Gnaeus Iulius Verus est contraint d'évacuer le mur d'Antonin (v. 155-160 ap. J.-C.)

Après la victoire de Quintus Lollius Urbicus sur les Brigantes et la construction du mur d'Antonin, le nord de la province de Bretagne a connu une période de calme, jusqu'au gouvernement de Gnaeus Iulius Verus (1). S. Mitchell et al. (2002) rapportent l'existence d'un as (RIC III, 934) et d'un dupondius (Spink 645, RIC III, 930), dont la frappe peut être datée de 155 ap. J.-C., commémorant une victoire remportée en Bretagne. Les auteurs proposent de rapporter cette frappe aux événements auxquels Gnaeus Iulius Verus dut faire face. Les seules attestations pouvant être assurément au gouvernement de Gnaeus Iulius Verus témoignent du fait qu'un brusque changement est intervenu, nécessitant de faire venir des renforts des provinces de Germanie inférieure et de Germanie supérieure (RIB-01, 1322 ; AE 1903, 360). Dans le même temps, plus aucune inscription ne témoigne d'une quelconque activité au niveau du mur d'Antonin. En effet, les troupes qui y avaient été affectées furent redéployées et chargées de réoccuper certains forts du mur d'Hadrien, voire d'en construire de nouveaux en retrait :

Ces différentes attestations, bien que très lacunaires, permettent d'avancer une hypothèse pour expliquer le brutal abandon du mur d'Antonin, alors vieux d'à peine une décennie. Il est difficile de juger de la situation extérieure et de l'éventuelle poussée des peuples installés au-delà du mur d'Antonin, ou de ceux installés entre les deux enceintes défensives. Par contre, on peut noter que l'activité du gouverneur Gnaeus Iulius Verus s'est concentrée autour du mur d'Hadrien, et plus particulièrement autour du territoire des Brigantes. Plus qu'une menace extérieure, il semble que ça ne soit un violent soulèvement des Brigantes qui ait nécessité un redéploiement des troupes romaines, puis l'abandon de territoires difficiles à conserver. Cette explication est d'autant plus séduisante qu'elle partage énormément de similitudes avec celle que semble avoir rencontré l'un de ses successeurs, Sextus Calpurnius Agricola (162-163 ap. J.-C.).

(1) Cette période peut être datée avec une précision toute relative. Gnaeus Iulius Verus était gouverneur de la province de Germanie inférieure en 154 ap. J.-C. Les plus anciennes attestations connues de sa présence dans la province de Bretagne, proviennent de l'inscription de Birrens (RIB-01, 2110 ; AE 1897, 59) et d'un diplôme militaire découvert à Ravenglass (AE 1997, 1001), tous deux datés des années 157-158 ap. J.-C. Nous savons avec certitude que cette dernière province était dirigée par Marcus Statius Priscus en 161-162 ap. J.-C. (CIL 06, 1523 (p 3805, 4709)). Il est donc possible de dater le gouvernement de la province de Bretagne par Gnaeus Iulius Verus autour des années 155 à 160 ap. J.-C.