Accueil
Accueil | Forum | Livre d'or | Recommander | Lettre d'information | Infos Légales | Contact  .
Forum
Encyclopédie

Livre d'Or
Dialogues
Rechercher

Nous Aider
Contact



Annonces


Gaule
Orient
Express




Vous êtes dans Encyclopédie de l'Arbre Celtique > fiches diverses / Histoire des Francs / Histoire des Francs - Livre I
Retour
Encyclopédie Celtique

Histoire des Francs - Livre I

GREGORII TURONENSIS

HISTORIARUM FRANCORUM

LIBER PRIMUS

Scripturus bella regum cum gentibus adversis, martyrum cum paganis, eclesiarum cum hereticis, prius fidem meam proferre cupio, ut qui ligirit me non dubitet esse catholicum. Illud etiam placuit propter eos, qui adpropinquantem finem mundi disperant, ut, collectam per chronicas vel historias anteriorum annorum summam, explanitur aperte, quanti ab exordio mundi sint anni. Sed prius veniam legentibus praecor, si aut in litteris aut in sillabis grammaticam artem excessero, de qua adplene non sum inbutus; illud tantum studens, ut quod in eclesia credi praedicatur sine aliquo fuco aut cordis hesitatione reteneam, quia scio, peccatis obnoxium per credulitatem puram obtenire posse veniam apud Deum. Credo ergo in Deum patrem omnipotentem. Credo in Iesum Christum, filium eius unicum, dominum nostrum, natum a patre, non factum, non post tempora, sed ante cunctum tempus semper fuisse cum patre. Nec enim pater dici potuerat, nisi haberit filium; neque filius esset, si patrem utique non haberet. Illos vero, qui dicunt: 'Erat quando non erat', execrabiliter rennuo et ab eclesia segregare contestor. Credo Christum hunc verbum esse patris, per quem facta sunt omnia. Hunc verbum carne factum credo, cuius passionem mundus redemptus est, et humanitatem, non deitatem subiacuisse passione, credo. Credo, eum tertia die resurrexisse, hominem perditum liberasse, ascendisse caelos, sedere a dexteram Patris, venturum ac iudicaturum vivos et mortuos. Credo sanctum Spiritum a Patre et Filio processisse, non minorem et quasi ante non esset, sed aequalem et semper cum Patre et Filio coaeternum deum, cumsubstantialem natura, aequalem omnipotentia, consempiternum esse essentia et nunquam sine Patre fuisse vel Filio, neque minorem Patri vel Filio. Credo hanc Trinitatem sanctam in distinctione subsistere personarum, et aliam quidem personam Patris, aliam Fili, aliam Spiritus sancti. In qua Trinitate unam Deitatem, unam potentiam, unam essentiam esse, confiteor. Credo beatam Mariam, ut virginem ante partum, ita virginem et post partum. Credo animam inmortalem, nec tamen partem habere Deitatis. Et omnia quae a 318 episcopis Nicaene instituta sunt credo fideliter. De fine vero mundi ea sentio quae a prioribus didici, Antechristum prius esse venturo. Antechristus vero primum circumcisionem inducit, se asserens Christum, deinde in templo Hierusolimis statuam suam collocat adorandam, sicut Dominum dixisse legimus: Videbitis abhuminationem desolationes stantem in loco sancto. Sed diem illam omnibus hominibus oculi ipse Dominus manifestat, dicens: De die autem illa et ora nemo scit, neque angeli caelorum neque filius, nisi Pater solos. Sed et hic respondibimus hereticis, qui nos inpugnant, asserentis, minorem esse Filium Patri, qui hanc diem ignoret. Cognoscant ergo, hunc filium christianum populum nuncopatum, de quo a Deo praedicetur: Ego ero illis in patre, et ipsi erunt mihi in filios. Si enim haec de unigenito Filio praedixisset, nunquam ei angelos praeposuisset. Sic enim ait: Neque angeli caelorum neque filios; ostendens non de unigenito, sed de adoptivo populo haec dixisse. Noster vero finis ipse Christus est, qui nobis vitam aeternam, si ad eum conversi fuerimus, larga benignitate praestabit. De subpotatione vero huius mundi evidenter chronicae Eusebii Caesariensis episcopi ac Hieronimi presbiteri prolocuntur et rationem de omni annorum serie pandunt. Nam et Horosius diligentissime haec inquaerens, omnem numerum annorum ab initio mundi usque ad suum tempus in unum colligit. Hoc etiam et Victurius cum ordine paschalis solemnitates inquirere fecit. Ergo et nos scriptorum supra memoratorum exsemplaria sequentes, cupimus a primi homines conditione, si Dominus dignabitur suum commodare auxilium, usque ad nostrum tempos cunctam annorum congeriem conpotare. Quod facilius adinplemus, si ab ipso Adam sumamus exordium.


Me disposant à écrire les guerres des rois avec les nations ennemies, celles des martyrs avec les païens, et de l'Église avec les hérétiques, je veux auparavant exposer ma profession de foi, afin que ceux qui me liront ne doutent pas que je suis catholique. Une autre raison, l'opinion de ceux qui se désolent de l'approche de la fin du monde, me détermine aussi à recueillir, dans les chroniques et les histoires, le nombre des années déjà passées, afin qu'on sache clairement combien il s'en est écoulé depuis le commencement du monde. Je réclamerai d'abord l'indulgence du lecteur si je me suis écarté, dans le style ou dans les mots, des règles de la grammaire dont je ne suis pas très bien instruit. Je me suis seulement appliqué à bien retenir, avec simplicité et sans doute de coeur, ce dont l'Église prêche la croyance, car je sais que l'homme, sujet aux péchés, peut obtenir grâce par une foi pure auprès de notre clément Seigneur. Je crois donc en Dieu pure tout-puissant ; je crois en Jésus-Christ son fils unique, notre Seigneur Dieu, né du Père et non créé ; je crois qu'il a toujours été avec le père, non depuis un temps, mais avant tous les temps ; car on ne pourrait appeler celui-ci père s'il n'avait pas de fils, ni celui-ci fils s'il n'avait pas de père. Je rejette avec exécration ceux qui disent : Il était quand il n'était pas, etc. et j'affirme qu'ils sont rejetés le l'Église. Je crois que le Christ est le Verbe du Père, par qui toutes choses ont été faites. Je crois que ce Verbe a été fait chair et que, par sa Passion, il a racheté le monde. Je crois que son humanité et non sa divinité a été soumise à la Passion. Je crois qu'il ressuscita le troisième jour, qu'il délivra l'homme perdu, qu'il monta dans les cieux où il est assis à la droite du Père, et qu'il viendra pour juger les vivants et les morts. Je crois que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, qu'il ne leur est pas inférieur, qu'il existait en même temps. Je crois qu'il est Dieu égal au Père et au Fils, étant d'une même nature, d'une omnipotence égale, d'une essence coéternelle , de telle sorte qu'il n'a jamais été sans le Père et le Fils, et qu'il n'est inférieur ni à l'un ni à l'autre. Je crois que cette sainte Trinité subsiste clans la distinction des personnes, et qu'autre est la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint-Esprit. Dans cette Trinité, je confesse un seul Dieu, une seule puissance et une seule essence. Je crois à la bienheureuse Marie, vierge avant l'enfantement et vierge après. Je crois à l'immortalité de l'âme ; mais je ne crois pas qu'elle ait une part de divinité. Je crois fidèlement à tout ce qui a été établi par les trois cent dix-huit évêques du concile, de Nicée. Je pense, sur la fin du monde, ce que j'ai appris de mes anciens. L'antéchrist d'abord introduira la circoncision, affirmant qu'il est le Christ ; ensuite il placera sa statue pour qu'on l'adore dans le temple de Jérusalem, comme nous lisons que l'a dit le Seigneur : Vous verrez que l'abomination de la désolation sera dans le lieu saint. Mais le Seigneur lui-même montre par ces paroles que tous les hommes ignorent cette heure : Quant à ce jour-là ou à cette heure, nul ne la sait, ni les anges qui sont dans le ciel, ni le Fils, mais le Père seul. Nous répondrons ici aux hérétiques qui affirment que le Fils est inférieur au Père puisqu'il ignore ce jour ; qu'ils sachent donc que le Fils ici nommé est le peuple chrétien, duquel Dieu a dit : Je serai votre père, et vous serez mes fils et mes filles. S'il avait voulu parler de son fis unique, il n'eût jamais mis les anges auparavant, car il dit : Ni les anges qui sont dans le ciel ni le Fils ; ce qui fait voir que ces paroles se rapportent, non à son fils unique, mais à son peuple adoptif. Notre fin à nous, c'est le Christ lui-même qui, par son immense bonté, nous accordera la vie éternelle, si nous avons recours à lui. Eusèbe, évêque de Césarée, et le prêtre Jérôme, dans leurs chroniques, parlent clairement du calcul des années du monde, et en expliquent le nombre. Orose, après de laborieuses recherches, a calculé aussi le nombre des années depuis le commencement du monde jusqu'à son temps. Victor, cherchant l'ordre de la fête de Pâques, a fait le même travail. Suivant l'exemple de ces auteurs, nous avons le dessein, si Dieu daigne nous prêter son secours, de calculer le nombre des années qui se sont écoulées depuis la naissance du premier homme jusqu'à nos jours. Nous le ferons plus aisément en commençant par Adam.

1. De Adam et Ewa.

Principio Dominus caelum terramque in christo suo, qui est omnium principium, id est in Filio suo, furmavit, qui post creata mundi totius elementa, glebam adsumens fragilis limi, hominem ad suam imaginem similitudinemque plasmavit et insufflavit in faciem eius spiraculum vitae, et factus est in animam viventem. Cuius dormienti ablata costa, mulier Ewa creata est. Nec dubium enim est, quod hic primus homo Adam, antequam peccaret, tipum Redemptoris domini praetulisset. Ipsi enim in passionis sopore obdormiens, de latere suo dum aquam cruoremque producit, virginem inmaculatamque eclesiam sibi exhibuit, redemptam sanguine, latice emundatam, non habentem maculam aut rugam, id est limphis ablutam propter maculam, extensam in crucem propter rugam. Hi ergo primi hominis inter amoena paradisi beati viventis, anguis astu inlecti, divina praecepta transiliunt, eiectique ab angelica sede, mundi laboribus depotantur.


Au commencement Dieu créa dans son Christ, qui est le principe de toute, choses, c'est-à-dire dans son Fils, le ciel et la terre. Après avoir créé les éléments du monde, il prit une motte d'un fragile limon et en forma l'homme à son image et à sa ressemblance ; il souffla dans sa structure l'esprit et la vie, et l'homme fut formé en âme vivante. Pendant qu'il dormait, Dieu lui ôta une côte dont il forma Ève. Il est hors de doute que ce premier homme, Adam, avait, avant qu'il eût péché, les traits du Seigneur notre Rédempteur. Car pendant que Notre-Seigneur était plongé lui-même dans le sommeil de la Passion, de l'eau et du sang s'écoulèrent de son côté, et il produisit l'Église vierge et immaculée, rachetée par ce sang, purifiée par cette eau, n'offrant ni tache ni ride, c'est-à-dire purgée de toute tache et de toute ride par la vertu du baptême et de la croix. Ces deux premières créatures humaines, qui vivaient heureusement au milieu des délices du Paradis, séduites par la ruse du serpent, transgressèrent les préceptes divins, et, chassées de ce séjour céleste, elles furent jetées dans les fatigues du monde.

2. De Cain et Abel.

Cognitum autem satellitem, mulier concipit peperitque duos filios. Sed dum Deus unius sacrificium dignanter suscipit, alius invidia inflammante tumiscit, et in fraterni sanguinis effusionem novus parecida consurgens, fratrem opprimit, vincit, interimit.


La femme conçut de son mari, et enfanta deux fils. Dieu ayant accueilli avec bienveillance le sacrifice de l'un, l'envie s'empara de l'autre qui, devenant le premier parricide par l'effusion du sang fraternel, se jeta sur son frère, le vainquit et le tua.

3. De Enoch iusto.

Exhinc cunctum genus in facinus exsecrabile ruit praeter Enoch iustum, qui ambolans in viis Dei, ab ipso Domino propter iustitiam adsumptus, de medio peccantes populi liberatur. Sic enim legimus: Ambolavit Enoch cum Deo, et non conparuit, quia Deus tulit eum.


Toute la race se précipita dans des crimes exécrables, excepté Enoch le Juste, qui, marchant dans les voies de Dieu, fut, à cause de sa justice, enlevé par le Seigneur lui-même du milieu de ce peuple de pécheurs ; car nous lisons : Énoch marcha avec Dieu, et il lie partit plus parce que Dieu l'enleva.

4. De diluvio.

Dominus ergo commotus contra iniquitates populi, non in suis semitis gradientes, diluvium mittit cunctamque animam viventem de superficiem terrae diluvium inundante delivit; tantum Noe fidelissimum ac peculiarem sibi suique tipus speciem praeferentem cum sua vel trium natorum coniugibus posteritates reparandae gratia in arca reservavit. Increpant nobis hic heretici, cur Scriptura sancta Dominum dixissit iratum. Cognoscant ergo, quia Deus noster non ut homo irascitur: commovetur enim ut terreat, pellet ut revocet, irascitur ut emendit. Sed nec hoc ambigo, quod species illa arcae tipum matris gessisset aeclesiae. Ipsa enim inter fluctus et scupulos huius saeculi transiens, nos ab inminentibus malis materno gestamini fovens, pio amplexu ac protectione defendit. Ab Adam ergo usque ad Noe generationes 10, id est Adam, Seth, Enos, Cainan, Malalehel, Iareth, Enoch, Mattusalam, Lamech, Noe. In his ergo decim generationebus inveniuntur anni 2242. Adam vero in terra Enacim sepultum, quae prius Ebron vocabatur, liber Iesu Nave evidenter explanat.


Le Seigneur, irrité des iniquités du peuple qui ne marchait pas dans ses voies, envoya le déluge et fit périr, par une inondation, toutes les créatures vivantes sur la face de la terre. Il conserva seulement dans l'arche, pour renouveler le genre humain, Noé, qui lui était resté fidèle et reproduisait son image, avec sa femme et celles de ses trois fils. Ici les hérétiques nous demandent avec reproche pourquoi l'Écriture Sainte a dit que le Seigneur s'était mis en colère. Qu'ils sachent donc que Notre-Seigneur ne se met pas en colère comme l'homme ; il s'émeut pour effrayer, il chasse pour rappeler, il s'irrite pour corriger. Je ne doute pas que l'image de cette arche ne représente celle de l'Église notre mère ; l'Église naviguant au milieu des flots et des écueils de ce monde, nous recueille dans son sein maternel pour nous préserver des maux qui nous menacent, et nous couvre de ses bras et de sa protection tutélaire. D'Adam à Noé on compte dix générations, Adam, Seth, Énoz, Caïnan, Malaléel, Jared, Énoch, Mathusalem, Lamech, Noé. Pendant ces dix générations, ou trouve mille deux cent quarante-deux ans. Le livre de Josué raconte clairement qu'Adam fut enterré dans la terre de Chanaan, appelée auparavant Hébron.

