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Re: Musée St Germain-en-Laye : Les Gaulois reviennent !

MessagePosté: Lun 12 Mar, 2012 13:37
de Kambonemos
Bonjour,

Tu parles de la représentation de la guerre au XIXe s. ou de la guerre ?
De la guerre au XIXe s., et à bien des égards, elle répond à l'idée que l'on se faisait de la guerre chez les Gaulois : assauts frontaux, et armes blanches au clair ; les soldats français de la guerre de Crimée, sont décrits comme plus joyeux et moins disciplinés que leurs homologues britanniques. Je te rejoins cependant sur cette triste réalité : la guerre est d'une sauvagerie sans borne quelles que soient les périodes.

@+

Re: Musée St Germain-en-Laye : Les Gaulois reviennent !

MessagePosté: Lun 12 Mar, 2012 13:57
de Séléné.C
"Ceux qui sont experts dans l'art de la guerre soumettent l'armée ennemie sans combat." Sun Tzu
(ni celte, ni XIX°, mais c'est une vision de la guerre quand même... Mais pas souvent celle qui domine.)

Re: Musée St Germain-en-Laye : Les Gaulois reviennent !

MessagePosté: Mar 13 Mar, 2012 13:39
de Kambonemos
Pour l'anecdote : un des rares qui ait mis en pratique cette sentence, est ce foux furieux de Général Lasalle qui déclarait par ailleurs : "j'aime la guerre comme une femme". Mais, revenons à nos chers Gaulois : ejds a émis cet avis :
on y trouve celui d’un chef gaulois rétrogadé dans le rôle d’un simple porteur d’enseigne au sanglier.
Qu'est-ce qui permet d'affirmer cette "rétrogradation" de rang ? Je suis pour l'heure un peu éloigné de ma base et je n'ai pas fait l'inventaire, mais la numismatique gauloise révèle des "personnalités" importantes (chefs, rois) tenant souvent à main droite une enseigne de clan ou guerrière (sanglier).

Merci pour toute précision apportée...

@+

Re: Musée St Germain-en-Laye : Les Gaulois reviennent !

MessagePosté: Mar 13 Mar, 2012 14:56
de Sedullos
Salut,
Oui, sur plusieurs monnaies des chefs gaulois importants portent l'enseigne et/ou le carnyx.
Ceci étant, les monnaies au nom de Vercingétorix figurent une amphore vinaire ce qui n'en fait pas pour autant un marchand de vin. Matthieu Poux a expliqué explique qu'il fallait plutôt y voir un chef maître de la richesse symbolisée par le banquet où coule le vin...

Re: Musée St Germain-en-Laye : Les Gaulois reviennent !

MessagePosté: Mar 13 Mar, 2012 22:36
de Kambonemos
Bonjour Sedullos et merci pour ton intervention, j'ai bien compris pour Vercingétorix, le généralissime. En vérité, je m'interrogeai sur la tournure de phrase d'ejds qui me paraît négative, voire ironique ; je pensai qu'il avait tiré ce sentiment de quelque vieux grimoire attestant qu'un chef ne pouvait sans se "dégrader" s'exhiber avec une enseigne... Il nous le dira sans doute. Pour ma part, je suis enclin à penser qu'arborer les insignes de sa tribu, de sa classe, avait sans doute une connotation honorifique et gratifiante ; les monnaies d'argent des Pictons nous montrent des guerriers bien équipés (cuirasse, casque, bouclier, lance mais pas d'épée [?]) et elles sont reconnues pour représenter des chefs dont les noms figurent sur les pièces (vers 60-50 av. JC) ; de même pour Ambiorix (je crois), qui lui est tête nue et ne porte pas d'épée, mais ce n'est pas très net ; enfin la monnaie d'argent des Arvernes qui fait écho a un rare pétroglyphe transalpin, montre encore un personnage puissant, un chef, qui tient une enseigne main droite, un bouclier rond et une lance main gauche, et porte son épée à gauche [d'où mon interrogation à un moment sur Sédulle ou Sedullus si vous préférez]... Pourquoi se faire représenter sur une pièce de monnaie qui va circuler, avec une enseigne, si cela était une marque de "rétrogradation"? :s49:

@+

Re: Musée St Germain-en-Laye : Les Gaulois reviennent !

MessagePosté: Mer 14 Mar, 2012 13:02
de Sedullos
Salut,
La monnaie arverne est une des deux séries du chef Epadnactos, le matériel présenté est romain : l'enseigne et le bouclier rond, une parma. Il constitue un des signes les plus évidents du ralliement d'Epadnactos à César, qui s'ajoute à son choix de livrer Lucterios aux Romains.

