Lorsec a écrit:Il y aurait beaucoup à dire sur Dante, la Fede Santa, les Fidèles d'Amour, les Trois mondes, la Triple enceinte etc (Guénon n'y suffirait pas, non plus que le pauvre Aroux)... et leurs postérités historiques qui, tu as raison, n'intéressent pas directement ce forum...
Quoi que ! La transmission du savoir antique, des symboles de la langue sacrée de l’initiation des religions à mystères a été assurée par la tradition orale jusqu’à une époque relativement récente, et non pas exclusivement par la tradition écrite.
Aux origines d’il y a plus de trois millénaires avant notre ère à Uruk, l’écriture comptait environ 900 signes, nombres non compris. L’emploi des figures stylisées et schématisées, d’abord pictographiques, c.-à-d. représentant directement les objets du monde sensible, et qui correspondaient à des signes « mots » et à des signes « sons », était d’une évidente complication. Seul les scribes capables de former les caractères étaient aussi en mesure d’en assurer l’interprétation, et transmettaient leur art à ceux qui pouvaient l'apprendre.
Le
Dictionnaire des Symboles (Seghers) nous indique sur l’Egypte : — « Enfin, il existe une écriture secrète, de caractère essentiellement phonétique, pratiquant l’homophonie et le calembour, qui n’est accessible qu’à des initiés ou aux heureux chercheurs qui ont réussi des rapprochements avec les autres écritures et violé le secret des symboles. »
Dante, qui naquit en 1265 et fut l’un des grands précurseurs de la Renaissance italienne, s’exprima apparemment avec de grandes précautions. Son groupe connu de
Fideli d’Amore — les Fidèles d’Amour — employèrent aussi un "langage secret", codé, connu uniquement des initiés, une écriture à double sens, utilisées depuis la plus haute Antiquité et semblable entre autres à celui des troubadours. Dante indique les raisons et le type de lecture qu'il requiert dans sa lettre adressée à Can Grande della Scala, potentat de Vérone, vers 1318.
Ces sens cachés avaient des noms différents. Certains mots d’usage très courant avaient une et même parfois deux significations et qui souvent rendent confuse la signification apparente du texte. Et le sens de lecture qu’il requiert, mais encore polysème, c.-à-d. qui a plusieurs sens, et peut avoir plusieurs synonymes ou antonymes (c.-à-d. contraires ou opposés). Le premier sens est celui qu’on obtient avec la lettre, dit littéral, le second avec les choses signifiées par la lettre ou allégorique, moral ou anagogique, c.-à-d. en sens plus profond et caché.
La folie a-t-elle raison ? La raison est-elle folle ? Folie des mots qui, débridés, s’interpellent, se mettent à divaguer, dérapages incontrôlés vers d'hypothétiques histoires, coquille de noix instable et libertaire, voguant au fil de l’encre des voyages intérieurs, destinations ailleurs, gribouillage à l’emporte pièce de bric et de broc menant à l'exercice décousu de l’« écriture automatique ». Elle est à l’origine du mouvement surréaliste en 1924, dont le celtisant André Breton fut un chef de file, grand chantre défendeur de la folie. De toutes les folies !
«
SURRÉALISME, n. m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. »
Lorsec a écrit:Ses "révélations" ont bien sûr à voir avec une forme d'hypnose (on appelait cela les "Sommeils") : elle avait fréquenté les cercles organisés par Mesmer à Lyon, et son frère, Alexandre de Monspey, avait développé ses propres techniques.
A. Breton, dans ses Manifestes du surréalisme, Gallimard, 1972, 192 pages, p. 34, a écrit:
On raconte que chaque jour, au moment de s’endormir, Saint-Pol-Roux faisait naguère placer sur la porte de son manoir de Camaret, un écriteau sur lequel on pouvait lire : LE POÈTE TRAVAILLE.
Nyx enfanta
Hypnos, le dieu du sommeil. On connaît les expériences diverses dans l'Antiquité d’augure par le Sommeil, attente de l’apparition du dieu et de ses prescriptions, espoirs de guérison, oracles, inspirations…
Si l’on fait l’inventaire des mythes et mystères antiques et que l’on prend en exemple les sociétés secrètes ou sectes hermétiques modernes, sous la poussée des encyclopédistes, des philosophes, des physiciens… , la médecine du XVIIIème siècle entra de plus en plus dans le domaine de l’expérimentation et une tentative de l’observation raisonnée des phénomènes naturels.
Dr Mousson-Lanauze, dans son De l’empirisme vers la raison, Edité par la Pipérazine Midy, après 1910 (?), 100 pages, pp. 21-4 et 87 a écrit:La thérapeutique sacerdotalePuisque la médecine est d’origine sacrée, sa pratique devait nécessairement passer par les temples. Le prêtre apparaissait comme l’émanation d’un dieu, ou, tout au moins, comme ayant avec lui des rapports plus intimes que le commun des mortels. Par ses fonctions, il se trouvait appelé à exercer la médecine, c’est un phénomène commun à toutes les anciennes formules religieuses. […] Le plus célèbre et le plus connu actuellement est le temple d’Epidaure.
Ces monuments construits dans des sites remarquablement choisis, au milieu des bois qui assainissaient l’air des alentours, possédaient tous une source douée de propriétés curatives vraies ou supposées. On n’y admettait pas les femmes enceintes ; et par le respect pour le dieu, on tenait pour le dernier des sacrilèges de faire mourir en ce lieu sacré ; aussi dès qu’un malade semblait désespéré, les surveillants l’éloignaient au plus vite.
