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Le Dagda
César lui attribue l'empire du ciel. Il est donc comparable
à Jupiter. Dans la tradition irlandaise, il prend le nom du Dagda,
littéralement le "dieu bon", non pas au sens de miséricordieux, mais au sens
de bon en tout : habile et fort dans chaque activité, de la guerre à la magie
en passant par la musique et la poésie. C'est aussi le dieu-druide, qui possède
trois attributs directs ainsi qu'un attribut indirect :
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le chaudron d'abondance :
c'est un prototype préchrétien du Graal médieval.
On le retrouve d'ailleur en tant que Saint Graal dans les légendes
arthuriennes. Le chaudron ne se vide jamais, et celui qui s'y présente
est tout de suite rassasié. Lorsque les Milésiens
triomphent des Túatha Dé Dánann lors de la dernière
invasion (voir rubrique légendes/livre des invasions) et
que ces derniers se retirent dans l'Autre Monde, le Dagda fait l'acquisition
d'un cochon magique aux propriétés similaires à
celles de son chaudron : le cochon peut être tué et
mangé un jour et revenir à la vie le lendemain, prêt
à être tué et mangé de nouveau. Ainsi,
le chaudron symbolise la vie et l'hospitalité des Celtes,
mais c'est aussi un instrument de résurection dans lequel
on jette les morts et où ils sortent vivants.
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la masse ou massue:
elle symbolise son pouvoir du dieu de la vie et de la mort. Elle
peut écraser d'un seul coup jusqu'à neuf hommes dans ce monde avec
la plus grosse des deux extrémités, et les ressusciter
par l'autre dans l'Autre Monde. Elle est si lourde qu'il faut huit
hommes pour la porter et elle laisse dans le sol un sillon qui peut
servir de frontière entre les deux mondes. Dans les légendes
arthuriennes, on la retrouve sous la forme d'une lance.
la roue :
il s'agit en général d'une roue à huit rayons, c'est à dire autant
que les fêtes subdivisant le cycle annuel des Celtes en périodes
régulières. C'est l'attribut indirect du Dagda, possédé
par un de ces avatars, le druide aveugle Mog Ruith (serviteur
de la roue). C'est la roue cosmique de l'apocalypse irlandaise :
elle rend sourd celui qui l'entend, aveugle celui qui la regarde
et tue celui sur qui elle tombe.
Ainsi, le Dagda est un des grands chefs des Túatha
Dé Dánann. Pour les Celtes, il en est le roi, le père de
tous (Eochaid Ollathair), le seigneur de la parfaite connaissance (Ruad
Rofhessa). Il est le maître de tous les dons. On le décrit
comme un homme ventru, laid et grossier, à la démarche maladroite.
Il s'habille comme un paysan, porte des sandales et une tunique courte à
capuchon. On dit que cette dernière est parfois si courte qu'elle laisse
entrevoir ses fesses. On peut trouver ici le témoignage de ses prouesses
sexuelles, les Celtes y attachant beaucoup d'importance. Le Dagda est
insatiable (voir la rubrique légendes/livres des invasions). Il rapproche
les dieux et les hommes en manifestant ses pouvoirs surnaturels sous une forme
ordinaire, voire vulgaire et presque comique, mais que le peuple peut facilement
comprendre. On peut le rapprocher du dieu norvégien Thor, aux
appétits très humains mais fort respecté.
Le Dagda est le père de Brigit
(Minerve irlandaise). Par son union avec Boann, il devient
aussi le père d'Aengus mac in Og (ou Oengus ou
encore Mac Oc), le "jeune dieu" que l'on retrouve dans
de nombreuses légendes et qui est assimilable à l'Apollon
celtique dans cet aspect de jeunesse. Pour mettre au monde ce dernier,
il a arrêté le soleil, symbole. Il a donc créé
son fils en un jour long de neuf mois.
Ainsi, c'est le dieu de l'éternité :
il est alors le maître des éléments air, eau, terre
et feu. Dans la mesure où le soleil voit tout, il sait par conséquent
tout ce qui se produit sur terre : aucune irrégularité, aucune défaillance
ne lui échappe, et c'est la raison pour laquelle on l'invoque, non seulement
pour s'assurer santé et prospérité, mais aussi à l'occasion des serments.
Le Dagda perpétue la tradition indo-européenne par sa fonction
de dieu des contrats, qu'il viole assez régulièrement.
Un dieu comparable au Dagda est Taranis.
Taranis est d'un côté un dieu père, une sorte de Jupiter
muni de la foudre ("taran", tonnerre), et de l'autre un dieu
sanguinaire exigeant son tribut de têtes humaines. La foudre l'assimile
justement à la germanique Donar et à déesse
védique Indra, toutes deux liées à Uranus et particulièrement
proches de la classe de l'aristocratie guerrière.
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Un autre surnom du Dagda est Teutates.
Il semble renvoyer à la fécondité, à la richesse et au passage dans
l'au-delà, mais sa spécialité reste la bataille dont il sort toujours
vainqueur.
Les prisonniers de guerre lui sont sacrifiés par des
méthodes extrêmement cruelles : noyés dans un tonneau ou massacrés dans
un chaudron de bronze par de vieilles prêtresses vêtues de blanc (n'ayant
accès qu'à la divination), qui tirent ensuite des présages
de l'examen de leur sang.
Teutates est décrit comme un guerrier conduisant
un char et armé d'une lance, d'une épée, d'un bouclier et d'un casque
à cornes avec lequel il rassasie quiconque s'en approche. C'est encore
une trace du chaudron typique de l'abondance.
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