5. De Chus adinventorem staticuli.

Habebat ergo Noe post diluvium tres filius, Sem, Cham et Iafeth. De Iafeth egressae sunt gentes, similiter et de Cham sive de Sem. Et, sicut ait vetus historia, ab his dissiminatum est genus humanum sub universo caelo. Primogenitus vero Cham Chus. Hic fuit totius artis magicae, inbuente diabolo, et primus idolatriae adinventor. Hic primus staticulum adorandum diabuli instigatione constituit; qui et stellas et ignem de caelo cadere falsa vertute hominibus ostendebat. Hic ad Persas transiit. Hunc Persi vocitavere Zoroastren, id est viventem stelam. Ab hoc etiam ignem adorare consuiti, ipsum divinitus ignem consumptum ut deum colunt.


Après le déluge, Noé avait trois fils, Sem, Cham et Japhet. Ils donnèrent tous trois naissance a des nations, comme le dit l'ancienne histoire ; c'est d'eux que le genre humain est sorti pour se disperser sous la face du ciel. Le premier né de Cham fut Chus, qui, par l'insinuation du diable, inventa le premier tout l'art de la magie et l'idolâtrie. Le premier aussi, par l'instigation du diable, il construisit une statue pour l'adorer. Par un faux miracle, il faisait voir aux hommes le feu et les étoiles tombant du ciel. Il passa chez les Perses qui l'appelèrent Zoroastre, c'est-à-dire étoile vivante. Ayant pris de lui la coutume d'adorer le feu, ils l'adorent lui-même comme un Dieu, et disent qu'il fut consumé par le feu divin.

6. De Babillonia.

Cumque multiplicati hominis dispergerentur per universas terras, egressi ab Oriente, Senachar gramineum repperiunt campum. In quo aedificantes civitatem, turrem qui caelos adtengeret nituntur struere. Quorum vana cogitatione simul et lingua ipsiusque confutans Deus, mundum late patentem in universa terra dispersit, vocatumque est nomen civitatis Babel, hoc est confusio, eo quod ibi confudisset Deus linguas eorum. Haec est Babilonia a Nebroth gygante aedificata, filio Chus. Et, sicut Horosi narrat historia, mira campi planitiae in quadrum disposita est. Munis eius ex coctili latere infusu bitumine in latum habet cubitus quinquaginta, altitudinis cubitus 200, in circuitu stadia 470. Unus stadius habet aripennes quinque. Vicinae quinae portae per unumquemque latus sitae sunt, quae faciunt 100. Harum portarum ustia mirae magnitudinis ex aere fusile sunt formata. Multa et alia de hac civitate isdem historiographus narrat, addens: Et cum tanta fuissit honestas aedificii, attamen victa atque subversa est.


Pendant que les hommes qui s'étaient multipliés se dispersaient par toute la terre, il y en eut qui, sortis de l'Orient, trouvèrent les fertiles campagnes de Sennaar. Y ayant bâti une ville, ils s'efforcèrent d'élever une tour qui touchât aux cieux. Dieu mettant la confusion dans leur vain projet, aussi bien que dans leurs langues, les dispersa dans le vaste univers. La ville fut nommée Babel, c'est-à-dire confusion, parce que Dieu avait mis de la confusion dans leur langage. Ce fut Babylone, bâtie par le géant Nembrod ; fils de Chus, selon l'histoire d'Orose ; elle fait construite en forme de carré dans une magnifique plaine. Son mur, bâti de brique et de bitume, avait cinquante coudées de large, deux cents de haut, et quatre cent soixante-dix stades de circuit. Un stade a cinq arpents. Il y a sur chaque côté vingt-cinq portes, ce qui fait en tout cent. Les battants de ces portes étaient d'une grandeur extraordinaire, et fondus en airain. Le même historien donne beaucoup d'autres détails sur cette ville, et ajoute : Cet édifice si pompeux fut cependant vaincu et renversé.

7. De Abraham et Nino.

Primus autem filius Noe Sem; de quo generatione decima natus est Abraham: id est Noe, Sem, Arphaxath, Sale, Eber, Falech, Rheu, Saruch, Thare, qui genuit Abraham. In his ergo decim generationibus, hoc est a Noe usque Abraham, inveniuntur anni 942. Eo tempore regnabat Ninus, qui aedificavit Ninum civitatem, quam Nineven vocant; cuius in tribus mansionibus spatium amplitudines Ionas propheta determinat. Huius quadragisimo tertio regni anno natus est Abraham. Hic est Abraham initium fidei nostrae. Hic accepit repromissionis. Huic se Christus dominus noster nasciturum ac pro nobis passurum in victimae conmutationem monstravit, ipso in euangeliis sic dicente: Abraham exsultavit, ut viderit diem meum; et vidit, et gavisus est. Hoc vero holocaustum in monte Calvariae, quo Dominus crucifixus est, oblatum fuisse, Severus narrat in chronica, sicut et hodiequae in ipsa Hierusolimorum urbe celebre fertur. In hoc monte crux sancta, in qua Redemptur adfixus est, stetit, de qua et beatus illi cruor efluxit. Hic ergo Abraham accepit signum circumcisiones, ostendens, ut quod ille gessit in corpore nos portemus in corde, dicente propheta: Circumcidite vos Deo vestro, et circumcidite praeputium cordis vestri; et nolite sequi deos alienos; et iterum: Omnes incircumcisus corde non intrint' in sancta mea. Hunc Abraham Deus post adiectam nomini sillabam patrem multarum gentium nuncupavit.


Le premier fils de Noé était Sem, duquel naquit Abraham à la dixième génération ; c'est-à-dire Noé, Sem, Arphaxad , Salé, Héber, Phaleg, Reü, Sarug et Tharé, qui engendra Abraham. Pendant ces dix générations, c'est-à-dire depuis Noé jusqu'à Abraham, on trouve neuf cent quarante-deux ans. Dans ce temps régna Ninus, qui fit bâtir une ville nommée Ninive, à laquelle le prophète Jonas assigne une étendue de trois journées de chemin. C'est dans la quarante-troisième année du règne de Ninus que naquit Abraham. C'est à Abraham qu'a commencé notre foi ; il reçut les promesses de Dieu , et le Christ Notre-Seigneur lui fit connaître, au moment où fut changée la victime de son sacrifice, qu'il naîtrait et souffrirait pour nous, car il dit lui-même dans l'Évangile : Abraham a désiré avec ardeur de voir mon jour, il l'a vu , et il en a été rempli de joie. Sévère raconte, dans sa chronique, qu'Abraham offrit son holocauste sur le mont Calvaire, où le Seigneur fut crucifié. On rapporte que c'est là encore aujourd'hui l'opinion générale dans la ville même de Jérusalem. Sur cette montagne fut plantée la croix sainte où notre Rédempteur fut attaché, et d'où coula son bienheureux sang. Abraham reçut le signe de la circoncision ; ce qui fait voir que ce qu'il portait sur le corps nous devons le porter dans notre c?ur, car le prophète dit : Ayez soin de vous circoncire pour votre Dieu, et de circoncire votre coeur. Et : ne suivez point les dieux étrangers. Et aussi : Tout étranger incirconcis de coeur et de chair n'entrera point dans mon sanctuaire. Dieu, après avoir ajouté une syllabe au nom d'Abraham, le nomma le père d'un grand nombre de nations.

8. De Isaac, Isau, et Iob et Iacob.

His cum centum esset annorum, genuit Isaac. Porro Isaac sexagisimo aetatis anno nati sunt fili gemini de Rebecca. Primus Esau, qui Edom, id est terrenus; qui propter gulam vindedit primogenita sua. Ipsi est pater Idomeorum, de cuius generatione quarta natus est Iobab, hoc est Isau, Raguel, Zara, Iobab, qui et Iob. Is vixit annos 249, octugisimo nono anno ab infirmitate liberatus est. Post infirmitatem autem 170 annis, restituta in duplum omni facultate, cum tantis sicut perdederat filiis iocundatus est.


A l'âge de cent ans, il engendra Isaac. Isaac, dans la soixantième année de son âge, eut deux fils de Rébecca. Le premier était Ésaü, qu'on appelle aussi Édom, c'est-à-dire fait de terre, et qui vendit son droit d'aînesse par gourmandise. Il est le père des Iduméens : Jobab en descendit à la quatrième génération ; c'est-à-dire Ésaü, Rahuel, Zara et Jobab, qui engendra Job. Celui-ci vécut deux cent quarante-neuf ans : dans sa quatre-vingtième année, il fut délivré de ses infirmités ; après cette guérison, il vécut cent soixante-dix ans, ayant retrouvé au double toutes ses richesses, et il eut le bonheur de se voir entouré d'autant de fils qu'il en avait perdu.

9. De Ioseph in Aegipto.

Secundus Iacob. Iacob dilectus Dei, sicut ait per prophetam: Iacob dilixi, Esau autem odio habui. Hic post angelicam luctam vocatus est Israhel, a quo Israhelitae. Hic genuit duodecim patriarcas, quorum haec sunt nomina: Rubin, Semeon, Levi, Iudas, Isachar, Zabulon, Dan, Neptalem, Gad et Aser. Post hos genuit Ioseph de Rachel, cum esset nonagisimo secundo aetatis suae anno. Hunc coeteris filiis plus dilexit. Habuit ex ea et Beniamin ultimum omnium. Ioseph autem sextum decimum aetatis suae annum habens, tipum praeferens Redemptoris, vidit somnia quae fratribus retulit: quasi manipolus legens, suum fratrum manipoli adorarent; et iterum, quasi sol et luna cum undecim stelis procederent ante eum. Quae res magnum ei cum fratribus odium generavit. Unde et inflammati invidia, triginta eum argenteis Ismahelitis in Aegypto transeuntibus vindedirunt. Inminente autem fame, cum discendissent hi in Aegypto, cogniti sunt a Ioseph, nec tamen ipsi Ioseph cognoverunt. Ipse tamen se his post multas eorum fatigationes et adducto Beneamen declaravit; de Rachel enim matre sua natus et hic fuerat. Post haec discendunt cuncti Israhelitae in Aegyptum et per Ioseph Faraonis gratiam abutuntur. Iacob autem post benedictus filios suos in Aegypto moritur et in sepulchro patris sui a Ioseph sepelitur in terra Chanaan. Mortuo autem Ioseph atque Faraone, subicitur cuncta generatio servituti. Quae per Moysen post decim plagas Aegypti liberatur, dimerso Pharaone in mari Rubrum.


Le second fils d'Isaac fut Jacob, chéri de Dieu, comme il. le dit par le prophète : J'ai aimé Jacob, mais j'ai haï Ésaü. Depuis sa lutte contre l'ange il fut appelé Israël, et c'est de lui que naquirent les Israélites. Il engendra douze patriarches, dont voici les noms : Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issachar, Zabulon, Dan, Nephthali, Gad, et Aser. Après ceux-ci, il eut Joseph, de Rachel, dans la quatre-vingt douzième année de son âge. Il aima ce fils par-dessus les autres. II eut aussi de Rachel Benjamin, qui fut le dernier de tous. Joseph, âgé de seize ans, et ressemblant à l'image du Rédempteur, eut un songe qu'il raconta à ses frères : il crut voir qu'il liait des gerbes, que les gerbes de ses frères adoraient ; et ensuite, que le soleil et la lune avec onze étoiles tombaient devant lui. Ces choses allumèrent fortement contre lui la haine de ses frères. C'est pourquoi, enflammés de jalousie, ils le vendirent pour vingt pièces d'argent à des Ismaélites qui allaient en Égypte. La famine les pressant, les frères de Joseph se rendirent en Égypte où ils ne reconnurent pas Joseph, qui les reconnut. Après leur avoir fait subir beaucoup d'épreuves et s'être fait amener Benjamin qui était né de sa mère Rachel, Joseph se découvrit à eus. Ensuite tous les Israélites vinrent en Égypte, où Joseph les fit jouir de la faveur de Pharaon. Après avoir donné la bénédiction à ses fils, Jacob mourut en Égypte et fut enterré dans la terre de Chanaan, dans le tombeau de son père Isaac. Après la mort de Joseph, Pharaon réduisit en servitude toute la race des Israélites. Après les dix plaies d'Égypte, elle fut délivrée par Moïse, et Pharaon se noya dans la Mer Rouge.

10. De transitu rubri maris.

Et quoniam de hoc maris transitu plures multa dixerunt, visum est, ut de situ loci illius vel ipsius transitus aliqua huic inseram lectione. Nilus per Aegyptum, sicut optimae nostis, decurrit et ipse eam inpetu suo inrigat, unde et Aegypti Niliculae appellantur. Cuius nunc litora multi locorum perlustratores referta sacris monasthiriis dicunt esse. Super ripam vero eius non Babilonia, de qua supra miminimus, sed Babilonia civitas collocatur, in qua Ioseph horrea miro opere de lapidibus quadris et cimentum aedificavit, ita ut ad fundum capatiora, ad summa vero constricta sint, ut per parvolum foramen ibidem tritecum iacteretur; quae horrea usque hodie cernuntur. De hac civitate rex ad persequendum Hebraeos cum exercitibus curruum ac multa pedestri manu dirictus est. Antedictus vero fluvius ab oriente veniens, ad occidentalem plagam versus Rubrum mare vadit; ab occidente vero stagnum sive brachium de mare Rubrum progreditur et vadit contra orientem, habens in longo milia circiter quinquaginta, in lato autem decim et octo. In huius stagni capite Clysma civitas aedificata est, non propter fertilitatem loci, cum nihil sit plus sterele, sed propter portum, quia navis ab Indis venientes ibidem ob portus opportunitatem quiescunt; ubi conparate merces per totam Aegyptum deportantur. Ad hunc stagnum per desertum Hebraei tendentis usque ipsum mare venerunt, inventisque dulcibus aquis , castra metati sunt. In hoc ergo artum locum tam ab herimo quam ab ipso mari considerunt, sicut scriptum est: Audiens Pharao, quod conclusissit eos mare atque desertum, nec esset eis via, qua possint pergere, ad persequendum eos dirixit. Cumque inminentibus his Moysi populus adclamasset, secundum iussum Divinitatis proiectam virgam super mare, divisum est, illisque per sicca gradientibus et, ut Scriptura ait, murum aquarum undique vallatis in litus illud quod est contra montem Sina inlaesi prursus, demersis Aegyptiis, Moyse duce transgrediuntur. De quo transitu multa, ut dixi, narrantur; sed nos quod a sapientibus et certe illis hominibus, qui in eodem locum accesserant, virum cognovimus, ea inserere studuemus paginae. Aiunt etiam, sulcos, quos rotae curruum fecerant, usque hodie permanere et, quantum acies oculorum videre potest, in profundo cerni. Quos si modicum commotio maris obtexerit, illo quiescente, rursum divinitus renovantur, ut fuerant. Dicunt alii, quod ad ipsam ripam, factum modico per mare circuitum, unde ingresse fuerant, sint reversi. Alii vero asserent, unum cunctis ingressum, nonnulli, unicuique tribui suam patuisse viam, illud testimonium psaltirii abutentes: Qui divisit mare Rubrum in divisiones. Quas nos divisiones spiritaliter et non secundum littera intellegere oportit. Sunt enim et in hoc saeculo, quod figuraliter mare dicitur, multae divisiones; non enim aequaliter possunt aut per unam viam ad vitam cuncti transire. Alii autem transeunt in horam primam, id est qui renati per baptismum, inmaculati ab omni inquinamentum carnis perdurare usque ad vitae praesentes exitum possunt; alii ad oram tertiam, videlicet qui maiore aetate convertuntur; alii ad sextam, qui luxoriae fervore coerceunt. Et per has quasque horas, sicut euangelista conmemorat, ad operam dominicae viniae secundum fidem propriam conducuntur. Haec sunt divisiones, quibus per hoc mare transitur. Illud vero quod a mare usque venientes, litus stagni tenentes revertuntur, illud est quod Dominus ad Moysen dicit: Reversi castra metentur e regione Phiahiroth, quae est inter Magdalum et mare contra Belsephon. Nec enim dubium est, quod transitus ille maris vel columna nubis tipum gesserit nostri baptismatis, dicente beato Paulo apostolo: Nolo vos ignorare, fratres, quia patris nostri omnes sub nube fuerunt, et omnes in Moysen baptizati sunt in nube et in mare. Colomna vero ignis typum sancti Spiritus praetulit. A nativitate ergo Abrahae usque ad egressum filiorum Israhel ex Aegyptu vel transitum maris Rubri, quod fuit Moysi octuaginsimus annus, subpotantur anni numero 462.


