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Des députés des Allobroges sont impliqués dans la conjuration de Catilina [-63]

Des députés des Allobroges sont impliqués dans la conjuration de Catilina (63 av. J.-C.)

Accablés par le poids de leurs dettes, les Allobroges dépêchèrent deux représentants à Rome, afin qu'ils plaident la cause de leur cité auprès du sénat (63 av. J.-C.). Leur initiative se soldat par un cuisant échec.

Lorsque les députés gaulois se trouvaient à Rome, la ville était en proie de nombreuses intrigues ourdies par Lucius Sergius Catilina. Après avoir été battu par Marcus Tullius Cicero (Cicéron) et Caius Antonius Hybrida aux élections consulaires de 64 av. J.-C., il s'est présenté l'année suivante comme le défenseur des populares "réformistes" et des vétérans de Lucius Cornelius Sulla (Sylla). En septembre 63 av. J.-C., il fut de nouveau battu face aux candidats optimates "conservateurs" Decimus Iunius Silanus et Lucius Licinius Murena. Il décida alors de s'affranchir de la loi et de déclencher une guerre civile. A la fin du mois d'octobre, dans le plus grand secret, ses complices dans ce projet de conjuration se dispersèrent en Étrurie, en Apulie et dans le Picenum, pour soulever le peuple et d'y lever des troupes. Lucius Sergius Catilina ne quitta Rome que dans la nuit du 6 au 7 novembre, après une tentative d'assassinat manquée contre Cicéron. A Rome, ses soutiens continuaient cependant à rechercher activement de nouveaux soutiens, afin de déclencher un soulèvement.

Un certain Publius Umbrenus, qui fut négociant en Gaule, reconnut les deux députés des Allobroges et tenta de profiter de leur désarroi pour les convaincre de prendre part à la conjuration fomentée par Catilina (Salluste, Conjuration de Catilina, XL). Cicéron (Catilinaires, III, 6) dénomme cette même personne Publius Unibrenus, confirme qu'il fut le premier à approcher les représentants des Allobroges, mais ne le qualifie que d'affranchi (plusieurs exemples célèbres montrent que ce statut n'était pas incompatible avec le fait d'être négociant). Publius Umbrenus les présenta au chevalier Publius Gabinius Capito, qui les tint au courant des détails de la conjuration et de l'identité des autres conjurés (Salluste, Conjuration de Catilina, XL ; Cicéron, Catilinaires, III, 6). En plus de Publius Gabinius Capito, Cicéron évoque également deux autres intermédiaires entre les conjurés et les Allobroges, Publius Furius et Caius Manlius (Catilinaires, III, 6), dont le rôle précis est inconnu. L'idée des intrigants était de pousser les Allobroges à se soulever contre Rome pour retrouver leur indépendance, et même d'entraîner avec eux l'ensemble des Gaulois de la province de Gaule transalpine (Salluste, Conjuration de Catilina, XL ; Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres : Vie de Cicéron, XXIV ; Cicéron, Catilinaires, III, 2 ; III, 9).

Les Allobroges révèlent le projet de conspiration et deviennent les "agents doubles" de Cicéron

Les députés gaulois se montrèrent hésitants, puis finalement décidèrent de faire part de ce complot à Quintus Fabius Sanga. Cet homme assurait le patrocinio "patronage" de la cité des Allobroges (Salluste, Conjuration de Catilina, XLI), il était donc leur προστάτης "protecteur" (Appien, Guerres civiles, II, 4) ; titre qu'il devait au fait qu'il était le petit-fils de Quintus Fabius Maximus Allobrogicus, vainqueur des Allobroges en 121 av. J.-C.. Quintus Fabius Sanga en fit part à Cicéron et le consul demanda aux Allobroges de feindre le fait d'être intéressés par ce projet de conspiration, de manière à recueillir le plus grand nombre de pièces à conviction contre les conjurés (Salluste, Conjuration de Catilina, XLI).