Je ne suis pas sûr que les chefs, en dehors des représentations monétaires, portaient eux-mêmes l'enseigne, cette tache devait être confiée à des officiers, idem pour le carnyx. Il n' y aucune rétrogradation :mrgreen: à porter l'enseigne, ce devait être un honneur et une mission dangereuse.

Mille ans plus tard et chez les Scandinaves, nous avons le récit pittoresque de la Bataille de Clontarf, en 1014 aux environs de Dublin : les porteurs successifs de la bannière au corbeau, celle du jarl (comte) Sigurd des Orcades, meurent les uns après les autres, sous les coups des guerriers de Brian Ború. cf La saga de Njall-le-Brûlé .

PS Oui je préfère Sedullus :s127:

Re: Musée St Germain-en-Laye : Les Gaulois reviennent !

MessagePosté: Mer 14 Mar, 2012 13:41
de Séléné.C
Et en plus, tu as trouvé un GIF gaucher !

MessagePosté: Ven 16 Mar, 2012 11:32
de ejds
On peut imaginer, le petit chef du village de mauvaise humeur ce matin là, porteur de l’enseigne animalière militaire agitée à bout de bras et pour quelques faits divers (vaches errantes et volées, chien préféré mangé… ), échauffant quelques têtes brûlées de venir à sa suite se défouler et régler leur compte une énième fois à ceux de l’autre côté de la rivière. Au retour, peut-être aussi en tant que mélomane, pincer la harpe pour se calmer lui et son monde.

Les assemblées de dignitaires représentant leurs peuples, acquis ou non à la cause de Vercingétorix, devaient être particulièrement animées et houleuses. On peut aussi imaginer ce même Vercingétorix, en tant que plausible tavernier ou marchand en gros import-export (vin, huile, denrées alimentaires…) lors des ses réunions parmi sa clientèle haranguant la foule pour mieux confirmer pour mieux son adhésion à la cause. Et pour plus d’effet dramatique, ajouter la gestuelle à la parole, traduire sa colère en sabrant le col de l’amphore, comme il aurait s'agit d'un mouton ou d’un Romain. Il aurait aussi bien pu brandir le premier objet qui lui tombe sous la main : une enseigne, mais pourquoi pas aussi un casque, armure, carnyx, épée, bouclier, lance, hache, épée, poignard… Panoplie de victoire, ou à contrario de défaite, qu'on finira par retrouver en trophées sur nombre de pièces de monnaies romaines :

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10. Jules César. 48-47 avant JC.
sacra-moneta.com

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sacra-moneta.com

L’évolution de la monétique gauloise et l’ajout de l’écriture nous livre un peu, parfois beaucoup de sens et contre sens de lecture étriquée ou élargie, mais aussi insuffisamment sur l’ajout d’objets et symboles au caractère abstrait.

Sans compter celles qui auraient pu être emportés par les fuyards, le sujet sur le nombre d’enseignes gauloises capturées par les légions dans les guerres romaines, ou par César à Alésia, a déjà été abordé.

Les troupes gauloises se sont adaptées dans l’art militaire pour trouver une certaine cohésion, organisation, discipline, technique et tactique face aux légions et il s’en est fallu souvent de peu, pour obtenir la victoire.

Si le chef gaulois reçoit les pleins pouvoirs et devient le détenteur de l’autorité civile et, ou, militaire, il me semble qu’une insuffisance d’informations ou qu’aucun texte antique ne permettent de confirmer ou infirmer qu’il était le porteur de l’enseigne militaire (— équivalant au porte-drapeau actuel lors des cérémonies ou défilés militaires, et il y a peu en avant lors des batailles —), pas plus du carnyx, durant l’action et le tumulte des combats. Plus certainement d'un ensemble d'aides de camp, éclaireurs, estafettes, fantassins ou cavaliers de confiance et de compétence… , réunis au sein d’un état-major, qui devaient le tenir au courant des événements, et répercuter ses ordres aux troupes à pied ou à cheval, par le geste, le son de la voix ou d’un puissant instrument à vent : — « A l’attaque, volte-face, battez en retraite… ! » Mais surtout de visu de loin, par différents types d'enseignes militaires, gonfanons ou étendards de combat en étoffe chiffrée (vexillum) et correspondant en unités ou cohortes, organisées sur un principe militaire gaulois appris, amélioré et apprécié lors des précédentes batailles avec les Romains ou du mercenariat durant les grandes confrontations du monde hellénique ou du Moyen-Orient : Grèce, Egypte…

