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La prise et le pillage de Tolosa
(105 av. J.-C.)
 Apprenant le soulèvement des Volques Tectosages, le Sénat romain dépêcha sur place le consul Quintus Servilius Caepio (106 av. J.-C.). Les Romains cherchèrent semble-t-il à dompter ce peuple qui tentait d'échapper à l'alliance de Rome et probablement empêcher la déstabilisation du district de Gaule transalpine, déjà secoué par les expéditions des Cimbres et de leurs alliés, et des défaites romaines. Les étapes de cette campagne ne nous sont pas connus.
En 105 av. J.-C., alors que Quintus Servilius Caepio avait été prorogé en tant que proconsul, l'armée romaine approcha finalement de Tolosa (Oppidum de Vieille-Toulouse, Haute-Garonne). Une partie des Volques Tectosages de cette ville demeuraient fidèles à Rome, ils facilitèrent la prise de la ville par les Romains en les y introduisant pendant la nuit. Ainsi, la ville fut prise sans difficulté et la pillèrent. Ils mirent notamment la main sur les richesses déposées dans les temples de la ville (Dion Cassius, Histoire romaine, fragm. CCLXX).
Différentes légendes avaient cours quant à l'origine de ces richesses. La plupart des auteurs anciens y voyaient le fruit du pillage de Delphes (278 av. J.-C.) (Dion Cassius, Histoire romaine, fragm. CCLXX ; Justin, Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée, XXXII, 3, 9 ; Strabon, Géographie, IV, 1, 13), mais Strabon reconnaissait qu'une partie au moins provenait des offrandes faites par les habitants de la région, connue pour ses mines d'or (Géographie, IV, 1, 13). Suivant Aulu-Gelle (Nuits attiques, III, 9) et Dion Cassius (Histoire romaine, fragm. CCLXX), ses richesses étaient déposées dans plusieurs temples de la ville, d'un temple consacré à Apollon pour Orose (Histoires contre les païens, V, 15, 25), d'un lac sacré pour Justin (Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée, XXXII, 3, 9), ou d'un temple dédié à Apollon et de lacs sacrés pour Strabon (Géographie, IV, 1, 13).(1) D'importants désaccords existent également quant à la quantité de richesses prises par les Romains. Strabon indique que 15000 talents de de lingots d'or et d'argent bruts, soit 388,8 tonnes, furent pillés (Géographie, IV, 1, 13). Justin évoque quant à lui mille livres d'argent (324 kg) et un million et demi de livres d'or (486 tonnes) (Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée, XXXII, 3, 9), tandis que Orose mentionne cent mille livres d'or (32,4 tonnes) et cent dix mille livres d'argent (35,64 tonnes) (Histoires contre les païens, V, 15, 25). Les propos de Strabon doivent certainement être tenus pour sûr, puisqu'il s'appuie ici principalement sur les informations collectées par Posidonios d'Apamée lors de son séjour en Occident entre 101 et 91 av. J.-C. Cet imposant trésor fut par la suite transféré sous bonne garde à Massalia (Marseille), mais fut rapidement détourné (Orose, Histoires contre les païens, V, 15, 25).
La prise de Tolosa ne mit visiblement pas un terme définitif à ce conflit. Tout porte à penser que le proconsul Quintus Servilius Caepio fut contraint d'écourter sa campagne pour regagner la vallée du Rhône où les Cimbres et leurs alliés affluaient. C'est ainsi qu'une nouvelle campagne dût être menée contre les Volques Tectosages dés l'année suivante, sous la conduite du légat Lucius Cornelius Sulla.
Notes
(1) Quintus Servilius Caepio (et quelques autres) fut accusé d'avoir détourné ce trésor pour son propre compte. Certains ont vu dans ce sacrilège la cause de la défaite de ce proconsul lors de la bataille d'Arausio et de bien d'autres malheurs (Aulu-Gelle, Nuits attiques, III, 9 ; Justin, Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée, XXXII, 3, 9). Il fut d'ailleurs jugé pour ce fait (Dion Cassius, Histoire romaine, fragm. CCLXX ; Orose, Histoires contre les païens, V, 15, 25).
Sources littéraires anciennes
| Aulu-Gelle, Nuits attiques, III, 9 : "Une autre ancienne locution : - Il a de l'or de Tolosa -, est proverbiale dans un sens analogue. En voici l'origine : Le consul Q. Caepio ayant pillé Tolosa, ville des Gaules, dans les temples de laquelle il y avait beaucoup d'or, on remarqua que ceux qui, dans le pillage, avalent pris de cet or, périrent tous misérablement."
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| Dion Cassius, Histoire romaine, fragm. CCLXX : "Les habitants de Tolosa, auparavant alliés de Rome, furent entraînés par les promesses des Cimbres, se revoltèrent et mirent aux fers la garnison romaine. Introduits dans cette ville par leurs amis, pendant la nuit et à l'improviste, les Romains s'en rendent maîtres, pillent les temples et s'emparent en outre d'immenses richesses. Tolosa, d'ailleurs opulente depuis longtemps, renfermait les offrandes que les Gaulois emportèrent jadis de Delphes, sous la conduite de Brennus. Cependant ses dépouilles n'enrichirent pas beaucoup le trésor public de Rome ; elles devinrent presque totalement la propriété de ceux qui les avaient enlevées : plusieurs furent cités en justice pour rendre compte de leur conduite."
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| Justin, Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée, XXXII, 3, 9 : "Quant aux Tectosages, arrivés à Tolosa, leur ancienne patrie, ils avaient été atteints par le fléau de la peste : ils ne recouvrèrent pas la santé avant d'avoir, sur consultation des haruspices, immergé dans le lac de Tolosa l'or et l'argent acquis par les guerres et les sacrilèges, un trésor que, bien longtemps après, le consul romain Caepio enleva tout entier. Il y avait cent dix mille livres d'argent et un million et demi de livres d'or. Ce sacrilège causa par la suite la perte de Caepio et de son armée et le tumulte de la guerre des Cimbres suivit, comme le vengeur de l'argent consacré."
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| Orose, Histoires contre les païens, V, 15, 25 : "Le proconsul Caepio s'empara d'une ville des Gaules nommée Tolosa, et emporta du temple d'Apollon cent mille livres d'or et cent dix mille livres d'argent. Il a ensuite envoyé ce trésor sous bonne garde à Massilia, une ville amie du peuple romain. Mais les hommes qu'il avait chargés de le garder et de le transporter furent secrètement tués, comme certains en témoignent, et Caepio aurait alors criminellement approprié tout le trésor. En raison de son action, une enquête de grande envergure a ensuite eu lieu à Rome."
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| Strabon, Géographie, IV, 1, 13 : "Les Tectosages étaient aussi, dit-on, de l'expédition contre Delphes, on assure même que les trésors trouvés dans la ville de Tolossa. par le général romain Caepio provenaient d'une partie des dépouilles de Delphes, grossie, il est vrai, des offrandes qu'ils avaient faites ensuite à Apollon sur leurs propres richesses, et dans le but d'apaiser le courroux de ce Dieu, et que c'est pour avoir touché à ces trésors sacrés, que Caepio finit ses jours si misérablement, loin de sa patrie d'où il avait été chassé comme sacrilège, et loin de ses filles, qui, livrées par décret à la prostitution, s'il faut en croire Timagène, périrent à leur tour d'une mort honteuse. Toutefois, la version de Posidonius semble plus vraisemblable : il fait remarquer que les richesses trouvées à Tolossa, soit dans l'enceinte du temple, soit au fond des lacs sacrés, représentaient une valeur de 15000 talents, toute en matières non travaillées, en lingots d'or et d'argent bruts, et que le temple de Delphes, à l'époque [où il avait été pris par les Gaulois], ne contenait plus de semblables richesses, ayant été pillé par les Phocidiens durant la guerre sacrée ; que ce qui pouvait s'y trouver encore avait dû être partagé entre beaucoup de mains; qu'il était probable d'ailleurs que les vainqueurs n'avalent pu regagner leurs foyers, ayant été, après leur départ de Delphes et pendant toute leur retraite, assaillis de mille maux et forcés finalement par la discorde de se disperser de tous côtés. Mais, comme la contrée est très riche en mines d'or, et que les habitants (Posidonius n'est pas seul à le dire) sont à la fois très superstitieux et très modestes dans leur manière de vivre, il s'y était formé sur différents points des trésors. Les lacs ou étangs sacrés notamment offraient des asiles sûrs où l'on jetait l'or et l'argent en barre : les Romains le savaient, et quand ils se furent rendus maîtres du pays, ils vendirent ces lacs ou étangs sacrés au profit du trésor public, et plus d'un acquéreur y trouve aujourd'hui encore des lingots d'argent battu ayant la forme de pierres meulières. Le temple de Tolossa, vénéré comme il était de toutes les populations à la ronde, leur offrait aussi un asile inviolable, et naturellement les richesses s'y étaient accumulées, la piété multipliant ses offrandes, en même temps que la superstition empêchait d'y porter la main." |
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