Les Gaulois suivirent les instructions de Cicéron et furent introduits par Publius Gabinius Cimber (surnommé "Capito" par Salluste) auprès des principaux conjurés ; les sénateurs Publius Cornelius Lentulus Sura, Gaius Cornelius Cethegus et Lucius Cassius Longinus, et le chevalier Lucius Statilius. Les députés gaulois exigèrent d'eux un engagement écrit, sans lequel les Allobroges refuseraient de prendre les armes contre Rome, prétendaient-ils. Tous y consentirent à l'exception de Lucius Cassius Longinus, lequel assurait qu'il se rendrait prochainement en Gaule, chez les Allobroges (Salluste, Conjuration de Catilina, XLIV). Les courriers que les Gaulois obtinrent des conjurés, ont été rédigés par chacun d'eux et tous y mirent leur cachet (Cicéron, Catilinaires, III, 5). Ils étaient adressés au sénat des Allobroges et contenaient des instructions pour mener à bien leur soulèvement (Cicéron, Catilinaires, III, 4 ; III, 5 ; Salluste, Conjuration de Catilina, XLIV ; Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres : Vie de Cicéron, XXIV). A ces courriers s'en ajoutait un dernier, adressé à Lucius Sergius Catilina, lui suggérant d'affranchir les esclaves, afin d'accroître le nombre de ses auxiliaires. Publius Cornelius Lentulus Sura remit ces différents plis à un certain Titus Volturcius, qu'il chargea d'escorter les députés allobroges auprès de Catilina lui-même à Faesulae (Fiesole, Toscane), puis en Gaule (Cicéron, Catilinaires, III, 2 ; Salluste, Conjuration de Catilina, XLIV ; Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres : Vie de Cicéron, XXIV).

Instruit par les Gaulois de la teneur des courriers et de la date de leur départ (et probablement de l'itinéraire emprunté), Cicéron envoya les préteurs Lucius Valerius Flaccus et Caius Pomptinus arrêter le cortège mené par les Allobroges et Titus Volturcius au pont Milvius, dans la nuit du 2 au 3 décembre (Salluste, Conjuration de Catilina, XLV ; Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres : Vie de Cicéron, XXIV ; Cicéron, Catilinaires, III, 2 ; Appien, Guerres civiles, II, 4). L'ensemble des courriers fut récupéré intact par les préteurs ((Cicéron, Catilinaires, III, 3 ; Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres : Vie de Cicéron, XXIV). Les plis, les députés des Allobroges et Titus Volturcius furent conduits chez Cicéron, lequel fit arrêter sur le champs Publius Gabinius Cimber, Lucius Statilius, Gaius Cornelius Cethegus et Publius Cornelius Lentulus Sura, qu'il savait être impliqués dans la conjuration (Cicéron, Catilinaires, III, 3 ; Salluste, Conjuration de Catilina, XLVI). Il convoqua alors en toute hâte les sénateurs et, sur les conseils des Allobroges, il envoya aussi le préteur Caius Sulpicius récupérer les nombreuses armes entreposées chez Gaius Cornelius Cethegus (Cicéron, Catilinaires, III, 3 ; Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres : Vie de Cicéron, XXV).

La comparution devant le sénat

Le 3 décembre au matin, une fois l'assemblée des sénateurs réunie au temple de la Concorde, toutes les personnes arrêtées y comparurent et y furent confrontées. Les Gaulois et Titus Volturcius (auquel le sénat avait octroyé l'immunité) comparurent les premiers et révélèrent l'ensemble du complot (Cicéron, Catilinaires, III, 4 ; Salluste, Conjuration de Catilina, XLVII ; Dion Cassius, Histoire romaine, XXXVII, 34 ; Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres : Vie de Cicéron, XXV). Les courriers accablants récupérés lors de leur arrestation sur le pont Milvius furent ouverts et lus devant les sénateurs. Gaius Cornelius Cethegus, Lucius Statilius, Publius Cornelius Lentulus Sura et Publius Gabinius Cimber furent confrontés aux propos de leurs accusateurs et aux différentes pièces à conviction. Tous ne purent faire autrement que de reconnaître leur culpabilité (Cicéron, Catilinaires, III, 5 ; Appien, Guerres civiles, II, 4).

Le sénat délibéra du sort des quatre accusés présents et rendit une résolution ordonnant leur mise en détention (préalablement, Publius Cornelius Lentulus Sura fut contraint de démissionner de son mandat de préteur, il perdit ainsi son immunité) (Cicéron, Catilinaires, III, 6 ; Salluste, Conjuration de Catilina, XLVII ; Dion Cassius, Histoire romaine, XXXVII, 34). La même peine fut prononcée par contumace à l'égard des cinq accusés n'ayant pas comparu ; Lucius Cassius Longinus, Marcus Caeparius, Publius Furius, Caius Manlius et Publius Umbrenus (Cicéron, Catilinaires, III, 6). Marcus Caeparius, en fuite, fut arrêté immédiatement après et incarcéré (Salluste, Conjuration de Catilina, XLVII).

