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Vous êtes dans Encyclopédie de l'Arbre Celtique > peuples de Gaule Narbonnaise (Province) / Volques Arécomiques / Samnagètes / Samnagenses
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Encyclopédie Celtique

Samnagètes / Samnagenses

Les peuples Celtes
Nom latin:Samnagenses
Nom grec:Σαμναγηται
Localisation:Région de Murviel-lès-Montpellier
Capitale:Samnaga ? (Le Castellas, Murviel-lès-Montpellier)

Samnagètes / Samnagenses - Peuplade de Gaule narbonnaise mentionnée sur des médailles datées de la fin du IIe s. av. J.-C. ou du début du Ier s. av. J.-C. sous la forme ΣΑΜΝΑ/ΓΗΤ, par Pline sous la forme Samnagenses (var. Samnages, Sannagenses et Sanagenses) (Histoire naturelle, III, 36) ou encore SAMNAG(ENSIS) et [S]AMNAGENSIBVS sur deux inscriptions lapidaires respectivement découvertes à Montarnaud (ILGN 545 ; CAG-34-03, p 264 ; AE 1896, 87 ; 2003, 1151) et Nîmes (CIL 12, 3058). Les attestations numismatiques en caractères grecs (ΣΑΜΝΑ/ΓΗΤ) sont les abréviations d'un génitif pluriel Σαμναγητῶν "Samnagêtôn" (1), lequel suppose un nominatif pluriel Σαμναγηται "Samnagêtai". Selon toute vraisemblance, cet ethnonyme dérive du nom d'une localité *Samnaga ou *Samnagum, associé au suffixe -eti / -etii qui signifie "territoire". Les Samnagètes auraient été littéralement "(ceux) du territoire de Samnaga / Samnagum". La dénomination latine est assez proche, il s'agît d'un gentilé signifiant "ceux / les habitants de Samnaga / Samnagum".

Le monnayage des Samnagètes imite celui de Massalia, avec à l'avers une figure laurée d'Apollon ou d'Artémis et au revers un taureau cornupète, avec en légende l'ethnique ΣΑΜΝΑ/ΓΗΤ. Certaines monnaies mentionnent un homme dénommé ΚΑCΤΙΚΟ, développé sur certains exemplaires en Γ ΚΛΑΥ ΚΑCΤΙΚΟ "G(aius) Clau(dius) Casticus" qui, depuis Barruol (1975), est généralement considéré comme un magistrat monétaire romain. L'étude menée par M. Py (2006) montre que la répartition des découvertes de ces monnaies ne montre aucun lieu de focalisation et couvre toute la basse-vallée du Rhône. Longtemps, ces monnayages ont été datés du Ier s. av. J.-C., voire de la seconde moitié de ce siècle. En effet, les monnayages massaliotes imités (ceux de la série dite "bronze au taureau") invitent à dater cette monnaie des Samnagètes du Ier s. av. J.-C. (Barruol, 1975), tandis que l'utilisation de la tria nomina permet de privilégier la seconde moitié du Ier s. av. J.-C. (Brenot & Callu, 1978). Aussi, l'appartenance de ce magistrat à la gens Claudia amène à suggérer qu'il aurait pu appartenir à la clientèle de Tiberius Claudius Nero, envoyé par César en Gaule transalpine, pour y déduire des colonies de vétérans (vers 45 av. J.-C.) (Brenot & Callu, 1978 ; Roth-Congès & Charmasson, 1992). L'étude de M. Py (2006) a largement remis en cause ces certitudes puisque ces mêmes monnaies sont répertoriées sur le site de Lattara (Lattes) dés le dernier quart du IIe s. av. J.-C. (ou au plus tard au début du Ier s. av. J.-C.). Or, comme le soulignent M. Py (2006) et P. Thollard & M. Christol (2010), l'octroi du droit latin aux communautés indigènes de la région ne peut être antérieur à l'époque césarienne. De ce fait c'est l'ensemble de la légende qui doit être réinterprétée.

