Pythéas est un massaliote né au début du IVe s. av. J.-C. Il adhéra aux idées du mathématicien Eudoxe de Cnide (disciple de d'Archytas de Tarente et de Platon) et appris de lui les méthodes de calcul et de mesure de la hauteur astrale et ainsi la possibilité de situer la latitude d'un point donné. Hipparque ne pu néanmoins s'empêcher d'opposer ces deux personnalités, Pythéas, l'astronome observateur et Eudoxe de Cnide, l'astronome théoricien. Il occupe sans doute la charge d'astronome à l'observatoire de Marseille et a pour principale charge de donner l'heure à ses concitoyens et de les informer sur la marche des saisons. Ces fonctions lui permirent, à l'aide du gnomon de la ville de mesurer l'inclinaison de la terre et la latitude de Marseille (avec une précision remarquable).

Ayant maintenant toutes les données possibles sur sa ville, sachant que la Terre est ronde et que vers le nord le soleil ne doit plus se coucher, il a pour obsession d'évaluer la circonférence de la terre. Cette évaluation n'était possible alors que par l'exploration dans la mesure où la méthode géométrique ne sera développée qu'à partir de 205 av. J.-C. par le directeur de la Grande Bibliothèque d'Alexandrie, Eratosthène de Cyrène.

Nous ne connaissons pas avec exactitude les motivations qui ont poussé les massaliotes à organiser cette expédition, mais deux explications certainement complémentaires tendent à y apporter une solution :

A la même époque, la cité massaliote est confrontée à une récession économique probablement imputable à la mainmise de Carthage sur le commerce en Méditerranée occidentale et à l'attaque répétée par les populations celtiques et celto-ligures des comptoirs massaliotes de Gaule. L'approvisionnement en matières premières, l'étain et l'ambre notamment, aboutissant à Marseille par la vallée du Rhône n'était alors plus assuré. Il fallut alors se rendre compte de l'endroit exact d'où étaient tirées les matières premières et tenter de commercer directement avec les producteurs et ouvrir de nouvelles voies commerciales. Il est probable que dans ce contexte, les Timouques (magistrats de la ville) se réunissent, accordèrent le budget nécessaire à l'expédition, et choisirent Pythéas pour la mener, dans la mesure où, outre ses connaissances scientifiques, il parlait couramment gaulois.

Nous connaissons le périple de Pythéas, qui dû se situer entre 330 et 300 av. J.-C., car dés son retour, il raconta son aventure et voulu faire partager ses découvertes ; dans cette optique, il écrivit deux livres, De l'Océan et la Description de la terre. Ces écrits existaient encore au temps d'Etienne de Byzance, écrivain du Ve s. ap. J.-C., mais il n'en reste plus rien aujourd'hui hormis quelques bribes retrouvées dans l'oeuvre d'historiens, de géographes ou autres scientifiques antiques qui s'en servirent et l'analysèrent, notamment Diodore de Sicile (Bibliothèque Historique, V), Eratosthène de Cyrène (cité par Strabon), Geminos de Rhodes, Hipparque, Pline l'ancien (Histoire Naturelle, II, IV et XXXVII), Polybe (Histoire, XXXIV), Pomponius Mela et Strabon (Géographie, I, II, IV et VII).

A partir de ces témoignages indirects, il nous est possible de reconstituer dans les grandes lignes de cette expédition, qui comporte un tel nombre de vraisemblances qu'il n'est plus possible aujourd'hui d'en nier la véracité et l'intérêt qu'il comporte dans le cadre de l'étude de l'Europe occidentale et septentrionale du IVe s. av. J.-C.