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Encyclopédie Celtique

Les cités alliées de Transpadane reçoivent le droit latin [-89]

Les cités alliées de Transpadane reçoivent le droit latin (89 av. J.-C.)

A la fin de la Guerre sociale (91-89 av. J.-C.), les cités alliées d'Italie bénéficièrent de la lex Iulia (90 av. J.-C.) qui leur octroya le ius ciuitatis, c'est à dire le droit de cité (la citoyenneté romaine). L'année suivante, les tribuns de la plèbe Marcus Plautius Silvanus et Caius Papirius Carbo ont offert la citoyenneté romaine aux cités alliées de Cispadane (89 av. J.-C.). Simultanément, dans un contexte historique assez incertain, le consul Gnaeus Pompeius Strabo (89-88 av. J.-C.) concéda le ius Latii, le "droit latin", aux différentes communautés alliées de Transpadane. Bien que les témoignages antiques soient muets à ce sujet, cette décision fut très certainement prise pour récompenser ces populations d'avoir pris le parti de Rome au cours de la Guerre sociale (Dart, 2014). L'unique source relative à cet événement est l'un des commentaires d'Asconius, et d'après ce texte, on donne communément à cette loi le nom de Lex Pompeia de Transpadanis (Commentaires des discours de Cicéron : Discours contre L. Calpurnius Pison, III).

Sur un plan théorique, la Lex Pompeia de Transpadanis donnait aux habitants de la région les avantages juridiques associés au droit latin (1), qui étaient auparavant limités aux villes du Latium n'ayant pas été incorporées à la République romaine et aux citoyens des colonies latines. En pratique, les différentes populations ayant bénéficié de cet octroi, furent organisées en municipes, lesquels furent érigés au rang de colonies latines. Il s'agissait de colonies latines "fictives", c'est à dire de d'une déduction honorifique, sans apport de colons (2). Les habitants de chaque ville érigée à ce rang ont, dés lors, constitués autant de communautés autonomes, alliées à Rome. Aussi, honneur supplémentaire, les anciens magistrats de ces communautés reçurent la citoyenneté romaine (Asconius, Commentaires des discours de Cicéron : Discours contre L. Calpurnius Pison, III).

On notera cependant que le témoignage d'Asconius ne permet pas d'identifier avec précision les centres urbains concernés. En se basant sur les sources littéraires et épigraphiques, différents travaux ont tenté d'identifier les communautés indigènes érigées en municipes, qui tous s'accordent pour y identifier les principales villes des territoires des Cénomans, Insubres, Libiciens, Taurins, Vénètes et de certaines populations de Ligurie :

Selon G. Bandelli (1990), les communautés qui bénéficièrent de cette mesure furent les habitants d'Acelum (Asolo), Altinum (emplacement de l'aéroport de Venise), Ateste (Este), Atria (Adria), Bergomum (Bergame), Brixia (Brescia), Comum (Côme), Laus Pompeia (Lodi Vecchio), Mantua (Mantoue), Mediolanum (Milan), Novaría (Novare), Opitergium (Oderzo), Patavium (Padoue), Tarvisium (Trévise), Taurasia (Turin), Ticinum (Pavie), Verana (Verano), Vercellae (Verceil), Vicetia (Vicence). A ces différentes villes, il propose d'ajouter les localités alpines de Bellunum (Belluno), Berua (?), Feltria (Sant'Agata Feltria) et Tridentum (Trente).

Du point de vue de G. Luraschi (1979), les honorés par l'octroi du droit latin furent Altinum (emplacement de l'aéroport de Venise), Ateste (Este), Bergomum (Bergame), Brixia (Brescia), Comum (Côme), Laus Pompeia (Lodi Vecchio), Mantua (Mantoue), Mediolanium (Milan), Novaría (Novare), Patavium (Padoue), Taurini (Turin), Ticinum (Pavie), Tridentum (Trente), Vercellae (Verceil), Verona (Vérone), Vicetia (Vicence). Le même auteur ajoute à son énumération quelques communautés de Cispadane, parmi lesquelles ceux d'Alba Pompeia (Alba), Albingaunum (Albenga), Aquae Statiellae (Acqui Terme), Brixellum (Brescello), Genua (Gênes), Libarna (Libarna, Serravalle Scrivia), Ravenna (Ravenne), Tigullia (Trigoso, Sestri Levante) et Veleia (Velleia, Lugagnano Val d'Arda).

Cette décision eut des conséquences notables, puisque de fait, les peuples indigènes furent scindés en unités plus petites, puis organisés selon les normes romaines. Sur un plan matériel, c'est précisément à cette époque que ces villes virent apparaître leurs premiers édifices d'inspiration romaine. Aussi, nous savons que cette même année, Gnaeus Pompeius Strabo fit reconstruire Comum, tandis que la toponymie révèle qu'il fut très certainement à l'origine de la fondation de Laus Pompeia (Lodi Vecchio) sur le territoire des Insubres et d'Alba Pompeia (Alba) sur le territoire des Bagiennes.