Ces préposés étaient affectés et habilités à conserver, manipuler, entretenir ces instruments aussi fragiles qu’encombrants et pour certains lourds à porter et utiliser. Comme le signale Sedullos, ces indispensables porteurs de moyens de communication devaient aussi être les cibles prioritaires à capturer ou à abattre lors des affrontements. Pour la légion la perte d’un de ces signes militaires était vu comme une haute négligence mettant en danger l'issue de la bataille, et punissable parfois de mort. D’après Tite-live, l’on jetait parfois des étendards parmi l’ennemi pour stimuler l’ardeur des légionnaires.

Il fût un temps où un simple faisceau de foin, placé à l'extrémité d'une perche, était l'enseigne d'un manipule, puis une lance surmontée d'une figure en bois, parfois d'une main, en dessous un bouclier sur lequel était représenté quelque divinité guerrière (Mars, Minerve... ), puis l'image de l'empereur.

Les soldats attestaient leurs serments sous les étendards qu'on honorait d'un culte religieux. La légion dans ses camps les déposait dans une tente comme dans un lieu sacré. Chacun y laissait en sûreté une certaine partie de sa solde.

A lire aussi : LA VIE PRIVÉE DES ANCIENS, par René Ménart.

MessagePosté: Ven 20 Avr, 2012 11:41
de ejds
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Pour infos sur ce superbe « chef gaulois », qui défie du regard le cavalier romain,toujours par Frémiet, et dont le musée rappelle qu’il amalgame plusieurs époques : le casque et l’armure datent de l’âge du Bronze, l’épée et la francisque sont mérovingiennes, les braies du cavalier moyenâgeuses…

Inspiration reprise, par exemple aussi en mouvement et la clameur, sur l’illustration de la bande de joyeux drilles de Job, "France, son histoire contée et imagée", Georges Montorgueil (vers1920). Le deuxième casque à cornes et à roue et le dernier s’inspirent de ceux figurés sur les bas-reliefs d’Orange.

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Unr petite visite virtuelle du musée, cela vous tente (même avec d'agaçants bruits de fond ?) :

maison-histoire.fr a écrit:
Visite virtuelle des chefs d’œuvre gaulois

La Maison de l’histoire de France s’associe à la réouverture de l’aile gauloise du musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye en proposant une visite virtuelle des cinq salles consacrées à ce thème.

Cent cinquante ans après la création du musée par Napoléon III, 1 350 objets sont présentés, dont un tiers pour la première fois. Cinq siècles de l’histoire de la Gaule, du Ve au Ier siècle avant notre ère, sont balayés au travers de 5 salles entièrement refaites. De la Gaule des origines à celle de Vercingétorix la vie quotidienne, les cultes aussi bien que les batailles sont évoquées au fur et à mesure du parcours. La salle VIII présente quant à elle grâce à des sculptures et des reconstitutions l'intérêt et l'apport de Napoléon III pour l'archéologie gauloise. Plus de soixante objets exposés sont ici présentés en détail.

http://www.visite-virtuelle-man.maison- ... nexe/intro

Re: Musée St Germain-en-Laye : Les Gaulois reviennent !

MessagePosté: Lun 03 Sep, 2012 8:43
de ejds
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Bustes du XIXe siècle, objets exposés le 12 mai 1867 à l’ouverture du musée, machine de guerre, plans de fouilles, plans originaux et inédits de l’architecte Millet, racontent l’histoire du musée, celle de la recherche archéologique gauloise et invitent le public à visiter les salles rénovées.

Deux bonnes nouvelles !!

Prolongation de l'exposition temporaire jusqu'au lundi 8 octobre 2012 :

L'exposition « Les Gaulois du XIXème au XXIème siècle » est prolongée jusqu'au 8 octobre 2012. Les visiteurs sont invités à découvrir les salles d'archéologie gauloise entièrement rénovées. 1350 objets présentés au public, dont un tiers pour la première fois, racontent , du Vème au Ier siècle avant notre ère, la vie quotidienne des Gaulois jusqu'à la dernière grande bataille de Vercingétorix et des tribus gauloises à Alésia.

Visite gratuite :

A l'occasion des journées européennes du Patrimoine, le samedi 15 et le dimanche 16 septembre, le musée ouvre ses portes gratuitement et propose aux visiteurs de découvrir exceptionnellement, des espaces du château et du domaine rarement accessibles, les décors cachés de certains objets.