Comme plusieurs auteurs ont beaucoup parlé du passage de cette Mer, je juge à propos de dire ici quelque chose de la situation de cet endroit, et du passage même. Le Nil, comme on le sait très bien , parcourt toute l'Égypte et l'arrose dans son cours ; c'est pour cela que les Égyptiens sont aussi appelés habitants du Nil. Un grand nombre de voyageurs disent que les bords du fleuve sont couverts maintenant de saints monastères. Sur son rivage est bâtie une ville nommée Babylone, mais qui n'est pas cette Babylone dont nous avons parlé plus haut. Joseph y fit construire des greniers d'un travail étonnant, et bâtis en pierres carrées et en moellons. Ils sont spacieux dans le bas et resserrés dans le haut, de telle sorte qu'on y jette les grains par un petit trou. On voit encore aujourd'hui ces greniers. Ce fut de cette ville que le roi partit avec une armée de guerriers en char, et un grand nombre de fantassins pour poursuivre les hébreux. Le fleuve ci-dessus nommé, venant de l'orient, va se jeter à l'occident dans la Mer Rouge. A l'occident, s'avance un étang ou un bras de la Mer Rouge qui va contre l'orient, et a environ cinquante milles de long et dix-huit de large. A l'extrémité de cet étang, une ville, nommée Clysma, a été bâtie non en raison de la fertilité du lieu, car il n'en est pas de plus stérile, mais à cause du port. Les vaisseaux qui arrivent de l'Inde s'y arrêtent à cause de la commodité de ce port. Les Hébreux ayant marché par le désert vers cet étang, s'avancèrent jusqu'à la mer, et, ayant trouvé de l'eau douce sur le rivage, ils y établirent leur camp. Ils s'arrêtèrent dans ce lieu resserré entre le désert et la mer, comme le rapporte l'Écriture : Pharaon, apprenant qu'ils étaient embarrassés en des lieux étroits et renfermés par le désert, et qu'ils n'avaient aucun chemin pour s'échapper, marcha vers eux pour les poursuivre. A son approche, le peuple s'adressa à grands cris à Moïse. Celui-ci, par l'ordre de Dieu, ayant étendu sa baguette sur la mer, elle se divisa : et les hébreux passant à pied sec, et, comme dit l'Écriture, entourés des eaux comme d'un mur ; et, ayant Moïse à leur tête, arrivèrent sains et saufs à l'autre rivage, qui est vis-à-vis le mont Sinaï, tandis que l'armée des Égyptiens fut submergée. J'ai dit plus haut qu'il y avait beaucoup de récits de ce passage ; mais nous avons appris la vérité par le témoignage des hommes savants qui sont allés sur les lieux mêmes, et c'est ce que nous insérerons ici. Ils disent que les sillons qu'avaient faits les roues des chars subsistent encore aujourd'hui, et qu'on les aperçoit dans le fond de la mer, autant que la vue petit percer. Si quelque mouvement de la mer vient à les couvrir un peu, lorsqu'elle s'apaise par la volonté de Dieu, ils reparaissent comme ils étaient auparavant. D'autres disent que les Israélites, après avoir fait dans la mer un tour peu étendu, revinrent à la même rive d'où ils étaient partis ; d'autres affirment qu'ils passèrent tous par un seul chemin, et quelques-uns qu'un chemin s'ouvrit pour chaque tribu, à l'appui de quoi ils apportent le témoignage du psaume: Il a séparé la mer Rouge en sentiers ; il faut entendre ces mots selon l'esprit et non selon la lettre ; car il y a dans ce monde, qu'on appelle figurément une mer, un grand nombre de sentiers ; tous les hommes ne peuvent pas passer à la vie éternelle au même moment, ni par un seul chemin. Les uns passent à la première heure ; ce sont ceux que le baptême a fait renaître, et qui peuvent persister jusqu'à la fin de la vie terrestre sans aucune souillure de la chair : d'autres passent à la troisième heure ; ce sont ceux qui se convertissent dans un âge plus avancé : d'autres à la sixième heure ; ce sont ceux qui répriment la passion de la débauche ; et à ces diverses heures, comme dit l'Évangéliste, ils travaillent, selon leur propre foi, à la vigne du Seigneur. Tels sont les sentiers par lesquels on passe cette mer. Quant à ce que, étant allés jusque dans la mer, les Israélites revinrent où ils s'étaient arrêtés d'abord auprès de l'étang, c'est que Dieu dit à Moïse : Qu'ils retournent et qu'ils campent devant Phihahiroth, qui est entre Magdala et la mer, vis-à-vis de Béelsephon. Il est hors de doute que ce passage de la mer et la colonne de nuée sont l'image de notre baptême, puisque le saint apôtre Paul dit : Or vous ne devez pas ignorer, mes frères, que nos pères ont été tous sous la nuée, qu'ils ont tous été baptisés sous la conduite de Moïse dans la nuée et dans la mer. La colonne de feu est l'image du Saint-Esprit. Depuis la naissance d'Abraham jusqu'à la sortie des Israélites de l'Égypte ou le passage de la Mer Rouge, qui arriva la quatre-vingtième année de Moïse, on compte quatre cent soixante-deux ans.

11. De populo in deserto et Iosue.

Exin per 40 annos Israhelitae herimum utuntur, inbuuntur legibus, probantur victibusque pascuntur angelicis. Deinceps enim post acceptam legem transgressuque cum Iesu Nave Iordanne terra repromissiones accipiunt.


De là les Israélites demeurèrent quarante ans dans le désert où ils reçurent des lois, furent éprouvés et vécurent d'une nourriture céleste ; ensuite, après avoir reçu la loi, ils passèrent le Jourdain avec Josué, et prirent possession de la Terre promise.

12. De captivitate populi Israhelitici et generationebus usque David.

Post cuius transitum, dum praecepta divina postponunt, saepe in alienigenarum servitio subiugantur. Sed cum conversi ingemiscunt, tribuente Domino, per virorum fortium brachium liberantur. Post haec per Samuelem regem, sicut reliquae gentes habent, a Domino postolant; accipiunt primum Saul, deinde David. Ab Abraham ergo usque ad David generationes 14: id est Abraham, Isaac, Iacob, Iudas, Phares, Esdrom, Aram, Aminadab, Naason, Salma, [Booz], Obeth, Iesse, David. David autem genuit Salamonem de Bersabee. His per Nathan prophetam, fratrem suum, et matrem in regno evectus est.


Après la mort de Josué, les Hébreux, méprisant les préceptes divins, furent souvent réduits en servitude par les nations étrangères. Mais, lorsqu'ils se convertissaient et gémissaient, Dieu leur donnait des hommes courageux dont le bras les délivrait. Ensuite demandant au Seigneur un roi, à l'exemple des autres nations et par l'entremise de Samuel, ils en reçurent d'abord Saül, et ensuite David. Depuis Abraham jusqu'à David on compte quatorze générations, Abraham, Isaac, Jacob, Juda, Pharés, Esron, Aram, Aminadab, Naasson, Salmon, Booz, Obed, Jessé et David, qui eut Salomon de Bersabée. Salomon fut élevé au trône par le prophète Nathan, son frère et sa mère.

13. De Salamone et aedificatione templi.

Defuncto autem David, cum [filius eius] regnare coepisset, apparuit ei Dominus et, quod peteret ut indulgeat, pollicitur. Ad ille terrenas divitias posponens, sapientia magis expetiit. Quod ratum Domino fuit, ita ut ab eodem audiret: Quia non quaesisti regna mundi nec divitias eius, sed postolasti sapientiam, ideo accepias eam. Ante te non fuit sapiens sic, et post te non erit. Quod postea iudicium illud, quod inter duas mulieres de uno infante litegantes intulit, conprobavit. Hic Salamon aedificavit templum nomini Domini miro opere, multum ibi auri argentique, aeres ac ferri ingerens, ita ut diceretur a quibusdam, numquam simile mundo fuisse aedificium fabricatum. Ab egressu ergo filiorum Israhel ex Aegypto usque ad aedificationem templi, quod fuit annos septimus regni Salamonis, inveniuntur anni 480, sicut Regum testatur historia.


A la mort de David, Salomon ayant commencé à régner, le Seigneur lui apparut, et lui promit de lui accorder ce qu'il demanderait. Le roi, méprisant les richesses terrestres, préféra la sagesse. Cette demande plut tellement au Seigneur qu'il lui dit : Parce que vous n'avez point désiré que je vous donnasse, ni un grand nombre d'années, ni de grandes richesses, ni la vie de vos ennemis ; mais que vous m'avez demandé la sagesse, pour discerner ce qui est juste, j'ai déjà fait ce que vous m'avez demandé, et je vous ai donné un coeur si plein d'intelligence, qu'il n'y a jamais eu d'homme avant vous qui vous ait égalé, et qu'il n'y en aura point après vous qui vous égale ; ce qui fut confirmé par le jugement que le roi rendit sur ces deux femmes qui se disputaient un enfant. Salomon bâtit, au nom du Seigneur, un temple admirable, orné de beaucoup d'or, d'argent, d'airain et de fer, en sorte que quelques-uns disent qu'il n'y a jamais eu dans le monde un semblable édifice. Depuis la sortie des fils d'Israël de l'Égypte jusqu'à la construction du Temple, qui eut lieu la septième année du règne de Salomon, on trouve quatre cent quatre-vingts ans, comme l'atteste l'histoire des Rois.

14. De divisione regni Israhelitici.

Post mortem autem Salamonis divisum per duritiam Roboae regnum in duas partes, restiterunt duae tribus ad Roboam, quod Iuda appellabatur; ad Hieroboam autem decim tribus, quod Israhel vocabatur. Post haec igitur ad idolatria declinantes nec prophetarum vaticinia nec eorum interitus nec cladis patriae nec ipsorum etiam regum eos excidia domuerunt.


Après la mort de Salomon le royaume fut divisé en deux parties, à cause de l'iniquité de Roboam. Il resta à Roboam deux tribus, ce qui fut appelé royaume de Juda ; et Jéroboam en eut dix, qui furent appelées royaume d'Israël. Ensuite ils s'adonnèrent à l'idolâtrie, et ne purent être rappelés ni par les oracles de leurs prophètes, ni par leur mort, ni par les désolations de la patrie, ni par la ruine même de leurs rois.

15. De captivitate in Babillonia.

Donec iratus contra eos Dominus excitavit Nabuchodonosor, qui eos in Babiloniam cum omnia templi urnamenta captivos abduxit. In qua captivitatem et Danihel propheta eximius, inter esurientes leonis inlesus, et tres pueri in medium igneum rorulenti abiere captivi. In hac captivitate et Hiezechihel prophetavit, et Hesdras propheta natus est. A David autem usque ad desolationem templi et transmigrationem in Babilonia generationes 14, id est David, Salamon, Roboam, Abia, Asa, Iosaphath, Ioram, Ozia, Ioatha, Achaz, Ezechihel, Mannases, Amon, Iosias. In his ergo 14 generationibus anni inveniuntur numero 390. De hac vero captivitate per Zorobabil liberantur ; qui postea et templum et civitatem restituit. Sed haec captivitas typum illius captivitatis, ut poto, gerit, in qua anima peccatrix abducitur, quam nisi Zorobabil, id est Christus, liberaverit, horribiliter exsulavit. Ipse enim Dominus in euangelio dicit: Si vos Filius liberaverit, vere liberi eritis. Ipse enim sibi in nobis templum, in quo dignitur habitare, constituat, in quo fides ut aurum luceat, in quo eloquium praedicationes ut argentum splendeat, in quo omnia visibilis templi illius ornamenta in nostrorum sensuum honestate clariscant. Bonae etiam voluntate nostrae ipse salubrae effectu indulgeat, quia: nisi ipse aedificaverit domum, in vanum laborant qui aedificant ea. Haec vero captivitas annis 70 fuisse dicitur.


Tant qu'enfin le Seigneur, irrité contre eux, suscita Nabuchodonosor qui les emmena captifs en Babylone, avec tous les ornements du temple. Le prophète Daniel, qui resta sain et sauf parmi des lions affamés, et les trois jeunes hommes qui demeurèrent couverts de rosée au milieu des flammes, subirent cette captivité, pendant laquelle prophétisa Ézéchiel et naquit le prophète Esdras. Depuis David jusqu'à la ruine du Temple et la captivité en Babylone, on compte quatorze générations, c'est-à-dire David, Salomon, Roboam, Abias, Asa, Josaphat, Joram, Ozias, Joatbam, Achaz, Ézéchias, Manassé, Amon, Josias. Pendant ces quatorze générations on trouve trois cent soixante et un ans. Les Israélites furent délivrés de cette captivité par Zorobabel, qui ensuite rétablit le temple et la ville. Cette captivité est, je crois, l'image de la captivité où est retenue l'âme pécheresse, et qui la fera vivre dans un horrible exil si elle n'est délivrée par Zorobabel, c'est-à-dire par le Christ. Le Seigneur le dit lui-même dans l'Évangile : Si le Fils vous met en liberté, vous serez véritablement libres. Qu'il daigne, je l'en supplie, se construire en nous-mêmes un temple où il vienne habiter, où la foi brille comme l'or, où l'éloquence de la sainte prédication éclate comme l'argent, et où tous les ornements du temple visible reluisent dans la tempérance de nos sens et l'honnêteté de notre vie ! Que le Seigneur accorde à notre bonne intention de salutaires effets ; car, si le Seigneur ne bâtit une maison, c'est en vain que travaillent ceux qui la bâtissent. " On dit que cette captivité dura soixante-seize ans.