De nombreux délateurs se sont par la suite présentés pour accuser différentes personnalités d'avoir pris part à cette conjuration. Caius Iulius Caesar (César) et Marcus Licinius Crassus furent les deux principales personnalités suspectées (Dion Cassius, Histoire romaine, XXXVII, 35 ; Appien, Guerres civiles, II, 6 ; Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres : Vie de Cicéron, XXVII-XVIII ; Salluste, Conjuration de Catilina, XLIX). Salluste indique que Quintus Lutatius Catulus et Gaius Calpurnius Piso incitèrent Cicéron à réclamer aux Allobroges et à Titus Volturcius, de fausses déclarations visant à nuire à César. Cicéron refusa, cependant leurs soutiens s'empressèrent de faire courir le bruit d'une implication (Salluste, Conjuration de Catilina, XLIX). Selon Appien, le fait que Cicéron n'ait pas mis en cause César s'explique avant tout par la crainte de s'attaquer à un homme aussi populaire (Guerres civiles, II, 6).

Les Allobroges et Titus Volturcius sont récompensés

Salluste (Conjuration de Catilina, L) indique que les Gaulois et Titus Volturcius furent récompensés par le sénat pour avoir contribué à déjouer ce complot ayant menacé la République romaine, mais ne précise pas la nature de cette récompense. Ce qui semble certain, c'est que cette récompense ne fut pas une réponse positive aux revendications les ayant conduit à Rome.

Cicéron interprétait le fait que les Allobroges ne se soient pas joints à la conjuration comme un prodige. Il soulignait le fait que la Gaule n'était pas encore véritablement soumise et qu'elle constituait l'un des rares territoires ayant les hommes nécessaires, les moyens et la volonté de se soulever contre Rome pour recouvrer son indépendance (Catilinaires, III, 6). Il ne croyait pas si bien dire ! En effet, moins de deux ans plus tard, les Allobroges se soulevèrent contre Rome (61 av. J.-C.).


Complément : Le 5 décembre, après un débat du sénat, les accusés Gaius Cornelius Cethegus, Lucius Statilius, Publius Cornelius Lentulus Sura, Publius Gabinius Cimber et Marcus Caeparius furent exécutés.


Salluste, Conjuration de Catilina, XL : "Il charge donc un certain Umbrénus d'entrer en relations avec les députés des Allobroges et, si possible, de les affilier à la conjuration, dans la pensée que ce peuple, accablé de dettes gouvernementales et privées, et d'autre part, naturellement belliqueux comme tous les Gaulois, se laisserait facilement amener à ce parti. Umbrénus avait fait de la banque en Gaule ; il était connu des principaux citoyens de chaque ville et les connaissait. Aussi, sans perdre de temps, sitôt qu'il vit les députés sur le forum, il leur demanda quelques renseignements sur la situation de leur pays ; et, comme il s'affligeait de leur triste sort, il les interrogea d'une manière pressante sur les chances qu'ils voyaient d'échapper à de telles misères. Ils répondirent en se plaignant de l'avidité des magistrats et en accusant le Sénat de ne point venir à leur aide ; la mort, voilà le remède qu'ils attendaient de leurs maux. "Eh bien ! moi, leur dit Umbrénus, si seulement vous voulez être des hommes, je vous montrerai le moyen d'y échapper." A ces mots, les Allobroges, alléchés par l'espérance, supplièrent Umbrénus de les prendre en pitié : rien ne pouvait être si rude et si difficile, qu'ils ne fussent tout disposés à le faire, pour libérer par ce moyen leur pays de ses dettes. Umbrénus conduit alors les députés dans la maison de D. Brutus, voisine du forum, et qui, à cause de Sempronia, n'était pas demeurée étrangère à la conjuration Brutus lui-même était alors absent de Rome. - Il fait venir Gabinius, pour donner plus de poids à ses paroles ; devant lui il expose en détail le complot, donne les noms des conjurés et en ajoute un bon nombre d'autres, hommes de toute condition, étrangers à l'affaire, pour donner plus de 'coeur aux députés ; ceux-ci promettent leur aide, et Umbrénus les renvoie."

