La mise au pas des Volques (entre 121/120 et 118 av. J.-C.)
Strabon (Géographie, IV, 2, 3) indique qu'avant les interventions de Cneius Domitius Ahenobarbus et de Quintus Fabius Maximus en Gaule (122-121/120 av. J.-C.), les Arvernes avaient étendu leur domination sur l'ensemble de la Gaule " jusqu'à Narbonne et aux confins de la Massaliotide ", et même jusqu'aux Pyrénées. Si cette emprise n'a pas été exagérée par Strabon, elle implique qu'avant 122-121 av. J.-C., les Volques Arécomiques, Volques Tectosages et Sardones étaient sous leur domination. En 118 av. J.-C., lorsque les Romains fondèrent la colonie de Narbo Martius (Narbonne) sur le territoire des Volques Arécomiques, cette région était-elle passée sous leur domination ? Si oui, de quelle manière les Romains firent-ils main-basse sur ces territoires ?
Aucune source antique n'évoquant une quelconque victoire romaine sur les Volques Tectosages ou les Volques Arécomiques avant la déduction de la colonie de Narbo Martius (Narbonne), se pourrait-il que la présence romaine s'explique autrement ? Un passage de l'Histoire romaine de Dion Cassius (II, 270) laisse entrevoir une autre possibilité. En effet, il y est indiqué qu'avant l'arrivée des Cimbres dans la région (vers 107-106 av. J.-C.), les habitants de Tolosa (Toulouse, à moins qu'il ne s'agisse des Tolosates, ou plus généralement des Volques Tectosages ?) étaient les ενσπονδον ("alliés par traité") des Romains. La présence romaine se résume ici à une garnison, dont on ne sait pas grand chose. Le statut d'"alliés" n'était pas véritablement compatible avec le fait d'entretenir une garnison romaine permanente. La tradition était d'ailleurs inverse, c'était aux alliés de Rome de lui fournir des troupes auxiliaires. Le contexte historique pourrait fournir ici une explication. En effet, si on en croît certaines interprétations, en 107 av. J.-C., l'armée du consul Lucius Cassius aurait été taillée en pièces par les Tigurins, non-loin de Tolosa, sur le territoire des Nitiobroges. Notons enfin que Strabon (Géographie, IV, 1, 12) évoque le fait que les Volques Arécomiques bénéficiaient du droit latin, donc un statut plutôt enviable, qui peut être vu comme la conséquence d'une alliance avec Rome.
Dion Cassius, Histoire romaine, II, 270 : "Les habitants de Toulouse, auparavant alliés de Rome, furent entraînés par les promesses des Cimbres, se révoltèrent et mirent aux fers la garnison romaine. Introduits dans cette ville par leurs amis, pendant la nuit et à l'improviste, les Romains s'en rendent maîtres, pillent les temples et s'emparent en outre d'immenses richesses."
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Strabon, Géographie, IV, 1, 12 : "La métropole des Arécomisques, Nemausus, bien inférieure à Narbonne en ce qu'on n'y voit pas la même affluence d'étrangers et de commerçants, forme en revanche une commune, une cité plus considérable. Elle a en effet dans sa dépendance vingt-quatre bourgs, tous extrêmement populeux, et dont les habitants, unis aux siens par le sang, diminuent naturellement par leurs contributions les charges qui pèsent sur elle. De plus, comme elle jouit du droit latin, quiconque y a été revêtu de l'édilité ou de la questure devient par cela seul citoyen romain, et le même privilège dispense la nation tout entière d'obéir aux ordres des préfets envoyés de Rome."
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Strabon, Géographie, IV, 2, 3 : "Ajoutons que les Arvernes, non contents d'avoir reculé les limites de leur territoire jusqu'à Narbonne et aux confins de la Massaliotide, étaient arrivés à dominer sur la Gaule entière, depuis le mont Pyréné jusqu'à l'Océan et au Rhin." |
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