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Campagne de Tiberius Sempronius Longus contre les Boïens (194 av. J.-C.)
 Immédiatement après l'expédition lancée par le proconsul Caius Valerius Flaccus sur le territoire des Insubres, le consul Tiberius Sempronius Longus prit la tête des opérations contre les Gaulois. A la tête des légions II et IV, et de corps de troupes alliées, il lança donc une campagne contre les Boïens commandés par Boïorix et ses frères (Dorulacos était probablement l'un d'eux). Les renseignements glanés invitèrent Tiberius Sempronius Longus à différer les opérations le temps que son collègue, Publius Cornelius Scipio Africanus, ait le temps de joindre ses troupes aux siennes (Tite-Live, Histoire romaine, XXXIII, 46).
Conscients que la lenteur des opérations effectuées par Tiberius Sempronius Longus annonçait l'imminence de la jonction des armées consulaires, les Gaulois brusquèrent les choses de manière à profiter de ces circonstances favorables. Les troupes boïennes se mirent en lignes, prêtes à affronter les Romains, mais pendant deux jours ceux-ci restèrent enfermés dans leur camp. Finalement, le troisième jour, les Boïens lancèrent leur attaque sur le retranchement romain (Tite-Live, Histoire romaine, XXXIII, 46).
Pour faire face à cette attaque, Tiberius Sempronius Longus voulut faire sortir deux de ses légions afin de repousser les Gaulois, mais ceux-ci se pressèrent aux portes du camp pour contrarier tout projet de sortie. Pour exalter les troupes romaines, Lucius Victorinus, un centurion de la légion II et Caius Atinius, tribun militaire de la légion IV, jetèrent les enseignes de leurs troupes aux Boïens. Ne voulant pas abandonner leurs enseignes à leurs ennemis, les Romains galvanisés parvinrent à effectuer de premières sorties (Tite-Live, Histoire romaine, XXXIII, 46).
Pendant que les Romains parvenaient avec grand peine à effectuer des sorties en dehors de leur retranchement, les Boïens parvinrent à forcer la porte questorienne. Ce fut au terme d'âpres combats que les Romains réussirent à reprendre le contrôle de leur camp et à repousser les Boïens qui s'y étaient infiltrés. Par la suite, la légion IV parvint à son tour à sortir du camp. Après de nombreuses heures de combat, certains Gaulois assoiffés quittèrent leurs positions, offrant ainsi l'opportunité aux Romains de reprendre le dessus et de libérer leur retranchement (Tite-Live, Histoire romaine, XXXIII, 47).
Gagnés par le courage, les Romains tentèrent d'attaquer le camp gaulois, faiblement défendu. Les troupes du consul Tiberius Sempronius Longus furent à leur tour repoussées et contraintes à regagner leur retranchement (Tite-Live, Histoire romaine, XXXIII, 47).
Au terme de ces affrontements à l'issue indécise, les Boïens perdirent 11000 hommes, tandis que les Romains en perdirent 5000. Les premiers se retirèrent dans l'intérieur de leur pays, tandis que les seconds gagnèrent Placentia (Plaisance) (Tite-Live, Histoire romaine, XXXIII, 47 ; Julius Obsequens, Livre des prodiges, LI). Finalement, ce ne fut qu'après cette campagne que Publius Cornelius Scipio Africanus rejoignit son collègue et lança de concert avec ce dernier une possible expédition punitive contre les Boïens et les Ligures.
| Julius Obsequens, Livre des prodiges, LI : "Sous les consuls P. Cornelius Scipion l'Africain H et T. Sempronius Longus. [...] T. Sempronius, qui avait d'abord soutenu la guerre contre les Boïens avec des succès mêlés de revers, les battit enfin et en fit un grand carnage."
