La reconstitution du périple du massaliote se heurte au cruel manque d'informations relatives à son itinéraire vers Thulé empêchant de situer ce territoire. Un grand nombre de localisations contradictoire existent. Les deux plus sérieuses situent Thulé au niveau de l'Islande actuelle, ou dans le nord de la Norvège. Pline l'ancien situe ce territoire par 66''30'.

Seule étape qui parait avérée, c'est un passage par les îles Shetland (Hémodes) par 61° N, à moins qu'il s'agisse d'un relevé effectué dans le sud de la Norvège ; voire plus tard, comme nous l'évoquerons ensuite.

Cette île merveilleuse est paradoxalement, connue par assez peu de textes. Il n'est d'ailleurs même pas certain que ces textes soient basés sur les descriptions fournies par Pythéas, et semblent cristalliser un grand nombre de mythes plus anciens. Nous ne savons clairement de lui, qu'il ne sût dire si Thulé était une île ou un continent et qu'il situe le "poumon marin" à une journée de navigation au nord de ce territoire. Le célèbre épisode du "poumon marin" pourrait être un indice permettant de situer Thulé.

Pythéas utilise cette expression bien connue des Grecs et qui signifie "méduse, gélatine" pour décrire à ces concitoyens le phénomène étrange qui le poussa à faire demi-tour. Cet épisode nous est connu grâce à Pline l'ancien et Strabon.

Dans son ouvrage l'homme à la conquête des pôles, Paul-Émile Victor précise que selon lui, "il s'agissait sans aucun doute, de la limite du pack (banquise), le brash-ice où la brume épaisse enveloppe souvent le mélange de glaçons et d'eau vitreuse travaillé par la houle."

Ceci nous amène à nous interroger pour déterminer quelles zones connaissent ce type de manifestations. Les géographes grecs puis romains cherchaient déjà à identifier l'emplacement de cette contrée mystérieuse.

La dérive nord-atlantique est un courant marin chaud, qui depuis les latitudes équatoriales se dirige vers le Nord, passant entre les Îles britanniques et l'Islande, puis prenant le nom de courant de Norvège au large du pays éponyme. La chaleur relative de ce courant empêche en toute saison la genèse de banquise, à l'inverse des courants froids d'origine polaire. Or il n'existe aucun courant froid longeant la Norvège repoussant la limite de la banquise à plusieurs jours de navigation au large. Ceci semble aller à l'encontre des informations données par Pythéas qui nous sont parvenues.

Un autre élément plaide en la faveur d'une identification Thulé / Islande. Les recherches menées depuis l'antiquité pour identifier Thulé ont sans exception, toutes été menées au nord du promontoire Orkas. En effet, en 83 ap. J.-C., Agricola pensa atteindre Thulé qu'il localisa par 60°N. Il s'agit sûrement en fait des Shetland, qu'il dû quitter à l'approche de l'hiver.

Ptolémée, prudent devant ces découvertes, place quant à lui Thulé à 63°N et la figure sur sa carte sous forme d'une île aux contours rectilignes.

A l'inverse, en 555 ap. J.-C., Procope, évoquant la guerre qui sévit entre les Romains et les Goths, parle de la Scandinavie qu'il nomme Thulé et précise que ses habitants s'appèlent les skrithiphinoi. Dans le même ordre d'idée, au VIIIe s. ap. J.-C., Paulus Diaconus reprenant probablement les observations du précédent, précise que ces peuples pratiquent la chasse, qu'ils utilisent des planches de bois pour se déplacer, et qu'ils ont des animaux qui ressemblent aux cerfs. Tout ceci nous amène donc à la Scandinavie ... mais ça serait oublier que Pline l'ancien donne une autre information permettant avec assurance de situer Thulé en Islande plutôt qu'en Norvège, dans la mesure où il évoque que depuis les îles de Nérigon (La Norvège), des bateaux partaient pour ce territoire. Précisons qu'alors la Scandinavie était vue comme un archipel, les îles occidentales étant Nérigon, et la grande île orientale Scandia (Suède).

Bien plus tard, au IXe s. ap. J.-C., le géographe irlandais Dicuil, auteur du Liber de mensura orbis terrae identifie également l'Islande à l'Ultima Thulé des auteurs antiques.