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Re: question sur un point de tradition celtique...

MessagePosté: Mar 20 Déc, 2011 18:25
de Séléné.C
Intéressant, en effet, le livre d'Henoch...

Mais je ne vois pas, je dois dire, le point exact de raccordement entre tout ça et les documents précédents.
Trop de symboles partout. Je m'y perds.

Juste avant de déclarer forfait (manque de temps), j'ai quand même remarqué, dans l'Apocalypse, Apollon, comme maître des Abîmes, alors que chez Henoch, on a un maître des démons qui est entouré de 5 comparses qui se répartissent la charge d'enseigner aux humains la sorcellerie

Re: question sur un point de tradition celtique...

MessagePosté: Mer 21 Déc, 2011 0:35
de Alexandre
Séléné.C a écrit:Juste avant de déclarer forfait (manque de temps), j'ai quand même remarqué, dans l'Apocalypse, Apollon, comme maître des Abîmes, alors que chez Henoch, on a un maître des démons qui est entouré de 5 comparses qui se répartissent la charge d'enseigner aux humains la sorcellerie

La Bible comme source pour connaître la mythologie ? Avec déjà tous les problèmes que cause le fait d'être tributaire de l'Église...

Re: question sur un point de tradition celtique...

MessagePosté: Mer 21 Déc, 2011 0:46
de Séléné.C
En fait, je suis de plus en plus paumée, sur ce fil... On cherche des histoires de lunes ou de soleils successifs, je crois... Et même si tout ce qui a été posté est très intéressant, j'y trouve surtout de quoi nourrir ma tendance naturelle à la dispersion.
Apocalypse ou pas, je ne vois nullement d'histoire de recommencement cyclique dans Saint Jean

Quand à Apollon, j'ai été assez surprise de le croiser là... Pourtant, j'ai déjà lu plusieurs fois l'Apocalypse. C'est la première fois que je le remarque ! :? Comme quoi...

Re: question sur un point de tradition celtique...

MessagePosté: Mer 21 Déc, 2011 0:55
de Alexandre
C'est parce que ce n'est Apollon qui figure dans l'Apocalypse mais un circonstancier Apollyon - "destruction" - le terme n'est pas innocent, mais l'auteur n'a pas osé attaquer de front un dieu que les syncrétismes des premiers siècles du christianisme rapprochaient du Christ.

Re: question sur un point de tradition celtique...

MessagePosté: Mer 21 Déc, 2011 1:01
de Séléné.C
OK !
Je devais avoir les yeux usés... Ou alors, c'est parce que je devais "laisser l'écran" (on m'attendait ailleurs). Pas eu le temps de bien y revenir... Un peu les deux, sûrement.

Heu...
Si les syncrétismes d'époque rapprochaient Apollon du Christ... Cette similitude de nom, ça fait pas un peu Antéchristique ?

MessagePosté: Mer 21 Déc, 2011 15:06
de ejds
Sur le thème des livres secrets Le nom de la rose, est en rediffusion vendredi 23 décembre sur Arte. Sur fond de prophétie d’Apocalypse, un manuscrit attribué à Aristote faisant l’éloge du rire qui anéantirait la crainte de Dieu et de sa terreur.

L’énigmatique manuscrit de Voynich fait suite.

Le cheval qui a pris une très grande place non seulement dans la mythologie celtique en tant que symbole guerrier. Coursier et cavalier sont intimement liés. Il est Silène, Satyre, Centaure homme-cheval. Solaire et céleste, il tire le char solaire d’Apollon. Pégase, le cheval-oiseau franchit la mer portant Bellérophon sur son dos…

Selon les traditions, les pays, les rites, les mythes bénéfiques ou maléfiques, contes et poèmes, qui se fondent et se confondent, évoquent le cheval ne font qu’exprimer les mille et une possibilité d'élargir ou affiner cette lecture dans un contexte ou s'insérer parfois sans grand discernement dans une phrase ou un texte.

S’il s'agit d'un cheval de course ou de labeur, il est ainsi appelé au figuré, synonyme ou argot selon sa race, couleur, sexe... : bidet, bourrin, carne, canasson, coursier, dada, destrier, étalon, monture, rosse, rossinante, trotteur, griset, alezan, bourrique, jument, poulain, pouliche, poney, mustang, pur-sang, etc. On dit : c'est un bourrin, dans le sens de mauvais cheval, lourd et rétif, peu coopératif. Un étalon comme nerveux et indomptable. Un cheval de bataille. Un remède de cheval. Dire de quelqu’un qu’il est un cheval, au figuré c’est une personne de grande résistance...

