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Vous êtes dans Encyclopédie de l'Arbre Celtique > anéantissement des Boïens [-193:-190] / Victoire de Publius Cornelius Scipio Nasica sur les Boïens [printemps / été -191] / Célébration du triomphe de Publius Cornelius Scipio Nasica [fin -191 / début -190]
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Encyclopédie Celtique

Célébration du triomphe de Publius Cornelius Scipio Nasica [fin -191 / début -190]

Célébration du triomphe de Publius Cornelius Scipio Nasica (fin 191 / début 190 av. J.-C.)

Les multiples expéditions romaines visant à anéantir les Boïens portèrent finalement leurs fruits. L'intervention du consul Publius Cornelius Scipio Nasica fut conclue par une lourde défaite des Boïens (printemps / été 191 av. J.-C.) et par l'aveu de leur soumission définitive. Le caractère décisif de la victoire et la lourdeur des pertes subies par les Gaulois, conduisirent à accorder les honneurs du triomphe à Publius Cornelius Scipio Nasica, mais non sans difficultés.

Lorsque le général vainqueur convoqua le Sénat au temple de Bellone pour y exposer ses exploits et réclamer d'entrer triomphalement dans Rome, le tribun du Peuple Publius Sempronius Blaesus réclama l'ajournement de cet honneur. En effet, le tribun du Peuple reprochait à Publius Cornelius Scipio Nasica d'avoir regagné Rome, sans avoir apporté son soutien à Quintus Minucius Thermus, dans sa guerre contre les Ligures. Le tribun du Peuple et le Sénat voulurent donc que Publius Cornelius Scipio Nasica fasse route vers la Ligurie, en tant que proconsul, pour vaincre les Ligures et garantir ainsi la pacification définitive des Boïens (Tite-Live, Histoire romaine, XXXVI, 39).

Publius Cornelius Scipio Nasica ne l'entendit pas ainsi et rétorqua à ses contradicteurs qu'ils ne lui avaient pas assigné la tâche de pacifier les Ligures, mais les Boïens. Après avoir dénoncé l'injustice que constituerait cet ajournement pour ses soldats et pour lui-même, il se défendit de réclamer ce triomphe par orgueil, soulignant le fait qu'il reçut par le passé un bien plus grand honneur lorsqu'il fut désigné pour recevoir la Mère Idéenne (1), et que ce précédent honneur lui suffisait. Les arguments du consul séduisirent les sénateurs, si bien que même Publius Sempronius Blaesus renonça à l'idée de faire ajourner le triomphe (Tite-Live, Histoire romaine, XXXVI, 40).

Le triomphe fut finalement célébré, à une date qui n'a pas été conservée dans les Fastes triomphaux capitolins (mention n°174), après l'ovation de Marcus Fulvius Nobilior (18 décembre 191 av. J.-C.) (mention n°173). Des armes, enseignes, vases en bronze gaulois et autres objets furent disposés sur des chars de guerre, suivis par des prisonniers et chevaux enlevés aux Boïens. Devant le général vainqueur furent apportés 1471 torques d'or, 247 livres pesant d'or, 2340 livres de barres et vases d'argent, 234000 pièces à l'empreinte du char à deux chevaux pris aux Boïens. Comme le voulait la tradition, il redistribua une partie de ce trésor à ses troupes, à hauteur de 125 as à chaque fantassin, 250 as à chaque centurion et 375 aux chevaliers (Tite-Live, Histoire romaine, XXXVI, 40).


(1) Suivant les préconisations des Livres Sybillins, les Romains adoptèrent le culte de la Mère Idéenne (Cybèle), afin de vaincre Carthage. En 204 av. J.-C., Publius Cornelius Scipio Nasica fut désigné pour recevoir de la main des prêtres idéens la statue de Cybèle de Pessinonte., à la descente de son bateau à Ostie, et remplir à son égard les rites d'hospitalité (Tite-Live, Histoire romaine, XXIX, 14).


Fastes triomphaux capitolins - mention n°174
[P(VBLIVS) CO]RNE[LIVS CN(AEI) F(ILIVS) L(VCI) N(EPOS) SCIPIO NASICAAN(NO) DLXII]
[CO(N)S(VL) DE GALLEIS BOIEIS][...]

"Publius Cornelius Scipio Nasica, fils de Cnaeus (Cornelius Scipio Calvus), petit-fils de Lucius (Cornelius Scipio), consul, (victorieux) des Gaulois Boiens, (a reçu les honneurs du triomphe), la 562e année (de Rome), [...]."