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| Tite-Live, Histoire romaine, XXXIV, 46 : "Le consul T. Sempronius, arrivé dans sa province, conduisit d'abord ses légions sur le territoire des Boïens. Le roi de cette nation, Boïorix, secondé de ses deux frères, avait fait prendre les armes à tous les Boïens, et il campait en plaine pour montrer qu'il était prêt à combattre, si les Romains entraient dans le pays. Le consul, informé du nombre des ennemis et de la confiance qui les animait, dépêcha un courrier à son collègue pour le prier de venir le joindre en toute hâte, et lui dire qu'il tâcherait de traîner les choses en longueur jusqu'à son arrivée. Le motif qui engageait le consul à différer poussait, au contraire, les Gaulois à brusquer un combat ; ils étaient d'ailleurs excités par les lenteurs mêmes de leurs ennemis, et ils voulaient en finir avant la réunion des deux armées consulaires. Les deux premiers jours cependant ils se contentèrent de rester en lignes, disposés à en venir aux mains si le consul sortait de son camp ; le troisième jour, ils s'avancèrent jusqu'au pied des retranchements et donnèrent un assaut général. Sempronius fit aussitôt prendre les armes à ses soldats. Quand ils furent armés, il les retint quelque temps dans leurs lignes, afin d'augmenter la confiance aveugle des ennemis, et de disposer ses différents corps à faire une sortie. Deux légions eurent ordre de sortir par les deux portes principales. Mais, au moment même où elles exécutaient leur mouvement, elles trouvèrent les issues fermées par les Gaulois, qui s'y portaient en masse. On combattit donc longtemps dans un étroit espace, non seulement à coups d'épées, mais boucliers contre boucliers, homme contre homme ; on cherchait à se repousser, les Romains pour sortir de leur camp, les Gaulois pour y pénétrer, ou du moins pour empêcher les Romains d'en sortir. Aucun des deux partis ne voulait céder le terrain, lorsqu'un centurion du premier manipule de la seconde légion, nommé L. Victorius, et un tribun militaire de la quatrième, nommé C. Atinius, eurent recours à un expédient qui avait souvent réussi dans des moments critiques ; ils arrachèrent les enseignes à ceux qui les portaient, et les jetèrent dans les rangs ennemis. Les Romains réunirent alors tous leurs efforts pour recouvrer ces enseignes, et la seconde légion parvint la première à franchir la porte du camp."
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| Tite-Live, Histoire romaine, XXXIV, 47 : "Déjà ce corps combattait hors des retranchements, et la quatrième légion était encore arrêtée à la porte, lorsqu'un grand bruit se fit entendre à l'autre extrémité du camp. Les Gaulois avaient forcé la porte questorienne et tué, après une vigoureuse résistance, le questeur L. Postumius, surnommé Tympanus, les préfets des alliés M. Atinius et P. Sempronius, et environ deux cents soldats. Le camp était pris de ce côté-là ; le consul envoya pour défendre la porte questorienne une cohorte extraordinaire, qui tailla en pièces ou chassa du camp ceux des ennemis qui avaient déjà pénétré dans l'enceinte, et repoussa ceux qui cherchaient à les rejoindre. En même temps, la quatrième légion réussit aussi à s'ouvrir passage avec deux cohortes extraordinaires. Ainsi trois actions simultanées étaient engagées autour du camp sur des points différents, et les cris confus qui parvenaient aux oreilles des combattants détournaient leur attention de l'ennemi qu'ils avaient en tête vers leurs camarades dont ils ignoraient le sort. Jusqu'au milieu du jour, les forces des deux partis restèrent égales, et leurs espérances furent presque les mêmes. Mais la fatigue et la chaleur accablaient les corps mous et flasques des Gaulois : dévorés d'une soif brûlante, ils quittèrent le champ de bataille, et le petit nombre d'entre eux qui restèrent plièrent bientôt devant une charge impétueuse des Romains, et s'enfuirent dans leur camp. Le consul fit alors sonner la retraite : à ce signal, la plupart des soldats revinrent sur leurs pas ; mais quelques-uns, emportés par leur ardeur et comptant se rendre maîtres du camp des ennemis, les poursuivirent jusqu'aux retranchements. Leur petit nombre rassura les Gaulois, qui firent une sortie générale, repoussèrent les Romains et les obligèrent à regagner leur camp, plus dociles aux conseils de la peur qu'ils ne l'avaient été aux ordres du consul. Ainsi les deux armées avaient été tour à tour mises en déroute ou victorieuses. Les Gaulois avaient perdu onze mille hommes ; les Romains cinq mille. Les Gaulois se retirèrent dans l'intérieur du pays. Le consul conduisit ses légions à Plaisance." |
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