Pour sursauter sur la vision anxiogène et les couleurs des quatre chevaux de l’Apocalypse de saint Jean l'Évangéliste : le blanc vainqueur, le cheval roux de la guerre, le cheval noir de la balance, le cheval pâle de la mort :

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Image Wikipedia : Enluminure du Beatus de Facundus, daté de 1047.

Saint Jean l'Évangéliste a écrit:
Ouverture des sept sceaux

Je regardai, quand l'agneau ouvrit un des sept sceaux, et j'entendis l'un des quatre êtres vivants qui disait comme d'une voix de tonnerre : Viens. Je regardai, et voici, parut un cheval blanc. Celui qui le montait avait un arc ; une couronne lui fut donnée, et il partit en vainqueur et pour vaincre.

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Quand il ouvrit le second sceau, j'entendis le second être vivant qui disait : Viens. Et il sortit un autre cheval, roux. Celui qui le montait reçut le pouvoir d'enlever la paix de la terre, afin que les hommes s'égorgeassent les uns les autres ; et une grande épée lui fut donnée.

Quand il ouvrit le troisième sceau, j'entendis le troisième être vivant qui disait : Viens. Je regardai, et voici, parut un cheval noir. Celui qui le montait tenait une balance dans sa main. Et j'entendis au milieu des quatre êtres vivants une voix qui disait : Une mesure de blé pour un denier, et trois mesures d'orge pour un denier; mais ne fais point de mal à l'huile et au vin.

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Quand il ouvrit le quatrième sceau, j'entendis la voix du quatrième être vivant qui disait : Viens. Je regardai, et voici, parut un cheval d'une couleur pâle. Celui qui le montait se nommait la mort, et le séjour des morts l'accompagnait. Le pouvoir leur fut donné sur le quart de la terre, pour faire périr les hommes par l'épée, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre.


Des quelques pages suivantes dédiées à la symbolique et couleur du cheval :

J. Chevalier, A. Gheerbrant, Dictionnaire des Symboles, Éditions Seghers, tome I, 1973, 398 pages, pp. 350-363, a écrit:
Les chevaux de la mort

3. La valorisation négative du symbole chtonien fait, elle, du cheval, une Kratophanie infernale, une manifestation de la mort, analogue à la faucheuse de notre folklore. En Irlande, le héros Conal I Cernach possède un cheval à tête de chien le Rouge de Rosée, qui déchire le flanc de ses ennemis. Les chevaux de Cúchulainn, le Gris de Macha (c'est le roi des chevaux d'Irlande) et le Sabot Noir, ont une intelligence humaine : le Gris refuse de se laisser atteler au char du héros qui se prépare pour son dernier combat, et il verse des larmes de sang ; un peu plus tard, il guidera le vengeur Conal I Cernach, vers le corps de son maître ; le Noir, lui, va se noyer de désespoir.

Les chevaux de la mort, ou présage de mort, abondent, de l'Antiquité grecque au Moyen Age et s'étendent à tout le folklore européen. […]

La plupart de chevaux de la mort sont noirs, tels Charos, Dieu de la mort des Grecs modernes. […] Mais il en est aussi de pâles, de blêmes, que l’on confond souvent avec le cheval blanc ouranien, dont la signification est exactement contraire. Si ces chevaux blêmes sont parfois dits blancs*, il faut entendre par là la blancheur nocturne, lunaire, froide, faite de vide, d’absence de couleurs, tandis que la blancheur diurne, solaire, chaude, est elle, pleine, faite de la somme des couleurs. Le cheval blême est blanc comme un suaire, ou un fantôme. Sa blancheur est voisine de l’acception courante du noir : c’est la blancheur du deuil, telle que l’entend le langage commun, lorsque l’on parle de nuits blanches ou de blancheur cadavérique. C’est le cheval pâle de l’Apocalypse, le cheval blanc présage de mort dans les croyances allemandes et anglaises.

