On peut imaginer, le petit chef du village de mauvaise humeur ce matin là, porteur de l’enseigne animalière militaire agitée à bout de bras et pour quelques faits divers (vaches errantes et volées, chien préféré mangé… ), échauffant quelques têtes brûlées de venir à sa suite se défouler et régler leur compte une énième fois à ceux de l’autre côté de la rivière. Au retour, peut-être aussi en tant que mélomane, pincer la harpe pour se calmer lui et son monde.
Les assemblées de dignitaires représentant leurs peuples, acquis ou non à la cause de Vercingétorix, devaient être particulièrement animées et houleuses. On peut aussi imaginer ce même Vercingétorix, en tant que plausible tavernier ou marchand en gros import-export (vin, huile, denrées alimentaires…) lors des ses réunions parmi sa clientèle haranguant la foule pour mieux confirmer pour mieux son adhésion à la cause. Et pour plus d’effet dramatique, ajouter la gestuelle à la parole, traduire sa colère en sabrant le col de l’amphore, comme il aurait s'agit d'un mouton ou d’un Romain. Il aurait aussi bien pu brandir le premier objet qui lui tombe sous la main : une enseigne, mais pourquoi pas aussi un casque, armure, carnyx, épée, bouclier, lance, hache, épée, poignard… Panoplie de victoire, ou à contrario de défaite, qu'on finira par retrouver en trophées sur nombre de pièces de monnaies romaines :
10. Jules César. 48-47 avant JC.sacra-moneta.com sacra-moneta.comL’évolution de la monétique gauloise et l’ajout de l’écriture nous livre un peu, parfois beaucoup de sens et contre sens de lecture étriquée ou élargie, mais aussi insuffisamment sur l’ajout d’objets et symboles au caractère abstrait.
Sans compter celles qui auraient pu être emportés par les fuyards, le sujet sur le nombre d’
enseignes gauloises capturées par les légions dans les guerres romaines, ou par César à Alésia, a déjà été abordé.
Les troupes gauloises se sont adaptées dans l’art militaire pour trouver une certaine cohésion, organisation, discipline, technique et tactique face aux légions et il s’en est fallu souvent de peu, pour obtenir la victoire.
Si le chef gaulois reçoit les pleins pouvoirs et devient le détenteur de l’autorité civile et, ou, militaire, il me semble qu’une insuffisance d’informations ou qu’aucun texte antique ne permettent de confirmer ou infirmer qu’il était le porteur de l’enseigne militaire (— équivalant au porte-drapeau actuel lors des cérémonies ou défilés militaires, et il y a peu en avant lors des batailles —), pas plus du carnyx, durant l’action et le tumulte des combats. Plus certainement d'un ensemble d'aides de camp, éclaireurs, estafettes, fantassins ou cavaliers de confiance et de compétence… , réunis au sein d’un état-major, qui devaient le tenir au courant des événements, et répercuter ses ordres aux troupes à pied ou à cheval, par le geste, le son de la voix ou d’un puissant instrument à vent : — « A l’attaque, volte-face, battez en retraite… ! » Mais surtout de visu de loin, par différents types d'enseignes militaires, gonfanons ou étendards de combat en étoffe chiffrée (
vexillum) et correspondant en unités ou cohortes, organisées sur un principe militaire gaulois appris, amélioré et apprécié lors des précédentes batailles avec les Romains ou du mercenariat durant les grandes confrontations du monde hellénique ou du Moyen-Orient : Grèce, Egypte…
Ces préposés étaient affectés et habilités à conserver, manipuler, entretenir ces instruments aussi fragiles qu’encombrants et pour certains lourds à porter et utiliser. Comme le signale Sedullos, ces indispensables porteurs de moyens de communication devaient aussi être les cibles prioritaires à capturer ou à abattre lors des affrontements. Pour la légion la perte d’un de ces signes militaires était vu comme une haute négligence mettant en danger l'issue de la bataille, et punissable parfois de mort. D’après Tite-live, l’on jetait parfois des étendards parmi l’ennemi pour stimuler l’ardeur des légionnaires.
Il fût un temps où un simple faisceau de foin, placé à l'extrémité d'une perche, était l'enseigne d'un manipule, puis une lance surmontée d'une figure en bois, parfois d'une main, en dessous un bouclier sur lequel était représenté quelque divinité guerrière (Mars, Minerve... ), puis l'image de l'empereur.
Les soldats attestaient leurs serments sous les étendards qu'on honorait d'un culte religieux. La légion dans ses camps les déposait dans une tente comme dans un lieu sacré. Chacun y laissait en sûreté une certaine partie de sa solde.
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