Iapodes / Iapydes
Localisation
Les Iapodes / Iapydes étaient un peuple d'Illyrie, et plus tard de la province de Dalmatie. Leur territoire correspondait à la région comprise entre les rivières Colapis (la Kupa) et Oineo (la Una), et les Alpes Dinariques, dont ils occupaient les deux versants. Sur le versant occidental, leurs possessions s'étendaient ponctuellement jusqu'au sinus Flanaticus (le golfe de Kvarner) suivant Pline (Histoire naturelle, III, 129). Enfin, plus anciennement, leur territoire a pu s'étendre jusqu'au Timavus (le Timave), puisque Pline (Histoire naturelle, III, 127) et Virgile (Géorgiques, III, v. 475) étendent la Iapidie jusqu'à ses rives.
Attestations et étymologie
Les auteurs latins les ont alternativement dénommés Iapudes (Pline, Histoire naturelle, III, 38 ; 127 ; 129 ; 139 ; 140 ; 146) ou Iapydes (Tibulle, Élégies, III, 108 ; Frontin, Stratagèmes, II, 4 ; Virgile, Géorgiques, III, v.475 ; Tite-Live, Histoire romaine, XLIII, 5 ; Periochae, CXXXI), tandis que les auteurs grecs ont fourni les variantes Ἰάπυδες (Ptolémée, Géographie, II, 15, 5 ; Dion Cassius, Histoire romaine, XLIX, 34-35) et Ἰάποδες (Appien, Illyrique, 10 ; 14 ; 16-19 ; 21-22 ; Strabon, Géographie, IV, 6, 4 ; VII, 5, 2 ; 4 ; Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XVI, cité par Étienne de Byzance). Les sources épigraphiques mentionnent quant à elles un PRAEPOSITVS ET PRINCEPS IAPODVM "préposé et prince des Iapodes" (CIL 03, 14324 ; 14326), ou plus simplement un PRAEPOSITVS IAPODVM "préposé des Iapodes" (CIL 03, 14328), sur trois inscription provenant de la seule Bihać (Canton d'Una-Sana, Bosnie-et-Herzégovine). Cette même forme, avec un -o-, est également attestée sur la base d'une statue provenant du portique du Sebasteion d'Aphrodisias (Geyre, province d'Aydın, Turquie), qui mentionne l'ΕΘΝΟΥΣ ΙΑΠΟΔΩΝ "le peuple des Iapodes" (Reynolds, 1981 ; Smith, 1988). Ailleurs, la forme IAPVDES a été privilégiée, comme par exemple dans la mention de DE IAPVDIBVS dans les Fastes triomphaux capitolins (mention n°215), d'un hypothétique PR(INCIPI?)] LIBVRNOR(VM) ET IAPVDVM "prince des Liburnes et des Iapydes" (Lupa 23286), d'hypothétiques [CIVIT(ATIBVS?)] IAPVDIAI ET LIBVRN(IAI) "cités des Iapydes et des Liburnes" (CIL 05, 3346 ; AE 1993, 774) et de FEROS IAPVDAS "sauvages Iapydes" (CIL 13, 8007).
Protohistoire
Suivant Diodore de Sicile, les Iapodes étaient des Celtes vivant dans le voisinage de l'Illyrie (Bibliothèque historique, XVI, cité par Étienne de Byzance, Ethniques, 322). À deux reprises, Strabon indique que les Iapodes étaient un mélange de Celtes et d'Illyriens (Géographie, IV, 6, 10 ; VII, 5, 2). Plus loin, le même indique que ce peuple belliqueux était armé à la manière des Celtes, mais avait l'habitude de se tatouer comme les Illyriens et Thraces (Géographie, VII, 5, 4). De son côté, Appien ne les distingue aucunement des autres Illyriens (Illyrique, 10).
L'archéologie révèle que l'influence celtique a été prégnante dans la région à partir de la fin du IVe s. et du début du IIIe s.av. J.-C., comme en témoigne la large diffusion de la culture de La Tène.
D'après les auteurs de l'antiquité, les Iapodes étaient divisés en plusieurs peuplades : les Arupins, les Avendéates, les Metulins, les Moentins et les Posènes (Wilkes, 1962 ; 1969).
