Bonsoir à tous et plus particulièrement à Anne, Sedullos, Muskull et Taliesin,
L'éclairage apporté par Anne est effectivement bien intéressant : la taille de l'empreinte de saint Mélar correspond effectivement à une pointure 45 fort (je suis retourné la mesurer dimanche dernier) ! Plus sérieusement, je vois avec intérêt l'hypothèse du perron se préciser, même s'il ne s'agit plus d'un montoir pour cavalier mais d'un symbole de justice : ces deux aspects, fonctionnel et opérationnel, sont-ils irréductibles l'un à l'autre, ou peut on imaginer une relation directe (justice/pouvoir exercés par la classe des puissants/cavaliers) ? Quant aux prothèses miraculeuses elles sont à l'évidence "requalifiantes" et Mélar est incontestablement investi comme étant le souverain légitime de la Cornouaille, les noix, marque de cette investiture, faisant l'objet à cette occasion d'une sorte de "geste magique" de la part du jeune prince :
Texte M, § 1 d :
Cum beatissimus Melorus digne Deo laudabiliter serviens in ipsis puerilibus annis a nutritore suo Cerialtano nomine nutriretur, fecit per eum omnipotens Deus mirabile miraculum quod silentio praeteriri indignum videtur. Quodam enim aestivali tempore, sicut naturale est arboribus frugiferis quaeque poma producere et maturescere, die quadam solemni meridianis horis collegit se familia nutritoris beati Melori et, exiens in silva per commoda loca, detulit secum multiplices nuces edulio habiles et fecit unusquisque massam suam de nucibus et praesentavit eas innocenti puerulo quasi domino suo ; qui laetissimo et hilari vultu suscipiens nuces sibi deportatas, cepit eas colligens argentea manu et, mirum in modum, coepit manus illa argentea quasi reflexus habere carneos ; et (mirabile dictu) coepit manum extendere et recludere quasi nativam ex ossibus, nervis, venis, sanguine atque compactam pelle. Tunc vero, sicut relatum a veteranis comperimus, accipiens non modicam partem de sibi delatis nucibus, jactavit eas per apertum terebri foramen in ostii repagulum ; quod multi videntes, quidam ridere eum fere dixerunt, quorum mens erat insana, plurimi vero convenientes et exultantes prae gaudio immodica non cessaverunt domino Jesu referre praeconia, qui tam mirabiliter operari videbatur in suo puerulo subrogando postmodum sibi martire pretioso
Traduction :
"Comme le bienheureux Melar servant dignement Dieu, était honorablement élevé durant ses années d'enfance par son 'nourricier' nommé Kerialtan, Dieu tout puissant fit par lui un admirable miracle sur lequel il est indigne de garder le silence. En effet, en été où il est naturel que les arbres fruitiers produisent et fassent mûrir leurs fruits, un certain jour de fête à l'heure de midi s'assembla la 'maisonnée' du 'nourricier' du bienheureux Melar et, se promenant en forêt par des lieux propices, cueillit quantité de noix propres à être mangées ; et chacun se fit un tas de noix qu'il présenta à l'innocent enfant comme à son seigneur. Celui-ci, l'air joyeux et heureux en recevant les noix à lui apportées, s'en saisit et les rassembla de sa main d'argent ; et, de manière surprenante, cette main d'argent commença de se replier comme si elle était de chair ; et — chose étonnante à dire — il commença de l'ouvrir et de la refermer telle une main naturelle d'os, de nerfs, de veines, de sang et recouverte de peau. Alors, ainsi que nous l'avons appris des anciens, saisissant une bonne part des noix qu'on lui avait apportées, il les jeta par 'le trou ouvert de la tarière dans la barre de la porte'. Ce que beaucoup voyant, plusieurs dirent presque qu'il plaisantait, eux dont l'esprit était malade ; mais le plus grand nombre, se rassemblant et exultant de joie, ne cessait pas de rendre grâces sans mesure au Seigneur Jésus qui était apparu agissant de façon miraculeuse au travers de Son enfant choisi, par la suite Son martyr précieux".
J'avais oublié le toponyme
Gobroidus,
*Corlroidus et je remercie Patrice, décidément lecteur attentif de mes travaux, de rappeler la suggestion d'un rapprochement entre le coudrier et l'exercice de la justice, comme il se voyait notamment chez
les Francs : quid chez les Bretons ?
La prothèse du pied gauche de Mélar est en airain, pas en argent : cette différenciation des métaux me paraît finalement assez pertinente pour aider à renforcer l'hypothèse d'une origine spécifiquement lanmeurienne, liée au pétrosomatoglyphe attribué localement à Mélar.
Les différents liens et photos vont venir nourrir le dossier que je viens de créer sur ces questions : merci.
Bien cordialement,
André-Yves Bourgès