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Re: Divinités Atrébates.

MessagePosté: Mer 11 Mai, 2011 15:50
de Tri_Canauos
Bah...A chaque âge, ses passions et ses intérêts.
Peut être suis-je optimiste, mais je crois que dès lors qu'on est pas trop "idiot". Un jour ou l'autre, on fait retour vers les choses simples et vraies. Que ce soit la marche, que ce soit l'histoire de la terre sous nos pieds. Je crois que c'est une aspiration de l'humain.

Re: Divinités Atrébates.

MessagePosté: Mer 11 Mai, 2011 15:54
de Pierre
Bonjour Séléné;

Séléné.C a écrit:Faudra une bien belle fronde pour faire un jet de pierre pareil...


C'est quoi cette histoire de fronde sur le forum pour m'éjecter ? :lol: :lol: :lol:

@+Fourbos

Re: Divinités Atrébates.

MessagePosté: Mer 11 Mai, 2011 18:00
de Kambonemos
Faudra une bien belle fronde pour faire un jet de pierre pareil...


Et non pas, comme aurait pu dire Sue-Ellen dans l'épisode 243 de Dallas mais l'on s'éloigne de la Morinie... :oops:

@+

Re: Divinités Atrébates.

MessagePosté: Mer 11 Mai, 2011 18:06
de Muskull
Bonjour,
A propos de la marche à pied au néolithique et au bronze :
Ce qui délimitait un territoire tribal de l'étendue d'un village ou d'une grosse ferme (cellule sociale avec chef) si le village était centralisé, était un cercle d'environ 25 km de rayon qui correspondait au parcours maximal, aller et retour en une journée depuis le centre avant les chevaux. Au plus près du centre les cultures, plus loin des territoires de chasse mais aussi des implantations agricoles en maillage.
Cercle fluctuant bien sûr selon cours d'eau navigables, aspérités du terrain, terres cultivables.
Autour c'étaient les "autres", les étrangers, le danger...
Les alliances de ces territoires ont fait des "principautés", inventé des "sénats" pour gérer l'espace, les biens et leur défense.
C'est le schéma social le plus basique né au néolithique pour préserver la complexité sociale qui apparaissait.
On n'a rien inventé de mieux depuis ces temps où l'on a donné le pouvoir à quelques-uns en qui on avait confiance. :mrgreen:

Re: Divinités Atrébates.

MessagePosté: Sam 14 Mai, 2011 16:34
de Tri_Canauos
Jacques a écrit:
Tri_Canauos a écrit:Effectivement la baie de Canche, c'est à 35 km d'ici. Un jet de pierre en somme.

Pour atteindre la Somme, faudra un peu d'entraînement... :D



Si peu! Elle est à moins de 25 km! C'est dire si ici, c'est une terre de frontière!


Ps: J'ai commandé le dernier numéro de Archéo-Théma, ne l'ayant pas trouvé en presse.

Re: Divinités Atrébates.

MessagePosté: Mar 17 Mai, 2011 12:13
de ejds
Pierre a écrit:
Il y a très peu d'inscriptions épigraphiques dans le NPDC. Quant aux théonymes, hormis quelques divinités gréco-romaines... Rien !!!

La liste des divinités celtiques des Atrébates... c'est tout bonnement aujourd'hui, une grande page blanche :wink:

Mais pourtant ! Pour reprendre les propos d’Emile Thévenot qui nous rappelle que les inscriptions nous font connaître près de quatre cent noms (soit autant que les quelques quatre cent tribus, peuplades ou nations présentes dans les Gaules).

S’il existait des types « fondamentaux » de dieux honorés par de nombreuses tribus, chacune honorait les siens :

E. Thévenot a écrit:LA VIE MORALE ET RELIGIEUSE

Les divinités dont il va maintenant être question paraissent plus proprement gauloises. Ces divinités, nous ne pouvons songer à les passer en revue dans un si bref exposé. Pour faire sentir l’impossibilité de ce dénombrement, qu’il nous suffise de rappeler que les inscriptions nous font connaître près de quatre cent noms. Cette multiplicité est un premier caractère frappant. Elle tient à ce qu’il n’y a pas à proprement parler une religion gauloise, mais des cultes locaux ou régionaux. L’idée d’un panthéon gaulois, analogue au panthéon gréco-romain ne trouve guère confirmation. Elle est suggérée, en vérité, par le célèbre texte de César où le conquérant énumère complaisamment […].