Histoire
● Des expéditions romaines sans lendemain
Le plus ancien fait historique répertorié impliquant les Iapodes remonte à l'année 171 av. J.-C. Cette année là, le consul Caius Cassius Longinus reçut pour province la Gaule cisalpine. Alors que venait d'éclater la troisième guerre de Macédoine et contre toute attente, le consul réunit son armée à Aquileia (Aquilée, province d'Udine, Italie) et quitta la province qui lui échut. Sans ordre officiel du Sénat, il entreprit de gagner la Macédoine à travers l'Illyrie pour s'y illustrer (Tite-Live, Histoire romaine, XLIII, 1). Au lieu de cela, le consul Caius Cassius Longinus attaqua sans aucun motif les Carnes, Istriens et Iapodes, il ravagea leurs territoires et réduisit en esclavage une partie de la population de ces peuples (Histoire romaine, XLIII, 5). Suite à cette attaque injustifiée, le frère du roi Cincibilos, allié de ces peuples, puis des députés des Carniens, des Istriens et des Iapodes, vinrent se plaindre de ces exactions auprès du Sénat (170 av. J.-C.). Tite-Live, a conservé le souvenir de ces ambassades et des cadeaux diplomatiques faits aux délégués de ces différents peuple, mais pas celui de la décision finale prise par le Sénat (Histoire romaine, XLIII, 5).
En 129 av. J.-C., le consul Caius Sempronius Tuditanus mena une série de campagnes contre les populations de l'extrémité nord de l'Illyrie. Au cours de cette guerre dont le prétexte est inconnu, il affronta les Carnes, Istriens, Taurisques et Iapodes. Suivant les sources antiques, la soumission des Iapodes fut son principal objectif et ce ne fut pas sans difficulté qu'il en vint à bout (Tite-Live, Periochae, LIX ; Appien, Illyrique, 10). Suite à cette victoire, visiblement très meurtrière, il obtint les honneurs du triomphe (Fastes triomphaux capitolins, mention n°215). Suivant Appien, ils se révoltèrent peu de temps après (Illyrique, 10).
● Le pillage d'Aquileia et de Tergeste
Alors que César était proconsul des provinces de Gaule transalpine, de Gaule cisalpine et d'Illyrie, les Illyriens et les Dalmates profitèrent de la guerre des Gaules (58-51 av. J.-C.) pour se révolter (Appien, Illyrique, 12 ; 15-17). Au cours de cette période troublée, très certainement l'été 52 av. J.-C., les Iapodes s'illustrèrent en envahissant le territoire d'Aquileia et en pillant Tergeste (Appien, Illyrique, 18). Suite à cet attaque, en 51 av. J.-C., la légion XII fut dépêchée en Gaule cisalpine pour protéger les autres villes de pareilles attaques (César, Guerre des Gaules, VIII, 24).
● Conquête romaine
Profitant des troubles qui agitaient Rome, de nombreuses populations illyriennes ont cessé de verser le tribut à Rome, reprenant ainsi leur indépendance pleine et entière. Ces populations s'illustraient alors par le rançonnage des voyageurs et une activité de piraterie sur la Mer Adriatique. À la suite du pacte de Brindes (septembre 40 av. J.-C.), le littoral de l'Illyrie échut à Octavien. Après avoir mis fin à la révolte menée par Sextus Pompée, il eut les mains libres pour administrer pleinement l'Illyrie, pacifier les peuples révoltés et réclamer les tributs impayés (35 av. J.-C.). Après avoir vaincu les Taurisques et les pirates sévissant sur l'Adriatique, il mena une guerre contre les différentes tribus iapodes.
