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Rosmerta et Maia

MessagePosté: Dim 22 Fév, 2009 17:09
de Hélène21
Bonjour à tous :D ,

En Gaule, Rosmerta, parèdre de Mercure, est logiquement représentée fréquemment avec ce dieu romain. Mais il existe aussi quelques documents iconographiques et épigraphiques qui démontrent qu’elle peut aussi être considérée comme une divinité autonome.

Est-ce que Maia, sa « concurrente » d’origine italique, avec laquelle on peut parfois la confondre, est dans certains cas représentée sans Mercure ?

Cordialement.

Hélène 21

MessagePosté: Dim 22 Fév, 2009 17:57
de Muskull
Rosmerta la "Grande pourvoyeuse" peut être associée à Smertrios de même racine, l'un des épithètes du Mercure gaulois que l'on peut rattacher à Lug.
Maia, mère de Mercure selon les romains semble correspondre effectivement à la Rosmerta gallo-romaine en tant "qu'aspect" bénéfique et nourricier de la "Mère".

Pour la seconde partie de la question je ne sais pas, Patrice doit le savoir. :wink:

MessagePosté: Dim 22 Fév, 2009 18:18
de Hélène21
Petite question complémentaire :wink: :
on connait environ une trentaine d’inscriptions faisant référence à Rosmerta, mais combien sont recensées pour Maia?

Hélène21

MessagePosté: Dim 22 Fév, 2009 18:22
de Muskull
Attendons Patrice :)

MessagePosté: Mar 24 Fév, 2009 4:25
de Patrice
Salut,

Pour Maia, je n'en sais rien. Sinon, oui, Rosmerta et Maia, c'est pareil. Rosmerta semble être le nom gaulois de la déesse romaine. Laquelle est elle-même le résultat d'une fusion entre une obscure déesse romaine et son homonyme grecque mère de Hermès.
Du point de vue iconographique, on ne peut pas dire grand chose.
Selon Pierre-Yves Lambert, il est possible qu'il y ait eu une "reine (des fêtes) de Rosmerta", ce qui, il faut bien l'avouer, ressemble fort à la Reine de Mai.

A+

Patrice

MessagePosté: Mer 06 Mai, 2009 12:12
de ejds
Maia ou Maïa… et qui laissera son nom au cinquième mois du calendrier romain : Maius ou mois de mai.

J. Chevalier et A. Gheerbrant a écrit:MAÏA

Nymphe qui abritait ses amours avec Zeus dans une caverne*. Elle serait la mère d’Hermès. Dans la tradition romaine, c’est peut-être une autre Maïa que cette nymphe d’Arcadie, qui personnifiait l’éveil de la nature au printemps et qui serait devenue la parèdre d’Hermès.

La fête se célébrait en mai et peut-être a-t-elle donné son nom à ce mois. Elle représenterait une déesse de la fécondité, la projection de l’énergie vitale. Par extension, des analystes en ont fait le symbole de l’extériorisation du moi.


Dictionnaire des Symboles, Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Éditions Seghers, 1973, tome III, 414 pages, p. 165.

Une aborde du trésor de Berthouville en Normandie a été effectuée sur : Les gaulois et l'Eure. Son site archéologique est lié à un temple de Mercure (l’Hermès grec, dieu du Commerce et des Marchés, le protecteur des négociants… , et le roi des voleurs).

H.-P. Eydoux s’est emparé de cette fabuleuse histoire qui aurait pu constituer un sujet de nouvelle à la Maupassant. Il raconte avec sa faconde et verve habituelles, la découverte et mésaventures de ce trésor d’objets tous en argent (statues, vaisselle, objets de culte, d’autres étaient des offrandes — des ex-voto — apportés par les croyants et pèlerins), et des fouilles qui s’ensuivirent. Extraits : :shock:

H.-P. Eydoux a écrit:Quand la terre livre de fabuleux trésors

D'admirables chefs-d’œuvre.

----[…] Une troisième représentation divine est celle de Maia, la plus jeune des Pléiades. On parle peu de cette déesse dont la légende est, d’ailleurs, assez pauvre. Elle eut cependant le privilège de s’unir à Jupiter pour engendrer Mercure. Sa représentation découverte à Berthouville consiste en un tout petit buste de 4 centimètres de hauteur seulement — charmante figurine, d’une facture très classique.

Un grand pèlerinage

----Là s’élevait Canetonum, sur le territoire des Lexovii, (dont le nom s’est perpétué dans Lisieux), à proximité immédiate de celui de Veliocasses, dont le chef-lieu était Rouen et de celui des Éburovices (Évreux). En ce lieu, frontière entre ces trois importants peuples gaulois, existait un pèlerinage, sans nul doute de grand renom si l’on en juge par la richesse des objets constituants le trésor.

----A certaines dates, les fidèles venaient se rassembler en grand nombre auprès des sanctuaires. Ils venaient des pays des Veliocasses, des Éburovices et des Lexoviens. La paix romaine avait réconcilié ces peuples entre eux, mais ils restaient particularistes, défiants et jaloux les uns des autres. Le pèlerinage était un terrain neutre, un prétexte de rencontres.

----Bien sûr, on allait prier la divinité. Les Gallo-Romains étaient dévôts et les prêtres qui régnaient sur ces lieux étaient là, si besoin était, pour leur rappeler les pieux devoirs et, aussi, la nécessité des offrandes par lesquelles on se concilie la faveur des dieux.

----[…] C’est une chance qu’on connaisse Canetonum par des inscriptions, portées sur quelques vases du trésor, qui nous apprennent en même temps que le dieu vénéré était Mercure, associé à sa mère, la déesse Maia.

----On est frappé de la place que tenait Mercure dans la religion gallo-romaine. Le relevé des hommages à lui consacrés et qui nous sont parvenus atteint des chiffres impressionnants qui n’ont pas d’équivalent pour d’autres dieux : trois cent cinquante statues et bas-reliefs, quatre cent quarante inscriptions, sans compter de multiples traces de culte.

----A Berthouville, son temple et celui de Maia s’élevaient côte à côte. Et il était normal que Mercure, dieu de l’argent, eût son trésor sacré de vaisselle rare.

------ Image
--------- Médaillon central d'un phiale : Maia et Mercure (p. 154).


Révélations de l’archéologie, Henri-Paul Eydoux, Éditions Gautier-Languereau, 1963, 190 pages, pp. 135-157.

:ogam-th: