Osismes
Localisation
Peuple de l'Armorique, à l'extrémité ouest de la Gaule celtique. Leur territoire correspondait certainement à ceux des diocèses de Léon, de Tréguier et de Cornouaille (avant 1790), soit l'actuel département du Finistère et les portions occidentales des Côtes-d'Armor et du Morbihan. À l'époque gallo-romaine, leur métropole était Vorgium (Carhaix).
Attestations et étymologie
Ce peuple ne fut mentionné à de nombreuses reprises dans l'antiquité. Ainsi, il fut désigné sous la forme Ὠστιαίους par Pythéas (De l'Océan, cité par Strabon, Géographie, IV, 4, 1 et Étienne de Byzance, Ethniques, 249), Ὠστίωνες par Artémidore d'Éphèse (Descriptions géographiques, cité par Étienne de Byzance, Ethniques, 249), Osismos et Osismi (var. Ossismi) par César (Guerre des Gaules, II, 34 ; III, 9 ; VII, 75), Ὀσίσμιοι par Strabon (Géographie, IV, 4, 1), Ossismos par Pline (Histoire naturelle, IV, 107), Ὀσισµίους (var. Ὀσίσµιοι, Ὀσίσµαίους) par Ptolémée (Géographie, II, 8, 6), ciuitas Osismorum (var. Ossismorum, Oxismorum, Oximorum) dans la Notice des Gaules. Leur nom pourrait s'expliquer par un terme gaulois *ostimios / ostimos / ossimos signifiant "ultime / extrême / dernier", faisant de ce peuple "ceux qui sont à l'extrême (ouest) / à l'extrémité" (Delamarre, 2003 ; Savignac, 2004).
Histoire
● Protohistoire
Les Osismes sont un des peuples gaulois mentionnés les plus anciennement. Hypothétiquement, il est peut-être possible de les identifier aux Oestrimni / Oestrimniens mentionnés par Aviénus, dans plusieurs passages des Rivages maritimes, très certainement inspirés du récit du périple d'Himilcon (Ve / IVe s. av. J.-C.). Si tel est bien le cas, il leur prêtait alors différentes possessions le long des côtes de la Péninsule ibérique, du Golfe de Gascogne et de l'Armorique. Plus assurément, ils furent visités par Pythéas, dans la seconde moitié du IVe s. av. J.-C., alors qu'il suivait la route de l'étain en direction des Îles britanniques (De l'Océan, cité par Strabon, Géographie, IV, 4, 1 et Étienne de Byzance, Ethniques, 249). Au début du Ier s. av. J.-C., Artémidore d'Éphèse indique qu'ils étaient l'une des composantes d'un peuple plus important, les Κόσσινοι / Kossinoi, dont nous ne savons rien (Descriptions géographiques, cité par Étienne de Byzance, Ethniques, 249).
● Guerre des Gaules
Les Osismes furent par la suite évoqués au cours de la guerre des Gaules (58-51 av. J.-C.). En effet, en 57 av. J.-C., Jules César envoya Publius Licinius Crassus Dives chez les Armoricains, à la tête de la seule légion VII. En dépit de la faiblesse de ce contingent, il suffit à soumettre les divers peuples armoricains, dont les Unelles, les Riedones, les Ésuviens, les Aulerques, les Coriosolites et les Osismes (Guerre des Gaules, II, 34). Après cela, à l'annonce du soulèvement des Vénètes (été 56 av. J.-C.), les Osismes prirent part à la coalition des peuples armoricains (été 56 av. J.-C.) (Guerre des Gaules, III, 9). Ils furent vraisemblablement vaincus par Decimus Junius Brutus Albinus.
En 52 av. J.-C., les Osismes prirent part au soulèvement général des Gaulois et fournirent, aux côtés des autres peuples armoricains, un contingent de 20000 hommes aux armées de secours chargées de contraindre César à lever le siège d'Alesia (Guerre des Gaules, VII, 75).
● Intégration de la cité des Osismes à l'Empire romain
En 27 av. J.-C., dans le cadre de la réorganisation administrative de la Gaule opérée par Auguste, le territoire des Osismes fut intégré à la province de Gaule lyonnaise. Quelques années plus tard, lorsque Auguste définit le statut des cités de la province (16-13 av. J.-C.), les Osismes héritèrent du statut fiscal de cité stipendiaire, c'est à dire soumis au paiement du tribut (Pline, Histoire naturelle, IV, 107). Ce fut très certainement à cette même époque que les Osismes firent de Vorgium (Carhaix), leur métropole, une ville conforme au modèle romain.
● La cité des Osismes au Bas-Empire
Dans le cadre de la réforme provinciale de Dioclétien (dernière décennie du IIIe s. ap. J.-C.), la province de Gaule lyonnaise fut divisée en deux nouvelles provinces. À cette occasion, la cité des Osismes intégra la province de Lyonnaise seconde.
Entre la fin du IIIe s. et le début du IVe s. ap. J.-C., le litus saxonicum fut constitué pour lutter contre les incursions effectuées par les Saxons (mais également les Francs). Ce dispositif militaire reposait sur une série de fortifications édifiées sur les côtes de l'île de Bretagne et du nord et du nord-ouest de la Gaule, et dotées de garnisons. D'après le Registre de Dignitaires, une de ces forteresses fut édifiée sur le territoire des Osismes ; Osismis (Brest). Elle était placée sous le commandement du dux tractus Armoricani et Nervicani (Registre de Dignitaires, XXXVII).
Lorsque cette province fut à sont tour divisée, lors de la réforme provinciale de Constantin (314 ap. J.-C.), la cité des Osismes intégra finalement la province de Lyonnaise troisième.
Sources littéraires anciennes
César, Guerre des Gaules, II, 34 : "Dans le même temps, César fut informé par P. Crassus, envoyé par lui, avec une seule légion, contre les Vénètes, les Unelles, les Osismes, les Curiosolites, les Esuvii, les Aulerques, les Redons, peuples maritimes sur les côtes de l'Océan, qu'ils s'étaient tous soumis au pouvoir du peuple romain."
|
César, Guerre des Gaules, III, 9 : "Leurs résolutions étant prises, ils fortifient leurs places et transportent les grains de la campagne dans les villes. Ils réunissent en Vénétie le plus de vaisseaux possible, persuadés que César y porterait d'abord la guerre. Ils s'associent pour la faire les Osismes, les Lexovii, les Namnètes, les Ambiliates, les Morins, les Diablintes et les Ménapes ; ils demandent des secours à la Bretagne, située vis-à-vis de leurs côtes."
|
César, Guerre des Gaules, VII, 75 : "Pendant que ces choses se passaient devant Alésia, les principaux de la Gaule, réunis en assemblée, avaient résolu, non d'appeler aux armes tous ceux qui étaient en état de les porter, comme le voulait Vercingétorix, mais d'exiger de chaque peuple un certain nombre d'hommes ; ils craignaient, dans la confusion d'une si grande multitude, de ne pouvoir ni la discipliner, ni se reconnaître, ni se nourrir. Il fut réglé que les divers états fourniraient, savoir [...] vingt mille à l'ensemble des peuples situés le long de l'Océan, et que les Gaulois ont l'habitude d'appeler Armoricains, au nombre desquels sont les Curiosolites, les Redons, les Ambibarii, les Calètes, les Osismes, les Lémovices, les Unelles."
|
Étienne de Byzance, Ethniques, 249 : Ôstiônes : peuple près de l'océan occidental, qu'Artémidore appelle Kossinoi, et Pythéas Ôstiaioi : " mais à gauche de ceux‐ci, les Kossinoi dits Ôstiônes, que Pythéas appelle Ôstiaioi ".
|
Pline, Histoire naturelle, IV, 107 : "La Gaule Lyonnaise renferme les Lexoviens, les Vellocasses, les Gallètes, les Vénètes, les Abrincatuens, les Osismiens ; la Loire, fleuve célèbre ; une péninsule remarquable qui s'avance dans l'Océan, à partir des Osismiens, dont le tour est de 625.000 pas, et dont le col a 125.000 pas de large ; au delà de cette péninsule, les Nannètes ; dans l'intérieur, les Héduens, aillés, les Carnutes, alliés, les Boïens, les Sénons, les Aulerques, surnommés Éburoviques, et ceux qui sont surnommés Cénomans ; les Meldes, libres ; les Parisiens, les Trécasses, les Andegaves, les Viducasses, les Bodiocasses, les Unelles, les Cariosvélites, les Diablindes, les Rhédons, les Turons, les Atésuens, les Segusiaves, libres, dans le territoire desquels est Lyon, colonie."
|
Pomponius Mela, Description de la Terre, III, 40 : "L'île de Sena, située dans la mer Britannique, en face des Osismiciens, est renommée par un oracle gaulois, dont les prêtresses, vouées à la virginité perpétuelle, sont au nombre de neuf. Elles sont appelées Gallicènes, et on leur attribue le pouvoir singulier de déchaîner les vents et de soulever les mers, de se métamorphoser en tels animaux que bon leur semble, de guérir des maux partout ailleurs regardés comme incurables, de connaître, de connaître et de prédire l'avenir, faveurs qu'elles n'accordent néanmoins qu'à ceux qui viennent tout exprès dans leur île pour les consulter."
|
Strabon, Géographie, IV, 4, 1 : "Aux Vénètes succèdent les Osismiens, ou, comme les nomme Pythéas, les [Os]timiens : ce peuple habite une presqu'île qui avance passablement loin dans l'Océan, pas aussi loin pourtant que le prétend Pythéas et qu'on le répète d'après lui." |
|