Suivant les différentes reconstitutions disponibles, l'offensive fut lancée depuis le port de Senia (Senj, comitat de Lika-Senj, Croatie). Les premières populations iapodes rencontrées furent les Avendéates et les Moentins, mais celles-ci n'opposèrent aucune résistance à l'armée d'Octavien et se rendirent à son approche (Appien, Illyrique, 16). Les Arupins furent à leur tour surpris par les Romains. Ils tentèrent de rejoindre leur place-forte d'Arupinum (Prozor, Otočac, comitat de Lika-Senj, Croatie), mais ne purent visiblement pas organiser leurs défenses. Ils furent à leur tour contraints de se rendre (Illyrique, 16). Les Métulins opposèrent une résistance plus farouche aux Romains. Évitant soigneusement d'affronter frontalement l'armée d'Octavien, ils travaillèrent à ralentir son avancée en renversant les arbres coupés sur les routes étroites. En parallèle, profitant d'un terrain qui leur était favorable, ils surprirent l'armée romaine lors d'une embuscade. Octavien, qui s'attendait à ce genre d'attaque, avait réparti ses troupes de manière à contrecarrer de tels projets, si bien que les pertes infligées à ses troupes furent limitées. Au contraire, les Iapodes perdirent de nombreux hommes lors de cette attaque et furent contraints d'abandonner leur place-forte de Terponus (Modruš, Josipdol, comitat de Karlovac, Croatie). Les débris de cette armée iapode se rendirent à leur tour et furent autorisés à regagner leur ville (Illyrique, 18). Depuis Terponus, Octavien fit route vers Metulum (collines de Velika et Mala Vinicica, Josipdol, comitat de Karlovac, Croatie), qui était à la fois la capitale des Métulins et la principale ville des Iapodes. Là, les Métulins imposèrent une résistance opiniâtre aux Romains, qui n'en vinrent à bout qu'au terme du siège de Metulum (Illyrique, 19-20). Lorsque la ville fut contrainte de se rendre, les Métulins envoyèrent des représentants auprès d'Octavien pour discuter des termes de leur reddition. Ils acceptèrent alors de fournir cinquante otages aux Romains et de leur permettre d'installer une garnison sur l'une des deux éminences de la ville. Alors que la garnison romaine faisait son entrée dans la ville et prenait position sur l'éminence qui lui était attribuée, les Métulins désespérés tentèrent un coup de force. Ils enfermèrent les femmes et les enfants dans la salle du conseil, prêts à y mettre le feu en cas de problème, et attaquèrent les Romains. Profitant de leur position avantageuse, les troupes d'Octavien parvinrent à contrer cette attaque. Les gardes de la salle du conseil mirent donc le feu au bâtiment, au sein duquel périrent les femmes et les enfants. Suite à la prise de la ville et sa triste issue, l'ensemble des Iapodes se rendit à Octavien (Illyrique, 21).
L'année suivante, en 34 av. J.-C., une autre peuplade iapode, les Posènes, se révoltèrent à leur tour. Ce soulèvement fut très sévèrement réprimé par Marcus Helvius (Illyrique, 21).
Au niveau du portique du Sebasteion d'Aphrodisias (Geyre, province d'Aydın, Turquie), édifié du temps de Tibère en l'honneur d'Auguste, la base d'une statue portant la mention ΕΘΝΟΥΣ ΙΑΠΟΔΩΝ a été découverte. Selon toute vraisemblance, il s'agissait d'une statue allégorique représentant ce peuple, sculptée afin de rendre hommage à Auguste (Reynolds, 1981 ; Smith, 1988). Au regard des ethnonymes qui figurent à la base des autres statues de cet ensemble monumental, il s'agissait ici de commémorer les victoires d'Octavien / Auguste.
Sources littéraires anciennes
Appien, Illyrique, 10 : "Sempronius Tuditanus et Tiberius Pandusa ont fait la guerre aux Iapodes, qui vivent dans les Alpes et semblent les avoir subjugués, de même que Lucius Cotta et Metellus semblent avoir soumis les Ségestains ; mais les deux tribus se sont révoltées peu de temps après."
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Appien, Illyrique, 14 : "Les Péoniens sont une grande nation sur l'Istros, qui s'étend des Iapodes aux Dardaniens. Ils sont appelés Péoniens par les Grecs, mais Pannonians par les Romains. Comme je l'ai dit précédemment, ils sont comptés par les Romains comme faisant partie de l'Illyrie."
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Appien, Illyrique, 16 : "Les Moentins et les Avendéates, deux tribus des Iapodes, habitant dans les Alpes, se sont rendus à lui à son approche. Les Arrépins, qui sont les plus nombreux et les plus belliqueux des Iapodes, se sont déplacés de leurs villages à leur ville, mais quand il y est arrivé, ils se sont enfuis dans les bois. Auguste a pris la ville, mais ne l'a pas brûlée, espérant qu'ils se livreraient et, ce faisant, il leur a permis de l'occuper."
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Appien, Illyrique, 17 : "Ceux qui lui (Auguste) posaient le plus de problèmes étaient les Salasses, les Iapodes transalpins, les Ségestains, les Dalmates, les Daesitiates et les Pannoniens, très éloignés des Salasses, qui occupent les hautes montagnes alpines, difficiles d'accès, les sentiers étant étroits et difficile de grimper. Pour cette raison, non seulement ils ont préservé leur indépendance, mais ils ont également imposé des péages à ceux qui traversaient leur pays."
