Némétures - Peuplade des Alpes maritimes connue par une unique mention, sous la forme NEMETVRI sur le trophée des Alpes (Pline, Histoire naturelle, III, 136-137). Différents travaux, souvent ancien ont proposé de localiser ce peuple dans la haute-vallée Var, sans véritable argument. On reconnaît dans cet ethnonyme la racine gauloise nemo- / nema- "céleste / ciel", associé à -turo "gonflé / fort".
Nous ne savons presque rien des Némétures. Leur mention dans l'inscription dédicatoire du trophée des Alpes (7-6 av. J.-C.) implique qu'ils furent vaincus dans le cadre des campagnes augustéennes menées dans les Alpes (dernier quart du Ier s. av. J.-C.). La défaite des Némétures n'a pas été évoquée par les auteurs de l'antiquité. Tout porte à croire qu'ils furent comptés parmi ces "Capillates", vaincus lors de la conquête des Alpes maritimes (14 av. J.-C.).
Au Ier s. ap. J.-C., les Némétures ont été indirectement mentionnés dans L'Économie rurale de Columelle pour leur production de pix Nemeturica, la "poix néméturique" (Columelle, L'Économie rurale, XII, 22, 2 ; 24, 1) et de l'un de ses dérivés, la picis liquidae Nemeturicae "térébenthine néméturique" (Columelle, L'Économie rurale, XII, 20, 3 ; 22, 1).
L'inscription du trophée de La Turbie (selon Pline, Histoire naturelle, III, 136-137) IMP(ERATORI) CAESARI DIVI FILIO AVG(VSTO) / PONT(IFICI) MAX(IMO) IMP(ERATORI) XIIII TR(IBVNICIA) POT(ESTATE) XVII / S(ENATVS) P(OPVLVS)Q(VE) R(OMANVS) / QVOD EIVS DVCTV AVSPICIISQVE GENTES ALPINAE OMNES QVAE A MARI SVPERO AD INFERVM PERTINEBANT SVB IMPERIVM P(OPVLI) R(OMANI) SVNT REDACTAE / GENTES ALPINAE DEVICTAE TRVMPILINI CAMVNNI VENOSTES VENNONETES ISARCI BREVNI GENAVNES FOCVNATES / VINDELICORVM GENTES QVATTVOR COSVANETES RVCINATES LICATES CATENATES AMBISONTES RVGVSCI SVANETES CALVCONES / BRIXENETES LEPONTI VBERI NANTVATES SEDVNI VARAGRI SALASSI ACITAVONES MEDVLLI VCENNI CATVRIGES BRIGIANI / SOGIONTI BRODIONTI NEMALONI EDENATES ESVBIANI VEAMINI GALLITAE TRIVLLATI ECTINI / VERGVNNI EGVITVRI / NEMETVRI ORATELLI NERVSI VELAVNI SVETRI
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"À l'empereur, fils du divin César, Auguste, grand pontife, salué impérator 14 fois, en sa 18e puissance tribunitienne, le Sénat et le peuple romain, en mémoire de ce que, sous les ordres et sous ses auspices, tous les peuples alpins, depuis la mer Supérieure jusqu'à l'Inférieure, ont été soumis à l'Empire romain. Les peuples alpins vaincus : les Trumpilins, les Camunes, les Vénostes, les Vennonètes, les Isarciens, les Breunes, les Génaunes, les Focunates, quatre nations vindéliciennes, les Consuanètes, les Rucinates, les Licates, les Caténates, les Ambisontes, les Rugusciens, les Suanètes, les Calucones, les Brixentes, les Lépontes, les Ubères, les Nantuates, les Sédunes, les Véragres, les Salasses, les Acitavones, les Médulles, les Ucennes, les Caturiges, les Brigiens, les Sogiontes, les Bodiontiques, les Némalones, les Édénates, les Ésubiens, les Véamines, les Gallites, les Triullates, les Ectiniens, les Vergunnes, les Eguitures, les Némétures, les Oratelles, les Nérusiens, les Vélaunes, les Suètres."
Columelle, L'Économie rurale, XII, 24, 1-3 : "La poix néméturique se prépare en Ligurie. Pour la rendre propre aux condiments, on prend de l'eau de mer le plus loin qu'il est possible du rivage, et on la fait réduire à la moitié par l'ébullition. Quand elle est refroidie au point de ne pas brûler la partie du corps qu'on y plonge, on mêle une quantité suffisante avec la poix dont nous venons de parler, et on l'agite soit avec une spatule de bois, soit même avec la main, pour en retirer les ordures qui pourraient s'y trouver. Ensuite on laisse la poix se précipiter, et, quand elle est tombée au fond, on décante l'eau; puis, avec le reste de l'eau réduite, on la lave quelque temps, et on la manie jusqu'à ce qu'elle soit devenue rougeâtre Alors, après l'avoir tirée au clair, on la laisse quatorze jours exposée au soleil, afin qu'elle se débarrasse de l'humidité que l'eau y a laissée; mais on doit couvrir le vase pendant la nuit, afin qu'il ne reçoive pas de rosée. Après avoir préparé la poix de cette manière, si l'on voulait assaisonner son vin, on y mettrait, après l'avoir fait bouillir deux fois, deux cyathes de cette poix sur quarante-huit setiers de moût. De cette quantité que l'on doit travailler, il faut prendre deux setiers et les verser peu à peu sur deux onces de poix, que l'on doit pétrir à la main, comme on le fait pour le vin miellé, afin qu'elle s'incorpore plus facilement. Lorsque les deux setiers de vin seront totalement mêlés avec la poix, et ne feront pour ainsi dire qu'une seule substance, il conviendra de les verser dans le vaisseau d'où on les avait tirés, et d'agiter le tout avec un râble de bois, afin de bien mélanger la préparation." |
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