Sunuques - Peuplade de la province de Gaule Belgique, ils furent mentionnés par Pline sous la forme Sunuci (Histoire naturelle, IV, 106), par Tacite sous la forme Sunucis (Histoires, IV, 66) ou encore SVNVCO sur une inscription funéraire mis à jour à Lyon (AE 1982, 706). Il apparaissent également sur un certain nombre de diplômes militaires du début du IIe s. ap. J.-C. faisant mention d'une cohorte dénommée I SVNVCORVM. Ce nom s'expliquerait par le gaulois souno- / sono- / sunu- qui signifie "rêve / songe / sommeil" (1). La localisation de cette peuplade n'est pas précisément établie. Dans son énumération des peuples de Gaule Belgique, Pline les a mentionné entre les Tongres et les Frisiabons (Histoire naturelle, IV, 106), ce qui amènerait à les localiser dans le nord du Brabant, au niveau de la province d'Anvers (Belgique) et de la province du Brabant du Nord (Pays-Bas). Les quelques éléments communiqués par Tacite invitent à l'inverse à les localiser sur la rive droite de la Meuse, dans le voisinage des Agrippinenses, dont ils auraient constitué l'un des pagi (Histoires, IV, 66). Cette dernière hypothèse est séduisante puisque les Agrippinenses vouaient un culte à une déesse dénommée Sunuxsalis, dont le nom rappelle sans conteste celui des Sunuques.
Les plus anciennes mentions faites des Sunuques remontent à la seconde moitié du Ier s. ap. J.-C. Cette attestation tardive pourrait indiquer qu'ils se seraient installés en Gaule en même temps que les Ubiens (39-38 av. J.-C.) (à moins qu'ils n'en aient été, dés l'origine, une des composantes). Suivant l'appréciation de H. Kuhn (1959), B. Sergent (1995) propose de les rapprocher du "bloc du nord-ouest", auxquels appartiendraient les Germains cisrhénans. Cette hypothèse suppose qu'ils habitaient déjà la région avant l'arrivée des Ubiens, lesquels leurs auraient été imposés.
Le seul événement historique connu auquel ils prirent part, est la révolte de Civilis (68-70 ap. J.-C.). Dans ce cadre, aux côtés des Agrippinenses, ils se liguèrent avec les insurgés. Ils furent finalement vaincus par les Tongres, Bétasiens et Nerviens dirigés par Claudius Labeo.
(1) On connaît également un anthroponyme Sunucus par quelques inscriptions découvertes en Gaule et en Transpadane, ce qui plaide également pour une origine celtique de cet ethnonyme.
Sources textuelles anciennes
Pline, Histoire naturelle, IV, 106 :"A l'Escaut, l'extérieur est habité par les Toxandres, divisés en plusieurs peuplades ; puis viennent les Ménapiens, les Morins, les Oromansaques, attenants au bourg appelé Gessoriacum ; les Bretons, les Ambianiens, les Bellovaques ; dans l'intérieur, les Catusiuges, les Atrébates, les Nerviens, libres ; les Véromanduens, les Suécons, les Sassions, libres ; les Ulmanètes, libres ; les Tongres, les Sunuques, les Frisiabons, les Betases, les Leuciens, libres ; les Trévères, libres auparavant, alliés maintenant ; les Lingons, alliés ; les Rèmes, alliés ; les Médiomatriques, les Séquanes, les Rauriques, les Helvétiens : colonies, Équestris et Raurica ; sur le Rhin, peuplades germaniques habitant la Gaule Belgique : les Némètes, les Triboques, les Vangions ; puis les Ubiens, la colonie d'Agrippine (Cologne), les Gubernes, les Bataves, et ceux dont nous avons parlé à propos des îles du Rhin."
Tacite, Histoires, IV, 66 :"Civilis accru de l'alliance des Agrippiniens, entreprit de gagner les cités voisines, ou de faire la guerre à celles qui résisteraient. Il avait conquis les Sunuques et formé leur jeunesse en cohortes, quand ses progrès furent arrêtés par Claudius Labéo, qui, avec une troupe de Bétasiens, de Tongres et de Nerviens, ramassée à la hâte, lui fit tête au pont de la Meuse."
Sources épigraphiques
Inscription de Lyon (AE 1982, 706) C(AIO) CLA(VDIO) CLAVDI MAXIMI F(ILIO) FLORO SVNVCO CL(AVDIA) SEVERA MATER F(ACIENDVM) C(VRAVIT) CIVITAS (H)AEDVORVM L(OCVM) S(EPVLTVRAE) M(ONVMENTVM?) P(VBLICE?) D(ONAVIT?)
"A Caius Claudius Florus, fils de Claudius Maximus, sunuque, Claudia Severa sa mère a pris soin de faire (cette tombe). La cité des Éduens lui a donné un lieu de sépulture (et un) monument (?)."
Sources
• H. Kuhn (1959) - "Vor- und frühgermanisch Ortsnamen in Nord-Deutschland und die Niederlanden", Westfälische Forschungen, vol.12, pp.5-44
• B. Sergent (1995) - Les Indo-Européens : Histoire, langues, mythes, Bibliothèques scientifiques Payot. Paris, 536p.
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique