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Les préparatifs de la seconde expédition de César en Bretagne
(hiver-été 54 av. J.-C.)
 La première expédition de César en Bretagne (fin de l'été 55 av. J.-C.) fut largement improvisée, comme en témoignent l'utilisation de troupes trop peu nombreuses et mal équipées, ou encore le recours à des forces navales insuffisantes et partiellement inadaptées. La principale conséquence de cette impréparation a été l'impossibilité de mener une campagne véritablement efficace et d'en tirer un résultat durable.
Alors que les troupes romaines engagées en Gaule hivernaient, et peu avant son retour en Italie, César a ordonné la construction de nouveaux navires et la réparation de ceux qui avaient été utilisés lors de la précédente expédition. Pour les nouveaux, il en détermina précisément la forme et la taille de manière à ce qu'ils puissent être mis en port à sec, qu'ils soient moins sensibles aux mouvements des vagues et que les bagages et la cavaleries puissent y être facilement transportés. Aussi, il fit venir tout le matériel nécessaire à leur armement depuis l'Hispanie (César, Guerre des Gaules, V, 1 ; Dion Cassius, Histoire romaine, XL, 1). Après avoir été retenu en Illyrie, César regagna la Gaule au cours du printemps. En son absence, six-cent vaisseaux de charge et vingt-huit galères (1) avaient été construits selon ses instructions. Ces navires ont été construits en différents endroits de Gaule, comme en témoigne le fait qu'au moins quarante d'entre eux le furent chez les Meldes (Guerre des Gaules, V, 5). Il ordonna alors à ses troupes de se rassembler au Portus Itius (région du cap Gris-Nez ?) d'où il comptait faire partir cette nouvelle expédition et d'y convoyer les navires (Guerre des Gaules, V, 2).
Pendant que ses troupes et ses nombreux vaisseaux entamaient leur rassemblement au Portus Itius, César travailla à éviter toute nouvelle insurrection en Gaule. A la fin du printemps ou au début de l'été 54 av. J.-C., accompagné par quatre légions et huit-cents cavaliers, il intervint tout d'abord chez les Trévires, qu'il suspectait de vouloir se soulever. Dans le même temps, les nobles des différentes cités gauloises furent également enjoints de se rendre Portus Itius. Dans cette localité, César laissa les nobles issus de cités considérées comme sûres et acquises à sa cause sous la garde de Titus Labienus, tandis que ceux qu'il suspectait de ne pas lui être fidèles - réduits à l'état d'otages - furent contraints de l'accompagner en Bretagne (Guerre des Gaules, V, 5 ; 8).
Ayant terminé les préparatifs de sa seconde campagne en Bretagne, éteint le dernier foyer potentiel de soulèvement et réduit la noblesse gauloise à l'impuissance, César confia aux trois légions et deux mille cavaliers commandés par Titus Labienus la garde du port et la surveillance de la Gaule. De son côté, avec ses cinq légions et deux-mille cavaliers (2), il embarqua pour la Bretagne (Guerre des Gaules, V, 8) après avoir attendu pendant vingt-cinq jours le retour de vents favorables (Guerre des Gaules, V, 7).
(1) Il convient de soustraire à ce dénombrement les quarante vaisseaux fabriqués chez les Meldes qui furent déroutés par une tempête (Guerre des Gaules, V, 5). Notons également que lors de la première expédition, les Romains partirent avec seulement quatre-vingt vaisseaux de charge et un nombre inconnu de galères (Guerre des Gaules, IV, 22). Dans un autre passage, César indique que les Romains avaient au total huit-cent embarcations en comptabilisant les barques légères également transportées (Guerre des Gaules, V, 8).
(2) L'année précédente, il ne put embarquer que deux légions (Guerre des Gaules, IV, 22) et les trente cavaliers de Commios (Guerre des Gaules, IV, 35).
| César, Guerre des Gaules, V, 1 : "Sous le consulat de Lucius Domitius et d'Appius Claudius, César, quittant les quartiers d'hiver pour aller en Italie, comme il avait coutume de le faire chaque année, ordonne aux lieutenants qu'il laissait à la tête des légions de construire, pendant l'hiver, le plus de vaisseaux qu'il serait possible, et de réparer les anciens. Il en détermine la grandeur et la forme. Pour qu'on puisse plus promptement les charger et les mettre à sec, il les fait moins hauts que ceux dont nous nous servons sur notre mer ; il avait en effet observé que les mouvements fréquents du flux et du reflux rendaient les vagues de l'Océan moins élevées ; il les commande, à cause des bagages et du nombre des chevaux qu'ils devaient transporter, un peu plus larges que ceux dont on fait usage sur les autres mers. Il veut qu'on les fasse tous à voiles et à rames, ce que leur peu de hauteur devait rendre très facile. Tout ce qui est nécessaire pour l'armement de ces vaisseaux, il le fait venir de l'Espagne."
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| César, Guerre des Gaules, V, 2 : "Cette affaire terminée, et l'assemblée close, César retourne dans la Gaule citérieure et part de là pour l'armée. Quand il y est arrivé, il en visite tous les quartiers, et trouve que l'activité singulière des soldats était parvenue, malgré l'extrême pénurie de toutes choses, à construire environ six cents navires de la forme décrite plus haut, et vingt-huit galères, le tout prêt à être mis en mer sous peu de jours. Après avoir donné des éloges aux soldats et à ceux qui avaient dirigé l'ouvrage, il les instruit de ses intentions et leur ordonne de se rendre tous au port Itius, d'où il savait que le trajet en Bretagne est très commode, la distance de cette île au continent n'étant que de trente mille pas."
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| César, Guerre des Gaules, V, 5 : "Ces choses terminées, César se rend avec les légions au port Itius. Là, il apprend que quarante navires construits chez les Meldes, repoussés par une tempête, n'avaient pu tenir leur route, et étaient rentrés dans le port d'où ils étaient partis. Il trouva les autres prêts à mettre à la voile et pourvus de tout. La cavalerie de toute la Gaule, au nombre de quatre mille hommes, se réunit en ce lieu, ainsi que les principaux habitants des cités. César avait résolu de ne laisser sur le continent que le petit nombre des hommes influents dont la fidélité lui était bien connue, et d'emmener les autres comme otages avec lui ; car il craignait quelque mouvement dans la Gaule, pendant son absence."
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| César, Guerre des Gaules, V, 7 : "Pendant les vingt-cinq jours environ qu'il resta dans le port, retenu par un vent du nord-ouest qui souffle d'ordinaire sur cette côte pendant une grande partie de l'année, il s'appliqua à contenir Dumnorix dans le devoir, et néanmoins à se tenir au fait de toutes ses démarches. Enfin le temps devint favorable, et César ordonna aux soldats et aux cavaliers de s'embarquer."
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| César, Guerre des Gaules, V, 8 : "Ayant, après cette affaire, laissé sur le continent Labiénus avec trois légions et deux mille cavaliers pour garder le port, pourvoir aux vivres, connaître tout ce qui se passait dans la Gaule, et prendre conseil du temps et des circonstances, César, avec cinq légions et un nombre de cavaliers égal à celui qu'il laissait sur le continent, leva l'ancre au coucher du soleil, par un léger vent du sud-ouest qui, ayant cessé vers le milieu de la nuit, ne lui permit pas de continuer sa route ; [...]"
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| Dion Cassius, Histoire romaine, XL, 1 : "Tels sont les événements qui se passèrent à Rome, l'an 700 de sa fondation. Dans la Gaule, pendant que L. Domitius et Cl. Appius étaient encore consuls, César, outre les autres préparatifs de guerre, fit construire des navires qui tenaient le milieu entre les vaisseaux légers des Romains et les vaisseaux de transport des indigènes : ils pouvaient donc voguer avec la plus grande célérité, soutenir le choc des vagues et rester à sec sans dommage." |
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[ La guerre des Gaules [-58:-51] ]
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