Roth-Congès & Charmasson (1992) ont proposé de situer l'oppidum latinum des Samnagètes au niveau de l'oppidum Saint-Vincent de Gaujac ou de celui du Camp de César à Laudun, impliquant dans les deux cas qu'il s'agissait d'une communauté autonome détachée des Volques Arécomiques. A Gaujac, Roth-Congès & Charmasson ont noté, outre la découverte d'une monnaie des Samnagètes, plusieurs originalités. Tout d'abord le rempart de l'oppidum a fait l'objet d'une réfection, d'une monumentalisation et a été complété au Haut-Empire (fin du Ier s. av. J.-C.), ce qui était un privilège rare à cette époque, relevant d'une décision impériale. Aussi, il a été doté précocement d'édifices publics calqués sur le modèle romain et d'autre part, un inscription votive qui y a été découverte y révèle un cursus honorum spécifique, différent de celui de la cité de Nemausus. Ces différents aspects plaident effectivement pour un statut d'autonomie des communautés qui y vivaient. Sur l'oppidum du Camp de César à Laudun, ces mêmes particularités (hormis le cursus honorum) ont été identifiées. Assénat (2010) oppose à cette identification le fait que Gaujac et Laudun n'ont pas fait l'objet d'une centuriation spécifique, ces deux sites se trouvant dépendants du cadastre d'Ucetia, ce qui invite à les considérer comme dépendants de cette dernière. Leur localisation a longtemps été incertaine, mais depuis quelques années, un certain consensus invite à situer leur métropole (Samnaga / Samnagum) au niveau de l'oppidum du Castellas, sur la commune de Murviel-lès-Montpellier (Hérault) (Assénat, 2010 ; Christol, 2009 ; Thollard, 2009 ; Thollard & Christol, 2010). Cette localisation implique que la cité des Samnagètes était l'une de celles évoquées par Strabon entre les Volques Arécomiques et les Pyrénées (Géographie, IV, 1, 12) .

Selon toute vraisemblance, la cité des Samnagètes est demeurée autonome jusqu'au tournant du Ier et du IIe s. ap. J.-C. (Christol, 2009 ; Thollard, 2009 ; Thollard & Christol, 2010), après quoi elle fut incorporée à la cité des Nemausenses.


(1) Le génitif pluriel est le cas grammatical le plus fréquemment utilisé sur les monnayages grecs. Il sert à marquer un complément de nom et exprime bien souvent la possession. Dans ce cas, l'emploi du génitif pluriel exprime le fait qu'il s'agît d'une "(monnaie) des Samnagètes".


Pline, Histoire naturelle, III, 36-37 : "Dans l'intérieur des terres, colonies : Arles de la sixième légion, Béziers de la septième, Orange de la seconde ; dans le territoire des Cavares, Valence, des Allobroges Vienne ; villes latines : Aix des Salluviens, Avignon des Cavares, Apta Julia des Vulgientes, Alébécé des Reies Apollinaires, Alba des Helves, Augusta des Tricastins, Anatilia, Aeria, Bormanni, Comacina, Cabellio, Carcasum des Volces Tectosages, Cessero, Carpentoracte des Mémines, Ies Caenicenses, les Cambolectres, surnommés Atlantiques, Forum Voconii, Glanum Livii ; les Lutevans, appelés aussi Foroneronienses ; Nîmes des Arécomiques, Piscènes, les Rutènes, les Samnagenses ; Toulouse des Tectosages, sur la frontière de l'Aquitaine ; les Tascons, les Tarusconienses, les Umbraniques ; les deux capitales de la cité des Vocontiens alliés, Vasio et Lucus Augusti ; dix-neuf villes sans renom, de même que vingt-quatre attribuées à Nîmes."

Strabon, Géographie, IV, 1, 12 : "Les Volces touchent au Rhône et voient s'étendre en face d'eux, sur la rive opposée, les possessions des Salyens et des Cavares, [disons mieux, des Cavares seuls,] car le nom de ce peuple l'a emporté sur tous les autres, et l'on commence à ne plus appeler autrement les Barbares de cette rive, lesquels d'ailleurs ne sont plus, à proprement parler, des Barbares, vu qu'ils tendent de plus en plus à prendre la physionomie romaine, adoptant tous la langue, les moeurs, voire même quelques-uns les institutions des Romains. D'autres peuples, ceux-là faibles et obscurs, s'étendent des frontières des Arécomisques au mont Pyréné."


