Marcus Iulius Cottius (Cottius I) - Chef des Ségusiens qui prit la tête d'une confédération de peuplades alpines à la mort de son père, Donnas / Donnus (Donnus I). Aux dires de Strabon (Géographie, IV, 6, 6) ce petit royaume jusqu'alors désigné sous le nom de "Terre de Donnas", prit le nom de "Terre de Cottius". Sa capitale devait se situer à Segusio (Suse). On remarquera que contrairement à son père, son nom reflète un haut degré de romanisation puisqu'il manifeste l'adoption du tria nomina. Il a pour praenomen Marcus, pour nomen Iulius, impliquant qu'il ait été rattaché à la gens Iulia, l'une des plus anciennes familles de patriciens romains. Enfin il porte en guise de cognomen son nom gaulois. Le patronyme Cottius s'explique aisément par le gaulois cottos, qui signifie "le vieux / l'ancien".

Alors que les Romains soumettaient un à un les peuples des Alpes et se sentant peut-être lui-même menacé (Ammien Marcellin, Histoire de Rome, XV, 10, 2), le roi Cottius I conclut une alliance avec Rome (entre 14 et 9-8 av. J.-C.). Dans le cadre de celle-ci, il renonça à la monarchie et son royaume fut intégré à l'Empire romain en tant que province. Aussi, il fit aménager une route à travers les Alpes, reliant l'Italie à la Gaule, la via Cottia, la "voie cottienne". En contrepartie, il reçut la citoyenneté romaine et devint le préfet des cités de la province des Alpes cottiennes. Une partie des territoires des populations subjuguées lors de la conquête des Alpes maritimes (14 av. J.-C.) furent intégrés à la préfecture des Alpes Cottiennes. Cette alliance fut célébrée par l'érection, en 9-8 av. J.-C., d'arc un monumental à l'entrée de la ville de Suse. Sur la frise qui décore l'arc, Cottius trône aux côtés de l'empereur Auguste. Autres éléments démontrant une soumission volontaire à Auguste : les frises de l'arc de Suse représentent une scène de lustration pour les troupes de Cottius et le suouetaurile. Cette cérémonie était l'un des rites traditionnels les plus sacrés de la religion romaine, au cours de laquelle on conduisait en procession solennelle, un porc, un mouton et un taureau, autour de l'assemblée qu'il fallait purifier, puis on les égorgeait. Ici, ce rite accompagne et scelle un traité. De part et d'autre de l'autel qui trône sur la face nord et la face sud de l'édifice, Cottius et Auguste sont représentés alors qu'ils s'apprêtent à accomplir le sacrifice.

La descendance de Cottius I et sa succession

Si l'on en croit les reconstitutions des importantes portions lacunaires de l'inscription de Suse (AE 1904, 00173), datée de 18-13 av. J.-C., Cottius I avait deux fils ; Donnus et Cottius. En 1994, à l'occasion de fouilles archéologiques effectuées sur la Place Emanuele Filiberto, à Turin, une portion d'un socle de statue dédiée à M(ARCO) IVLIO COTTI F(ILIO) COTTIO (AE 1998, 00637) a été découverte. Elle est datée du premier quart du Ier s. ap. J.-C. S'agît-il de Marcus Iulius Cottius (Cottius II) qui deviendra roi des Alpes cottiennes de 44 à 64/66 ap. J.-C. ? La question peut être légitimement posée tant ces deux inscriptions paraissent contradictoires avec celle du portique du théâtre de Turin (AE 1899, 00209 = AE 1976, 00264 = AE 1981, 00462 = AE 1994, 00753), datée du milieu du Ier s. ap. J.-C. Cette inscription, ou du moins la restitution des portions lacunaires qui a été faite, n'évoque qu'un seul fils de Marcus Iulius Cottius (Cottius I) : Caius Iulius Donnus (Donnus II). Marcus Iulius Cottius (Cottius II), qui a fait édifier le portique dont il est question se présente lui-même comme étant le fils de Caius Iulius Donnus (Donnus II). Ceci laisse donc entendre que Marcus Iulius Cottius (Cottius I) a eu deux enfants, Caius Iulius Donnus (Donnus II) et un certain Cottius dont il ne sera plus question par la suite, et que Marcus Iulius Cottius (Cottius II) serait non-pas le fils, mais le petit-fils de Cottius I.

Dans Les Pontiques d'Ovide (IV, 7), on apprend que le poète (décédé en 17/18 ap. J.-C.) correspondait avec Quintus Iulius Vestalis, alors centurion du légat Vitellius, lors de la campagne contre les Gètes (12 ap. J.-C.), présenté successivement comme Alpinis iuuenis regibus orte, "jeune descendant des rois des Alpes" (IV, 7, 6) et progenies alti fortissima Donni "digne petit-fils de l'antique Donnus" (IV, 7, 29). Compte-tenu de la date de l'événement, il ne peut être question ici que de Donnas / Donnus (Donnus I), ce qui ferait de Quintus Iulius Vestalis l'un des fils (ou neveux) de Marcus Iulius Cottius (Cottius I).

A la mort de Cottius I, c'est son fils ainé Caius Iulius Donnus (Donnus II), qui reprit l'administration de la province des Alpes cottiennes. La date de cette succession n'est pas connue, mais elle a du se situer au tout début du Ier s. ap. J.-C.