16. De nativitate Christi.

Reversi autem per Zorobabil, sicut dixemus, nunc contra Deum murmorantes, nunc post idola conruentes vel abuminationes, quae gentes exerceunt, imitantes, dum Dei prophetas contempnunt, gentibus traduntur, subiugantur, intercedunt; donec ipse Dominus patriarcharum prophetarumque vocebus repromissus, virginis Mariae utero per Spiritum sanctum inlapsus, ad redimptione nasci tam illius gentes quam omnium gentium dignaretur. A transmigratione ergo usque nativitatem Christi generationes 14, id est Iechonias, Salathiel, Zorobabil, Abiud, Eliachim, Azor, Sadoch, Achim, Eliuth, Eleazar, Mathan, Iacob, Ioseph, vir Marie, de qua dominus noster Iesus Christus nascitur; qui Ioseph quartus decimus conputatur.


Ramenés dans leur patrie par Zorobabel, tantôt murmurant contre Dieu, tantôt se prosternant aux pieds des idoles ou faisant des abominations, imitant les actions des Gentils, et méprisant les prophètes de Dieu, les Israélites furent envahis, subjugués et massacrés par les Gentils jusqu'à ce que le Seigneur, annoncé par la voix, des prophètes et des patriarches, conçu dans le sein de la Vierge Marie par l'opération du Saint -Esprit , daignât naître pour racheter cette nation ainsi que toutes les autres. Depuis le retour à Jérusalem jusqu'à la naissance de Jésus-Christ on compte quatorze générations, c'est-à-dire : Jéchonias, Salathiel, Zorobabel, Abiud, Eliacim, Azor, Sadoc, Achim, Éliud, Éléazar, Mathan, Jacob, Joseph, époux de Marie qui enfanta Notre-Seigneur Jésus-Christ ; Joseph est le quatorzième.

17. De diversis gentium regnis.

Ergo ne videamur unius tantum Hebreae gentes habere notitiam, reliqua regna, quae vel quali Israhelitarum fuerint tempore, memoramus. Tempore Abrahae Ninus regnabat super Assirios; Sicionis Eorops; apud Aegyptios autem sexta decima erat potestas, quam sua lingua dinastiam vocabam. Tempore Moysi apud Argivus regnabat septimus Tropas; in Attica Caecros primus; apud Aegyptius Cencris duodecimus, qui et in mare obrutus est Rubro; apud Assirios sextus decimus Agatadis; apud Sicionius Maratis. Tempore vero Salamones, quando regnabat super Israhel, apud Latinus quintus regnabat Silvius; Lacidaemoniis Fistus; Corinthiis secundus Oxion Aegyptiorum Thebei centissimo vicissimo sexto anno; super Assirios Eutropes; Athiniensibus secundus Agasastus. Tempore quo Amon regnabat super Iudeam, quando captivitas in Babilonia abiit, Macedoniis praeerat Argeus; Laedorum Cyces; Aegyptiorum Vafres; apud Babiloniam Nabuchodonosor, qui eos captivos abduxit; Romanorum sextus Servius.


Pour ne pas avoir l'air de ne connaître que la seule nation des Hébreux, nous parlerons des autres royaumes, et dirons quels ils furent et dans quel temps de l'histoire des Israélites ils subsistèrent. Du temps d'Abraham, Ninus régnait sur les Assyriens ; Europs sur les Sicyoniens : chez les Égyptiens était alors la seizième domination que, dans leur langue, ils appelaient dynastie. Du temps de Moïse, les Argiens avaient pour septième roi Tropas ; Cécrops était le premier roi de l'Attique ; les Égyptiens avaient pour douzième roi Cenchris, qui fut submergé dans la Mer Rouge ; le seizième roi des Assyriens était Agatade ; Marate occupait le trône des Sicyoniens du temps de Salomon, lorsqu'il régnait sur Israël. Sylvius était le cinquième roi des Latins ; Festus celui des Lacédémoniens ; Oxion était le deuxième roi des Corinthiens ; Théphei, roi des Égyptiens. Dans la cent vingt-sixième année, Eutrope régnait sur les Assyriens, Agasaste était le second roi des Athéniens. Lorsque Amon régnait sur les Juifs, quand ils furent emmenés en captivité en Babylonie, Argée était roi des Macédoniens ; Gygès, roi des Lydiens ; Vafrès, roi d'Égypte, et Nabuchodonosor, qui emmena les Israélites captifs, était roi de Babylone : Servius Tullius était le sixième roi de Rome.

18. Quo tempore Lugdunos sit condita.

Post hos imperator primus Iulius Caesar fuit, qui tutius imperii obtenuit monarchiam; secundus Octavianus, Iulii Caesaris nepus, quem Augustum vocant, a quo et mensis Agustus est vocitatus. Cuius nono decimo imperii anno Lugdunum Galliarum conditam manefestissime repperimus; quae postea, inlustrata martyrum sanguine, nobilissima nuncupatur.


Après eux vinrent les empereurs ; le premier fut Jules César, qui s'empara du pouvoir dans tout l'Empire ; le second fut Octave, neveu de Jules César, et qu'on nomme aussi Auguste, d'où on nomma un mois Auguste. Dans la dix-neuvième année de son règne, on trouve clairement la fondation de Lyon, ville des Gaules, qu'on nomma dans la suite très noble, à cause de l'illustration que lui donna le sang des martyrs.

19. De muneribus magorum et necem infantum.

Anno XLIII imperii Agusti dominus noster Iesus Christus, ut diximus, ex virgine Maria in Bethleem David oppidum secundum carnem natus est. Cuius inmensum sidus magi ab oriente cernentes, cum muneribus veniunt et puerum subplicis oblatis donis adorant. Herodes vero ob zelo regni sui, dum Deum Christum persequi nititur, parvolus infantes interimit. Ipse quoque postmodum iudicio divino percussus est.


Dans la quarante-troisième année du règne d'Auguste, naquit, selon la chair, Notre Seigneur Jésus-Christ, conçu, comme nous l'avons dit, par la Vierge Marie dans la ville de Bethléem. Les Mages, ayant vu de l'Orient une grande étoile, se rendirent auprès de lui avec des présents, et, après avoir déposé leurs dons, ils adorèrent humblement l'enfant. Hérode, par crainte pour son royaume, s'efforçant d'atteindre le Dieu-Christ, fit périr tous les petits enfants. Il ne tarda pas à être frappé lui-même du jugement de Dieu.

20. De mirabilibus et passione Christi.

Domino autem Deo nostro Iesu Christo paenitentiam praedicante, baptismi gratiam tribuente vel caelestem regnum cunctis gentibus promittente atque prodigia et signa per populos operante, hoc est dum de aquas vina profert, dum febris extinguit, dum caecis lumen tribuit, dum sepultis vitam restituit, dum obsessus ab inmundis spiritibus liberat, dum leprosus miserabili turpentes cute reformat, hac dum alia multa signa faciens manefestissime se Deum populis esse declarat, in Iudaeis ira succenditur, invidia exagitatur, ac mens de sanguine profetarum pasta, ut iustum interimat, iniuste molitur. Ergo, ut veterum vatum conplerentur oracula, a discipolo traditur, a pontificibus condemnatur, a Iudaeis inluditur, cum iniquis crucifigitur, a militibus, amisso spiritu, custoditur. His igitur actis, tenebrae super universum mundum factae sunt, et multi conversi ingemiscentes, Iesum filium Dei confessi sunt.


Notre Seigneur Dieu Jésus-Christ prêche la pénitence, accorde la grâce du baptême, promet à toutes les nations le royaume des cieux, et fait, au milieu du peuple, des prodiges et des miracles : c'est-à-dire qu'il change l'eau en vin, qu'il guérit les fiévreux, rend la lumière aux aveugles, fait renaître les morts à la vie, délivre des esprits immondes ceux qui en sont obsédés, et guérit la peau dégoûtante des malheureux lépreux. Pendant qu'il opérait ces miracles, ainsi que beaucoup d'autres, il prouva clairement aux peuples qu'il était Dieu ; ce qui alluma la colère des Juifs, excita leur haine, et leur esprit, nourri du sang des prophètes, médita méchamment de faire périr le Juste. Pour que les oracles des anciens prophètes fussent accomplis, Jésus-Christ fut livré par un de ses disciples, condamné injustement par les pontifes, insulté par les Juifs, crucifié avec des larrons, et, après avoir rendu l'âme, son corps fut gardé par des soldats. Pendant que ces choses se passaient, des ténèbres se répandirent sur le monde entier, et un grand nombre d'hommes, s'étant convertis avec gémissement, confessèrent Jésus fils de Dieu.

21. De Ioseph, qui eum sepelivit.

Adpraehensum autem et Ioseph, qui eum aromatibus conditum in suo monumentu recondedit, in cellolam includitur et ab ipsis sacerdotum principibus custoditur, maiorem in eum habantes sevitiam, ut Gesta Pilati ad Tiberium imperatorem missa referunt, quam in ipsum Dominum, ut cum ille a militibus, hic ab ipsis sacerdotibus custodiretur. Sed resurgente Domino, custodibus visione angelica territis, cum non inveniretur in tumulo, nocte parietis de cellola, in qua Ioseph tenebatnr, suspenduntur in sublimi, ipse vero de custodia, absolvente angelo, liberatur, parietibus restitutes in locum suum. Cumque pontifecis custodibus exprobrarent et sanctum corpus ab eisdem instanter inquirerent, dicunt eis militis: 'Reddite vos Ioseph, et nos reddimus Christum; sed ut virum agnuscimus, neque vos benefactorem Dei neque nos Dei filium reddere nunc valemus. Tunc illis confusis, milites sub hac excusatione liberantur.


Joseph, qui avait embaumé d'aromates le corps de Jésus et l'avait renfermé dans son tombeau, fut arrêté et mis dans une prison, où il fut gardé par les chefs mêmes des prêtres, qui, comme on le voit par les rapports que Pilate envoya à l'empereur Tibère, l'avaient en plus grande haine que le Seigneur lui-même, puisqu'il fut gardé par des prêtres, tandis que Jésus ne l'avait été que par des soldats. A la résurrection du Seigneur, une vision d'anges ayant effrayé les gardes qui ne le trouvaient plus dans le tombeau, pendant la nuit les murs de la prison qui renfermait Joseph furent enlevés en l'air, et un ange, après avoir délivré le prisonnier, remit les murs à leur place. Comme les pontifes faisaient des reproches aux gardes et leur redemandaient vivement le corps tous les soldats leur dirent : Rendez vous-même Joseph, et nous rendrons le Christ. Mais, pour que vous sachiez la vérité, vous ne pouvez rendre le bienfaiteur de Dieu, ni nous le fils de Dieu. Les prêtres ayant été couverts de confusion, les soldats furent acquittés sur cette excuse.

22. De Iacobo apostulo.

Fertur Iacobus apostolus, cum Domino iam mortuum vidisset in cruce, detestasse atque iurasse, numquam se comisurum panem, nisi Dominum cerneret resurgentem. Tertia demum die rediens Dominus, spoliato tartaro cum triumphum, Iacobo se ostendens ait: 'Surge, Iacobi comedi, quia iam a mortuis resurrexi'. Hic est Iacobus iustus, quem fratrem Domini nuncupant, pro eo quod Ioseph fuerit filius ex alia uxore progenitus.


On rapporte que l'apôtre Jacques, ayant vu le Seigneur mort sur la croix, protesta et jura qu'il ne mangerait jamais de pain s'il ne voyait le Seigneur ressuscité. Enfin, le troisième jour, le Seigneur, revenant échappé avec triomphe au séjour des morts, se montra à Jacques et lui dit : Lève-toi, Jacques, et mange, parce que je suis ressuscité des morts. C'est ici Jacques le Juste qu'on nomme le frère du Seigneur, parce qu'il était fils de Joseph qui l'avait eu d'une autre femme que Marie.

23. De die resurrectiones dominicae.

Dominicam vero resurrectionem die prima facta credimus, non septimam, sicut multi putant. Hic est dies resurrectiones domini nostri Iesu Christi, quem nos propriae dominicum pro sancta eius resurrectione vocamus. Hic primus lucem vidit in principio, et hic primus Dominum resurgentem contemplare meruit de sepulchro. A captivitate vero Hierusolimae et desolationem templi usque ad passionem domini nostri Iesu Christi, id est usque Tiberii septimo decimo anno, subpotantur anni 668.


Nous croyons que la résurrection du Seigneur a eu lieu le premier jour et non le septième, comme beaucoup le pensent. Le jour où Notre Seigneur Jésus-Christ est ressuscité est celui que nous avons appelé dimanche, c'est-à-dire jour du Seigneur, à cause de sa sainte résurrection. Ce jour fût le premier qui, dans l'origine des temps, vit la lumière, et c'est aussi le premier qui eut le bonheur de contempler le Seigneur sortant du tombeau. Depuis la captivité de Jérusalem et la destruction du temple, jusqu'à la passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, c'est-à-dire jusqu'à la dix-septième année du règne de Tibère, on compte six cent soixante-huit ans.

24. De ascensione Domini.

De ascensione Domini et de interitu Pilati atque Herodis.

Resurgens autem Dominus, per quadraginta dies cum discipolis de regno Dei disputans, videntibus illis in nube susceptus evectusque in caelis, ad Patris dexteram resedet gloriosus. Pylatus autem gesta ad Tiberium caesarem mittit et ei tam de virtutibus Christi quam de passione vel resurrectione eius insinuat. Quae gesta apud nos hodie retenentur scripta. Tiberius autem hoc ad senatu recensivit, quod senatus cum ira respuit pro eo, quod non ad eum primitus advenissent. Hinc etenim contra christianos prima odiorum germina pullularunt. Pylatus autem non permanens inpunitus, ob suae malitiae scelere, hoc est pro nece quam in dominum nostrum Iesum Christum exercuit, propriis se manebus interfecit. Quem Manicheum fuisse multi putant secundum illud quod in euangelio legitur: Venirunt quidam de Galileis, nuntiantes ei, quorum sanguine miscuit Pylatus cum sacrificiis eorum. Sic et Herodes rex, dum in apostulos Domini saevit, percussus divinitus ob tanta scelera, intumiscens ac scatens vermibus, accepto cultro, ut malum purgaret, propriae se manus ictu liberavit.


Le Seigneur, étant ressuscité, discourut pendant quarante jours avec ses disciples sur le royaume de Dieu. A leur vue il fut enveloppé dans un nuage, et monta aux cieux, où il est assis dans sa gloire à la droite du Père. Pilate envoya à Tibère des rapports dans lesquels il lui parle des miracles de Jésus-Christ, de sa passion et de sa résurrection. Ces rapports nous ont été conservés jusqu'à présent. Tibère en fit part au sénat, qui les rejeta avec colère, parce qu'il n'en avait pas été instruit le premier. De là naquirent les premiers germes de haine contre les chrétiens. Pilate ne resta pas impuni du crime de sa méchanceté, c'est-à-dire de la mort qu'il fit subir à Notre Seigneur Jésus-Christ. Il se tua de ses propres mains. Un grand nombre croient qu'il était manichéen, d'après ce qu'on lit clans l'Évangile : Quelques-uns vinrent dire à Jésus ce qui s'était passé touchant les Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices. De même le roi Hérode, ayant tourmenté les apôtres du Seigneur , fut frappé pour tant de crimes du jugeaient de Dieu ; son corps enfla, se remplit de vers, et, ayant pris un couteau pour se délivrer de son mal, il s'en frappa de sa propre main.