Inscription de Montarnaud (ILGN 545 ; CAG-34-03, p 264 ; AE 1896, 87 ; 2003, 1151)
D(IS) M(ANIBVS) / P(VBLI) CAECILII P(VBLI) F(ILII) / VOL(TINIA) TITVLLI / AN(NORVM) IV MENS(IVM) V / VIRICIAE SAMNAG(ENSIS) / BLANDISSIMO

"Aux dieux mânes de Publius Caecilius Titullus fils de Publius, (de la tribu) Voltinia, âgé de 4 ans et 5 mois, le plus chéri (des enfants), Viricia, samnagense (a fait)"

Inscription de Nîmes (CIL 12, 3058)
ISIS] EX [HS 3] / SERAPIS VESTAE DIANAE SOMNI [EX] / HS N(VMMVM) VI(MILIBVS) ET PHIALAS II CHRYSEN[G]L[YPTAS(?)] / [ET SI]GNA DEORVM ARGENTEA CASTRENSIA [3 QUAE IN] / DOMO HABEBAT ITEM [3] / DEDICATIONE TEMPLI ISIS ET SERAPIS DEC[VRI]/ONIBUS NEMAVSENSIVM / ET ORNAMENTAR[IIS] / SINGVLIS |(DENARIOS) V ITA VT / IN PVBLICO VESCERENTVR / DISTRIBVI IVSSIT INQVE EIVS DOMVS [TV]/TELAM HS N(VMMVM) X(MILIA) RELIQVIT / ITEM [3 IM]/AGINEM MARTIS ARGENTEAM EX [3] / [S]AMNAGENSIBVS DEDIT / [HVI]C ORDO BITVR[IGVM

(Trad. RICIS, II, 605/101) "[…] a offert des statues [d'Isis ?] pour une somme de […] sesterces, de Sérapis, de Vesta, de Diane, du Sommeil pour une somme de six mille sesterces, deux phiales enrichies de ciselures en or, et des statues des dieux en argent (telles qu'on en a) dans les camps […], qu'il possédait dans sa demeure ; de même, […]. Lors de la dédicace du temple d'Isis et de Sérapis, il a donné ordre de distribuer à chacun des décurions et des décurions honoraires de Nemausus cinq deniers pour qu'ils se restaurent lors de cette manifestation officielle et il a laissé pour l'entretien de cette demeure la somme de 10000 sesterces ; de même, […], il a offert une statue de Mars en argent, d'un poids d'argent de [... livres], aux Samnagenses. À lui, l'ordre des Bituriges […]."


Sources:
  • M. Assénat, (2010) - "Le territoire des Volques Arécomiques entre Strabon et Pline", in : B. Bakhouche & L. Bricault (eds.), Vivre en Gaule entre Rhône et Pyrénées, Études de la commission des Antiquités Régionales présentées lors du XVIe Congrès International de l'Association Guillaume Budé (1er au 4 septembre 2008), PALLAS - Revue d'études antiques, pp.59-82
  • G. Barruol, (1975) - Les peuples préromains du sud-est de la Gaule. Étude de géographie historique, 2e édition, Librairie de Boccard, Paris, 408p.
  • C. Brenot & P. Callu, (1978) - Monnaies de fouilles du Sud-Est de la Gaule (VIe s. av. J.-C. - VIe s. apr. J.-C.), Glanum, Marseille, Novem Craris : catalogues /​ établis et commentés par Claude Brenot et Jean-Pierre Callu, Cahier (Université de Paris X : Nanterre. Centre de recherches sur l'Antiquité tardive et le haut Moyen Age), n°3, Nanterre, 112p.
  • M. Christol, (2009) - "Géographie administrative et géographie humaine entre Rhône et Pyrénées", in : L. Callegarin & F. Réchin (Eds.), Espaces et sociétés à l'époque romaine entre Garonne et Ebre, Actes de la table-ronde de Pau (26-27 janvier 2007), Hommage à Georges Fabre, Pau, pp.27-37
  • M. Py, (2006) - Les monnaies préaugustéennes de Lattes et la circulation monétaire protohistorique en Gaule méridionale, Association pour le Développement de l'Archéologie en Languedoc-Roussillon, Lattara 19, 2 tomes, 1270p.
  • A. Roth-Congès & J. Charmasson, (1992) - "Entre Nemausus et Alba : un oppidum Latinum ? Les agglomérations antiques de Gaujac et Laudun et la question des Samnagenses", Revue archéologique de Narbonnaise, n°25, pp.49-67
  • P. Thollard, (2009) - La Gaule selon Strabon. Du texte à l'archéologie. Géographie, livre IV, traduction et études, Éditions Errance, Paris / Centre Camille Jullian, Aix-en-Provence, 261p.
  • P. Thollard & M. Christol, (2010) - "L'inscription de la table de mesures de Murviel-Lès-Montpellier (Hérault) : les activités d'un magistrat au coeur d'une cité de droit latin", Revue archéologique de Narbonnaise, n°43, pp.291-312
  • Julien Quiret pour l'Arbre Celtique

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