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Appien, Illyrique, 18 : "Les Iapodes transalpins, une tribu forte et sauvage, repoussèrent les Romains deux fois en l'espace d'une vingtaine d'années, envahirent Aquilée et pillèrent la colonie romaine de Tergeste. Quand Auguste s'est avancé contre eux par une route escarpée et escarpée, ils l'ont rendu encore plus difficile en abattant des arbres. Alors qu'il avançait plus loin, ils se sont réfugiés dans une autre forêt, où ils se sont embusqués pour attirer l'ennemi qui s'approchait. Auguste, qui soupçonnait toujours quelque chose de ce genre, envoya des forces pour occuper certaines crêtes qui flanquaient les deux côtés de son avance à travers le pays plat et le bois tombé. Les Iapodes sortirent de leur embuscade et blessèrent beaucoup de soldats, mais la plus grande partie de leurs propres forces fut tuée par les Romains qui tombèrent sur eux depuis les hauteurs. Les autres se réfugièrent à nouveau dans les bosquets, abandonnant leur ville, nommée Terponus. Auguste a pris cette ville, mais ne l'a pas brûlée, espérant qu'ils se rendraient eux aussi, et ils l'ont fait."
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Appien, Illyrique, 19 : "De là, il a avancé jusqu'à un autre endroit appelé Metulus, qui est le chef-lieu des Iapodes. Il est situé sur une montagne fortement boisée, sur deux crêtes séparées par une vallée étroite. Il y avait environ 3000 jeunes guerriers et bien armés, qui ont facilement battu les Romains qui entouraient leurs murs."
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Appien, Illyrique, 21 : "Après la destruction de Metulus, le reste des Iapodes, terrorisé, se rendit à Auguste. Les Iapodes transalpins sont alors soumis pour la première fois aux Romains. Après le départ d'Auguste, les Posènes se sont rebellés et Marcus Helvius (34 av. J.-C.) a été envoyé contre eux. Il les conquit et après avoir puni les dirigeants de la révolte avec la mort, vendit le reste comme esclaves."
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Appien, Illyrique, 22 : "A une époque antérieure, les Romains avaient attaqué à deux reprises le pays des Ségestains, mais n'avaient ni otages ni rien d'autre, raison pour laquelle ils étaient devenus très arrogants. Auguste s'avança contre eux à travers le territoire pannonien, qui n'était pas encore soumis aux Romains. La Pannonie est un pays boisé qui s'étend des Iapodes aux Dardaniens."
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Dion Cassius, Histoire romaine, XLIX, 34 : "Quant à César, comme, dans cet intervalle, Sextus était mort et que la Libye avait besoin d'être pacifiée, il se rendit en Sicile, dans l'intention de passer de là dans cette contrée ; mais, attardé par la tempête, il renonça à effectuer la traversée. En effet, les Salasses, les Taurisques, les Liburnes et les lapydes, qui, déjà auparavant, loin de se bien conduire avec les Romains, refusaient de payer les tributs, et même quelquefois portaient, par des incursions, le ravage dans le voisinage, profitèrent de son absence pour se soulever ouvertement. César, rappelé en arrière par cette révolte, fit donc ses préparatifs pour marcher contre eux ; et, quelques-uns des soldats congédiés sans gratification à la suite de leur soulèvement ayant consenti à reprendre du service, il en forma une légion à part, afin qu'isolés et réduits à eux seuls, ils ne corrompissent personne, et que, s'ils tentaient quelque mouvement, on s'en aperçût aussitôt. Comme ils n'étaient pas plus sages pour cela, il envoya un petit nombre des plus âgés dans les colonies de la Gaule, pensant donner ainsi des espérances aux autres et les apaiser. Cette mesure n'ayant pas arrêté leur audace, il en livra plusieurs au supplice ; puis, voyant le reste exaspéré par cette exécution, il les convoqua comme s'il se fût agi d'autre chose, et, après les avoir fait cerner par ses troupes, il leur enleva leurs armes et les licencia. Comprenant alors leur faiblesse et la fermeté de César, ils changèrent réellement de sentiments et obtinrent de lui, à force de prières, la permission de reprendre du service. César, en effet, qui avait besoin de soldats et craignait qu'Antoine ne se les attachât, déclara qu'il leur pardonnait, et tira bon parti d'eux en toutes circonstances. Mais cela n'eut lieu que plus tard."