C’est que les dieux gaulois apparaissent beaucoup moins caractérisés par les fonctions spécialisées que par l’aire d’extension de leur culte […].

Cette multiplicité des noms divins traduit le particularisme gaulois en matière de religion. Chaque tribu avait ses dieux qui, tout en ressemblant à ceux de la tribu voisine, ne leur correspondaient pas rigoureusement. Il y avait en outre des dieux de la cité. Les divinités dont le culte était le plus largement répandu intéressaient des groupes de peuples.

Quand on dresse des cartes de répartition des principales divinités, on se rend compte que chaque culte offre une densité maxima dans une région donnée.
Le dieu à trois visages se rencontre surtout dans la Gaule du nord-est et particulièrement chez les Rhèmes, d’où l’on suppose qu’il est, à l’origine, une divinité rémoise.
Le dieu accroupi dans la pose bouddhique est surtout répandu dans la Celtique du centre.
Les déesses-mères sont particulièrement vénérées en Rhénanie et chez les Trévires.
L’étrange dieu-cavalier qui surmonte un monstre anguipède trouve son expression la plus fréquente dans la région vosgienne.
Le dieu au maillet est adoré dans l’est, du sud au nord, dans les vallées du Rhône et de la Saône et dans les pays rhénans.
Chez les Eduens apparaît un couple divin composé d’un dieu au maillet et d’une déesse-mère.

Ces faits, bien mis en lumière par des travaux récents, tendent à ruiner la théorie des divinités panceltiques, échafaudée sous l’influence du texte de César. L’hypothèse de Jullian qui prêtait ce caractère à Teutatès paraît bien fragile. Il faut plutôt envisager des dieux régionaux, variables de noms et aux attributions multiples, de sorte que d’une nation à l’autre, sous des appellations diverses, on retrouve des divinités très voisines.

Et voilà comment, après la conquête, les innombrables divinités ont pu se résumer en quelques types, tels que Mercure, c’est-à-dire un dieu technicien, Apollon, un dieu guérisseur, Jupiter, un dieu du ciel.

Histoire des Gaulois, Emile Thévenot, Presse Universitaire de France, 1946, 136 pages, p. 102-3.


Du fait des alliances, des mariages, des guerres… on ne connaît pas vraiment les limites des frontières fluctuantes des peuples gaulois d'avant César.

Il est un chantier qui date, celui du Canal Seine Nord Europe. A en croire l’ampleur et la longueur des travaux et recherches archéologiques préventives, il aurait pu apporter ses promesses et lots de découvertes :

Libération, le 16 octobre 2009 a écrit:Ce chantier-là offre aux archéologues pas moins de 150 hectares d’un seul tenant (terres à blé et betterave), longé par une ancienne voie romaine… qui fut probablement une route gauloise, pile sur la frontière entre deux «cités», celles des Atrébates et des fameux Nerviens, ces Belges qui donnèrent du fil à retordre à Jules César.


La difficulté vient aussi du fait que les anciens gaulois ne sculptaient pas dans la pierre ou le bronze. Lucain précise qu'ils se contentent de troncs d’arbres informes, grossièrement taillées et périssables ; mais sans vouloir leur donner une forme humaine. Ils se servent pour conter le panthéon celtique, de mots vagues, des représentations abstraites. Au contact des Grecs et des Romains, les dieux prendront formes humaines et seront statufiés.

Les pièces de monnaies atrébates peuvent aussi être sources d’indications.

Re: Divinités Atrébates.

MessagePosté: Mer 18 Mai, 2011 1:01
de Alexandre
ejds a écrit:Ils se servent pour conter le panthéon celtique, de mots vagues, des représentations abstraites.

:?:

Re: Divinités Atrébates.

MessagePosté: Mer 18 Mai, 2011 8:10
de Pierre
Bonjour Alexandre,

Le texte de Lucain qui évoque les mornes statues, dit aussi que les noms de ces divinités ne sont pas connus. On peut éventuellement supposer, qu'elles sont invoquées de manière très allusive.

