L'anéantissement des Boïens (193-190 av. J.-C.)
Les Gaulois de la plaine du Pô semblent être sortis exsangues de la Seconde guerre punique. Après le soulèvement dirigé par le général carthaginois Hamilcar (201-200 av. J.-C.), les Boïens furent considérablement affaiblis par une impressionnante succession de défaites extrêmement meurtrières ; lors de la bataille de Cremona (été 200 av. J.-C.), lors d'une bataille aux frontières de la Ligurie (196 av. J.-C.), mais aussi près de la forêt Litana (195 av. J.-C.) et sur leur propre territoire, par Tiberius Sempronius Longus (194 av. J.-C.). Les importantes pertes subies furent amplifiées par le ravage systématique de leur territoire à l'occasion des expéditions punitives de Caius Aurelius Cotta (fin de l'été / automne 200 av. J.-C.), de Quintus Minucius Rufus (197 av. J.-C.), de Marcus Claudius Marcellus et Lucius Furius Purpureo (196 av. J.-C.) et possiblement en 194 av. J.-C.. Dans ces circonstances, les Boïens perdirent toute capacité à mener des campagnes hors de leur territoire dés la fin de l'année 196 av. J.-C., après l'attaque qu'ils menèrent contre les Lèves et les Libiciens.
A ces différentes déconvenues s'est ajouté un isolement croissant des Boïens et leur progressif encerclement par des cités alliées de Rome. Ainsi, l'éphémère alliance qui la a uni avec les Cénomans dans le cadre du soulèvement provoqué par Hamilcar (201-200 av. J.-C.), a pris fin au cours de la campagne de Caius Cornelius Cethegus (197 av. J.-C.). La même année, les Iluates, peuple allié de Ligurie, furent à leur tour contraints de capituler face à Quintus Minucius Rufus. Enfin, leurs plus proches alliés, les Insubres, considérablement affaiblis par leurs perpétuelles guerres contre Rome, furent à leur tour soumis au terme d'une ultime bataille dans la région de Mediolanum (194 av. J.-C.). Dés lors, ils ne purent même plus chercher un quelconque soutien au-delà des Alpes, leur accès leur étant bloqué par les Cénomans (ayant renouvelé leur alliance avec Rome) et les Vénètes (alliés inconditionnels de Rome). L'année 194 av. J.-C. marque donc le début de la période au cours de laquelle les Boïens furent condamnés à la plus complète impuissance.
Pensant avoir durablement repoussé la menace gauloise et sécurisé le territoire des cités-alliées d'Étrurie, et de quelques colonies installées dans les parages, les Romains s'apprêtaient à passer une première année sans avoir à intervenir dans la région. Leur espoir fut de courte durée puisque à partir de 193 av. J.-C., le nord de l'Italie fut affecté par de nouvelles exactions commises par les Ligures dans la région de Luna et Pisa. Contraints à intervenir pour défendre les cités-alliées de la région et éviter que ces incursions ne conduisent à une éventuelle alliance entre les Ligures et les Boïens, de manière préventive, les Romains multiplièrent les incursions dévastatrices sur le territoire de ces derniers. Outre le fait de les affaiblir pour empêcher de se rétablir et d'avoir de nouveau la capacité à constituer une menace, les Romains renouèrent progressivement avec le point de vue des consuls Quintus Fulvius Flaccus et Titus Manlius Torquatus (224 av. J.-C.), lesquels défendaient l'idée de ne pas seulement vaincre les Boïens, mais de les expulser définitivement d'Italie.
Lucius Cornelius Merula dévaste le territoire des Boïens (printemps 193 av. J.-C.) |  |
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