25. De passione apostolorum atque Nerone.

Beatus Petros apostolus sub imperatore Claudio, quarto ab Augusto, Romam adgreditur, ibique praedicans, in multis virtutibus manefestissime Christum esse Dei filium conprobavit. Ab illis enim diebus christiani apud civitatem Romanam esse coeperunt. Cum autem nomen Christi per populos magis ac magis dilataretur, oritur contra haec antique serpentes invidia, et totis se imperatoris praecordiis inmittit saeva malignitas. Nam Nero ille luxoriosus, vanus atque superbus virorum succuba et rursum virorum appetitor, matris, sororum ac proximarum quaeque mulierum spurcissimus violator, ad complendam malitiae suae molem primus contra Christi cultum persecutionem excitat in credentes. Habebat enim secum Simonem magum, virum totius malitiae et omnes magicae artis argumento magistrum. Hunc elisum per apostolus Domini Petrum atque Paulum, commotus contra eos, cur Christum, filium Dei, praedicarent et idola adorare contempnerent, Petrum crucem, Paulum gladio iubet interfice. Ipse quoque excitatam super se seditionem fugire temptans, quarto ab Urbe lapide propria se manum interfecit.


Sous le règne de Claude, quatrième empereur depuis Auguste, le bienheureux apôtre Pierre se rendit à Rome où, faisant des prédications, il prouva clairement, par un grand nombre de miracles, que le Christ était fils de Dieu. C'est dans ce temps que les chrétiens commencèrent à paraître à Rome. Comme le nom du Christ se répandait de plus en plus parmi les peuples, la haine du vieux serpent se ralluma, et une cruelle méchanceté s'insinua dans le coeur de l'empereur ; car ce Néron, vain et superbe, confondant dans ses débauches les hommes et les femmes, amant infâme de sa mère, de sa s?ur et de ses plus proches parentes, pour combler la mesure de sa méchanceté, excita le premier une persécution contre les chrétiens. Il avait avec lui un homme appelé Simon le Mauricien, rempli de méchanceté, et savant dans tous les arts de la magie. Celui-ci ayant été vaincu par les apôtres du Seigneur Pierre et Paul, Néron, irrité contre eux de ce qu'ils prêchaient le Christ fils de Dieu, et refusaient avec mépris d'adorer les idoles, ordonna qu'on fit mourir Pierre sur la croix et Paul par le glaive. Une sédition s'étant élevée contre lui, il essaya de se sauver, et se tua de sa propre main, à la quatrième borne à partir de la ville.

26. De Iacobo, Marco et Iohanne euangelista.

Tunc Iacobus, frater Domini, et Marcus euangelista pro Christi nomine glorioso martyrio coronati sunt. Primus tamen omnium hanc viam levita Stefanus [et] martyr intravit. Magna post Iacobi apostoli necem Iudaeos calamitas adsecuta est. Nam adveniente Vispasiano et templum incensum est, et sexcenta milia Iudaeorum eo bello gladio et fame adfectae sunt. Domicianus autem secundus post Neronem in christianis saevit, Iohannem apostolum in insolam Pathmos relegat in exilium et diversas crudilitates in populus agitat. Post cuius mortem beatus Iohannis apostolus et euangelista de exilio rediit; qui senex et plenus dierum perfectaeque in Deum vitae vivens se deposuit in sepulchro. Hic fertur non gustare morte, donec iteratis Dominus iudicaturus adveniat, ipso in euangeliis ita dicente: Sic eum volo manere, donec veniam.


Dans ce temps, Jacques, le frère du Seigneur, et Marc l'évangéliste reçurent la glorieuse couronne du martyre pour le nom du Christ. Le diacre Étienne entra le premier dans cette bienheureuse voie. Après la mort de l'apôtre Jacques, une grande calamité accabla les Juifs ; car Vespasien, étant monté sur le trône, le temple fut incendié, et six cent mille Juifs périrent dans cette guerre par le glaive et la famine. Domitien fut le second qui, après Néron, persécuta les Chrétiens : il envoya en exil dans l'île de Pathmos l'apôtre Jean, et exerça contre le peuple diverses cruautés. A sa mort, saint Jean, apôtre et évangéliste, revint de l'exil âgé et plein de jours, et, après avoir mené une vie parfaite et toute en Dieu, il s'enferma vivant dans le sépulcre. On dit qu'il ne connaîtra point la mort avant que le Seigneur vienne une seconde fois pour juger les vivants et les morts ; car il dit lui-même dans l'Évangile : Je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne.

27. De persecutione sub Traiano.

Tertius post Neronem persecutionem in christianos Traianus movet. Sub quo beatus Clemens - tertius Romanae eclesiae fuit episcopus - passus et sanctus Simion Hierusolimitanus episcopus, Cleuphe filius, pro Christi nomine crucefixus adseritur, et Ignatius Anthyocinsis episcopus Romae ductus, bisteis deputatur. Haec sub Traiani temporibus acta sunt.


Trajan fut le troisième après Néron qui persécuta les Chrétiens ; sous son règne saint Clément, troisième évêque de l'Église de Rome, fut mis au supplice. On dit aussi que saint Siméon, évêque de Jérusalem et fils de Cléophas, fut crucifié pour le nom du Christ, et qu'Ignace, évêque d'Antioche, fut conduit à Rome et livré aux bêtes. Ces choses se passèrent sous le règne de Trajan.

28. De Adriano.

Post hunc Helius Adrianus imperator creatus est. Unde et Hierusolima Helia ab Helio Adriano vocatur, successore Domiciani, eo quod eam reparaverit. Post has vero passiones sanctorum non fuit satis parti adversae gentes incredulas contra christicolas excitasse, nisi commoveret et in ipsis christianis scismas. Concitat hereses, et divisa fides catholica aliter aliterque disseritur. Nam sub Antonini imperio Marcionitana et Valentiniana hereses insana surrexit; et Iustinus philosophus post scriptos catholicae ecclesiae libros martyrio pro Christi nomine coronatur. In Asia autem, orta persecutione, beatissimus Policarpus, Iohannis apostoli et euangelistae discipulus, octoginsimo aetatis suae anno velut holocaustum purissimum per ignem Domino consecratur. Sed et in Galleis multi pro Christi nomine sunt per martyrium gemmis caelestibus coronati; quorum passionum historiae apud nos fideliter usque hodie retinentur.


Après lui Aelius Adrien fut crée empereur. Jérusalem fut nommée Aelia, d'Aelius Adrien, successeur de Domitien, parce qu'il la fit reconstruire. Après ces martyres des saints, ce ne fut pas assez à l'ennemi de Dieu d'avoir excité contre les Chrétiens les nations infidèles, il fallut encore qu'il fit naître des schismes entre les Chrétiens eux-mêmes. Des hérésies s'élevèrent, et la foi catholique déchirée fut interprétée de diverses manières. Sous l'empereur Antonin parut l'hérésie insensée de Marcion et de Valentinien. Le philosophe Justin, après avoir écrit des livres pour l'Église catholique, fut couronné du martyre pour le nom du Christ. Dans l'Asie, une persécution s'étant élevée, saint Polycarpe, disciple de Jean, apôtre et évangéliste, dans la quatre-vingtième année de son âge, fut brûlé comme un pur holocauste pour le nom du Seigneur. Dans les Gaules, un grand nombre de Chrétiens reçurent, pour le même nom, la précieuse et brillante couronne du martyre ; l'histoire de leurs souffrances nous a été conservée fidèlement jusqu'à ce jour.

29. De sancto Photino, Hirineo vel reliquis martyribus Lugdunensibus.

Ex quibus et ille primus Lugdunensis ecclesiae Photinus episcopus fuit, qui plenus dierum, diversis adfectus suppliciis, pro Christi nomine passus est. Beatissimus vero Hireneus, huius successor martyris, qui a beato Policarpo ad hanc urbem directus est, admirabili virtute enituit; qui in modici temporis spatio praedicatione sua maxime in integrum civitatem reddidit christianam. Sed veniente persecutione, talia ibidem diabulus bella per tyrannum exercuit, et tanta ibi multitudo christianorum ob confessione dominici nominis est iugulata, ut per plateas flumina currerent de sanguine christiano; quorum nec numerum nec nomina collegere potuimus, Dominus enim eos in libro vitae conscripsit. Beatum Hirenaeum diversis in sua carnifex praesentia poenis adfectum Christo domino per martyrium dedicavit. Post hunc et 48 martyres passi sunt, ex quibus primum fuisse legimus Vectium Epagatum.


Le premier fut Photin, évêque de la ville de Lyon, qui, plein de jours, subit, pour le nom du Christ, divers supplices. Saint Irénée, successeur de ce martyr, et qui avait été envoyé dans cette ville par saint Polycarpe, se distingua par une admirable vertu ; en un court espace de temps, et par ses prédications, il rendit chrétienne la ville toute entière. Une persécution s'étant élevée, le démon suscita, par la main du tyran, de telles guerres dans ce pays, un si grand nombre de fidèles furent égorgés parce qu'ils confessaient le nom du Seigneur, que des fleuves de sang chrétien coulaient sur les places publiques, et que nous ne pourrions dire le nombre ni les noms des martyrs ; le Seigneur les a écrits sur le livre de vie. Le bourreau ayant fait infliger, en sa présence, d'horribles supplices à saint Irénée, le consacra ainsi à Notre Seigneur Jésus-Christ. Après ce saint évêque on fit périr quarante-huit martyrs, dont le premier fut, dit-on, Vettius Epagatus.

30. De septem viris in Galleis ad praedicandum missis.

Sub Decio vero imperatore multa bella adversum nomen christianum exoriuntur, et tanta stragis de credentibus fuit, ut nec numerari quaeant. Babillas episcopus Anthiocinus cum tribus parvolis, id est Urban, Prilidan et Epolon, et Xystus Romanae eclesiae episcopus et Laurentius archidiaconus et Hyppolitus ob dominici nominis confessionem per martyrium consummati sunt. Valentinianus et Novatianus maxime tunc heretiquorum principes contra fidem nostram, inimico inpellente, crassantur. Huius tempore septem viri episcopi ordenati ad praedicandum in Galliis missi sunt, sicut historia passiones sancti martyres Saturnini denarrat. Ait enim: Sub Decio et Grato consolibus, sicut fideli recordationem retenitur, primum ac summum Tholosana civitas sanctum Saturninum habere coeperat sacerdotem. Hic ergo missi sunt: Turonicis Catianus episcopus, Arelatensibus Trophimus episcopus, Narbonae Paulos episcopus, Tolosae Saturninus episcopus, Parisiacis Dionisius episcopus, Arvernis Stremonius episcopus, Lemovicinis Martialis est distinatus episcopus. De his vero beatus Dionisius Parisiorum episcopus, diversis pro Christi nomine adfectus poenis, praesentem vitam gladio inminente finivit. Saturninus vero, iam securos de martyrio, dicit duobus presbiteris suis: 'Ecce ego iam immolor et tempus meae resolutiones instat. Rogo, ut, usque dum debetum finem impleam, a vobis paenitus non relinquar'. Cumque conpraehensus ad Capitulium duceretur, relictus ab his, solus adtrahitur. Igitur cum se ab illis cerneret derelictum, orasse fertur: 'Domine Iesu Christe, exaudi me de caelo sancto tuo, ut numquam haec eclesia de his civibus mereatur habere ponteficem in sempiternum'. Quod usque nunc in ipsa civitate ita evenisse cognovimus. Hic vero tauri furentes vestigiis allegatus ac de Capitulio praecipitatus, vitam finivit. Catianus vero, Trophimus Stremoneusque et Paulos atque Marcialis, in summa sanctitate viventes, adquisitus eclesiae populos ac fidem Christi per omnibus dilatatam, felice confessione migrarunt. Et sic tam isti per martyrium quam hii per confessionem relinquentes terras, in caelestibus pariter sunt coniuncti.


Sous l'empereur Dèce il s'éleva contre le nom chrétien un grand nombre de persécutions, et on fit un si grand carnage des fidèles qu'on ne pourrait les compter. Babylas, évêque d'Antioche, avec trois petits enfants, Urbain, Prilidan et Épolone ; Sixte, évêque de la ville de Rome ; Laurent, archidiacre, et Hippolyte, reçurent le martyre pour avoir confessé le nom du Seigneur. Valentinien et Novatien, alors les principaux chefs des hérétiques, à l'insinuation de l'ennemi de Dieu, attaquèrent notre foi. Dans ce temps sept hommes, nommés évêques, furent envoyés pour prêcher dans les Gaules, comme le rapporte l'histoire de la passion du saint martyr Saturnin. Sous le consulat de Décius et de Gratus, comme le rappelle un souvenir fidèle, la ville de Toulouse eut pour premier et plus grand évêque, saint Saturnin. Voici ceux qui furent envoyés : Gatien, évêque à Tours ; Trophime à Arles ; Paul à Narbonne ; Saturnin à Toulouse ; Denis à Paris, Strémon en Auvergne et Martial à Limoges. Parmi ces pontifes, Denis, évêque de Paris, subit divers supplices pour le nom du Christ, et, frappé du glaive, termina sa vie en ce monde. Saturnin, déjà assuré du martyre, dit à deux prêtres : Voici que je vais être immolé, et le temps de ma destruction approché ; je vous prie, jusqu'à ce que je termine ma vie, de ne pas m'abandonner. Ayant été pris, on le conduisit au Capitole, et, abandonné par les deux prêtres, il fut emmené seul. Se voyant ainsi délaissé, on raconte qu'il fit cette prière : Seigneur Jésus-Christ, exauce-moi du haut de ta sainte demeure ; que cette Église n'obtienne jamais d'avoir un évêque pris entre ses citoyens. Nous savons que jusqu'à présent sa prière a été exaucée. Attaché à la queue d'un taureau en fureur, et précipité du haut du Capitole, il termina sa vie. Gatien, Trophime, Strémon, Paul et Martial, vivant dans une éminente sainteté, après avoir gagné les peuples à l'Église et répandu partout la foi chrétienne, moururent en confessant paisiblement le Seigneur. Ceux qui sont sortis du monde par la voie du martyre, et ceux qui sont morts sans trouble dans leur foi sont unis dans le royaume des cieux.

