Sédunes
Localisation
Peuple celtique de Vallée pennine, puis de la province des Alpes atrectiennes et pennines. Leur territoire occupait la portion centrale de l'actuel canton du Valais (Suisse). Les Sédunes avaient pour métropole Drusomagus (Sion).
Attestations et étymologie
Le nom de ce peuple est connu par quelques mentions antiques, dont celles de César sous les formes Sedunos, Sedunorum et Sedunis (Guerre des Gaules, III, 1 ; III, 2 et III, 7), Sed uno uer agri pour "Seduni et Veragri", selon Tite-Live (Histoire romaine, XXI, 38), SEDVNI sur le trophée des Alpes (Pline, Histoire naturelle, III, 137), ou encore [CIV]ITAS SEDVNORVM (CIL 12, 136) et CIVITA]S SEDVNENSIS (CIL 12, 139). La ville de Δρουσόμαγος (Drusomagus) mentionnée par Ptolémée (Géographie, II, 12, 5), l'actuelle Sion (Valais, Suisse), était leur capitale. Leur nom est gaulois, on y reconnaît la racine sed- qui signifie "asseoir / poser". Cet ethnonyme devait signifier "ceux qui sont assis", "ceux qui sont installés".
Histoire
● Guerre des Gaules
Les Sédunes furent mentionnés pour la première fois lorsque Servius Sulpicius Galba entreprit de conquérir la Vallée pennine (automne 57 av. J.-C.), à la tête de la légion XII Fulminata et d'une partie de la cavalerie. L'objectif semble avoir été initialement de faire main-basse sur les territoires des Nantuates, Véragres et Sédunes, pour s'assurer le contrôle du col du Grand-Saint-Bernard (César, Guerre des Gaules, III, 1). Les Nantuates et Véragres furent dans un premier temps vaincus et contraints de céder aux Romains. Les Sédunes ne furent pas mentionnés à ce moment, laissant entendre qu'ils ne furent pas vaincus, ou que leur territoire ne fut pas occupé par la suite. Par contre, il est certain que ce furent les Véragres et Sédunes qui organisèrent un vaste soulèvement contre les Romains (César, Guerre des Gaules, III, 2-7) au terme duquel Servius Sulpicius Galba fut contraint de se replier chez les Allobroges.
● La conquête romaine
Les Sédunes furent définitivement vaincus par Rome dans le cadre des campagnes menées du temps d'Auguste dans les Alpes, comme l'atteste leur mention sur l'inscription qui figurait sur le trophée des Alpes (7-6 av. J.-C.). La conquête des Alpes pennines dut avoir lieu vers 15-14 av. J.-C., avec une grosse incertitude cependant. Seule véritable certitude, l'intervention romaine eut lieu nécessairement avant 8-7 av. J.-C. En effet une inscription gravée à cette date, longtemps encastrée près de la porte du transept sud de la cathédrale Notre-Dame de Sion, indique que les Sédunes firent de l'empereur Auguste le patron de leur cité (CIL 12, 136).
● La romanisation
Après la conquête, les territoires des Sédunes, des Véragres, des Nantuates et des Ubères furent regroupés au sein d'un même district militaire, la Vallée pennine (Vallis Poenina), lequel était géré conjointement avec ceux de Rhétie et de Vindélicie, puis intégrés à la province de Rhétie et Vindélicie à la transition du Ier s. av. et du Ier s. ap. J.-C.
● La fusion des cités de la Vallée pennine
Entre le milieu du Ier s. et le IIIe ap. J.-C., les cités des Sédunes, des Véragres, des Nantuates et des Ubères fusionnèrent pour former la cité des Vallenses. La ville d'Octodurum / Forum Claudii Augusti, qui était jusque là la métropole des Véragres, devint leur capitale commune et prit alors le nom de Forum Claudii Vallensium.
C'est au cours de ce lapse de temps que la Vallée pennine fut détachée de la province de Rhétie, et associée aux cités de la province des Alpes atrectiennes, pour constituer la province des Alpes atractiennes et pennines.
Sources littéraires anciennes
César, Guerre des Gaules, III, 1 : "En partant pour l'Italie, César envoya Servius Galba avec la XIIème légion et une partie de la cavalerie chez les Nantuates, les Véragres et les Sédunes, dont le territoire s'étend depuis les frontières des Allobroges, le lac Léman et le Rhône jusqu'aux grandes Alpes. Ce qui l'y détermina, ce fut le désir d'ouvrir au commerce la route des Alpes, où les marchands ne circulaient jusque-là qu'au prix de grands dangers et en payant de forts péages. Il autorisa Galba, s'il le jugeait nécessaire, à installer la légion dans ces parages pour y passer l'hiver."
|
César, Guerre des Gaules, III, 2 : "Il y avait fort longtemps qu'il hivernait là, et il venait de donner l'ordre qu'on y fît des provisions de blé, quand soudain ses éclaireurs lui apprirent que la partie du bourg laissée aux Gaulois avait été complètement abandonnée pendant la nuit et qu'une immense multitude de Sédunes et de Véragres occupait les montagnes environnantes."
