Contrairement à des idées reçues, la légende arthurienne ne fait pas partie du répertoire folklorique de la Bretagne, malgré le fait que la forêt de Brocéliande est une des localisations principales des romans arthuriens. Cette légende n'est que peu présente dans la littérature bretonne, mais elle rassemble un grand nombre de récits ou d'oeuvres littéraires françaises, anglaises ou encore allemandes et qui traitent de ce que l'on appelle la "matière de Bretagne". La plus grande majorité de ces oeuvres datent du Moyen-Age.

Remontons au XIIe siècle, au temps des troubadours et des trouvères ; Aliénor d'Aquitaine se marie une première fois avec le roi de France. Deux filles naissent, la comtesse de Blois et Marie de Champagne. Cette dernière, adorant les romans, en commande à Chrétien de Troyes qui s'inspire alors des légendes celtiques et crée "le cycle des chevaliers de la table ronde".

Ces différents romans arthuriens racontent, avec bien sûr de nombreuses variantes et digressions, les aventures du roi Arthur et de ses chevaliers dans un thème central : la quête du graal, un vase énigmatique qui contient le sang de Jésus Christ et qui peut être retrouvé que par un chevalier pur et sans tache. Ce chevalier devra se montrer fort dans toutes les épreuves qui lui seront dressées, mais c'est le prix à payer pour délivrer le royaume de Bretagne des enchantements et de la stérilité. Il faut également ajouter à ce thème central des exploits innombrables que les chevaliers de la Table Ronde accomplissent par le seul amour de la démesure, ce qui en fait des héros. De même, ces récits comprennent les ambiguïtés et zones d'ombre de la naissance d'Arthur et de sa soeur Morgane, qui l'accueillera en Avallon lorsque le légendaire roi sera mortellement blessé lors de sa dernière bataille. A cela on ne doit pas oublier non plus les mésaventures de Merlin et de Viviane dans la prison du Val sans Retour.

On peut retenir de tout cela que la légende arthurienne est une véritable littérature, complète mais aussi parfaite. Pendant des siècles, elle a nourri aussi bien des rêves politiques de petites nations celtiques du Moyen-Age (Bretagne, Pays de Galles) que les ambitions des plus grandes familles régnantes d'Europe occidentale.

Les Celtes ont longtemps été considérés comme des barbares, donc peu de personnes arrivent à admettre que les origines de la quête du graal sont celtiques, bien que très vite cachées par l'ésotérisme chrétien médiéval. Le point de départ des thèmes arthuriens est principalement situé en Bretagne armoricaine et au Pays de Galles. En revanche, l'Irlande ne laisse pas de trace : elle n'a jamais exporté sa mythologie, considérée comme histoire nationale par les filid.

Le roi Arthur peut à l'origine porter un nom d'origine latine (Artorius) et peut avoir régné vers les Ve et VIe siècles ap JC. Cependant, on est certain que l'origine est celtique : Arthur et Merlin sont respectivement un roi et un druide, et représentent donc l'organisation sociale des Celtes avant l'arrivée des Romains. Arthur, dans le domaine celtique brittonique est équivalent au Roi du Monde, et Gwenhyfar, son épouse, peut être la personnification de la souveraineté, comme la reine Medb en Irlande.