31. De aecclesia Bituriga.

De horum vero discipulis quidam Bituricas civitatem adgressus, salutare omnium, Christum dominum populis nuntiavit. Ex his ergo pauci quodadmodo credentes, clerici ordinati, ritum psallendi suscipiunt, et qualiter ecclesiam construant vel omnipotenti Deo sollemnia caelebrare debeant, inbuuntur. Sed illis parvam adhuc aedificandi facultatem habentibus, cives cuiusdam domum, de qua ecclesiam faciant, expetunt. Senatores vero vel reliqui meliores loci fanaticis erant tunc cultibus obligati; qui vero crediderant ex pauperibus erant, iuxta illud Domini quod Iudaeis exprobrat, dicens: Quia meretrices et publicani praecedunt vos in regno Dei. Hi vero, non obtentam a quo petierant domum, Leocadium quendam et primum Galliarum senatorem, qui de stirpe Vecti Epagati fuit, quem Lugduno passum pro Christi nomine superius memoravimus, repererunt. Cui cum petitionem suam et fidem pariter intimassent, ille respondit: 'Si enim domus mea, quam apud Bituricam urbem habeo, huic operi digna esset, praestare non abnuebam'. Illi autem audientes, pedibus eius prostrati, oblatis tricentis aureis cum disco argenteo, dicunt eam huic ministerio esse condignam. Quod ille, acceptis de his tribus aureis pro benedictione, clementer indulgens reliqua, cum adhuc esset in errore idolatriae inplicitus, christianus factus, domum suam fecit aecclesiam. Haec est nunc ecclesia apud Bituricas urbem prima, miro opere conposita et primi martyres Stephani reliquiis inlustrata.


Un de leurs disciples, étant allé dans la ville de Bourges, annonça aux peuples le Seigneur Jésus-Christ, sauveur de tous. Un petit nombre d'hommes ayant cru en lui furent ordonnés prêtres, et apprirent de lui la sainte liturgie. II leur enseigna de quelle manière ils devaient construire une église et célébrer les fêtes du Dieu puissant ; mais comme ils n'avaient que peu de ressources pour bâtir une église, ils demandèrent, pour en faire une, la maison d'un citoyen. Les sénateurs et les premiers du lieu étaient alors attachés à des cultes idolâtres ; ceux qui avaient cru étaient d'entre les pauvres, selon ce que le Seigneur reproche aux Juifs, disant : Je vous dis, en vérité, que les publicains et les femmes prostituées vous devanceront dans le royaume de Dieu. N'ayant pas obtenu la maison qu'ils demandaient, ils allèrent trouver un certain Léocade, l'un des premiers sénateurs des Gaules, qui était de la race de Vettius Epagatus, martyrisé à Lyon pour le nom du Seigneur, comme nous l'avons rapporté ci-dessus ; quand ils lui eurent présenté leur demande et déclaré leur croyance, il répondit : Si la maison que je possède dans Bourges est digne de cet emploi, je ne la refuserai pas. A ces mots ils se prosternèrent à ses pieds, lui offrant trois cents pièces d'or et un plat d'argent, et lui dirent que sa maison était digne de ce ministère. Après avoir accepté trois pièces d'or en signe d'amitié, et leur avoir généreusement rendu le reste, comme il était encore enveloppé dans l'erreur de l'idolâtrie, il se fit chrétien, et sa maison fait transformée en une église. C'est maintenant la première église de Bourges ; elle est arrangée avec un soin admirable et enrichie des reliques du premier martyr saint Étienne.

32. De Chroco et de delubro Arverno.

Vicinsimo septimo loco Valerianus et Gallienus Romanum imperium sunt adepti, qui gravem contra christianus persecutionem suo tempore conmoverunt. Tunc Romae Cornilius, Cyprianus Cartaginem felici sanguinem inlustrarunt. Horum tempore et Chrocus ille Alamannorum rex, commoto exercito, Gallias pervagavit. Hic autem Chrocus multae adrogantiae fertur fuisse. Qui cum nonnulla inique gessisset, per consilium, ut aiunt, matris iniquae, collectam, ut dixemus, Alamannorum gentem, universas Gallias pervagatur cunctasque aedes, quae antiquitus fabraecatae fuerant, a fundamentis subvertit. Veniens vero Arvernus, delubrum illud, quod Gallica lingua Vasso Galate vocant, incendit, diruit atque subvertit. Miro enim opere factum fuit atque firmatum. Cuius paries duplex erat, ab intus enim de minuto lapide, a foris vero quadris sculptis fabricatum fuit. Habuit enim paries ille crassitudinem pedes triginta. Intrinsecus vero marmore ac museo variatum erat, pavimentum quoque aedes marmore stratum, desuper vero plumbo tectum.


Valérien et Gallien montèrent sur le trône impérial de Rome, occupé pour la vingt-septième fois, et excitèrent contre les Chrétiens une cruelle persécution. Alors Rome fut illustrée par le bienheureux sang de Corneille, et Carthage par celui de Cyprien. Du temps de ces deux empereurs, Chrocus, roi des Allemands, ayant levé une armée, ravagea les Gaules. On rapporte que ce Chrocus était d'une grande arrogance ; ayant commis quelques crimes par le conseil d'une mère perverse, il rassembla la nation des Allemands, se répandit dans toute la Gaule, et renversa de fond en comble tous les édifices anciens. Étant arrivé en Auvergne, il incendia, renversa et détruisit un temple que les habitants appelaient Vasso, en langue gauloise. Il était d'une construction admirable et très solide, car ses murs étaient doubles ; ils étaient battis en dedans, avec de petites pierres, en dehors avec de grandes pierres carrées, et avaient trente pieds d'épaisseur. L'intérieur était décoré de marbres et de mosaïques, le pavé était en marbre et le toit en plomb.

33. De martiribus qui circa Arvernum passi sunt.

Iuxta hanc urbem Liminius Antolianusque martyres requiescunt. Ibi Cassius ac Victorinus in dilectione Christi fraterno affectu sociati, per effusionem cruoris proprii caelorum regna pariter sunt adepti. Nam refert antiquitas, Victorinum servum fuisse ante dicti templi sacerdotis. Qui dum plerumque vicum, quem christianorum vocant, ad persequendos christianos adit, Cassium repperit christianum. Cuius praedicationibus atque miraculis motus, credidit Christo, relictisque fanaticis sordibus ac baptismo consecratus, magnus in virtutum operatione enituit. Nec multo post per martyrium, ut diximus, in terris sociati, ad caelestia pariter regna venerunt.


Auprès de la ville de Clermont reposent les martyrs Liminius et Antolien. Cassius et Victorin, liés par une amitié fraternelle dans l'amour du Christ, répandirent leur sang ensemble, et entrèrent ensemble dans le royaume des cieux. La tradition rapporte que Victorin avait été au service du pontife du temple dont je viens de parler. Allant souvent dans la rue appelée rue des Chrétiens, pour les persécuter, il y trouva Cassius qui était chrétien ; touché par ses prédications et ses miracles, il crut en Jésus-Christ, et, abandonnant son infinie idolâtrie, il se fit consacrer par le baptême et devint puissant et célèbre en miracles. Peu de temps après, les deux amis avant subi le martyre, montèrent ensemble dans le royaume des cieux.

34. De sancto Privato martyre.

Inruentibus autem Alamannis in Gallias, sanctus Privatus Gabalitanae urbis episcopus in criptam Memmatinsis montis, ubi ieiuniis orationibusque vacabat, reperitur, populum Gredonensis castri monitione conclusum. Sed dum oves suas ut bonus pastor lupis tradere non consentit, daemoniis immolare conpellitur. Quod spurcum ille tam exsecrans quam refutans, tamdiu fustibus caeditur, quoadusque putaretur exanimis. Sed ex ipsa quassatione, interpositis paucis diebus, spiritum exalavit. Chrocus vero apud Arelatinsim Galliarum urbem conprehensus, diversis adfectus suppliciis, gladio verberatus interiit, non inmerito poenas, quas sanctis Dei intulerat, luens.


Pendant l'irruption des Allemands dans les Gaules, saint Privat, évêque de la capitale du Gévaudan, fut trouvé dans une grotte du mont Memmat, où il se livrait aux jeûnes et aux oraisons, tandis que le peuple était enfermé dans les retranchements du camp de Gréze. Le bon pasteur refusa de livrer ses brebis aux loups, et on voulut le contraindre de sacrifier * aux démons ; comme il détestait et repoussait cette souillure, on le frappa de verges jusqu'à ce qu'on le crût mort. Peu de jours après cette torture il rendit l'âme. Chrocus ayant été pris, près d'Arles, ville des Gaules, subit divers tourments, et fut frappé du glaive, livré avec justice au supplice qu'il avait infligé aux saints de Dieu.

35. De Quirino episcopo et martyre.

Sub Diocliciano, qui tricesimo tertio loco Romanum rexit imperium, gravis contra christianos per annos quattuor persecutio exagitata est, ita ut quadam vice in ipso sacratissimo die paschae magni christianorum populi ob veri Dei cultum interficerentur. Eo tempore Quirinus Sisciensis ecclesiae sacerdos gloriosum pro Christi nomine martyrium tulit, quem, ligato ad collum molare saxo, in fluminis gurgite sevitia inpulit paganorum. Igitur cum cecidisset in gurgite, diu super aquas divina virtute ferebatur, nec sorbebant aquae, quem pondus criminis non praemebat. Quod factum admirans multitudo populi circumstantes, dispecto furore gentilium, ad liberandum properant sacerdotem. Haec ille cernens, non passus est, se a martyrio subtrahi, sed erectis ad caelum oculis ait: 'Iesu domine, qui gloriosus resedis ad dexteram Patris, ne patiaris me ab hoc stadio removeri, sed suscipiens animam meam, coniungere me tuis martyribus in requiae sempiterna dignare'. Et his dictis reddidit spiritum. Cuius corpus a christianis susceptum venerabiliter sepulturae mandatum est.


Sous Dioclétien, qui fut le trente-troisième empereur de Rome, il s'éleva contre les Chrétiens, pendant quatre ans, une cruelle persécution, de sorte qu'une certaine fois, le saint jour de Pâques même, un grand nombre de chrétiens furent massacrés pour le culte du vrai Dieu. Dans ce temps, Quirinus, évêque de l'église de Siscia, subit pour le nom du Christ, le glorieux martyre ; les cruels païens, lui ayant attaché au cou une pierre de meule, le précipitèrent dans les eaux du fleuve ; après sa chute, et par la puissance divine, il se soutint longtemps sur les eaux, et elles ne l'engloutissaient pas parce qu'aucun crime ne pesait sur lui. La multitude présente admirait ce miracle, et, sans tenir compte de la fureur des Gentils, elle se précipitait pour aller délivrer le pontife ; ce que voyant, celui-ci ne souffrit pas qu'on l'arrachât au martyre ; mais, ayant levé les yeux au ciel, il dit : Seigneur Jésus, qui es assis dans ta gloire, à la droite du Père, ne souffre pas qu'on me retire d'ici ; recevant mon âme, daigne me réunir à tes martyrs dans le repos éternel. Après ces mots il rendit l'âme. Son corps ayant été retiré par les Chrétiens, fut enterré avec respect.

36. De nativitate sancti Martini et crucis inventione.

Romanorum tricesimus quartus imperium obtinuit Constantinus, annis triginta regnans feliciter. Huius imperii anno undecimo, cum post excessum Diocliciani pax reddita fuisset ecclesiis, beatissimus praesul Martinus apud Sabariam Pannoniae civitatem nascitur parentibus gentilibus, non tamen infimis. Hic Constantinus anno vicessimo imperii sui Crispum filium veneno, Faustam coniugem calentem balneo interfecit, scilicet quod proditores regni eius esse voluissent. Huius tempore venerabile crucis dominicae lignum per studium Helenae matris repertum est, prodente Iuda Hebraeo, qui post baptismum Quiriacus est vocitatus. Usque hoc tempus historiographus in chronicis scribit Eusebius. A vicessimo primo enim eius imperii anno Hieronimus praesbiter addidit, indicans, Iuvencum praesbiterum euangelia versibus conscripsisse, rogante supradicto imperatore.


Constantin devint le trente-quatrième empereur des Romains et régna heureusement pendant trente ans. La onzième année de son règne, la paix ayant été rendue aux Églises après la mort de Dioclétien, le bienheureux évêque saint Martin naquit à Szombatel, ville de Pannonie, de parents idolâtres, mais non obscurs. Constantin, dans la vingtième année de son règne, fit périr son fils Crispus par le poison, et sa femme Fausta dans un bain chaud, parce qu'ils voulaient s'emparer de son trône. De son, temps le bois sacré de la croix du Seigneur fut retrouvé par le zèle de sainte Hélène, d'après les indications d'un Juif nommé Judas, qui, après le baptême, reçut le nom de Quiriacus. L'histoire d'Eusèbe va jusqu'à ce temps. Ce qui suit depuis la vingt et unième année du règne de Constantin a été ajouté par le prêtre Jérôme, qui dit que le prêtre Juvencus, à la prière de Constantin, mit les évangiles en vers.

37. De Iacobo Nisebeno episcopo.

Sub Constantis autem imperio Iacobus Nisebenus fuit, ad cuius praeces inclinatae aures divinae clementiae multa pericula a civitate eius reppulerunt. Sed et Maximinus Treverorum episcopus potens in omni sanctitate repperitur.


Sous le règne de Constance vécut Jacques de Nisibe, dont les prières, parvenues aux oreilles de la clémence divine, écartèrent de sa ville de nombreux dangers. A la même époque Maximin, évêque de Trèves, fit puissant en sainteté.

38. De transitu Antonii monachi.

Nono decimo Constantini iunioris anno Antonius monachus transiit centesimo quinto aetatis anno. Beatissimus Helarius Pictavinsis episcopus suasu hereticorum exilio deputatur, ibique libros pro fide catholica scribens, Constantio misit; qui quarto exilii anno eum absolvi iubens, ad propria redire permisit.


Dans la dix-neuvième année de Constance le jeune, l'ermite Antoine mourut âgé de cent cinq ans. Saint Hilaire, évêque de Poitiers, fut envoyé en exil à l'instigation des hérétiques. Là, composant des livres pour la foi catholique, il les envoya à Constance, qui, le délivrant après quatre ans d'exil, lui permit de revenir dans sa patrie.

39. De adventum sancti Martini.

Tunc iam et lumen nostrum exoritur, novisque lampadum radiis Gallia perlustratur, hoc est eo tempore beatissimus Martinus in Gallias praedicare exorsus est, qui Christum, Dei filium, per multa miracula verum Deum in populis declarans, gentilium incredulitatem avertit. Hic enim fana distruxit, heresem oppraessit, eclesias aedificavit et, cum aliis multis vertutibus refulgeret, ad consummandum laudes suae titulum tres mortuos vitae restituit. Quarto Valentiniani et Valentis anno sanctus Helarius apud Pictavus, plenus sanctitate et fide, multis virtutibus aeditus, migravit ad caelos; nam et ipsi legitur mortuos suscitasse.


A cette époque notre lumière commença à paraître, et la Gaule à être éclairée des rayons d'un nouvel astre ; c'est-à-dire que dans ce temps saint Martin commença à prêcher dans les Gaules, faisant connaître aux peuples, par un grand nombre de miracles, le Christ vrai fils de Dieu, et dissipant l'incrédulité des Gentils. Il détruisit leurs temples, accabla l'hérésie, bâtit des églises, et, brillant par un grand nombre d'autres miracles, pour mettre le comble à sa gloire, il rendit trois morts à la vie. La quatrième année du règne de Valentinien et de Valens, saint Hilaire, rempli de sainteté et de foi, après avoir opéré partout un gland nombre de miracles, monta aux cieux à Poitiers. On dit qu'il ressuscita aussi des morts.