@+Pierre

Re: Divinités Atrébates.

MessagePosté: Mer 18 Mai, 2011 9:55
de Jacques
Le texte dit précisément : non nosse deos, ne pas connaître les dieux. Ce n'est pas ne pas connaître leurs noms, c'est vénérer des divinités dont on ne connaît rien ; la représentation matérielle qu'ils en font confirme la perception vague ou abstraite de ces dieux.
Par ailleurs, nulle part Lucain ne précise qu'il s'agit de Gaulois : il s'agit d'un bois sacré à proximité de Marseille, qu'il qualifie de ville grecque. (La description du bois est hugolienne avant l'heure : il présente ce lieu sous des aspects fantastiques et terrifiants).
C'est donc très localisé dans l'espace et dans le temps. Mais c'est vrai que les représentations de dieux sont rarissimes. Le Tarvos Trigaranus du pilier des nautes de Lutèce a peut-être déjà subi l'influence romaine quant à la représentation des dieux. Les statues du type Glauberg ne sont pas à priori des images de divinités ; mais il reste quand même le chaudron de Gundestrup.

Re: Divinités Atrébates.

MessagePosté: Sam 21 Mai, 2011 11:39
de ejds
On peut effectivement s’interroger sur la sinistre description des lieux en forêt près de Marseille attribuée à quelques hurluberlus avinés de passage ou aux autochtones du coin, et qui fut rasée sans crainte par César.

On ne sait pas si Lucain a vraiment mis les pieds dans ce bois sacré ou nemeton, mais son texte est une mine pour les férus en études comparées.

Lucanus ou Lucain (39 – 65 ap. J.-C.) vécut à une époque qui subit les diverses tentatives crescendo de la première dynastie des empereurs après César dite Julio-Claudienne (Auguste, Tibère, Caligula, pour aboutir à Claude et enfin Néron), d'éradiquer et interdire le druidisme, ses influences politiques, sa magie et pratiques cruelles.

On peut aisément comprendre pourquoi à l’approche, et surtout sous l’occupation romaine, les Gaulois prirent la peine de se réunir parfois dans la clandestinité dans un sanctuaire naturel, à l’ombre des maquis ou sous le couvert des forêts profondes et y tenir des assemblées du culte et, ou, de révolte. Mais, improviser un autel et un rassemblement d’une grande masse de gens dans le plus grand secret paraît bien compliqué à réaliser.

Les richesses (métaux précieux sous forme de lingots, rouelles, parures, bijoux, torques, monnaie…), — et dont personne n’osait porter une main sacrilège —, accumulées dans les temples ou sanctuaires, en offrande aux dieux et à leurs représentations, firent parties du butin ramené de la guerre des Gaules de César en 46 av. J.-C.

Pour reprendre les mots de E. Thévenot, p. 107 : « [...] Les Gaulois ont dû se représenter d’abord les dieux comme de purs esprits, sans figure ni corps. Le fait est que la Gaule indépendante ne nous a transmis aucune représentation divine assurée. On a pensé que les Druides ont pu proscrire les images matérielles de la divinité. Les tendances de l’art celtique, où régnait le style géométrique, ne favorisaient pas non plus les progrès de l’anthropomorphisme. Inversement l’exemple irrésistible des idoles adorées à Marseille et plus tard diffusées par les Romains, maitres de la Provence, devait précipiter l’évolution. Au moment de la conquête, les Gaulois en arrivaient à matérialiser leurs dieux et même à les concevoir sous forme humaine.».

Jacques a écrit:mais il reste quand même le chaudron de Gundestrup.

Le chaudron de Gundestrup a été daté vers le premier siècle av. J.-C.

La zoomorphie n’explique pas non plus suffisamment cet ancestral personnage présent dans bien des cultures : Cernunnos, « le cornu », associé aux bêtes portant des cornes taureau, bélier, cerf…
Mi homme, mi animal, était-il chaman ou sorcier, homme-médecine, dévot ou orant… d’une ou plusieurs divinités sans noms ?