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Dion Cassius, Histoire romaine, XLIX, 35 : "Pour le moment, César confia à des lieutenants le soin de soumettre les autres peuples, et marcha lui-même contre les lapydes. II vint à bout assez facilement de ceux qui habitaient en deçà des montagnes, près de la mer ; mais ce ne fut pas sans peine qu'il dompta les habitants des sommets et des versants. Retranchés dans Métule, la plus grande de leurs ville, ils repoussèrent plusieurs assauts des Romains et leur brûlèrent plusieurs machines ; César lui-même fut blessé en essayant de sortir d'une tour de bois pour monter sur le mur d'enceinte. A la fin, comme, loin de se retirer, César faisait venir des renforts, ils feignirent de vouloir entrer en accommodement, reçurent dans leur citadelle une garnison qu'ils égorgèrent tout entière pendant la nuit, et mirent le feu à leurs maisons ; puis, les uns se tuèrent eux-mêmes, les autres égorgèrent leurs femmes et leurs enfants ; de telle sorte qu'il ne resta rien à César, car non seulement eux, mais encore ceux qui avaient été pris vifs, se donnèrent volontairement la mort peu de temps après."
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Dion Cassius, Histoire romaine, XLIX, 36 : "Après la destruction de ce peuple et la soumission des autres, qui ne firent rien de mémorable, il marcha contre les Pannoniens, non qu'il eût quelque grief à leur reprocher (il n'avait reçu d'eux aucune injure), mais simplement pour exercer ses soldats et les nourrir aux dépens d'autrui, regardant comme juste, à l'égard des faibles, tout ce qui plaisait à celui qui avait la supériorité des armes."
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Dion Cassius, Histoire romaine, XLIX, 37 : "Dans son expédition contre ces peuples, César s'abstint d'abord de rien ravager et de rien piller, bien qu'ils eussent abandonné les villages situés en plaine, car il espérait les amener à se soumettre volontairement ; mais quand ils en vinrent à gêner sa marche contre Siscia, il s'irrita, brûla le pays et fit le plus de butin qu'il put. Quand if fut arrivé près de la ville, les habitants, à la persuasion des principaux d'entre eux, traitèrent avec lui et lui donnèrent des otages ; mais ensuite ils lui fermèrent leurs portes et furent mis en état de siège. Ils avaient de fortes murailles, et, en somme, ils mettaient leur confiance dans deux fleuves navigables. En effet, le Colops, qui baigne l'enceinte, se jette dans le Save qui est peu éloigné et entoure aujourd'hui la ville tout entière, Tibère l'y ayant conduit au moyen d'un grand fossé par lequel il retourne dans son ancien lit. Mais, à cette époque, le Colops, d'un côté, passant au pied même des remparts, et, d'un autre, le Save coulant à peu de distance, laissaient dans le milieu un espace vide qui avait été fortifié avec des palissades et des fossés. César, prenant des barques construites aux environs par ses alliés, et les faisant passer par l'Ister dans le Save, et par celui-ci dans le Colops, attaqua la ville à la fois avec ses troupes de terre et avec ses vaisseaux, et livra plusieurs batailles navales sous ses murs. Les Barbares, en effet, ayant à leur tour fabriqué des barques d'une seule pièce, soutinrent la lutte, tuèrent, entre autres, sur le fleuve, Ménas, l'affranchi de Sextus, et sur terre repoussèrent vigoureusement César, jusqu'au moment où ils apprirent que quelques-uns de leurs alliés étaient tombés dans des embuscades et avaient péri. Alors ils cédèrent par découragement. Leur soumission amena celle du reste de la Pannonie."
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Frontin, Stratagèmes, II, 4 : "Les Iapydes firent semblant aussi de se venir rendre au proconsul Licinius, avec tout ce qu'ils avaient, et ayant été envoyés de même à son arrière garde, se tournèrent contre lui pendant le combat."
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Pline, Histoire naturelle, III, 127 : "Cette région est celle des Carniens. Voici celle des Iapydes qui y touche ; le fleuve Timave, Pucinum, château célèbre par son vin ; le golfe de Tergeste, et Tergeste colonie, à 23.000 pas d'Aquilée, au delà de laquelle, à 6.000 pas, le fleuve Formio, éloigné de Ravenne de 189.000 pas, ancienne limite de l'Italie agrandie, maintenant limite de l'Istrie."