40. De Melanea matrona.

Melania vero matrona nobilis et incula urbis Romanae Hierusolimis ob devotionem abiit, Urbano filio Romae relecto. Quae ita se in cuncta bonitate ac sanctitate omnibus praebuit, ut Thecla vocaretur ab incolis.


Mélanie, noble matrone de la ville de Rome, alla par dévotion à Jérusalem, laissant à Rome son fils Urbain. Elle s'y conduisit envers tout le monde avec tant de bonté et de sainteté, que les habitants l'appelaient Thécla.

41. De interitu Valentis imperatoris.

Post mortem autem Valentiniani Valens integri successor imperii, monachus ad militiam cogi iubet, nolentes fustibus praecipit verberari. Post haec bellum saevissimum in Thracias Romani gessire, in quo tanta stragis fuit, ut Romani, amisso equorum praesidio, pedebus fugirent. Cumque a Gotis internitione maxima caederentur et Valens sagitta fugiret sauciatus, parvum tugurium adgressus, inminentibus hostibus, super se incensam casulam, optatam caruit sepulturam. Sicque ultio divina ob sanctorum effuso sanguinem tandem emissa processit. Hucusque Hieronimus; ab hoc vero tempore Horosius presbiter plus scripsit.


Après la mort de Valentinien, Valens, possesseur de tout l'Empire , ordonna d'incorporer les moines dans la milice, et de frapper de verges ceux qui refuseraient. Ensuite les Romains soutinrent dans la Thrace une guerre terrible ; le carnage y fut si grand que les Romains, ayant perdu le secours de la cavalerie, s'enfuirent à pied. Comme ils étaient taillés en pièces par les Goths, et que Valens fuyait blessé par une flèche, il entra dans une petite chaumière, où les ennemis l'ayant poursuivi, il fut enseveli sous les ruines de la maison incendiée et n'eut point de sépulture. Ainsi la vengeance divine s'appesantit enfin sur lui, à cause de l'effusion du sang des saints. Ici s'arrête la chronique de Jérôme ; la suite a été écrite par le prêtre Orose.

42. De imperio Theudosi.

Igitur cum Gratianus imperator distitutam cernerit esse rem publicam, Theodosio collegam imperii facit. Hic Theodosius omnem spem suam atque fidutiam in Dei misericordiam ponit; qui multas gentes non tam gladio quam vigiliis et oratione conpescuit, rem publicam confirmavit, Constantinopuli urbem victor ingressus est.


L'empereur Gratien, voyant la dissolution de la république, s'associa Théodose pour collègue dans l'empire. Ce Théodose mit tout son espoir et toute sa confiance en la miséricorde de Dieu. Ce fut plutôt par les veilles et les oraisons que par le glaive qu'il réprima les nations, affermit la république et entra vainqueur dans la ville de Constantinople.

43. De interitum Maximi tiranni.

Maximus vero cum per tyrannidem oppraessis Brittanis sumsisset victuriam, a militibus imperator creatus est. In urbe Treverica sedem instituens, Gratianum imperatorem circumventum dolis interfecit. Ad hunc Maximum beatus Martinus iam episcopus venit. In loco ergo Gratiani Theodosius ille, qui totam spem in Deum posuerat, totum suscepit imperium. Qui deinceps divinis affatibus fretus, Maximum spoliatum imperio interfecit.


Maxime, ayant remporté la victoire à l'aide des Bretons opprimés par la tyrannie, fut créé empereur par ses soldats. Ayant établi sa résidence dans la ville de Trèves, il entoura de piéges l'empereur Gratien, et le fit périr. L'évêque saint Martin alla trouver ce Maxime. Théodose, qui avait mis tout son espoir en Dieu, prit possession de tout l'Empire. Soutenu par des inspirations divines, il dépouilla Maxime de son trône et le fit périr.

44. De Orbico Arvernorum episcopo.

Apud Arvernus vero primus episcopus post Stremonium episcopum praedicatoremque Urbicus fuit, ex senatoribus conversus, uxorem habens, quae iuxta consuetudinem ecclesiasticam, remota a consortio sacerdotis, religiose vivebat. Vacabant enim ambo orationem, elemosinis atque operibus bonis. Cumque haec agerent, libor inimici, quae semper est aemula sanctitate, conmovetur in femina; quam in concupiscentiam viri succendens, novam Evam effecit. Nam succensa mulier a libidine, operta peccati tenebris, pergit ad domum ecclesiae per tenebras noctis. Cumque obserata omnia repperisset, pulsare fores ecclesiasticae domus coepit hac voce huiusmodi dare: 'Quousque sacerdos dormis ? Quousque hostia clausa non reseras? Cur satellitem spernes? Cur obduratis auribus Pauli praecepta non audis? Scripsit enim: Revertimini ad alterutrum, ne temptet vos Satanas. Ecce! ego ad te revertor, nec ad extraneum, sed ad proprium vas recurro'. Haec et his similia diu declamanti, tandem sacerdotis tepescit religio. Iubet eam cubiculo intromitti, ususque concubitum eius, discedere iubet. Dehinc tardius ad se reversus et de perpetrato scelere condolens, acturus paenitentiam, diocesis suae monasterium appetit, ibique cum gemitu ac lacrimis quae commiserat diluens, ad urbem propriam est reversus. Qui, impleto vitae cursu, migravit a saeculo. Nata est enim filia ab hoc conceptu, quae in religione permansit. Ipse quoque sacerdos cum coniuge et filia in cripta Cantabennensi iuxta aggerem publicum est sepultus. In cuius loco Legonus episcopus subrogatur.


En Auvergne, le premier qui succéda à Strémon, évêque et prédicateur, fut Urbicus, l'un des sénateurs, qui s'était converti. Il avait une femme ; mais, d'après la coutume ecclésiastique, elle se sépara de lui et se consacra à la vie religieuse. Ils étaient tous deux livrés aux oraisons, aux aumônes et aux bonnes oeuvres. Pendant qu'ils se conduisaient ainsi, la haine du démon, qui est toujours ennemi de la sainteté, s'exerça sur la femme ; l'ayant enflammée de concupiscence pour son mari, il en fit une nouvelle Ève. Enflammée de désirs et couverte des ténèbres du péché, elle se rendit, au milieu de l'obscurité de la nuit, à la maison épiscopale. Ayant trouvé tout fermé, elle commença à frapper à la porte et à dire : Jusques à quand dormiras-tu, évêque ? Jusques à quand n'ouvriras-tu pas tes portes fermées ? Pourquoi méprises-tu ta femme ? Pourquoi tes oreilles sont-elles insensibles, et n'écoutes-tu pas ce précepte de Paul, qui a dit : Ne vous refusez point l'un à l'autre ce devoir, de peur que le démon ne prenne sujet de voie incontinence pour vous tenter. Voilà que je viens vers toi, et ce n'est pas vers un étranger, mais vers mon mari que je viens. La religion du pontife s'endormit enfin par l'influence des paroles de cette femme. Il lui ordonna d'entrer dans son lit, d'où il la fit retirer après s'être livré à sa passion. Ensuite, revenu trop tard à lui, et gémissant du crime qu'il avait commis, il se retira dans le monastère de son diocèse pour y faire pénitence. Après y avoir lavé sa faute par ses gémissements et ses larmes, il retourna dans sa ville. Ayant atteint le terme de sa vie, il sortit de ce monde. De son péché naquit une fille qui se voua à la vie religieuse. Le pontife fut enterré avec sa femme et sa fille dans le caveau de Chantoin, près de la voie publique. Legonus lui succéda dans l'épiscopat.

45. De sancto Hillidio episcopo.

Quo defuncto, sanctus Illidius successit, vir eximiae sanctitatis ac praeclarae virtutis, qui in tanta sanctitate emicuit, ut fama eius etiam extraneos fines adiret. Unde factum est, ut imperatoris Treverici filiam expetitus ab spiritu inmundo curaret, quod in libro illo, quem de eius vita conscripsimus, memoravimus. Fuit autem, ut fama refert, valde senex et plenus dierum plenusque bonis operibus; qui felici consummatione vitae huius perfunctus tramitem, migravit ad Christum, sepultusque in cripta suburbano civitatis illius. Habuit autem et archidiaconum nomine et merito Iustum; qui et cursum vitae bonis consumans operibus, magistri tumulo sociatur. Iam vero post transitum beati Illidi confessoris ad gloriosum eius sepulchrum tante virtutes apparent, ut nec scribi integre queant nec memoriae retineri. Huic sanctus Nepotianus successit.


A sa mort, il fut remplacé par saint Hillide, homme d'une éminente sainteté et d'une éclatante vertu, tellement que la renommée en pénétra jusque chez les nations étrangères ; d'où il arriva qu'il délivra de l'esprit immonde la fille de l'empereur de Trèves, qui avait réclamé son secours, ce que nous avons rapporté clans le livre que nous avons écrit sur sa vie. La renommée raconte que déjà très vieux, plein de jours et de bonnes oeuvres, il quitta, par une mort bienheureuse, les sentiers de la vie, et monta vers le Christ. On l'enterra dans un caveau situé dans le faubourg de sa ville. Il avait un archidiacre nommé avec raison le Juste, qui, ayant passé sa vie en bonnes ?uvres, fut déposé dans le tombeau de son maître. Après la mort de saint Hillide, il s'opéra sur son glorieux tombeau de si grands miracles qu'on ne pourrait les écrire en entier, et que la mémoire ne saurait les retenir. Saint Népotien lui succéda.

46. De Nepotiano atque Arthemio episcopis.

Igitur apud Arvernus sanctus Nepotianus quartus habebatur episcopus. A Treveris vero legati in Spaniam mittebantur, ex quibus Artemius quidam admirabilis sapientiae atque pulchritudinis et prima aetate florens, vi febrium est correptus. Praecedentibus vero aliis, hic apud Arvernus aegrotus relinquitur; nam eo tempore apud Treverus sponsali erat vinculo nexus. A sancto autem Nepotiano visitatus atque oleo sancto perunctus, tribuente Domino, redditur sanitati. Qui cum ab eodem sancto verbum praedicationis accepisset, oblitus tam sponsam terrenam quam facultates proprias, sanctae copulatur eclesiae, factusque clericus, in tanta praelatus est sanctitate, ut beato Nepotiano successor exsisteret ad regendas dominici gregis caulas.


Saint Népotien fut le quatrième évêque d'Auvergne. Des députés de la ville de Trèves furent envoyés en Espagne. Parmi eux était un certain Artémius, d'une sagesse et d'une beauté remarquables, et brillant de jeunesse ; il fut attaqué d'une fièvre violente. Les autres ayant continué leur route, le laissèrent malade à Clermont. A cette époque, il était fiancé à Trèves avec une jeune fille. Saint Népotien l'étant allé voir et l'ayant oint de l'huile sainte par la grâce de Dieu, le rendit à la vie. Artémius, ayant ouï du même saint la parole de la prédication, oubliant son épouse terrestre et ses propres biens, fut uni à la sainte Église ; et, ayant été fait clerc, il se distingua par une si grande sainteté qu'il succéda à saint Népotien dans la direction du troupeau du Seigneur.

47. De castitate amantium.

Per idem tempus Iniuriosus quidam de senatoribus Arvernis cum magnis opibus similem sibi in coniugio puellam expetiit, datumque arrabone, diem statuit nuptiarum. Erat autem uterque unicus patri. Adveniente vero die, celebrata nuptiarum sollemnitate, in uno strato ex more locantur. Sed puella graviter contristata, aversa ad parietem, amarissime flebat. Cui ille: 'Quid', inquid, turbaris? Indica, quaeso, mihi'. Illaque silente, adiecit: 'Obsecro te per Iesum Christum, filium Dei, ut mihi quid doleas sapienter exponas. Tunc illa conversa ad eum ait: 'Si omnibus diebus vitae meae plangam, numquid tantae erunt lacrimae, ut queant abluere tam inmensum pectoris mei dolorem? Statueram enim, ut corpusculum meum inmaculatum Christo a virili tactu servarem, sed vae mihi! qui taliter ab eo relicta sum, ut quod obtabam perficere non valerem et quod ab initio aetatis meae servavi in hac novissima die, quam videre non debueram, perdidi. Ecce enim relicta ab inmortali Christo, qui mihi dotem promittebat paradisum, mortalis hominis sum sortita consortium; et pro rosis inmarcescibilibus arentium me rosarum non ornat, sed deformat spolia. Et cum debui super quadrifluo Agni flumine puritatis stolam induere, haec mihi vestis onus exhibuit, non honorem. Sed quid amplius verba protrahimus? Infelix ego, quae debui sorte mereri polos, hodie dimergo in abyssos. O, si mihi haec futura erant, quare non dies vitae meae ipse fuit finis, qui fuit initium! O, si ante introissem mortis ianuam, quam lactis acciperem alimenta. O, si mihi dulcium nutricum oscula in funere fuissent expensa! Horrent enim mihi terrenae species, quia pro mundi vita transfixas manus suspicio Redemptoris. Nec cerno diademas gemmis insignibus coruscantes, cum illam spineam miror mente coronam. Respuo longe lateque diffusa spatia terrae tuae, quia amaenitate concupisco paradisi. Horrent tua solaria, cum Dominum resedentem suspicio super astra. Talia cum magno fletu iactanti commotus pietate iuvenis ait: 'Unicos nos nobilissimi Arvernorum habuere parentes et ad propagandam generationem coniungere voluerunt, ne recedentibus de mundo succederet heres extraneus'. Cui illa: 'Nihil est mundus, nihil sunt divitiae, nihil est pompa saeculi huius, nihil est vita ipsa quam fruemur, sed illa magis vita quaerenda est, quae morte terminante non clauditur, quae labe ulla non solvitur nec aliquo occasu finitur, ubi homo in beatitudine aeterna permanet, luce non occidente vivit et, quod magis est his omnibus, ipsius Domini praesentiam iugi perfruens contemplatione, in angelico translatus statu, indissolubili laetitia gaudet'. Ad haec ille: 'Dulcissimis, inquid, 'eloquiis tuis aeterna mihi vita tamquam magnum iubar inluxit, et ideo, si vis a carnali abstinere concupiscentiam, particeps tuae mentis efficiar'. Illa respondit: 'Difficile est sexum virilem mulieribus ista praestare. Tamen, si feceris, ut inmaculati permaneamus in saeculo, ego tibi partem tribuam dotis, quam promissam habeo ab sponso domino meo Iesu Christo, cui me et famulam devovi esse et sponsam'. Tunc ille armatus crucis vexillo ait: 'Faciam quae hortaris'. Et datis inter se dextris, quieverunt, multos postea in uno strato recumbentes annos, sed cum castitate laudabili, quod postea in eorum transitu declaratum est. Nam cum, impleto certamine, puella migraret ad Christum, peracto vir funeris officio cum puellam in sepulchro deponeret, ait: 'Gratias tibi ago, domine Iesu Christe, aeternae domine deus noster, quia hunc thesaurum, sicut a te commendatum accepi, ita inmaculatum pietati tuae restituo'. Ad haec illa subridens: 'Quid', inquid, 'loqueris quod non interrogans?' Illamque sepultam ipse non post multum insequitur. Porro cum utriusque sepulchrum e diversis parietibus collocatum fuisset, miraculi novitas, quae eorum castitatem manifestaret, apparuit. Nam facto mane cum ad locum populi accederent, invenerunt sepulchra pariter, quae longe inter se distare reliquerant, scilicet ut, quos tenet socios caelum, sepultorum hic corporum non separet monumentum. Hos usque hodie Duos Amantes vocitare loci incolae voluerunt. Meminimus de his in libro Miraculorum.


