Caturiges - Peuple celte des Alpes qui occupait la portion inférieure de la haute-vallée de la Durance. Selon Ptolémée (Géographie, III, 1, 39) qui les évoque sous le nom de Κατουρίγων, ils avaient pour principale ville Ἐβουρόδουνον, l'Eburodunum des Gallo-Romains (Embrun, Hautes-Alpes). Leur nom vient du gaulois *catu- qui signifie "combat" et de -rix "roi, chef". Leur nom signifiait donc "les rois du combat".
Un autre peuple dénommé Caturiges est mentionné par Pline (Histoire naturelle, III, 125) sur le territoire peuplé par les Insubres de son temps. Ce peuple avait disparu depuis bien bien longtemps au Ier s. ap. J.-C., on pourra s'interroger sur les liens qu'ils entretenaient avec les Caturiges de la vallée de la Durance : étaient-ils leurs ancêtres ? étaient-ils leurs descendants ? s'agissait-il d'une simple homonymie ? De manière nettement plus claire, le même auteur indique que les Bagiennes (Histoire naturelle, III, 47-49 ; III, 135), mais aussi les Montanes et les Capillates (Histoire naturelle, III, 135) descendraient des Caturiges de la haute-vallée de la Durance. L'idée que les Caturiges aient pu être divisés en plusieurs groupes distincts a également été évoquée dans des travaux modernes concernant l'ancien nom de Bar-le-Duc, Caturrigis, qui peut-être fait référence à ce peuple.
La plus ancienne mention des Caturiges se trouve dans la Guerre des Gaules (I, 10) de César. Alliés aux Graiocèles et aux Ceutrons, les Caturiges tentèrent d'interdire le franchissement des cols des Alpes aux Romains venus défendre le sud de la Gaule contre de possibles incursions des Helvètes (58 av. J.-C.).
Le nom des Caturiges figure sur le trophée de Alpes (7-6 av. J.-C.) commémorant les victoires romaines remportées dans le cadre des campagnes augustéennes menées dans les Alpes, dans le dernier quart du Ier s. av. J.-C. Aucune source n'évoque précisément la défaite des Caturiges, on est toutefois amené à considérer qu'ils furent vaincus lors de la conquête des Alpes maritimes (14 av. J.-C.).
L'inscription figurant sur l'arc de Suse (9-8 av. J.-C.) indique qu'après sa défaite face à Rome, la cité des Caturiges fut rattachée à la province des Alpes cottiennes, alors administrée par Marcus Iulius Cottius (Cottius I).
A l'instar des treize autres cités de la province des Alpes cottiennes, la cité des Caturiges fit partie intégrante du royaume de Cottius, lors de l'éphémère restauration de la monarchie cottienne (44 ap. J.-C.). Elle n'intégra définitivement l'Empire romain qu'à la mort de leur dernier souverain, Cottius II (64/66 ap. J.-C.).
A en croire la Notice des Gaules, au Ve s. ap. J.-C., le territoire des Caturiges était subdivisé en deux cités distinctes ; la ciuitas Ebrodunensium (la "cité d'Embrun") et la ciuitas Rigomagensium (la "cité de Chorges"). Cette subdivision tardive conserve-t-elle le souvenir d'anciens pagi ?
César, Guerre des Gaules, I, 10 : "Là, les Ceutrons, les Graiocèles, les Caturiges, qui avaient occupé les positions dominantes, essayent d'interdire le passage à son armée."
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Pline, Histoire naturelle, III, 47-49 : "A partir du Var on trouve Nice, ville fondée par les Marseillais : le fleuve Palo ; les Alpes et les peuples alpins portant un grand nombre de noms, particulièrement les Chevelus ; le peuple des Védiantiens, et Cémélion leur ville ; le port d'Hercule Monoecus, la côte de Ligurie. Ligures les plus célèbres : au delà des Alpes, les Salluviens, les Déciates, les Oxubiens ; en deçà des Alpes, les Vénènes, les Vagiennes descendants des Caturiges ; les Statyelles, les Vibelles, les Magelles, les Euburiates, les Casmonates, les Véliates, et ceux dont nous nommerons toutes les villes en parlant du rivage suivant ; le fleuve Rutuba ; la ville Albium Intémelium, le fleuve Mérula ; la ville Albium Ingaunum ; le port Vadum Sabatium ; le fleuve Porcifera, Gênes ; le fleuve Feritor, le port du Dauphin ; Tigullia ; dans l'intérieur : Segestia des Tigullins ; le fleuve Macra, limite de la Ligurie ;"
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Pline, Histoire naturelle, III, 135 : "Il y a en outre des populations jouissant du droit latin, telles que les Octoduriens, les Centrons limitrophes, les cités Cottiennes, les Caturiges ; et, issus des Caturiges, Ies Vagiennes-Ligures et ceux qui sont appelés Montagnards, et plusieurs peuplades Chevelues sur les confins de la mer de Ligurie."