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Pline, Histoire naturelle, III, 129 : "L'Istrie s'avance comme une péninsule. Quelques-uns en ont évalué la largeur à 40.000 pas, le circuit à 125.000: même évaluation pour la Liburnie, qui y touche, et le golfe Flanaticus. D'autres ont attribué à la Liburnie 180.000 pas: quelques-uns, après avoir étendu la Iapydie jusqu'au golfe Flanaticus, par derrière l'Istrie, à 130.000 pas, en ont assigné 150.000 à la Liburnie."
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Pline, Histoire naturelle, III, 139 : "Au fleuve Arsia commence la nation des Liburnes, étendue jusqu'au fleuve Titius ; on y comptait les Mentores, les Hymans, les Enchéléens, les Bunes, et ceux que Callimaque appelle Peucétiens : maintenant tout est compris sous le nom commun d'Illyrie, et peu de ces nations ont des noms qui soient dignes d'être cités ou faciles à transcrire. A la juridiction de Scardona ressortissent les Japydes, quatorze cités des Liburniens, parmi lesquelles on peut nommer les Laciniens, les Stlupins, les Burnistes, les Olbons."
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Pline, Histoire naturelle, III, 146 : "Derrière les Carniens et les Japydes, le long du grand Danube, aux Rhètes touchent les Noriques. Villes de ces derniers : Virunum, Celeia, Teurnia, Aguntum, Vianiomina, Claudia (Iuvaum, toutes "claudiennes"), Flavium Solvense. Le pays des Noriques est limitrophe du lac Peiso et des déserts des Boïens ; cependant ces déserts ont déjà reçu Sabaria, colonie du dieu Claude, et la ville de Scarabantia Julia."
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Strabon, Géographie, IV, 6, 4 : "Les Iapodes, peuple formé d'un mélange d'Illyriens et de Celtes, habitent dans les environs, et le mont Ocra est dans leur voisinage. Ils comptaient beaucoup d'hommes vaillants et s'étendaient de chaque côté de la montagne, dominant par le brigandage. Mais ils furent tout-à-fait épuisés à la suite des défaites que leur infligea Auguste César. Leurs villes sont Métulum, Arupins, Monétium et Vendon. Après eux, se trouve la ville de Ségestique, dans la plaine."
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Strabon, Géographie, VII, 5, 2 : "Segestica, ville pannonienne, est située au confluent de plusieurs rivières toutes navigables et peut servir avantageusement de place d'armes et de position offensive contre les Daces, car elle se trouve adossée pour ainsi dire à l'extrémité de la chaîne des Alpes, laquelle vient finir chez les Iapodes, nation semi-celtique, semi-illyrienne, sans compter qu'il descend de cette partie de la chaîne un grand nombre de cours d'eau qui peuvent transporter jusque dans ses murs les marchandises de différents pays et notamment celles d'Italie. […] L'Ocra, comme on sait, est le point le plus bas de la section des Alpes comprise entre la Rhétie et le pays des Iapodes, où les montagnes, au contraire, recommencent à s'élever et prennent le nom de Monts Albiens. […] Or, le Noare, qui devient là justement navigable, va à son tour se réunir au Danube chez les Scordisques, après s'être encore grossi du Calapis, rivière qui descend du mont Albius et traverse tout le territoire des Iapodes."
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Strabon, Géographie, VII, 5, 4 : "Suit, sur une longueur de 1000 stades, la côte Iapodique, ainsi nommée des Iapodes, lesquels habitent aux environs de l'Albius (très haute montagne située tout au bout de la chaîne des Alpes) et s'étendent, d'une part, jusqu'à la Pannonie et à l'Ister, et, de l'autre, jusqu'à l'Adriatique. Les Iapodes ont été de tout temps passionnés pour la guerre ; Auguste, cependant, a fini par les réduire complètement. Leur pays contient quelques villes, Metulum, Arupini, Monetium et Vendôn ; mais le sol y est pauvre et ne produit guère pour les nourrir que de l'épeautre et du millet. Ils ont la même façon de s'armer que les Celtes, et, avec cela, l'habitude de se tatouer commune à tous les peuples illyriens et thraces. A la côte des Iapodes succède celle des Liburnes, plus longue que la précédente de [500] stades. On y remarque un fleuve et une ville ; par le fleuve, les marchandises peuvent remonter jusqu'au coeur de la Dalmatie. Quant à la ville, elle se nomme Scardôn, et peut être considérée comme la capitale des Liburnes."