Salluste, Conjuration de Catilina, XLI : "Les Allobroges furent longtemps incertains sur la résolution à prendre : d'un côté, leurs dettes, leur amour de la guerre, l'espoir de la victoire et le fruit à en retirer ; de l'autre, plus de ressources, plus de sécurité, et, au lieu d'un espoir douteux, une récompense assurée. Dans cette incertitude, c'est la république qui eut le bonheur de l'emporter. Ils vont trouver Q. Fabius Sanga, leur patron habituel, et lui révèlent tout ce qu'ils savent de l'affaire. Informé par Sanga, Cicéron prescrit aux députés de feindre pour la conjuration un zèle ardent, d'aller trouver les autres, de leur prodiguer de belles promesses et de tout faire pour les amener à se découvrir le plus possible."

Salluste, Conjuration de Catilina, XLII : "A peu près au même moment, en Gaule cisalpine et transalpine, comme dans le Picénum, le Bruttium et l'Apulie, il y avait du remue-ménage. Les gens que Catilina avait auparavant envoyés de tous côtés brouillaient tout, sans réflexion, comme des insensés : réunions nocturnes, transports d'armes de trait et de défense, démarches précipitées et agitées, tout était cause de crainte plus que de dangers réels. Un bon nombre de ces gens avaient été, après instruction de leur affaire, jetés en prison par le préteur Métellus Céler, en vertu d'un sénatus-consulte ; en Gaule transalpine, des mesures analogues avaient été prises par C. Muréna, lieutenant-gouverneur de cette province."

Salluste, Conjuration de Catilina, XLIV : "Les Allobroges, suivant les instructions de Cicéron, sont par Gabinius conduits vers les autres affidés ; à Lentulus, Géthégus, Statilius et aussi Cassius ils demandent un engagement écrit, revêtu de leur cachet, qu'ils puissent montrer à leurs concitoyens ; faute de quoi, il ne serait pas facile de les lancer dans une telle affaire. Tous, sans soupçons, y consentent, sauf Cassius qui promet aux Allobroges d'aller bientôt dans leur pays, et qui sort de Rome un peu avant les députés. Lentulus leur adjoint un certain Volturcius de Crotone, pour les obliger, avant de rentrer chez eux, à renforcer, par des engagements réciproques, leur association avec Catilina. Il remet à Volturcius pour Catilina une lettre dont voici le texte : " Qui suis-je ? celui que je t'envoie te le dira. Réfléchis bien à ta misère et souviens-toi que tu es un homme ; examine ce que réclame ton intérêt ; demande leur aide à tous, même aux gens de la plus basse condition. " Il ajoute des recommandations de vive voix : le sénat ayant déclaré Catilina ennemi public, pourquoi écarter les esclaves ? à Rome même, tout est prêt, conformément à ses ordres ; qu'il ne tarde pas à s'en rapprocher."

Salluste, Conjuration de Catilina, XLV : "Tout cela étant fait, on choisit une nuit pour le départ. Cicéron, tenu au courant de tout par les députés, donne aux préteurs L. Valérius Flaccus et C. Promptinus l'ordre de se mettre en embuscade au pont Mulvius et d'y surprendre le cortège des Allobroges ; il leur explique par le menu l'objet de leur expédition ; sur les moyens d'action, il leur donne toute liberté. C'étaient des hommes de guerre : sans désordre, ils placent leurs troupes comme ils en ont reçu l'ordre, et gardent, sans rien laisser deviner, les côtés du pont. Les députés avec Volturcius arrivent ; alors, des deux côtés en même temps s'élèvent de grands cris. Les Gaulois comprennent bien vite ce qui se passe, et, sans tarder, se rendent aux préteurs. Volturcius commence par encourager ses compagnons et, l'épée à la main, se défend contre la foule qui l'assaille ; puis, se voyant abandonné par les députés, il s'adresse d'abord à Promptinus, qui lui était connu, et lui demande de le sauver ; puis, tout tremblant et voyant sa vie menacée, il se livre aux préteurs, comme il eût fait à des généraux ennemis."

Salluste, Conjuration de Catilina, XLIX : "Au même moment, Q. Catulus et C. Pison ne purent, ni par leurs instances, ni par leur autorité, ni à prix d'argent, pousser Cicéron à faire dénoncer mensongèrement César par les Allobroges ou par tel autre. Tous deux lui manifestaient une vive hostilité : Pison, parce que, impliqué dans un procès de concussion, il avait été poursuivi par César pour avoir fait supplicier un homme de la Gaule transpadane ; Catulus parce qu'il le haïssait depuis qu'ils s'étaient disputé le pontificat et que le jeune César l'avait emporté sur lui, qui était chargé d'honneurs et d'années. Le moment paraissait bien choisi de jeter le soupçon sur César, qui, par sa générosité comme simple particulier, sa somptuosité comme magistrat, s'était couvert de dettes. Quand ils comprirent qu'ils ne pouvaient amener le consul à un pareil forfait, ils se mirent à semer çà et là des bruits mensongers, qu'ils prétendaient tenir de Volturcius et des Allobroges ; et ils soulevèrent contre César une telle animosité, que quelques chevaliers romains, postés en armes, pour former la garde du sénat, autour du temple de la Concorde, incités soit par la grandeur du péril, soit par la noblesse de leurs sentiments et leur zèle pour l'ordre social, levèrent leurs épées sur lui au moment où il sortait du sénat."

Salluste, Conjuration de Catilina, L : "Pendant que ces faits se passent au sénat, et que les députés Allobroges et Volturcius reçoivent des récompenses pour leur dénonciation reconnue fondée des affranchis et quelques clients de Lentulus cherchent, par des rues différentes, à soulever dans les carrefours les artisans et les esclaves, pour délivrer leur patron ; d'autres cherchent des chefs de bandes, habitués à semer, à prix d'argent, le désordre dans la cité."

Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres : Vie de Cicéron, XXIV : "Pendant qu'ils faisaient ainsi leurs dispositions, il se trouvait à Rome deux ambassadeurs des Allobroges, peuple durement traité par les Romains, et qui supportait impatiemment leur domination. Lentulus, persuadé que ces deux hommes pourraient leur être utiles pour exciter les Gaules à la révolte, les fit entrer dans la conjuration, et leur donna des lettres pour leur sénat, dans lesquelles ils promettaient aux Gaulois la liberté. Ils leur en remirent d'autres pour Catilina, qu'ils pressaient d'affranchir les esclaves, et de s'approcher promptement de Rome. Ils firent partir avec ces ambassadeurs un Crotoniate, nommé Titus, qu'ils chargèrent des lettres destinées à Catilina ; mais toutes les démarches de ces hommes inconsidérés, qui ne parlaient jamais ensemble de leurs affaires que dans le vin et avec les femmes, vinrent bientôt à la connaissance de Cicéron, qui, opposant à leur légèreté une vigilance, un sang-froid et une prudence extrêmes, les observait sans cesse, et avait d'ailleurs répandu dans la ville un grand nombre de gens affidés pour épier tout avec soin, et venir lui rendre compte. Il avait même des conférences secrètes avec des personnes sûres, que les conjurés croyaient être leurs complices, et qui l'informèrent des relations que les conjurés avaient eues avec les ambassadeurs. Il mit donc des gens en embuscade pendant la nuit ; et les deux Allobroges étant secrètement d'intelligence avec lui, il fit arrêter le Crotoniate, et saisir les lettres dont il était chargé."

Dion Cassius, Histoire romaine, XXXVII, 34 : "Cicéron resta à Rome fort à propos pour ses concitoyens ; car Lentulus, de concert avec ses complices et avec les députés des Allobroges qu'il avait entraînés dans la conjuration, se préparait à incendier une partie de la ville et à égorger plusieurs citoyens [...] Cicéron fit arrêter ceux qui avaient été chargés de porter des lettres à Catilina, les introduisit avec ces lettres dans le sénat, leur assura l'impunité et mit ainsi la conspiration à nu. Lentulus, forcé par le sénat d'abdiquer la préture, fut jeté en prison avec tous ceux qui avaient été arrêtés, et l'on se mit à la recherche des autres conjurés. Le peuple approuva ces mesures ; surtout parce qu'au moment où Cicéron parlait de cette affaire, eu pleine assemblée publique, la statue de Jupiter fut replacée dans le Capitole, la face tournée du côté de l'orient et du Forum, suivant la prescription des augures. Ils avaient déclaré que l'existence d'une conspiration serait révélée par l'érection de cette statue, et comme son rétablissement coïncidait avec la découverte du complot de Catilina, le peuple glorifia les dieux et se montra plus irrité contre ses complices."