Les chevaux de mort ou de cauchemar hantent le folklore celtique : le March-Malaen (malaen : latin Malignus) est un des trois fléaux de l'île de Bretagne. Les Kelpies d'Ecosse sont des chevaux-démons et le folklore breton est rempli d'anecdotes ou de contes relatifs à des chevaux diaboliques, qui égarent les voyageurs ou les précipitent dans des fondrières ou des marais. Les chevaux noirs, dans ces contes, sont le plus souvent soit le diable, soit un démon, soit un damné, soit une âme en peine, ou bien ils sont la monture d'un héros de ces chasses maudites, tout à l'heure évoquée par Ronsard, et dont le plus célèbre est sans doute le roi Arthur, condamné à poursuivre dans une course sans fin un gibier inaccessible. [...]

On a vu que ce cheval sacrifié annuellement à Rome était consacré à Mars. Le Guerrier, en effet, participe des deux plans ouranien et chtonien ; semeur de mort, infernal dans sa lutte, il s’élève aux cieux, par son triomphe ou son sacrifice. Ce cheval-guerrier est omniprésent dans les épopées celtiques. Il est souvent caractérisé par sa robe alezane, couleur de feu. On a retrouvé dans un trésor celtique, à Neuvy-en-Sullias (Loiret), un cheval votif accompagné d'une inscription au dieu Rudiobus (le Rouge) : c'est le cheval roux de l'Apocalypse, annonciateur de guerre et d'effusion de sang.

Le dictionnaire date quelque peu. Sur la découverte d'objets en bronze faite à Neuvy-en-Sullias, au lieu de dire : "trésor celtique", l’auteur aurait été plutôt avisé de dire "trésor gallo-romain trouvé en territoire celtique". Et plutôt : "cheval roux qui fait penser à l'un des quatre cités dans l’Apocalypse de st Jean". L'imposant fringant cheval, bridé, prêt à être monté à cru, la jambe avant gauche levée/pliée comme acte de soumission, cette œuvre serait un ex-voto destiné à être porté sur un socle durant les processions. La dédicace n'a rien de celtique et pourrait être dédiée à une divinité locale. Rouge, roux en latin se dit russus, rufus, ruber ; rouge vif : rubicundus ; rouge foncé, rouge-brun : rubidus ; ocre rouge : rubrica

J. Chevalier et A. Gheerbrant, Dictionnaire des Symboles, Éditions Seghers, 1973, tome IV, 448 pages, p. 128, a écrit:
ROUGE

3. […] Hormis quelques comparaisons relatives à la beauté corporelle, le rouge est toujours, en Irlande par exemple, la couleur guerrière par excellence et le vocabulaire gaélique connaît deux adjectifs très courants pour le désigner : derg et ruadh. Les exemples existent par centaines, si ce n'est par milliers, et le Dagda dieu-druide, est dit Ruadh Rofhessa rouge de la grande science. Quelques textes, dont surtout le récit de la destruction de l'Auberge de Da Derga connaissent encore des druides rouges ; ce qui est une référence à leurs capacités guerrières et à la double fonction qui leur est assignée, à la fois de prêtres et de guerriers.

La Gaule a honoré de son côté un Mars Rudiobus et un Rudianus (rouge) (WINI passim OGAC, 12, 452-458).


Image
Image : Wikipedia

Image
Image : jfbradu.free.fr

Selon le Rapport de M. Mantellier :

AVG . RVDIOBO . SACRVM
CVR CASSICIATE D S Ρ D
SER . ESVMAGIVS . SACROVIB . SERIOMAGLIVS . SEVERVS
F C


AVG[usto] . RVDIOBO . SACRVM
CVRtia (ou CVRator)] CASSICIATE D[e] S[ua] P[ecunia] D[edicavit] (ou Dedit])
SER[vius]. ESVMAGIVS. SACROVIB. SER[vus]IOMAGLIVS. SEVERVS
F[aciendum] C[uraverunt]

Consacré à Rudiobus Augustus. La curie (ou le curateur) Cassiciate l’a dédié de ses deniers. Servius Esumagius, Sacrovib, Servus Iomaglius Severus l’ont fait exécuter.

Une autre interprétation a été proposée.

Re: question sur un point de tradition celtique...

MessagePosté: Mer 21 Déc, 2011 15:29
de Sedullos
Salut,
Le texte extrait du Dictionnaire des symboles est de Le Roux et Guyonvarc'h.