Sans qu’il y est de but religieux avéré, les cimiers des guerriers sont aussi parfois rehaussés de ces encombrantes et décoratives reproductions ou parties d’animaux à cornes, à poils, à plumes... Aussi sur les hampes jouant le rôle d’enseignes militaires.

Re: Divinités Atrébates.

MessagePosté: Sam 21 Mai, 2011 23:03
de Séléné.C
Mi-homme mi animal, le cornu de Gundestrup ?

Ou bien Humain-animal-végétal ?
Pas besoin de faire un exposé sur la ressemblance entre un arbre et les bois d'un cerf...
Un cornu-cerf, ça n'est pas un cornu-bovin... Il y a une composante qui le rattache au règne végétal. Je ne dirais pas que c'est de dimension cosmique, mais "du monde vivant" en tous cas, oui.

Quand à dire si c'est un orant ou une représentation divine...
Si c'est un orant, pourquoi avoir représenté en détail le masque qu'il porte, s'il n'y a pas de représentation divine, et pourquoi même en porterait-il un ?

:| Oui, je sais, ça pourrait être pour effrayer les enfants pas sages...

Re: Divinités Atrébates.

MessagePosté: Dim 22 Mai, 2011 17:44
de Alexandre
Séléné.C a écrit:Un cornu-cerf, ça n'est pas un cornu-bovin...

Ce n'est probablement qu'une question de contexte. Seul un dieu extrêmement simple peut être représenté paré de tous ses attributs, et des dieux extrêmement simples, pour ma part, je n'en connais pas.

Re: Divinités Atrébates.

MessagePosté: Dim 22 Mai, 2011 18:38
de Muskull
Séléné.C a écrit:Mi-homme mi animal, le cornu de Gundestrup ?

Ou bien Humain-animal-végétal ?

Une face de la divinité représentant les trois règnes interpénétrés , c'est du moins l'avis de W. Kruta dans une analyse de l'art celtique laténien (cruche de Brno) qui correspondrait à l'aspect Mithra cyclique et intermédiaire avec la divinité immortelle de type Varuna.
Mythème que l'on retrouve décliné dans les dioscures, les ashvins et en plus grande déclinaison dans Romulus et Rémus, Caïn et Abel, etc, etc...
Cette même idée d'intermédiaire paisible vers la divinité suprême "toujours inquiétante" se retrouve dans le culte du "Fils", le culte marial et celui des saints. Ce dernier étant étendu à de nombreuses religions et croyances.

Re: Divinités Atrébates.

MessagePosté: Dim 22 Mai, 2011 21:19
de Séléné.C
Ben... Donc mon impression concernant les cornu-cerfs n'est pas si biscornue !

On peut la trouver dans quel ouvrage, cette analyse de W.Kruta, s'il te plait ?

Re: Divinités Atrébates.

MessagePosté: Lun 23 Mai, 2011 10:58
de Muskull
Repiqué sur un autre fil :

Muskull a écrit:Bonjour,
Petits extraits de W. Kruta dans un article de la revue "Religions et histoire" n° 10, sept. 2006
La constitution du répertoire celtique à partir d'emprunts au répertoire gréco-étrusque peut être illustré de manière exemplaire par les transformations de la palmette et de la fleur de lotus.../ Ces deux motifs donnent naissance dès le milieu du V° siècle à la "double feuille" qui constituera désormais un des thèmes les plus caractéristique de l'art celtique, attribut d'une divinité qui est représenté sous une forme humaine - le plus souvent le visage encadré d'un motif végétal - mais associé fréquemment à des traits relevant du monde animal.

Plus loin :
On découvre ainsi des ses débuts un des traits les plus originaux de l'art celtique, le mélange dans une même image d'éléments représentatifs des trois formes de vie: humaine, animale et végétale.

A propos du gui:
Observateurs très attentifs de la nature, les celtes avaient remarqué ce parasite aérien toujours vert sur des arbres dont le feuillage meurent et renaissent au rythme des cycles des saisons. Ils l'avaient donc associé aux mystères fondamentaux de la vie et de la mort: il apparaissait à leurs yeux comme d'équivalent végétal, forcément de nature divine, de l'âme immortelle de l'homme, garantie d'une nouvelle vie.