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Strabon, Géographie, VII, 5, 5 : "Tout le littoral que je viens de décrire est bordé d'îles ; c'est ]à que se trouvent les Apsyrtides, d'abord, dans les parages desquelles la fable nous montre Médée égorgeant son frère Apsyrte qui la poursuivait ; puis Cyrictique, à la hauteur du pays des Iapodes ; et, après Cyrictique, les Liburnides, au nombre de quarante environ, et d'autres îles encore parmi lesquelles les plus connues sont Issa, Tragurium, colonie d'Issa, et Pharos, ou, comme on l'appelait anciennement, Paros, colonie parienne et patrie de Démétrius dit de Pharos."
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Tibulle, Élégies, III, 106-117 : "Mes vers ne s'égarent point à travers des louanges incertaines : car tes campagnes justifient mes chants. J'en atteste le courageux soldat de l'Iapydie vaincue ; j'en atteste encore les perfides Pannoniens, dispersés çà et là dans les Alpes glacées ; j'en atteste le pauvre indigène des campagnes d'Arupium ; en voyant comment il a résisté aux atteintes de l'âge, on s'étonne moins des trois siècles vécus par le roi renommé de Pylos ; en effet, bien qu'il soit parvenu à une grande vieillesse et qu'il ait vu le Titan accomplir cent années sa révolution fécondante, toujours agile, il ose sauter sur un cheval rapide, qu'il gouverne, en le montant, avec des rênes solides. C'est toi qui commandait quand celui qui ne tourne jamais le dos, Domator, présenta son col libre à la chaîne des Romains."
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Tite-Live, Histoire romaine (Periochae), XXX, 59 : "Le Iapydes font éprouver au consul Sempronius un revers qui est bientôt réparé par une victoire, due surtout au courage de D. Junius Brutus, le même qui avait soumis la Lusitanie."
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Tite-Live, Histoire romaine, XLIII, 5 : "A la même époque, des plaintes furent portées au sénat contre C. Cassius, qui avait été consul l'année précédente, et qui servait alors en Macédoine comme tribun militaire, sous A. Hostilius. Ce fut d'abord une députation du roi des Gaulois, Cincibilus. Le frère du roi porta lui-même la parole : il se plaignit de ce que Cassius avait dévasté le territoire des peuples des Alpes, leurs alliés, et emmené en servitude plusieurs milliers d'habitants. Sitôt après arrivèrent des députés des Carniens, des Istriens et des Iapydes : le consul Cassius avait d'abord exigé d'eux des guides pour conduire son armée en Macédoine ; il les avait quittés en apparence dans des dispositions pacifiques ; mais bientôt il était revenu sur ses pas du milieu de la route, et avait ravagé leur frontière. Il avait promené partout le pillage et l'incendie, et les habitants ignoraient encore pour quel motif le consul les avait traités en ennemis. Il fut répondu aux deux ambassades que le sénat n'avait pu prévoir les violences dont ils se plaignaient, et que si elles avaient véritablement eu lieu, il les désapprouvait hautement. Mais on ne pouvait, avec justice, condamner sans l'entendre, un personnage consulaire, absent pour le service de la république."
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Tite-Live, Histoire romaine (Periochae), CXXXI : "Sextus Pompée, tout en ayant l'envie de se mettre sous la protection d'Antonius, en Asie, se prépare à lui faire la guerre ; mais il est défait par les lieutenants du triumvir et mis à mort. - César réprime une sédition funeste qui avait éclaté parmi les vétérans. Il soumet les Iapydes, les Dalmates et les Pannoniens. - Antonius ayant attiré auprès de lui en lui engageant sa foi, Artavasde, roi d'Arménie, le fait jeter dans les fers, et place sur le trône de ce pays un fils qu'il avait eu de Cléopâtre. - Depuis longtemps passionné peur cette princesse, il venait de la reconnaître comme son épouse."
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Virgile, Géorgiques, III, v. 475 : "Il suffit, pour en juger, de visiter les Alpes aériennes, les chalets du Norique sur leurs éminences, et les champs de l'Iapydie que le Timave arrose : on verra qu'aujourd'hui encore, après tant d'années, les royaumes des pâtres y sont déserts et les fourrés vides dans toutes les directions."
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Sources épigraphiques
Aphrodisias (Geyre) (Reynolds, 1981 ; Smith, 1988, n°8) ΕΘΝΟΥΣ ΙΑΠΟΔΩΝ
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"Le peuple des Iapodes."
