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Magon Barca cherche à enrôler des Gaulois et des Ligures (205-203 av. J.-C.)
 Missionné par Carthage pour lancer une vaste offensive contre Rome et effectuer la jonction de ses troupes avec celles d'Hannibal, Magon Barca reçut des renforts et d'importants fonds pour recruter des Gaulois et des Ligures. Alors que le proconsul Marcus Livius rejoignait le préteur Spurius Lucretius à Ariminum (Rimini), Magon tint donc une assemblée où figuraient des représentants de ces différents peuples, venus à sa rencontre. Il leur présenta ses projets, les forces dont il disposait et leur promit qu'à ses côtés, ils recouvreraient leur liberté. Espérant certainement une adhésion massive de ces peuples, les réponses qui lui furent apportées ne furent certainement pas à la hauteur de ce qu'il escomptait :
| ● | Les Gaulois exprimèrent leur satisfaction à l'idée que Magon Barca, mais également leurs craintes. Une armée romaine stationnait en Gaule, à Ariminum, tandis qu'une autre stationnait non-loin, à Arretium (Arezzo). Ils savaient que s'ils s'engageaient officiellement dans ce conflit aux côtés de Magon, ils subiraient immédiatement de violentes contre-attaques depuis l'est de la Gaule et l'Étrurie. En revanche, ils s'engagèrent à l'aider de manière officieuse en ravitaillant les troupes carthaginoises et à laisser les émissaires de Magon enrôler des mercenaires gaulois.
| | ● | Les Ligures subissaient quant à eux une pression moindre de la part des Romains, puisque aucune légion ne stationnait chez eux ou ne les menaçait directement. Ils acceptèrent de s'engager aux côtés des Carthaginois, mais réclamaient cependant un délais de deux mois pour lever leurs troupes. | Les sources antiques sont muettes quant aux actions menées par Magon Barca et ses alliés, officieux et officiels, entre la fin de l'été 205 et la fin de l'été 203 av. J.-C. Par contre, Tite-Live indique que de nombreuses cités étrusques déléguèrent des représentants auprès de Magon. La situation était d'ailleurs suffisamment inquiétante pour qu'en 204 av. J.-C., les menaces de défection obligèrent le consul Marcus Cornelius Cethegus à prendre des mesures sévères contre les personnes soupçonnées d'y prendre part (Histoire romaine, XXIX, 36). Contre toute attente, Magon ne chercha pas à exploiter cette situation, ce qui laisse croire qu'il rencontra d'inextricables difficultés pour lever des troupes, compromettant ses projets d'invasion de l'Italie. À ces causes probables, Appien ajoute que les incertitudes relatives à la tournure que prenait l'intervention d'Hannibal en Italie, firent que Magon privilégia une position attentiste (Hannibalique, VIII, 55).
Les doutes et les difficultés rencontrés par Magon Barca furent, bien entendu, perçus et exploités par les Romains. Ainsi, dés mars 203 av. J.-C. et l'entrée en charge des consuls, Spurius Lucretius fut missionné pour reconstruire Genua, ce qui semble indiquer que les Romains envisageaient déjà de mettre la main sur la Ligurie dans l'année. Aussi, au cours de l'été 203 av. J.-C., les Romains allèrent trouver Magon en Gaule et passèrent à l'attaque.
| Appien, Hannibalique, VIII, 55 : "Hannibal donc était dans un plus grand embarras et il désespéra de l'aide des Carthaginois. Et Magon, qui rassemblait des mercenaires en Gaule et en Ligurie, ne lui envoyait aucune aide, mais attendait de voir le tour que les affaires prendraient."
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| Tite-Live, Histoire romaine, XXIX, 5 : "Après avoir entendu, de la bouche des courriers, l'ordre de réunir le plus de troupes possible, il tint aussitôt une assemblée de Gaulois et de Ligures (car il y avait là une foule d'hommes de ces deux nations), et leur dit qu'il était envoyé pour leur rendre la liberté ; que, comme ils le voyaient eux-mêmes, on lui envoyait des renforts de sa patrie ; mais que l'importance des troupes, de l'armée avec lesquelles on mènerait cette guerre dépendait d'eux. Deux armées romaines se trouvaient l'une en Gaule, l'autre en Étrurie ; il était sûr que Spurius Lucretius allait faire sa jonction avec Marcus Livius ; Gaulois et Ligures devaient armer des milliers d'hommes pour résister aux deux généraux, aux deux armées des Romains. Les Gaulois répondirent que c'était leur plus grand désir, mais qu'ayant un camp romain sur leur territoire, l'autre, dans l'Étrurie voisine, presque sous leurs yeux, s'ils aidaient ouvertement le Carthaginois par des contingents de troupes, aussitôt, de deux côtés, des armées ennemies se jetteraient sur leur territoire ; Magon ne devait donc réclamer d'eux que l'aide qu'ils pouvaient lui donner en secret. Quant aux Ligures, les camps romains étant loin de leurs terres et de leurs villes, ils étaient libres dans leurs desseins ; à eux, comme c'était juste, d'armer leur jeunesse et de prendre leur part de la guerre. Les Ligures ne refusèrent pas ; ils demandèrent seulement un délai de deux mois pour lever leurs troupes. En attendant, Magon, envoyant de tous côtés des émissaires dans la campagne gauloise, y enrôle des mercenaires ; des vivres de toute sorte lui sont envoyés aussi, en cachette, par les peuples gaulois. Marcus Livius, lui, fait passer son armée de volontaires esclaves d'Étrurie en Gaule, et, s'étant joint à Lucretius, se prépare, si Magon, quittant la Ligurie, s'approche de Rome, à marcher à sa rencontre. Si le Carthaginois se tient tranquille dans son coin des Alpes, lui aussi, dans la même région, autour d'Ariminum, il défendra l'Italie." |
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