Bituna - 5202 - L'encyclopédie

Bituna - Nom gaulois identifié sur quatre inscriptions du sud de la France, respectivement découvertes à Agde (Hérault), au sanctuaire de La Capte (Hyères, Var), Saint-Alban-du-Rhône (Isère) et Septèmes-les-Vallons (Bouches-du-Rhône). Trois de ces localités ont été des possessions massaliotes, pourtant ce nom est bel et bien gaulois. Selon X. Delamarre, il s'agirait d'un composé en *bitu-no-, avec *bitu-, qui signifie "vie, monde d'en haut", mais également "toujours". Ce même linguiste interprête l'ensemble de ce composé comme un équivalent du nom latin perpetuus, et le traduit par "la perpétuelle" (Delamarre, 2007 ; 2019). Les variantes Bitunus, Bitunio(?) et Bitunia sont également attestées.

Chez les Massaliotes

Cet anthroponyme apparaît en caractères grecs, sur peson de fuseau découvert sur le site hellénistique d'Agatha Tychê, l'actuelle ville d'Agde, lors des fouilles menées place Molière en 2013-2014. Selon toute vraisemblance, ce peson de fuseau remonterait au III^e s. av. J.-C. (Pardies & Ugolini, 2014 ; Pardies et al., 2015).
Le peson de fuseau d'Agde
Dessin d'après C. Pardies et al. (2015).

Un graffite rédigé en caractères grecs, daté de la période comprise entre la fin du II^e av. J.-C. et le tout début du I^er s. ap. J.-C. fournit une nouvelle attestation de ce nom. Ce témoignage provient d'une céramique dédiée au dieu grec Aristée, découverte au sanctuaire de La Capte, non-loin du comptoir massaliote d'Olbia (Saint-Pierre-de-l'Almanarre, Hyères). À l'instar de la vingtaine d'autres noms gaulois relevés sur les inscriptions votives de ce site hellénistique, il n'est pas possible de préciser si Βιτουνα / Bituna venaient du territoire des Camatulliques, ou si elle était une Gauloise de la chôra d'Olbia (Coupry & Giffault, 1984 ; Bats, 2010).

Graffite de La Capte (Hyères) (MG 55 ; IGF 68-12)
Βιτουνα χάρι<ν> ἔχουσα Ἀριστή[ῳ] ἀνέθῃκε

"Bitouna, en reconnaissance, a consacré cette offrande à Aristée."

À Septèmes-les-Vallons (Bouches-du-Rhône), au niveau de l'ancienne chôra de Massalia (Marseille), une inscription votive gallo-romaine dédiée à Jupiter atteste de la persistance de ce nom (AE 1911, 220).

Inscription de Septèmes-les-Vallons (AE 1911, 220)
FIRMVS ET BITVNA IOVI OPTVMO V(OTVM) S(OLVERVNT) L(IBENTES) M(ERITO)

"Firmus et Bituna, à Jupiter très bon, se sont acquittés de leur voeu, de bon gré, comme il se doit."

Chez les Viennenses (Allobroges)

Une dernière attestation de ce nom provient de Saint-Alban-du-Rhône (Isère). Sur cette inscription funéraire, cette autre Bituna y est mentionnée comme ayant été la fille de Troucetius et la femme de Dubnacus.

Inscription de Saint-Alban-sur-Rhône (CIL 12, 2356)
DVBNACVS COBROVILLI F(ILIVS) FECIT VIV(V)S SIBI ET BITVNAE TROVCETIS F(ILIAE) CONIVGI SVA(E) // NAMA(E) VERVCI FILIAE CAVPIVS VIR DAT

"Dubnacus, fils de Cobrovillus, a fait ce monument de son vivant pour lui-même et pour Bituna, fille de Troucetius, son épouse."
"À Nama, fille de Verucus, Caupius son mari a dédié (ce monument)."