On peut effectivement s’interroger sur la sinistre description des lieux en forêt près de Marseille attribuée à quelques hurluberlus avinés de passage ou aux autochtones du coin, et qui fut rasée sans crainte par César.
On ne sait pas si Lucain a vraiment mis les pieds dans ce
bois sacré ou nemeton, mais son texte est une mine pour les férus en études comparées.
Lucanus ou Lucain (39 – 65 ap. J.-C.) vécut à une époque qui subit les diverses tentatives
crescendo de la première dynastie des empereurs après César dite Julio-Claudienne (Auguste, Tibère, Caligula, pour aboutir à Claude et enfin Néron), d'éradiquer et interdire le
druidisme, ses influences politiques, sa magie et pratiques cruelles.
On peut aisément comprendre pourquoi à l’approche, et surtout sous l’occupation romaine, les Gaulois prirent la peine de se réunir parfois dans la clandestinité dans un sanctuaire naturel, à l’ombre des maquis ou sous le couvert des forêts profondes et y tenir des assemblées du culte et, ou, de révolte. Mais, improviser un autel et un rassemblement d’une grande masse de gens dans le plus grand secret paraît bien compliqué à réaliser.
Les richesses (métaux précieux sous forme de lingots, rouelles, parures, bijoux, torques, monnaie…), — et dont personne n’osait porter une main sacrilège —, accumulées dans les temples ou sanctuaires, en offrande aux dieux et à leurs représentations, firent parties du butin ramené de la guerre des Gaules de César en 46 av. J.-C.
Pour reprendre les mots de E. Thévenot, p. 107 : « [...]
Les Gaulois ont dû se représenter d’abord les dieux comme de purs esprits, sans figure ni corps. Le fait est que la Gaule indépendante ne nous a transmis aucune représentation divine assurée. On a pensé que les Druides ont pu proscrire les images matérielles de la divinité. Les tendances de l’art celtique, où régnait le style géométrique, ne favorisaient pas non plus les progrès de l’anthropomorphisme. Inversement l’exemple irrésistible des idoles adorées à Marseille et plus tard diffusées par les Romains, maitres de la Provence, devait précipiter l’évolution. Au moment de la conquête, les Gaulois en arrivaient à matérialiser leurs dieux et même à les concevoir sous forme humaine.».Jacques a écrit:mais il reste quand même le chaudron de Gundestrup.
Le chaudron de Gundestrup a été daté vers le premier siècle av. J.-C.
La zoomorphie n’explique pas non plus suffisamment cet ancestral personnage présent dans bien des cultures :
Cernunnos, « le cornu », associé aux bêtes portant des cornes taureau, bélier, cerf…
Mi homme, mi animal, était-il chaman ou sorcier, homme-médecine, dévot ou orant… d’une ou plusieurs divinités sans noms ?
Sans qu’il y est de but religieux avéré, les cimiers des guerriers sont aussi parfois rehaussés de ces encombrantes et décoratives reproductions ou parties d’animaux à cornes, à poils, à plumes... Aussi sur les hampes jouant le rôle d’enseignes militaires.