Bihać (CIL 03, 14324) [T(ITVS) F]LAVIVS [...]DITANVS [CIV(ITATE?) D]ON(ATVS) AB [IMP(ERATORE)] VESPASIANO CA[E]SARE AVG(VSTO) PRA[E]POSITV[S] ET P[RIN]CEP[S] IAPO[D]VM [V(OTVM) S(OLVIT) L(IBENS) M(ERITO)]
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"Titus Flavius [...]ditanus, qui a reçu la citoyenneté de l'empereur Vespasianus César Auguste, préposé et prince des Iapodes, s'est acquitté de son voeu, de bon gré, comme il se doit."
Bihać (CIL 03, 14326) BINDO NEPTVNO SACR(VM) LICINIVS TEVDA PRAEP(OSITVS) ET PRI[N(CEPS)] IA[P]ODVM V(OTVM) S(OLVIT) L(IBENS) M(ERITO)
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"Consacré à Bindus Neptune. Licinius Teuda, préposé et prince des Iapodes, s'est acquitté de son voeu, de bon gré, comme il se doit."
Bihać (CIL 03, 14328) TLOANTIVS RVFVS PRAEPOSITVS IAPODVM V(OTVM) S(OLVIT) L(IBENS) M(ERITO)
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"Tloantius Rufus, préposé des Iapodes, s'est acquitté de son voeu, de bon gré, comme il se doit."
Bonn (CIL 13, 8007) DIVVM SODALIS CONSV[L EX] VERNO DIE ET POST SICANO[S] POSTQVE PICENTIS V[IRO]S AC MOX HIBEROS CE[LTA]S VENETOS DELMATA[S] L[I]B[V]RNA REGNA POST FEROS IAPVDAS GERMANIARVM CON[S]VLARIS MAXIMVS PAREN[S] ADVLTAE PROLIS GEMINA[E] LIBERVM ARAM DICAVIT [S]OSPITI CONCORDIAE [G]RANNO CAMENIS MARTIS ET PACIS LARI QVIN [E]T DEORVM STIRPE GENITO CAESARI [C(AIVS)] FVLVIVS G(AI!) F(ILIVS) MAXIMVS LEG(ATVS) [A]VG(VSTI) PR(O) PR(AETORE)
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"Moi, Maximus, prêtre des empereurs divinisés, consul depuis le jour du printemps, et – après (avoir occupé des postes auprès) des Sicanes et des Picéniens, puis des Hibères Celtes, des Vénètes, des Delmates, des royaumes liburniens et des Iapydes sauvages, consulaire des Germanies, étant le père de jumeaux adultes, j'ai dédié cet autel aux enfants, à Sospes, à Concordia, à Grannus, aux Camenae, aux Lares de Mars et de la Paix, et à César, né des dieux. Caius Fulvius Maximus, fils de Caius, légat d'Auguste propréteur."
Vérone (CIL 05, 3346 ; AE 1993, 774) … BELLO] BATONIANO PRAEFVI(T) [CIVIT(ATIBVS?)] IAPVDIAI(!) ET LIBVRN(IAI!) SIBI ET LIBERTIS T(ESTAMENTO) F(IERI) I(VSSI)
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"[...] guerre batonienne, il gouverna les cités des Iapydes et des Liburnes. Pour lui-même et es affranchis, a ordonné par testament que soit fait (ce monument)."
Zadar (Lupa 23286) [... CA]STRICIO Q(VINTI) F(ILIO) CAM(ILIA) [AED]IL(I?) IIIVIR(O) AVGVRI ALBAE [P]OMPEIAE PRIM(O) PIL(O) LEG(IONIS) X[II] A TI(BERIO) CAESARE AVGVSTO DONATO TORQVIBVS ARMILLIS PHALERIS III ET CORONIS AVREIS DVABVS [D]ECVR(IONI) CREMONAE DECVR(IONI) IADE[RIS PR(INCIPI?)] LIBVRNOR(VM) ET IAP<I=V>DVM [... CAST]RICIVS SEVERVS [PAT]RONO
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"[…] Castricius, fils de Quintus, (de la tribu) Camilia, édile, triumvir, augure d'Alba Pompeia, primipile de la légion XII, décoré par Tiberius César Auguste de torques, d'armilles, de 3 phalères et de deux couronnes d'or, décurion de Cremona, décurion de Iader, prince des Liburniens et des Iapydes. […] Castricius Severus, à son patron."
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