L'octroi du droit latin aux populations de Transpadane ne fut, bien entendu, pas désintéressé, puisque les bénéficiaires entrèrent de fait dans la clientèle de la gens Pompeia. Les cités alliées de Transpadane furent alors assemblées à celles de Ligurie, et à celles de Cispadane - qui venaient d'obtenir la citoyenneté romaine -, pour constituer la province de Gaule cisalpine. Les cités gauloises de Transpadane conservèrent le bénéfice du droit latin jusqu'en 49 av. J.-C., date à laquelle elles reçurent à leur tour la citoyenneté romaine.


Notes

(1) Le ius Latii offrait la possibilité de commercer avec les citoyens romains (et ceux des cités latines) sur un pied d'égalité, le droit de se marier selon des disposition reconnues par la loi et le droit de migrer, c'est à dire de quitter sa ville natale pour une autre ville latine, tout en conservant un même niveau de citoyenneté.

(2) Ces mêmes colonies fictives furent mentionnées par César par la formule Transpadanae coloniae (Guerre civile, III, 87).


Sources littéraires anciennes

Asconius, Commentaires des discours de Cicéron : Discours contre L. Calpurnius Pison (trad. David Kremer, 2006 ), III : "On ne peut pas assimiler la fondation de cette colonie aux colonies transpadanes que Cn. Pompeius Strabo, le père de Cn. Pompeius le Grand a déduites. En effet, il n'a pas constitué ces colonies latines par l'apport de nouveaux colons mais il a donné le statut latin à des habitants qui se trouvaient déjà installés, de sorte qu'ils purent alors bénéficier du même droit que les autres colonies latines, celui d'accéder à la citoyenneté romaine par la petitio aux magistratures. A l'inverse, six-mille hommes, des nouveaux colons, ont été installés à Plaisance, parmi lesquels deux-cents cavaliers. Le but de la fondation était de s'opposer aux Gaulois qui tenaient cette partie de l'Italie. Les triumvirs fondateurs étaient P. Cornelius Asina, P. Papirius Maso et Caius Lutatius. Cette colonie est, d'après mes recherches, la cinquante troisième qui ait été établie, mais comme colonie latine. Le peuple romain a en effet déduit deux types de colonies : de Quirites pour les unes, de Latins pour les autres"

César, Guerre civile, III, 87 : "Labiénus prend alors la parole, et, affectant de mépriser les troupes de César et d'exalter le projet de Pompée : " Ne crois pas, dit-il, ô Pompée ! que ce soit ici la même armée qui a conquis la Gaule et la Germanie. J'ai assisté à tous les combats, et je ne parle pas à la légère de choses que je ne connais point. Il ne reste plus que la moindre partie de cette armée : la plupart ont péri dans tant de combats, comme cela devait être; un grand nombre ont été emportés par le mauvais air qui règne pendant l'automne en Italie ; beaucoup se sont retirés chez eux ; beaucoup d'autres ont été laissés sur le continent. N'avez-vous pas vous-mêmes entendu dire que de ceux qui étaient restés malades à Brindes, on a formé des cohortes ? Les troupes que vous voyez sont composées de ces levées que l'on a faites, les années dernières, dans la Gaule citérieure, et le plupart dans les colonies transpadanes. D'ailleurs tout ce qui en faisait la force a péri dans les deux combats de Dyrrachium "."

Strabon, Géographie, V, 1, 1 : "Il est présumable que la prospérité des peuples, qui, les premiers, portèrent le nom d'Italiens, invita leurs voisins à le prendre également et que ce nom continua de la sorte à gagner de proche en proche jusqu'à l'époque de la domination romaine. Puis vint un moment où les Romains, qui avaient fini par accorder aux Italiens le droit de cité, jugèrent à propos de faire participer au même privilége les Gaulois et les Hénètes de la Cisalpine et commencèrent à comprendre sous la dénomination commune d'Italiens et de Romains ces étrangers au milieu desquels ils avaient fondé tant de colonies, parvenues toutes, les plus récentes comme les plus anciennes, à une incomparable prospérité."


Sources:
  • G. Bandelli, (1990) - "Colonie e municipi delle regioni transpadane in età repubblicana", (in :) La Città nell'Italia settentrionale in étà romana. Morfologia, strutture e funzionamento dei centri urbani delle Regiones X e XI, Actes de la conférence de Trieste (13-15 mars 1987), Publications de l'École française de Rome, 130, Rome, pp.251-277
  • C. J., Dart, (2014) - The Social War, 91 to 88 BCE : A History of the Italian Insurgency against the Roman Republic, Ashgate Publishing, Faranham, 252p.
  • G. Luraschi, (1979) - Foedus, ius Latii, civitas. Aspetti costituzionali della romanizzazione in Transpadana, Pubblicazioni della Università di Pavia, Studi nelle scienze giuridiche e sociali. Nuova serie, vol.29, CEDAM, Padoue, 531p.
  • Julien Quiret pour l'Arbre Celtique

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