Les malades, avant d’être admis dans le sanctuaire, devaient déposer une offrande, se baigner et se soumettre à une diète rigoureuse. Introduits enfin dans la salle vers laquelle tendaient tous leurs vœux, à la nuit tombante, et dans un profond recueillement, ils psalmodient des prières. Sur des peaux de béliers, car la peau de bélier incite aux songes, ils devaient s’étendre, et gardant un religieux silence, rapidement s’endormir. Car les miracles ne se font que la nuit, et c’est la nuit seulement que les chiens et les serpents sacrés se promènent en léchant les ulcères.
Puis, tout à coup, dans ce décor solennel, au milieu de cet impressionnant silence, là-bas, tout au fond, le prêtre-dieu surgissait, escorté de jeunes filles, figurant les filles d’Esculape, Hygie et Panacée. Lentement, il faisait le tour des dormeurs, raflait soigneusement les offrandes, et à chacun dictait le traitement qu’il aurait à suivre. Ainsi préparés, sous le coup d’une émotion bien compréhensible chez de pauvres gens, remplis de foi et d’espérance, on voyait se dresser un malade subitement délivré de ses maux ; et la foule exaltée criait : « Au miracle ». Car s’était vraiment un miracle qui venait de s’accomplir, sous la poussée de la toute-puissance suggestion et d’autres miracles suivaient ; et les heureux bénéficiaires de la bienveillance divine partaient en clamant de tous côtés la puissance d’Esculape, et de nouvelles théories de malades affluaient vers les temples merveilleux.
[.../...]
La thérapeutique au XVIIIe siècleLe Baquet de Mesmer (auteur ?).
Un Viennois, Mesmer, sut habilement exploiter la crédulité et la naïveté publiques. Comme tous ses pareils de tous les pays et de toutes les époques, il eut une vogue extraordinaire. Il se posa en bienfaiteur de l’humanité. La Cour et la ville se pressaient autour de ses baquets, se soumettant avec docilité à l’influence de sa baguette magique. Pour démocratiser son traitement, il magnétisa un arbre au coin de la rue de Bondy, et le menu peuple venait chercher sous son ombre tutélaire, la guérison de tous ses maux.
Un autre charlatan, Cagliostro, se lança dans la magie, évoquant les ombres, faisant souper ensemble les vivants et les morts.
Un film a été tiré de
Mesmer et de ses pratiques thérapeutiques par le magnétisme animal, en 1994. Les seules améliorations sont les jeunes femmes qu’il aide à guérir. Ces méthodes controversées et leurs conséquences l’amèneront à quitter l’Autriche pour venir en France.
Mesmer et Cagliostro étaient Francs-maçons.
Le Martinisme« Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les Dieux. »Parmi les nombreuses doctrines occultes et spirituelles, dont s'est intéressé A. Breton, existent :
1- le martinisme théurgique fondé à Lyon vers 1754 par Joachim Martinès de Pasqually et son assemblée connue sous le nom des Élus-Coëns.
2- Puis à sa mort en 1774, le martinisme occulte ou mystique par Louis-Claude de Saint-Martin, dit le Philosophe Inconnu, sur l’idée de la «
réintégration des êtres dans leur forme première. » 3 - En 1778, Jean-Baptiste Willermoz continuera le martinisme maçonnique. Il sortit un livre sur les sommeils.
4 - En 1891, l’Ordre Martinisme moderne du docteur Gérard Encausse, dit Papus, comprend des adhérents simples et des « initiés » répartis en trois degrés (Associé, Associé Initié et le grade le plus élevé, celui de S.I. ou Supérieur Inconnu).
5 - En 1958 eut lieu le regroupement du Martinezisme, Martinisme et Willermosisme. Il fut décidé qu’à partir du 1er janvier 1960, les « Mots, Signes et Attouchements » seraient les mêmes dans les trois Ordres.
Comme nous ne sommes pas loin des illuminations de l’arbre de Noël, profitons de quelques comparaisons sur la Genèse et commentaires proches de l’invention du moteur à explosion :
Pierre. A. Riffard, L’Occultisme, Librairie Larousse, 1981, 192 pages, p. 126-7, a écrit:
Comparaisons
Bible patente / Bible latente
L’attitude d’un occultiste face à un texte est très différente de celle d’un historien. Pour l’occultiste, les mots apparents sont des idées cachées. A leur tour, ces idées contiennent des énergies obscures. On sera sensible d’une part à l’intention de l’occultiste (qui veut non pas traduire une phrase mais transmettre un message) et son habileté à trouver ce qu’il disait le mieux masqué. [...]
J.-B. Willermoz
« Instructions » (1774), cité par A. Faivre, dans In principio. Interprétations des premiers versets de la Genèse, études augustiniennes, 1973, p. 289.
C) Commentaires occultes de Genèse 1-2.
Essences spiritueuses en aspect les unes des autres dans leur état d’indifférence ayant leur véhicule inné sans action formaient le chaos. Enveloppe du chaos formé par les esprits de l’axe producteurs. Véhicule inséré dans le chaos développé et réactionné par la descente de l’esprit agent supérieur. Il n'y a point d'action sans réaction. Explosion du chaos par la retraite de l'agent majeur divin. Extension du chaos, bornes de la création fixées par les esprits de l'axe, ils entretiennent les bornes de la création — elle sert de barrière à la mauvaise volonté des premiers esprits pervers.
Texte de Willermoz qu’on peut retrouver dans ses étincelles dans
Les feuillets d 'Hermopolis.