Cicéron, Catilinaires, III, 2 : "Oui, j'ai voulu que vous vissiez le crime de vos propres yeux, afin que nul doute ne vous empêchât plus d'écouter les conseils de la prudence. J'entre en matière. Lentulus, pour soulever le tumulte gaulois et allumer la guerre au delà des Alpes, avait entamé avec les députés des Allobroges une négociation criminelle. Déjà ceux-ci allaient partir pour la Gaule, munis de lettres et d'instructions, et devaient, en passant, se concerter avec Catilina. Avec eux partait Vulturcius, chargé d'une lettre pour ce chef de rebelles. Instruit de ces faits, je crus enfin avoir obtenu ce qui était le plus difficile, et ce que je demandais instamment aux dieux immortels. Je pouvais à la fois et surprendre moi-même, et livrer aux mains du sénat et du peuple tout le secret de la conjuration. J'appelai donc hier chez moi les préteurs L. Flaccus et G. Pomtinius, dont le courage et le dévouement sont au-dessus de tout éloge. Je leur exposai tout ; je leur appris quel était mon dessein. Ces magistrats, animés pour la patrie du zèle le plus généreux et des plus nobles sentiments, se chargèrent sans balancer de l'exécution. Sur le soir, ils se rendirent dans le plus grand secret au pont Milvius, et se postèrent séparément dans deux fermes voisines, ayant entre eux le Tibre et le pont, ils s'étaient fait accompagnera l'insu de tout le monde d'un grand nombre d'hommes intrépides ; et moi-même j'avais envoyé au rendez-vous plusieurs jeunes gens de Réate, l'élite de leur pays, que j'emploie chaque jour pour assurer le repos public, et qui s'y trouvèrent bien armés. Vers la fin de la troisième veille paraissent accompagnés d'une suite nombreuse les députés des Allobroges, et avec eux Vulturcius. Ils sont assaillis en entrant sur le pont. Des deux côtés on met l'épée à la main. Les préteurs seuls étaient dans le secret ; les autres ignoraient tout."

Cicéron, Catilinaires, III, 3 : "Le combat s'engageait, quand Pomtinius et Flaccus surviennent et le font cesser. Toutes les lettres sans exception leur sont remises entières et bien cachetées. Les députés et ceux de leur suite sont arrêtés et conduits chez moi dès le point du jour. Je mande aussitôt l'artisan le plus effronté de ces ma'noeuvres criminelles, Gabinius Cimber. Il ne soupçonnait encore rien. Je fais venir de même Statilius, et après lui Céthégus. Lentulus tarda plus que les autres. Sans doute les dépêches qu'il avait remises l'avaient forcé de veiller, contre son ordinaire, une partie de la nuit. À la nouvelle de ces événements, un grand nombre de citoyens distingués s'étaient rassemblés chez moi dès le matin. Ils voulaient que j'ouvrisse les lettres avant de les soumettre au sénat, afin que si elles ne contenaient rien d'important, on ne pût me faire le reproche d'avoir alarmé la république par de chimériques terreurs. Je protestai que cette affaire intéressant le salut public. Je me garderais bien d'en dérober au conseil public la première connaissance. En effet, citoyens, quand même les lettres n'auraient point confirmé les avis que j'avais reçus, devais-je craindre, lorsque l'Etat pouvait périr, qu'on me blâmât d'un excès de prudence ? Alors, comme vous l'avez vu, j'ai réuni à la hâte une nombreuse assemblée du sénat ; en même temps, sur l'avis des Allobroges, j'ai envoyé un homme sûr, le préteur C. Sulpicius, dans la maison de Céthégus, pour enlever les armes qui s'y trouveraient. Il en a rapporté une grande quantité de poignards et d'épées."