|
César, Guerre des Gaules, III, 7 : "Après ces événements, César avait tout lieu de croire la Gaule pacifiée ; les Belges avaient été défaits, les Germains repoussés, les Sédunes vaincus dans les Alpes. Il partit donc au commencement de l'hiver pour l'Illyrie, dont il voulait visiter les nations et connaître le territoire, lorsque tout à coup la guerre se ralluma dans la Gaule."
|
Tite-Live, Histoire romaine, XXI, 38 : "Comme tous les auteurs sont d'accord sur cette circonstance, je trouve fort étrange qu'il y ait tant d'incertitude pour l'endroit où Hannibal traversa les Alpes, et qu'on ait pu penser communément que ce fut par les Alpes Pennines, qui tiraient alors leur nom du mot Puni. Coelius dit qu'Hannibal prit par le mont de Crémone ; mais ces deux gorges l'eussent conduit, non pas chez les Taurini, mais chez les Gaulois Libi, à travers les montagnards Salassi ; et le moyen de se persuader qu'il eût gagné ainsi la Gaule Cisalpine, puisqu'il eût trouvé toutes les approches des Alpes Pennines fermées à ses troupes par des peuples demi-germains. Un fait bien avéré, qui vient contredire l'opinion reçue, c'est que les Seduni-Veragri, habitants de cette partie des Alpes, n'ont point connaissance que jamais passage d'une armée punique ait pu faire donner à leurs montagnes le nom de Pennines, ainsi appelées d'un dieu Poeninus qu'on adore sur le sommet de ces monts."
|
Sources épigraphiques
Sion (CIL 12, 136) [IM]P(ERATORI) CAESARI DIVI F[IL(IO)] / [A]VGVSTO CO(N)S(VLI) XI / [T]RIBVNICIA POTESTATE XVI / [PA]TRI PATRIAE / [PONT]IFICI MAXIMO / [CIV]ITAS SEDVNORVM / PATRONO
|
"A l'empereur Augustus, fils du divin Caesar, 11 fois consul, 16 fois revâtu de la puissance tribunicienne, père de la patrie, grand pontife. La cité des Sédunes, à son patron"
Sion (CIL 12, 139) ... CIVITA]S SEDVNENSIS SE[...] / [... CO]NSTITVTIVS PRAES(ES) [PROV(INCIAE)]
|
"[... de] la cité des Sédunes [...], nommé gouverneur de la province."
L'inscription du trophée de La Turbie (selon Pline, Histoire naturelle, III, 136-137) IMP(ERATORI) CAESARI DIVI FILIO AVG(VSTO) / PONT(IFICI) MAX(IMO) IMP(ERATORI) XIIII TR(IBVNICIA) POT(ESTATE) XVII / S(ENATVS) P(OPVLVS)Q(VE) R(OMANVS) / QVOD EIVS DVCTV AVSPICIISQVE GENTES ALPINAE OMNES QVAE A MARI SVPERO AD INFERVM PERTINEBANT SVB IMPERIVM P(OPVLI) R(OMANI) SVNT REDACTAE / GENTES ALPINAE DEVICTAE TRVMPILINI CAMVNNI VENOSTES VENNONETES ISARCI BREVNI GENAVNES FOCVNATES / VINDELICORVM GENTES QVATTVOR COSVANETES RVCINATES LICATES CATENATES AMBISONTES RVGVSCI SVANETES CALVCONES / BRIXENETES LEPONTI VBERI NANTVATES SEDVNI VARAGRI SALASSI ACITAVONES MEDVLLI VCENNI CATVRIGES BRIGIANI / SOGIONTI BRODIONTI NEMALONI EDENATES ESVBIANI VEAMINI GALLITAE TRIVLLATI ECTINI / VERGVNNI EGVITVRI / NEMETVRI ORATELLI NERVSI VELAVNI SVETRI
|
"À l'empereur, fils du divin César, Auguste, grand pontife, salué impérator 14 fois, en sa 18e puissance tribunitienne, le Sénat et le peuple romain, en mémoire de ce que, sous les ordres et sous ses auspices, tous les peuples alpins, depuis la mer Supérieure jusqu'à l'Inférieure, ont été soumis à l'Empire romain. Les peuples alpins vaincus : les Trumpilins, les Camunes, les Vénostes, les Vennonètes, les Isarciens, les Breunes, les Génaunes, les Focunates, quatre nations vindéliciennes, les Consuanètes, les Rucinates, les Licates, les Caténates, les Ambisontes, les Rugusciens, les Suanètes, les Calucones, les Brixentes, les Lépontes, les Ubères, les Nantuates, les Sédunes, les Véragres, les Salasses, les Acitavones, les Médulles, les Ucennes, les Caturiges, les Brigiens, les Sogiontes, les Bodiontiques, les Némalones, les Édénates, les Ésubiens, les Véamines, les Gallites, les Triullates, les Ectiniens, les Vergunnes, les Eguitures, les Némétures, les Oratelles, les Nérusiens, les Vélaunes, les Suètres."
|