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Ljubuški (CIL 03, 6366 ; 8491) PRIMVS TITI / F(ILIVS) TVBICEN DO(MO) / CATVRIX MIL(ES) / COH(ORTIS) III ALP(INORVM) / AN(NORVM) XLIIX ST/IP(ENDIORVM) XXIII H(IC) S(ITVS) E(ST) / T(ESTAMENTO) F(IERI) I(VSSIT) L(VCIVS?) OPTIO / ET TVLLIVS VE/TER(ANVS) H(EREDES) P(OSVERVNT)
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"Primus, fils de Titus, joueur de tuba, caturige d'origine, soldat dans la cohorte III Alpinorum, âgé de 48 ans, 23 années de service, repose ici. Par testament, il a ordonné que soit fait (ce monument). L'optio Lucius et le vétéran Tullius, ses héritiers, l'ont posé."
Inscription de l'arc de Suse (CIL 5, 7231) IMP(ERATORI) CAESARI AVGVSTO DIV(I) F(ILIO) PONTIFICI MAXIMO TRIBVNIC(IA) POTESTATE XV IMP(ERATOR) XIII P(ATRI) [P(ATRIAE)] / M(ARCVS) IVLIVS REGIS DONNI F(ILIVS) COTTIVS PRAEFECTVS CEIVITATVM QVAE SVBSCRIPTAE SVNT SEGOVIORVM SEGVSINORVM / BELACORVM CATVRIGVM MEDVLLORVM TEBAVIORVM ADANATIVM SAVINCATIVM ECDINIORVM VEAMINIORVM / VENISANORVM IEMERIORVM VESVBIANORVM QVARIATIVM ET CEIVITATES QVAE SVB EO PRAEFECTO FVERVNT
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"À l'empereur César Auguste, fils du divin (César), grand pontife, en sa 15e puissance tribunicienne, salué impérator 13 fois, Marcus Iulius Cottius (Cottius I), fils du roi Donnus (Donnus I), préfet des cités ici mentionnées : Ségoviens, Ségusiens, Bélaques, Caturiges, Médulles, Tébaviens, Adanates, Savincates, Ecdiniens, Véaminiens, Vénisaniens, Iémériens, Vésubiens, Quariates, et ces peuples qui sont sous son administration firent (cet arc)."
Inscription du trophée de La Turbie (selon Pline, Histoire naturelle, III, 136-137) IMP(ERATORI) CAESARI DIVI FILIO AVG(VSTO) / PONT(IFICI) MAX(IMO) IMP(ERATORI) XIIII TR(IBVNICIA) POT(ESTATE) XVII / S(ENATVS) P(OPVLVS)Q(VE) R(OMANVS) / QVOD EIVS DVCTV AVSPICIISQVE GENTES ALPINAE OMNES QVAE A MARI SVPERO AD INFERVM PERTINEBANT SVB IMPERIVM P(OPVLI) R(OMANI) SVNT REDACTAE / GENTES ALPINAE DEVICTAE TRVMPILINI CAMVNNI VENOSTES VENNONETES ISARCI BREVNI GENAVNES FOCVNATES / VINDELICORVM GENTES QVATTVOR COSVANETES RVCINATES LICATES CATENATES AMBISONTES RVGVSCI SVANETES CALVCONES / BRIXENETES LEPONTI VBERI NANTVATES SEDVNI VARAGRI SALASSI ACITAVONES MEDVLLI VCENNI CATVRIGES BRIGIANI / SOGIONTI BRODIONTI NEMALONI EDENATES ESVBIANI VEAMINI GALLITAE TRIVLLATI ECTINI / VERGVNNI EGVITVRI / NEMETVRI ORATELLI NERVSI VELAVNI SVETRI
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"À l'empereur, fils du divin César, Auguste, grand pontife, salué impérator 14 fois, en sa 18e puissance tribunitienne, le Sénat et le peuple romain, en mémoire de ce que, sous les ordres et sous ses auspices, tous les peuples alpins, depuis la mer Supérieure jusqu'à l'Inférieure, ont été soumis à l'Empire romain. Les peuples alpins vaincus : les Trumpilins, les Camunes, les Vénostes, les Vennonètes, les Isarciens, les Breunes, les Génaunes, les Focunates, quatre nations vindéliciennes, les Consuanètes, les Rucinates, les Licates, les Caténates, les Ambisontes, les Rugusciens, les Suanètes, les Calucones, les Brixentes, les Lépontes, les Ubères, les Nantuates, les Sédunes, les Véragres, les Salasses, les Acitavones, les Médulles, les Ucennes, les Caturiges, les Brigiens, les Sogiontes, les Bodiontiques, les Némalones, les Édénates, les Ésubiens, les Véamines, les Gallites, les Triullates, les Ectiniens, les Vergunnes, les Eguitures, les Némétures, les Oratelles, les Nérusiens, les Vélaunes, les Suètres."
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