Tite-Live, Histoire romaine, XXXVI, 39 : "Le consul P. Cornélius se fit livrer des otages par les Boiens et confisqua presque la moitié de leur territoire afin que le peuple romain pût y envoyer des colonies, s'il le jugeait à propos. Puis il partit pour Rome où il se croyait sûr d'obtenir le triomphe, licencia son armée et lui donna rendez-vous aux portes de la ville pour le jour de la solennité. Le lendemain même de son arrivée, il convoqua le sénat au temple de Bellone, rendit compte de ses exploits et demanda l'autorisation d'entrer en triomphe à Rome. Le tribun du peuple, P. Sempronius Blaesus, sans vouloir refuser cette faveur à Scipion, proposa d'ajourner la réponse. " Les guerres de Ligurie, disait-il, avaient toujours été liées à celles de Gaule ; ces deux pays voisins l'un de l'autre se prêtaient un mutuel appui. Si P. Scipion, après la défaite des Boiens, était entré en personne, à la tête de son armée victorieuse, sur le territoire des Ligures, ou s'il avait envoyé une partie de ses troupes à Q. Minucius, retenu depuis trois ans dans ce pays par une guerre indécise, on aurait pu en finir avec la Ligurie. Mais uniquement préoccupé de se ménager un nombreux cortège pour son triomphe, il avait éloigné de la province des soldats qui eussent pu rendre de grands services à la république et qui le pourraient encore, si le sénat voulait, en ajournant le triomphe, réparer le mal causé par la précipitation du général. Il fallait renvoyer le consul et ses légions dans la province avec ordre de travailler à la soumission des Ligures. Tant que ce peuple ne serait pas sous la dépendance et sous la domination des Romains, les Boiens mêmes ne resteraient pas en repos ; il fallait se résigner à avoir la paix ou la guerre avec les deux nations. La Ligurie une fois soumise, P. Cornélius triompherait au bout de quelques mois comme proconsul, à l'exemple de tant d'autres généraux qui n'avaient triomphé qu'après être sortis de charge. ""

Tite-Live, Histoire romaine, XXXVI, 40 : "Le consul répondit " que le sort ne lui avait pas assigné la Ligurie pour département, qu'il n'avait point fait la guerre aux Ligures, qu'il ne demandait pas à triompher des Ligures. " Il espérait bien, ajouta-t-il, que Q. Minucius, vainqueur de ce peuple, viendrait bientôt solliciter un triomphe qu'il aurait mérité et ne manquerait pas de l'obtenir. Quant à lui, il réclamait cet honneur pour avoir défait les Gaulois Boiens en bataille rangée, forcé leur camp, reçu, deux jours après le combat, la soumission de la nation entière et assuré la paix dans l'avenir en se faisant livrer des otages. Mais ce qui ajoutait encore à l'importance de son succès, c'est qu'il avait dans cette bataille tué tant de Gaulois que jamais avant lui général romain n'en avait eu tant à combattre ; des cinquante mille hommes qu'il avait en face de lui, plus de la moitié avait péri ; des milliers de prisonniers étaient en son pouvoir ; il ne restait aux Boiens que des vieillards et des enfants. Pouvait-on s'étonner après cela qu'une armée victorieuse, qui n'avait pas laissé un seul ennemi dans sa province, revînt à Rome honorer de sa présence le triomphe de son consul ? Si le sénat voulait demander à ces soldats de servir la république dans une autre province, quel était le moyen de leur faire affronter avec plus d'ardeur de nouveaux dangers et de nouvelles fatigues ? Était-ce de ne point leur disputer le prix de leurs efforts et de leurs fatigues passés, ou de les renvoyer avec de simples espérances, après les avoir trompés déjà dans une première attente ? Quant à lui, assez de gloire lui avait été départie pour le reste de sa vie, le jour où le sénat l'avait désigné comme le plus vertueux des Romains pour recevoir la Mère de l'Ida. Ce titre seul, à défaut de ceux de consul et de triomphateur, suffirait pour attirer les hommages et les respects à l'image de P. Scipion Nasica. Le sénat tout entier consentit alors à lui décerner le triomphe et obligea même le tribun du peuple à se désister de son opposition. P. Cornélius triompha donc des Boiens. Dans ce triomphe, le consul étala sur des chars gaulois des armes, des enseignes, des vases de bronze et des dépouilles gauloises de toute sorte ; il traîna à sa suite avec les prisonniers de distinction un grand nombre de chevaux enlevés aux vaincus. Il fit porter devant lui quatorze cent soixante et onze colliers d'or, deux cent quarante-sept livres pesant d'or, deux mille trois cent quarante d'argent en barres ou façonné en vases gaulois d'un travail moins grossier qu'il ne l'est ordinairement, et deux cent trente-quatre mille pièces à l'empreinte du char à deux chevaux. Il distribua cent vingt-cinq as à chacun des soldats qui suivirent son char, le double à chaque centurion, le triple à chaque cavalier. Le lendemain, il convoqua l'assemblée du peuple, y rendit compte de ses exploits et se plaignit de l'injustice du tribun qui avait voulu le jeter dans les embarras d'une guerre confiée à un autre général, pour lui enlever les fruits de sa victoire ; puis il licencia ses troupes et les congédia."


Sources:
  • Julien Quiret pour l'Arbre Celtique

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