Dans le même temps, Injuriosus, un des sénateurs d'Auvergne et fort riche, rechercha en mariage une jeune fille de même condition ; et lui ayant donné des gages, il fixa le jour des noces. Ils étaient tous deux enfants uniques de leurs pères. Le jour arrivé, la cérémonie des noces ayant été célébrée, ils se placèrent, selon la coutume, dans le même lit. Mais la jeune fille, gravement affligée, se tourna du côté de la muraille, et se prit à pleurer amèrement ; son mari lui dit : Qu'est-ce qui te chagrine ? Dis-le-moi, je t'en supplie. Comme elle gardait le silence : Je te conjure, par Jésus-Christ, fils de Dieu, lui dit-il, de me faire part de ce qui t'afflige. S'étant alors tournée vers lui, elle lui dit : Dussé-je pleurer tous les jours de ma vie, mes larmes ne seraient jamais assez abondantes pour effacer la douleur immense de mon coeur. J'avais résolu de consacrer à Jésus-Christ mon corps pur de tout attouchement d'homme ; mais malheur à moi, qu'il a tellement abandonnée que je ne pourrai accomplir mon désir, et que je crains de perdre en ce jour, que je n'aurais jamais dû voir, ce que j'avais conservé depuis le commencement de mon âge. Voilà que délaissée, par le Christ immortel, qui me promettait le Paradis pour dot, je suis liée à un mari mortel ; et au lieu d'être parée d'une couronne de roses incorruptibles, je recevrai du mariage la triste parure d'une couronne de roses flétries. Je devais revêtir, dans les eaux sacrées de l'agneau divin, l'étole de pureté, et voilà que la robe que je porte est pour moi un fardeau et non un honneur. Mais pourquoi plus de paroles ? Malheureuse ! moi qui devais obtenir la demeure des cieux, je suis aujourd'hui précipitée dans les abîmes ! Ô si tel était mon avenir, pourquoi le jour qui fut le commencement de ma vie, n'en fut-il pas la fin ? Ô plût au ciel que je fusse entrée dans la porte de la mort avant d'avoir goûté le lait ! Plût au ciel que les baisers de mes douces nourrices ne m'eussent été donnés que dans un cercueil ! Les pompes de la terre me font horreur, car je me représente les mains du Rédempteur, percées pour sauver le monde ! Je ne puis voir les diadèmes resplendissants de pierres brillantes lorsque je porte le regard de ma pensée sur sa couronne d'épines. Je méprise les vastes espaces de la terre, car je souhaite ardemment les douceurs du Paradis ! Tes palais élevés me font pitié lorsque je regarde le Seigneur élevé au-dessus des astres ! A ces paroles prononcées avec des torrents de larmes, le jeune homme, touché de pitié, lui dit : Nous sommes les enfants uniques des pères les plus nobles de l'Auvergne, et ils ont voulu nous unir pour propager leur race, de peur qu'à leur sortie du monde un héritier étranger ne vînt à leur succéder. Elle lui dit : Le monde n'est rien, les richesses ne sont rien, la pompe de cette terre n'est rien ; la vie même dont nous jouissons n'est rien. Il vaut bien mieux rechercher cette vie que la mort même ne termine point, qu'aucun accident, aucun malheur ne peut interrompre ni finir ; où l'homme, plongé dans la béatitude éternelle, s'abreuve d'une lumière qui ne se couche point ; et, ce qui est bien plus que toutes ces choses, où la présence du Seigneur lui-même, dont il jouit par la contemplation, le transporte dans l'état des anges et le pénètre d'une joie impérissable. Il lui dit : A tes douces paroles, la vie éternelle brille à mes yeux comme un soleil resplendissant ! Si donc tu veux t'abstenir de toute concupiscence charnelle, je m'unirai à tes pensées. Elle lui répondit : Il est difficile que les hommes accordent aux femmes de telles choses. Cependant, si tu fais en sorte que nous demeurions sans tache dans ce monde, je te donnerai une part de la dot qui m'a été promise par mon époux, mon Seigneur Jésus-Christ ; à qui je me suis consacrée comme servante et comme épouse. S'étant alors armé du signe de la croix, il lui répondit : Je ferai ce à quoi tu m'exhortes. S'étant donné les mains ils s'endormirent. Ils couchèrent depuis pendant un grand nombre d'années dans un seul lit, et vécurent dans une admirable chasteté, comme leur mort le prouva dans la suite. Leur épreuve étant accomplies lorsque la jeune fille monta vers le Christ, son mari s'étant acquitté des devoirs funéraires, dit, en la déposant au tombeau : Je te rends grâce, ô Notre Seigneur Dieu éternel ; je rends à ta piété ce trésor sans tache comme je l'ai reçu de toi ! A ces paroles, s'étant mise à sourire dans son cercueil, elle lui dit : Pourquoi dis-tu ce qu'on ne te demande pas ? Il ne tarda pas longtemps à la suivre. Comme on les avait placés dans deux tombeaux séparés par une cloison, on vit un nouveau miracle qui mit au grand jour leur chasteté. Le lendemain matin, le peuple s'étant approché de l'endroit, trouva réunis les tombeaux qu'il avait laissés séparés ; comme si le tombeau avait dû ne pas séparer les corps de ceux que le ciel avait réunis. Les habitants du lieu les ont appelés jusqu'à présent les deux amants. Nous en avons parlé dans le livre des Miracles.

48. De transitu sancti Martini.

Arcadi vero et Honori secundo imperii anno sanctus Martinus Turonorum episcopus, plenus virtutibus et sanctitate, praebens infirmis multa beneficia, octuaginsimo et primo aetatis suae anno, episcopatum autem vicissimo sexto, apud Condatinsem diocisis suae vicum excedens a saeculo, filiciter migravit ad Christum. Transiit autem media nocte, quae dominica habebatur, Attico Caesarioque consolibus. Multi enim in eius transitum psallentium audierunt in caelum, quod in libro virtutum eius primo plenius exposuemus. Nam cum primitus sanctus Dei apud Condatinsem, ut dixemus, vicum aegrotare coepisset, Pectavi populi ad eius transitum sicut Toronici convenerunt. Quo migrante, grandis altercatio in utrumque surrexit populum. Dicebant enim Pectavi: 'Noster est monachus, nobis abba extetit, nos requiremus commendatum. Sufficiat vobis, quod, dum esset in mundo episcopus, usi fuistis eius conloquium, participastis convivio, firmati fuistis benedictionebus, insuper et virtutibus iocundati. Sufficiant ergo vobis ista omnia, nobis liciat auferre vel cadaver exanimum' . Ad haec Toronici respondebant: 'Si virtutum nobis facta sufficere dicitis, scitote, quia vobiscum positus amplius est quam hic operatus. Nam, ut praetermittamus plurimum, vobis suscitavit duos mortuos, nobis unum; et, ut ipse saepe dicebat, maior ei virtus ante episcopatum fuit, quam post episcopatum. Ergo necesse est, ut, quod nobiscum non inplevit vivens, expleat vel defunctus. Vobis est enim ablatus, nobis a Deo donatus. Virum si mus antiquitus institutus servatur, in urbe qua ordenatus est habebit Deo iubente sepulchrum. Certe si pro monasthirio privilegio cupitis vindecare, scetote, quia primum ei monasthirium cum Mediolaninsibus fuit'. His ergo litigantibus, sol ruente nox clauditur, corpusque in medio positum, firmatis serra usteis, ab utroque populo costoditur, futurum ut mane facto a Pectavensibus per violentiam aufereretur. Sed Deus omnipotens noluit urbem Toronicam a proprio frustrari patrono. Denique nocte media omnes Pectava somno falanga conpraemitur, nec ullus superfuit, qui ex hac multitudine vigilaret. Igitur ubi Toronici eos conspiciunt obdormisse, adpraehensam sanctissimi corporis glebam, alii per fenestram eiciunt, alii a foris suscipiunt, positumque in navi, cum omni populo per Vingennam fluvium discendunt, ingressique Legeris alveum, ad urbem Toronicam cum magnis laudibus psallentioque dirigunt copioso. De quorum vocibus Pectavi expergefacti, nihil de thesauro quem costodiebant habentes, cum magna confusione ad propria sunt reversi. Quod si quis requiret, cur post transitum Catiani episcopi unus tantum, id est Litorius, usque ad sanctum Martinum fuisset episcopus, noverit, quia, obsistentibus paganis, diu civitas Toronica sine benedictione sacerdotale fuit. Nam qui christiani eo tempore videbantur, occultae et per latebras divinum offitium celebrabant. Nam si qui a paganis repperti fuissent christiani, aut adficiebantur verberibus aut gladio truncabantur. A passione ergo Domini usque transitum sancti Martini anni 412 conpotantur.


La seconde année du règne d'Arcadius et d'Honorius, saint Martin, évêque de Tours, rempli de vertus et de sainteté, après avoir comblé de bienfaits les infirmes et les pauvres, sortit de ce monde pour aller heureusement vers Jésus-Christ, dans le bourg de Candès de son diocèse, dans la quatre-vingt-unième année de son âge, la vingt-sixième de son épiscopat. Il mourut au milieu de la nuit du dimanche, sous les consuls Atticus et Caesarius. Beaucoup de personnes entendirent à sa mort un concert dans les cieux. Nous en avons parlé amplement dans le livre de ses Miracles. Dès que le saint de Dieu eut commencé à être malade, les gens de Poitiers se réunirent à ceux de Tours pour suivre son convoi. A sa mort, il s'éleva entre les deux peuples une vive altercation. Les Poitevins disaient : C'est notre moine ; il a été notre abbé ; nous demandons qu'on nous le remette. Qu'il vous suffise que, pendant qu'il était évêque dans ce monde, vous avez joui de sa parole, participé à ses repas, vous avez été soutenus par ses bénédictions et réjouis de ses miracles. Que toutes ces choses vous suffisent ; qu'il nous soit au moins permis d'emporter son cadavre. Ceux de Tours répondaient : Si vous dites que ses miracles nous suffisent, sachez que, pendant qu'il était parmi vous, il en a fait bien plus qu'ici. Car, pour en passer un grand nombre sous silence, il vous a ressuscité deux morts, et à nous un seul ; et, comme il le disait lui-même, il avait un plus grand pouvoir avant d'être évêque qu'après. Il est donc juste que ce qu'il n'a pas fait pour nous étant vivant, il le fasse étant mort. Dieu vous l'a enlevé et nous l'a donné. D'ailleurs, si l'on suit l'ancien usage, son tombeau, conformément à l'ordre de Dieu, sera dans la ville où il a été consacré. Si vous voulez le revendiquer en vertu du droit de votre monastère, sachez que c'est d'abord à Milan qu'il a été moine. Pendant qu'ils se disputaient, le jour fit place à la nuit ; le corps du saint, déposé au milieu de la maison, était gardé par les deux peuples. Les portes ayant été étroitement fermées, les Poitevins voulaient l'enlever par force le lendemain matin ; mais le Dieu tout-puissant ne permit point que la ville de Tours fût privée de son patron. Au milieu de la nuit, toutes les troupes des Poitevins furent accablées de sommeil, et il n'y avait pas un seul homme de cette multitude qui veillât. Les Tourangeaux, les voyant endormis, prirent le corps du saint : les uns le descendirent par la fenêtre, d'autres le reçurent au dehors ; et, l'ayant placé sur un bâtiment, ils naviguèrent avec tout le peuple sur le fleuve de la Vienne. Étant entrés dans le lit de la Loire, ils se dirigèrent vers la ville de Tours en chantant des louanges et des psaumes. Les Poitevins, éveillés par ces chants, et ne retrouvant plus le trésor qu'ils gardaient, s'en retournèrent chez eux couverts de confusion. Si quelqu'un demande pourquoi, après la mort de l'évêque Gatien, il n'y a eu qu'un seul évêque, Litoire, jusqu'à saint Martin, il saura qu'à cause de la position des païens, la ville de Tours fut longtemps privée de la bénédiction sacerdotale. Dans ce temps, ceux qui étaient chrétiens célébraient l'office divin secrètement et dans d'obscures retraites ; car, lorsque des païens découvraient des chrétiens, ils les battaient de verges ou les frappaient du glaive. Depuis la Passion de Notre-Seigneur jusqu'à la mort de saint Martin, on compte 412 ans.


Sources:
  • Julien Quiret pour l'Arbre Celtique

  • Autres fiches en rapport
    Arelate (Arles) [ villes gauloises & gallo-romaines [de Aballo à Axima] ]
    Augustonemetum (Clermont-Ferrand) [ villes gauloises & gallo-romaines [de Aballo à Axima] ]
    Augustoritum (Limoges) [ villes gauloises & gallo-romaines [de Aballo à Axima] ]
    Bourges (Avaricum) [ Les oppida ]
    Caesarodunum (Tours) [ villes gauloises & gallo-romaines [de Cabellio à Cypresseta] ]
    Condate (Cande-Saint-Martin) [ villes gauloises & gallo-romaines [de Cabellio à Cypresseta] ]
    Lemonum / Limonum (Poitiers) [ villes gauloises & gallo-romaines [de Labisco à Luxovium] ]
    Lugdunum / Colonia Copia Claudia Augusta Lugdunum (Lyon) [ villes gauloises & gallo-romaines [de Labisco à Luxovium] ]
    Lutecia / Luticia / Loukotekia / Parisiorum castelum (Paris) [ villes gauloises & gallo-romaines [de Labisco à Luxovium] ]
    Narbo (Narbonne) [ villes gauloises & gallo-romaines [de Narbo à Novioritum] ]
    Vassocaletis [ Les divinités gauloises & gallo-romaines (de Vabusoa à Vurovius) ]
    Vieille-Toulouse (Tolosa) [ Les oppida ]
    Navigation
    Vers le niveau supérieurHistoire des Francs
    Vers la fiche suivanteHistoire des Francs - Livre II
     Rechercher:   (N.B. : Eviter les pluriels)


     Hyper thème:  


    Retour à la page fiches diverses



    Haut de page


    www.arbre-celtique.com
    Accueil | Forum | Livre d'or | Recommander | Lettre d'information | Infos Légales | Contact 


    IDDNSite protégé. Utilisation soumise à autorisationIDDN
    Conception : Guillaume Roussel - Copyright © 1999/2025 - Tous droits réservés - Dépôts INPI / IDDN / CNIL(1006349) / SCAM(2006020105)