11:18
de ejds
Orgenomeskos a écrit:J'ai lu quelque part (où ?) que les prètres de Cybèles étaient désignés à l'époque romaine sous le nom de gallus.

Enterré en G.B., au pied du mur d'Hadrien au IVè siècle ap. J.-C., avec ses bijoux et deux pierres en jais dans la bouche, un galla, prêtre de Cybèle, travesti ou eunuque, a fait l'objet d'une reconstitution : :shock:

news.bbc.co.uk a écrit:Dig reveals Roman transvestite

Tuesday, 21 May, 2002

http://news.bbc.co.uk/1/hi/england/1999734.stm

Image
A gallus wore women's
clothes and jewellery

e.

MessagePosté: Ven 17 Oct, 2008 16:50
de Jacques
Bonjour à tous,
Je pense que cet article a sa place ici :
La lettre de l'Inrap a écrit:Fanum Martis, cité du Nord et ses cultes orientaux
Située entre les voies Bavay-Cambrai et Bavay-Tournai, à la frontière des territoires nervien et atrébate, la ville antique de Famars malgré ses 80 hectares de superficie n'est curieusement ni mentionnée sur la Table de Peutinger ni sur l'itinéraire d'Antonin. Toutefois Fanum Martis, son toponyme antique, laisse présupposer la présence d'un temple dédié à Mars, monument qui reste à découvrir. Cité de la Gaule Belgique, Famars fut aussi un important camp militaire romain (castrum) dont les murs sont encore visibles.
Dès 1639, des découvertes archéologiques y sont signalées et la ville antique est explorée en 1655. Au XIXe siècle, ses thermes et son aqueduc sont partiellement fouillés. Entre 1917 et 1918, les archéologues allemands G. Bersu et W. Unverzagt profitent de la présence des troupes germaniques pour entreprendre une étude de l'enceinte du castrum et des thermes de la cité. Depuis l'après-guerre, de nombreuses recherches ont été entreprises, révélant pour partie l'histoire de l'agglomération antique. Aujourd'hui, une partie de la ville est préservée dans le cadre d'une réserve archéologique.
Sur prescription de l'État (SRA Nord-Pas-de-Calais), et à l'occasion de l'aménagement d'un lotissement par le groupe GHI Immobilier, une équipe de l'Inrap fouille depuis le mois d'avril 2008, 4,2 hectares, soit 5% de la surface totale de la cité. Il s'agit de comprendre l'organisation et la fonction de ce quartier doté d'un système complexe de gestion de l'eau, de déterminer la fonction exacte des bâtiments appuyés à l'espace public, limité par un important fossé ceignant le théâtre.
Fanum Martis du Ier siècle aux années 320
Fanum Martis trouve ses origines vers le milieu du Ier siècle. Comme l'ensemble des villes gallo-romaines, elle se rétracte aux alentours des années 320 de notre ère.
De nombreux bâtiments se développent le long de deux voiries perpendiculaires, dont l'une suit l'axe d'un aqueduc. L'axe nord-sud débouche sur une place autour de laquelle se développent plusieurs constructions, à vocation cultuelle.
Bordant cette zone, un grand espace public délimité par un vaste fossé enserre le théâtre aujourd'hui sous un lotissement.
Des éléments de marbre et des fragments de tôle de bronze confirment la présence de statuaires de grandes dimensions dans l'espace public autour d'un bâtiment de forme hexagonale dont la fonction n'est pas encore définie.
Des scories de bronze, de petits lingots ainsi que des déchets provenant du moulage des pièces révèlent l'existence d'un atelier de bronzier. De nombreux objets en bronze (appliques, fibules, épingles, cuillères…) ont d'ailleurs été récoltés sur l'ensemble de la zone. Un trésor monétaire de 134 monnaies de bronze (de la fin du IIe siècle) était caché à proximité d'un des bâtiments.
Quatre fours et leur aire de travail sont très bien conservés. Tous ont cuit des matériaux calcaires (craie, marbre, « pierre bleue de Tournai ») pour produire la chaux destinée à la construction du castrum aux alentours des années 320.

La zone cultuelle
De nombreux éléments mobiliers révèlent des cultes dédiés à Mercure, Mithra, Attis et Cybèle : les vases à bustes : le nombre de bustes est basé sur le principe des jours de la semaine (semainiers), un concept surtout connu dans le culte du dieu Mithra où les 7 jours de la semaine et les 7 niveaux de l'initiation au culte sont fondamentaux. Typiques de la cité des Nerviens, ces vases portent 6 ou 7 bustes représentant des divinités (planètes) ;
les vases zoomorphes : proches des vases à bustes, ils ne figurent que Mercure et ses attributs (bouc, coq, deux serpents criocéphales, bourse, caducée). Le culte de Mercure celtique est très populaire dans cette cité des Nerviens. Protecteur des arts, il était surtout honoré par les artisans potiers ou bronziers ;
une applique en bronze : la déesse Cybèle est l'élément central de cet objet où figurent également Attis et son bonnet phrygien, une pomme de pin et deux lions. La déesse perse devint populaire sous le règne de Claude, mais c'est durant les IIe et IIIe siècles que se développent les cultes orientaux. Rappelons que Cybèle, amoureuse et trompée par Attis, le frappe de folie et le pousse à la castration.

MessagePosté: Ven 17 Oct, 2008 23:30
de Alexandre
Jacques a écrit:la déesse Cybèle est l'élément central de cet objet où figurent également Attis et son bonnet phrygien, une pomme de pin et deux lions. La déesse perse devint populaire sous le règne de Claude, mais c'est durant les IIe et IIIe siècles que se développent les cultes orientaux.

C'est un détail, mais c'est bizarre sur le site de l'inrap...