H.-P. Eydoux a écrit:Quand la terre livre de fabuleux trésorsD'admirables chefs-d’œuvre.----[…] Une troisième représentation divine est celle de Maia, la plus jeune des Pléiades. On parle peu de cette déesse dont la légende est, d’ailleurs, assez pauvre. Elle eut cependant le privilège de s’unir à Jupiter pour engendrer Mercure. Sa représentation découverte à Berthouville consiste en un tout petit buste de 4 centimètres de hauteur seulement — charmante figurine, d’une facture très classique.
Un grand pèlerinage----Là s’élevait
Canetonum, sur le territoire des Lexovii, (dont le nom s’est perpétué dans Lisieux), à proximité immédiate de celui de Veliocasses, dont le chef-lieu était Rouen et de celui des Éburovices (Évreux). En ce lieu, frontière entre ces trois importants peuples gaulois, existait un pèlerinage, sans nul doute de grand renom si l’on en juge par la richesse des objets constituants le trésor.
----A certaines dates, les fidèles venaient se rassembler en grand nombre auprès des sanctuaires. Ils venaient des pays des Veliocasses, des Éburovices et des Lexoviens. La paix romaine avait réconcilié ces peuples entre eux, mais ils restaient particularistes, défiants et jaloux les uns des autres. Le pèlerinage était un terrain neutre, un prétexte de rencontres.
----Bien sûr, on allait prier la divinité. Les Gallo-Romains étaient dévôts et les prêtres qui régnaient sur ces lieux étaient là, si besoin était, pour leur rappeler les pieux devoirs et, aussi, la nécessité des offrandes par lesquelles on se concilie la faveur des dieux.
----[…] C’est une chance qu’on connaisse
Canetonum par des inscriptions, portées sur quelques vases du trésor, qui nous apprennent en même temps que le dieu vénéré était Mercure, associé à sa mère, la déesse Maia.
----On est frappé de la place que tenait Mercure dans la religion gallo-romaine. Le relevé des hommages à lui consacrés et qui nous sont parvenus atteint des chiffres impressionnants qui n’ont pas d’équivalent pour d’autres dieux : trois cent cinquante statues et bas-reliefs, quatre cent quarante inscriptions, sans compter de multiples traces de culte.
----A Berthouville, son temple et celui de Maia s’élevaient côte à côte. Et il était normal que Mercure, dieu de l’argent, eût son trésor sacré de vaisselle rare.
------ --------- Médaillon central d'un phiale : Maia et Mercure (p. 154).Révélations de l’archéologie, Henri-Paul Eydoux, Éditions Gautier-Languereau, 1963, 190 pages, pp. 135-157.