Cicéron, Catilinaires, III, 4 : "J'ai fait entrer Vulturcius sans les Gaulois. Je lui ai garanti l'impunité par ordre du sénat et au nom de la république ; je l'ai engagé à dire sans crainte tout ce qu'il savait. Revenu avec peine de son extrême frayeur, il a déclaré que Lentulus lui avait donné pour Catilina une lettre et des instructions, par lesquelles il l'exhortait à ne pas dédaigner le secours des esclaves et à s'approcher au plus tôt avec son armée. Il devait se trouver aux portes de Rome à l'instant même où les conjurés, d'après un plan arrêté et convenu, auraient mis le feu à tous les quartiers de la ville, et massacré un nombre incalculable de citoyens. Au milieu de ces horreurs, il eût arrêté quiconque aurait tenté de fuir ; ensuite il serait venu se joindre à ses amis du dedans. Introduits à leur tour, les Gaulois ont déclaré qu'ils avaient reçu de Lentulus, de Céthégus et de Statilius, un serment et des lettres pour leur nation ; que ceux-ci, et Cassius avec eux, leur avaient recommandé d'envoyer promptement en Italie des troupes à cheval ; car des gens de pied, on n'en devait point manquer. Lentulus en outre leur avait assuré, sur la foi des aruspices et des livres sibyllins, qu'il était le troisième Cornélius auquel les destins avaient promis dans Rome un pouvoir absolu ; que deux Cornélius y avaient déjà régné, Cinna et Sylla. Cette année, disait-il encore la dixième depuis l'absolution des vestales, et la vingtième depuis l'incendie du Capitole), était destinée, par une irrévocable fatalité, à voir la chute de Rome et de l'empire. Les Gaulois ont ajouté que Céthégus et les autres conjurés avaient différé d'opinion sur un point : Lentulus et les autres voulaient fixer aux Saturnales le massacre et l'incendie ; Céthégus trouvait ce terme trop éloigné."

Cicéron, Catilinaires, III, 5 : "Mais abrégeons ce récit. Je fais produire les lettres attribuées à chacun des accusés. Céthégus est le premier auquel je montre son cachet ; il le reconnaît. J'ouvre la lettre, et j'en fais lecture. Elle était écrite de sa main. Il y promettait au sénat et au peuple des Allobroges de tenir la parole qu'il avait donnée à leurs ambassadeurs. Il les priait de remplir de leur côté les engagements contractés par ceux-ci peu de moments auparavant. Céthégus, pour se justifier d'avoir eu chez lui un amas d'épées et de poignards, venait de répondre qu'il avait toujours été curieux de bonnes lames. Mais à la lecture de sa lettre, atterré, confondu, accablé par le témoignage de sa conscience, il reste muet. Statilius est introduit ; il reconnaît son cachet et sa main. On lit la lettre ; elle était conçue dans le même esprit. Il avoue sans résistance. Je fais venir Lentulus, et lui montrant la sienne, je lui demande s'il en reconnaît le sceau. Sur son aveu : En effet, lui dis-je, cette empreinte est facile à reconnaître : c'est l'image de ton aïeul ; l'image d'un grand homme, dévoué à sa patrie et à ses concitoyens. Elle aurait dû, toute muette qu'elle est, te détourner d'un si noir attentat. Sa lettre au sénat et au peuple des Allobroges est lue comme les précédentes. Je lui permets de parler, s'il a quelque chose à répondre. Il commence par nier. On lui met sous les yeux toutes les pièces de conviction. Alors il se lève, et demande aux Gaulois quelle affaire il avait avec eux, et pour quel motif ils étaient venus chez lui. Il fait la même question à Vulturcius. Ceux-ci répondent en peu de mots et sans se troubler. Ils disent le nom de leur introducteur, le nombre de leurs visites ; ils demandent à Lentulus s'il ne leur a jamais parlé des livres sibyllins. À ce mot, le délire du crime égare sa raison, et révèle tout le pouvoir de la conscience. Il pouvait nier ce propos, et tout à coup, au grand étonnement de l'assemblée entière, il l'avoue. Effet irrésistible de l'évidence sur l'âme d'un coupable : il ne retrouve plus en ce moment critique ce talent oratoire qui le distingua toujours. Même cette impudence et cette effronterie, qui n'eurent jamais rien d'égal, l'ont abandonné. En cet instant, Vulturcius demande qu'on produise et qu'on ouvre la lettre que Lentulus lui avait remise pour Catilina. Malgré le trouble violent qui l'agite, Lentulus reconnaît son cachet et sa main. La lettre sans signature était ainsi conçue : " Celui que je t'envoie t'apprendra qui je suis. Sois homme ; songe quel pas tu as fait, et vois à quoi t'oblige désormais la nécessité. Aie soin de prendre partout des auxiliaires, même dans les rangs les plus bas. " Gabinius, amené à son tour, nie d'abord avec impudence, et finit par convenir de tout ce que lui imputaient les Gaulois."

