Catuslogues / Catusloviens - 2285 - L'encyclopédie

Catuslogues / Catusloviens

Localisation

Peuple de la Gaule belgique. Les inscriptions du site archéologique du Bois l'Abbé invitent à localiser ce peuple dans la vallée de la Bresle, voire au-delà, au niveau de l'ancien Talou, pagus mentionné à plusieurs reprises à l'époque carolingienne qui correspondait au Petit Caux et au Pays de Bray. Le nom de leur capitale pourrait être révélé par l'une des inscriptions du Bois l'Abbé à travers l'adjectif BRIGENSI (AE 2006, 837 ; 2007, 980), qui est une forme adjective dérivant d'un toponyme, Briga (Mantel et al., 2006)..

Attestations et étymologie

Ce peuple n'est connu que par trois mentions dans l'antiquité, la première dans l'Histoire naturelle de Pline sous la forme Catoslugi (var. Catosiugi) (Histoire naturelle, IV, 106) et les deux autres sur des inscriptions mises au jour au niveau du site archéologique du Bois l'Abbé (commune d'Eu, Seine-Maritime). Sur l'inscription dédicatoire du théâtre, ce peuple est mentionné du sous la forme PAGO CATVSLOV(GO ?) (AE 1978, 501 ; 1982, 716 ; 2006, 836), tandis que sur une inscription découverte près du temple, il est fait mention du PAG(O) CATVSLOVIO (AE 2006, 837 ; 2007, 980). Sur la première de ces deux inscriptions, la terminaison proposée pour cet ethnonyme découle de la dénomination donnée par Pline. La découverte en 2006 de la seconde inscription laisse entrevoir une nouvelle possibilité. Ce nom est gaulois. Si on se fie à la dénomination donnée par Pline, on y reconnaît les termes catu- "combat" et -slougi "troupe", ce qui faisait d'eux littéralement les "troupes de combat".

Histoire

● Une cité éphémère

Les Catuslogues furent mentionnés comme étant l'une des trente-cinq cités de la province de la Gaule belgique par Pline, dans la seconde moitié du I^er s. ap. J.-C. Cette apparition tardive laisse entendre que cette cité ait pu émergé vers 27 av. J.-C., dans le cadre de la réorganisation administrative de la Gaule opérée par Auguste. Quelques années plus tard, lorsque Auguste définit le statut des cités de la province (16-13 av. J.-C.), les Catuslogues héritèrent du statut fiscal de cité stipendiaire, impliquant qu'ils étaient soumis au paiement du tribut (Pline, Histoire naturelle, IV, 106).

Certainement trop petite, cette cité ne conserva pas longtemps son autonomie. Ainsi, au milieu du II^e s. ap. J.-C., ils ne furent pas mentionnés dans l'énumération des cités de Gaule belgique de Ptolémée (Géographie, II, 9). Ils furent vraisemblablement intégrés à une cité voisine en tant que pagus de celle-ci. C'est d'ailleurs le statut qui était le leur lorsque furent rédigées les inscriptions datées de la fin du II^e s. ou du début du III^e s. ap. J.-C., découvertes sur le site archéologique du Bois l'Abbé. La cité qui les absorba fut très certainement celle des Calètes.

Sources littéraires anciennes

Pline, Histoire naturelle, IV, 106 : "A l'Escaut, l'extérieur est habité par les Toxandres, divisés en plusieurs peuplades ; puis viennent les Ménapiens, les Morins, les Oromansaques, attenants au bourg appelé Gessoriacum ; les Bretons, les Ambianiens, les Bellovaques ; dans l'intérieur, les Catusiuges, les Atrébates, les Nerviens, libres ; les Véromanduens, les Suécons, les Sassions, libres ; les Ulmanètes, libres ; les Tongres, les Sunuques, les Frisiabons, les Betases, les Leuciens, libres ; les Trévères, libres auparavant, alliés maintenant ; les Lingons, alliés; les Rèmes, alliés ; les Médiomatriques, les Séquanes, les Rauriques, les Helvétiens : colonies, Équestris et Raurica ; sur le Rhin, peuplades germaniques habitant la Gaule Belgique : les Némètes, les Triboques, les Vangions ; puis les Ubiens, la colonie d'Agrippine (Cologne), les Gubernes, les Bataves, et ceux dont nous avons parlé à propos des îles du Rhin."

Sources épigraphiques

Bois l'Abbé (AE 1978, 501 ; 1982, 716 ; 2006, 836)
L(VCIVS) CERIALIS RECTVS SACERDOS R[OMAE ET AVG(VSTI)] IIIIVIR Q(VINQVENNALIS) PRA[EFECTVS lATRO]CINIO [ARCENDO?] NVMINIBVS AVG(VSTORVM) PAGO CATVSLOV(GO ?) DEO [5 THEATRV]M CVM PROSCAENIO [ET SVIS ORNAMENTIS] D(E) S(VA) [P(ECVNIA) F(ECIT)]

"Lucius Cerialius Rectus, prêtre de Rome et d'Auguste, quattuorvir quinquenal, préfet chargé de la répression du brigandage, (a fait faire) aux puissances divines des Augustes, le pagus des Catuslogues, le dieu [?], ce théâtre avec une avant-scène [et ses ornements ?], sur ses propres fonds."

Bois l'Abbé (AE 2006, 837 ; 2007, 980)
NVM(INI) AVG(VSTI) PAG(O) CATVS/LOVIO MERCVRIO BRI/GENSI P(VBLIVS) MAGNIVS / BELLIGER BASILICAM / D(E) S(VO) D(EDIT)

"A la puissance divine de l'Auguste, au pagus des Catusloviens, au dieu Mercure de Briga, Publius Magnius Belliger a fait construire cette basilique sur ses (propres fonds)."