César rétablit l'ordre chez les Trévires [printemps / début de l'été -54] - 2024 - L'encyclopédie

César rétablit l'ordre chez les Trévires (début de l'été 54 av. J.-C.)

Alors que César terminait les préparatifs de la seconde expédition en Bretagne (hiver-été 54 av. J.-C.), il tint à s'assurer de la fidélité d'un certain nombre de peuples gaulois en prévision de sa future absence. Dans ce cadre, à la tête de quatre légions et huit-cent cavaliers, il se rendit chez les Trévires, dont l'absence aux assemblées et le non-respect des ordres de César laissaient augurer de mauvaises intensions (César, Guerre des Gaules, V, 2).

César apprit que la cité des Trévires était troublée par un conflit opposant deux prétendants au pouvoir, Cingétorix et Indutiomaros, lesquels réagirent de manière radicalement opposée à l'arrivée des troupes romaines. En effet, alors que Cingétorix se précipitait à la rencontre de César pour l'assurer de sa fidélité, Indutiomaros leva des troupes et fit mettre à l'abri de la forêt des Ardennes ceux qui n'étaient pas en âge de combattre (Guerre des Gaules, V, 3).

Entraînés par Cingétorix, animés par la peur des troupes romaines ou encore poussés par leurs intérêts particuliers, de nombreux Trévires firent défection, poussant finalement Indutiomaros à envoyer des députés à César. Ces députés prétendirent qu'Indutiomaros demeurait lui aussi fidèle à César et que s'il ne s'était pas porté à sa rencontre, c'était uniquement pour dissuader son peuple de prendre part à un soulèvement contre les Romains (Guerre des Gaules, V, 3).

Bien qu'il n'accorda pas beaucoup de crédit à ces justifications, l'imminence du départ de la seconde expédition pour la Bretagne interdisait toute idée de mener une campagne potentiellement longue contre les Trévires. César fut donc disposé à parlementer. Ainsi, il invita Indutiomaros à se présenter à lui au camp romain, mais lui réclama en garantie deux-cent otages (notamment son fils et ses proches parents). Lors de cette entrevue, César prit fait et cause pour son adversaire, puis exhorta Indutiomaros et la noblesse trévire à demeurer fidèle à Cingétorix (Guerre des Gaules, V, 4). César n'ignorait pas que cette solution ne serait que provisoire et qu'immanquablement, Indutiomaros finirait par prendre la tête d'un soulèvement, mais il voulait avoir l'assurance que celui-ci ne prenne corps qu'après son retour de Bretagne. Il est presque certain que les otages remis par Indutiomaros furent transportés à Portus Itius (région du cap Gris-Nez ?), où César retenait une portion notable de la noblesse gauloise. Ce stratagème fonctionna, puisque Indutiomaros n'est entré en rébellion qu'à l'automne-hiver 54 av. J.-C..

César, Guerre des Gaules, V, 3 : "Cette nation est de beaucoup la plus puissante de toute la Gaule par sa cavalerie, et possède de nombreuses troupes de pied ; elle habite, comme nous l'avons dit plus haut, les bords du Rhin. Deux hommes s'y disputaient la souveraineté, Indutiomaros et Cingétorix. Ce dernier, à peine instruit de l'arrivée de César et des légions, se rend près de lui, l'assure que lui et tous les siens resteront dans le devoir, fidèles à l'amitié du peuple romain, et l'instruit de tout ce qui se passait chez les Trévires. Indutiomaros au contraire lève de la cavalerie et de l'infanterie ; tous ceux que leur âge met hors d'état de porter les armes, il les fait cacher dans la forêt des Ardennes, forêt immense, qui traverse le territoire des Trévires, et s'étend depuis le fleuve du Rhin jusqu'au pays des Rèmes ; il se prépare ensuite à la guerre. Mais quand il eut vu plusieurs des principaux de l'état, entraînés par leurs liaisons avec Cingétorix ou effrayés par l'arrivée de notre armée, se rendre auprès de César, et traiter avec lui de leurs intérêts particuliers, ne pouvant rien pour ceux de leur pays, Indutiomaros, craignant d'être abandonné de tous, envoie des députés à César : il l'assure que, s'il n'a pas quitté les siens et n'est pas venu le trouver, c'était pour retenir plus facilement le pays dans le devoir, et l'empêcher de se porter, en l'absence de toute la noblesse, à d'imprudentes résolutions. Au surplus, il avait tout pouvoir sur la nation ; il se rendrait, si César le permettait, au camp des Romains, et remettrait à sa foi ses intérêts propres et ceux de son pays."

César, Guerre des Gaules, V, 4 : "Quoique César comprît bien les motifs de ce langage et de ce changement de dessein, comme il ne voulait point être forcé de passer l'été chez les Trévires, tandis que tout était prêt pour la guerre de Bretagne, il ordonna à Indutiomaros de venir avec deux cents otages. Quand celui-ci les eut amenés, et parmi eux son fils et tous ses proches parents, lesquels avaient été spécialement désignés, César le consola et l'exhorta à rester dans le devoir ; toutefois, ayant assemblé les principaux des Trévires, il les rallia personnellement à Cingétorix, tant à cause de son mérite que parce qu'il lui semblait d'un grand intérêt d'augmenter chez les Trévires le crédit d'un homme qui avait fait preuve envers lui d'un zèle si remarquable. Indutiomaros vit avec douleur l'atteinte que l'on portait ainsi à son influence, et, déjà notre ennemi, il devint dès lors irréconciliable."