Cicéron, Catilinaires, III, 6 : "Les pièces vérifiées et les déclarations entendues, j'ai consulté le sénat sur ce qu'il voulait ordonner pour le salut de la république. Les plus illustres sénateurs ont proposé des avis pleins de vigueur et de fermeté, auxquels l'ordre entier s'est rangé sans partage. Comme le sénatus-consulte n'est point encore rédigé par écrit, je vais, citoyens, vous en rapporter de mémoire les principales dispositions. D'abord, des remerciements me sont votés dans les termes les plus honorables, pour avoir, par mon courage, mes soins et ma prévoyance, sauvé l'État des plus grands périls. Ensuite les préteurs L. Flaccus et C. Pomtinus reçoivent de justes éloges pour le zèle et le dévouement avec lequel ils m'ont secondé. Mon collègue en reçoit également pour avoir su, dans sa conduite publique et privée, se dérober à l'influence des hommes qui ont formé cette conjuration. Le décret porte que Lentulus abdiquera d'abord la préture, puis sera détenu sous bonne garde ; il ordonne aussi la détention de Céthégus, celle de Statilius, de Gabinius, qui tous étaient présents ; de L. Cassius, qui avait sollicité l'odieuse commission d'incendier la ville ; de M. Céparius, chargé, suivant les dépositions, de soulever les pcltres dans les campagnes d'Apulie ; de P. Furius, un de ces colons que Sylla établit à Fésules ; de Q. Manlius, qui avait pris part a toutes les intrigues de Furius pour séduire les Allobroges ; enfin, celle de l'affranchi P. Unibrenus, évidemment coupable d'avoir le premier conduit les Gaulois chez Gabinius. Admirez, citoyens, l'extrême indulgence du sénat : sur la multitude innombrable d'ennemis domestiques qui ont trempé dans cette vaste conjuration, il a cru que le châtiment de neuf des plus scélérats pourrait, en sauvant la république, ramener les autres de leur criminel égarement."

Cicéron, Catilinaires, III, 9 : "C'est lui qui a défendu ce Capitole, ces temples, cette ville ; c'est lui qui vous a tous sauvés. C'est l'inspiration des dieux immortels qui, dirigeant mes conseils, soutenant mon courage, m'a conduit a ces grandes découvertes. Et ces tentatives pour séduire les Allobroges, et ce secret si follement confié par Lentulus et ses complices à des inconnus et à des barbares, et ces lettres remises en leurs mains ; tout ne prouve-t-il pas que les dieux ont aveuglé leur audace et répandu sur eux un esprit de vertige ? Mais ce n'est pas tout. Des Gaulois, les représentants d'une nation encore mal soumise, la seule au monde à qui ne manquent ni les moyens, ni peut-être la volonté de nous faire la guerre, ont renoncé d'eux-mêmes aux plus magnifiques espérances, refusé l'empire que des patriciens venaient mettre à leurs pieds, et préféré le salut du peuple romain à l'agrandissement de leur patrie ; et ces hommes, pour nous vaincre, n'avaient pas besoin de combattre ; il leur suffisait de se taire. Je vous le demande, citoyens, n'est-ce pas là encore un nouveau prodige ?"

Appien, Guerres civiles, II, 4 : "Telles étaient les intentions de Lentulus, Cethegus, Statilius et Cassius, les chefs du soulèvement, et ils guettaient l'occasion ; or des émissaires des Allobroges, qui se plaignaient de leurs gouverneurs [...] furent admis dans la conjuration, pour soulever la Gaule contre les Romains. Et Lentulus dépêcha en leur compagnie auprès de Catilina, Vulturcius, un homme de Crotone, avec des lettres ne portant aucun nom propre. Les Allobroges, concevant des doutes, en firent part à Fabius Sagga, qui était le " protecteur " des Allobroges, comme il en existe à Rome pour tous les peuples. Mis au courant par Sagga, Cicéron fit arrêter les Allobroges et Vulturcius à leur départ et les amena immédiatement au Sénat ; ils avouèrent alors tous les accords qu'ils avaient passés avec Lentulus et ses compagnons, et, quand ceux-ci leur furent confrontés, ils leur firent confirmer ce que Lentulus répétait souvent : une prophétie avait prédit que trois Cornelii exerceraient un pouvoir absolu sur les Romains, et il y en avait déjà eu deux, Cinna et Sylla."


Sources:
  • Pierre Crombet pour l'Arbre Celtique
  • Julien Quiret pour l'Arbre Celtique

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